19/04/2015
"À vous d'en être les témoins"
...dit le Christ en personne (à nous personnellement) :
<< ...Voyant cela, Pierre interpella le peuple : “ Hommes d’Israël, pourquoi vous étonner ? Pourquoi fixer les yeux sur nous, comme si c’était en vertu de notre puissance personnelle ou de notre piété que nous lui avons donné de marcher ? Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, alors que vous, vous l’aviez livré, vous l’aviez renié en présence de Pilate qui était décidé à le relâcher. Vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier. Vous avez tué le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins. Tout repose sur la foi dans le nom de Jésus Christ : c’est ce nom lui-même qui vient d’affermir cet homme que vous regardez et connaissez ; oui, la foi qui vient par Jésus l’a rétabli dans son intégrité physique, en votre présence à tous. D’ailleurs, frères, je sais bien que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait. Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés.” >> (Actes 3, 13-19)
► « Vous avez agi dans l'ignorance, vous et vos chefs », dit Pierre aux gens de Jérusalem en parlant de leur rôle dans la Passion de Jésus... C'est un sujet de réflexion pour les sexagénaires de 2015 qui en seraient encore à la doxa de 1990, : celle qui dénaturait les textes et décrétait que le Nouveau Testament (« très tardif », bien sûr) s'était écarté des « “logia” de Jésus » pour créer « le mythe du peuple déicide ».*
► Les gens de Jérusalem avaient l'excuse de « l'erreur invincible », comme on dit en théologie. Deux mille ans après nous n'avons pas cette excuse. Au contraire ! L'ignorance – chez nous catholiques – serait une circonstance aggravante. Ignorance de quoi ? d'une doctrine ? non, d'une Personne :
<< Jésus leur dit : “ Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins.” >> (Luc 24, 46-48)
► Le chrétien ne témoigne pas de ses humeurs ni de ses opinions : « Le sens moderne, qui a cours dans l'expression “X. va vous donner son témoignage” (en vous disant simplement sa propre pensée), n'est ordinairement pas biblique et doit être évité : le témoin chrétien porte témoignage non d'abord de lui-même, mais d'un autre, du Christ, réellement connu dans la foi. » (Vocabulaire de théologie biblique, Cerf)
► Le chrétien n'est pas non plus le prosélyte d'une doctrine : il est le témoin du Ressuscité vivant. Etre en relation avec Lui est le premier et seul devoir chrétien. Chercher « le Royaume et sa justice » (c'est-à-dire Lui, et notre ajustement à Lui) : tout le reste est « donné par surcroît » ! Mais sans cette recherche et cette rencontre, sans ce contact personnel, rien n'est donné. Pire : sans ce contact personnel, tout ce que nous faisons au nom du christianisme (la trop fameuse « identité chrétienne ») devient sulfureux parce que témoignant d'autre chose que de Jésus... tout en utilisant son nom. On est là au bord du péché contre l'Esprit : « En effet c'est l'Esprit qui témoigne dans le coeur des saints et ensuite par leur bouche que le Christ est la vérité, la vraie résurrection et la vie. »**
► « Le Ressuscité nous renvoie à nos responsabilités : “c'est vous qui êtes les témoins.” La preuve, c'est à nous de la donner : la preuve, c'est nous ! La résurrection est affaire de vie et non d'idéologie. Vivons en ressuscités ! » (Parole et prière, avril).
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* Selon cette thèse, les écrivains (pourtant juifs) des « premières communautés chrétiennes » auraient déformé les récits originels en « y ajoutant des attaques judéophobes pour se concilier les autorités romaines »... Thèse empruntée naguère par Prieur et Mordillat à des cercles « interreligieux » qui « démythifiaient » le NT et en prohibaient la lecture « naïve » (celle qui accepte le sens évident).
** Guerric d'Igny, XIIe siècle.
13:10 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jésus christ, chrétiens
Commentaires
L'EGLISE DE JACQUES
> Le « DIEU d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », pour reprendre une lecture de ce dimanche.
Pourquoi de Jacob seul alors qu’il y a son frère jumeau Esaü ? Tout simplement parce que cela était prévu dès la conception par la providence elle-même, l’aïné devant être « assujetti » au cadet, « assujetti » non pas dans le sens d’une domination mais tout simplement d’un partage des rôles.
Qu’ensuite, à ce partage des rôles il y ait eu glissement vers de la jalousie et de l’hostilité, de la ruse inutile (celle de Jacob, qui de toute façon aurait reçu la bénédiction de son père), c’est une autre affaire liée à la concupiscence de l’homme, dont le libre-arbitre est déréglé depuis le premier péché (dans le péché dit « originel » et héréditaire, c’est le dérèglement qui est en cause et se transmet et non le libre-arbitre, ce dérèglement étant la conséquence d’avoir voulu brûler les étapes en consommant l’arbre de « la connaissance du bien et du mal » avant celui de « la vie », ce dernier étant le seul capable de « régler » le libre-arbitre).
En somme, ce péché est certes celui de l’orgueil, mais aussi celui de l’impatience qui pousse à vouloir grandir trop vite sans maîtriser au préalable les fondamentaux.
Et le chrétien d’aujourd’hui, le catholique pour parler de lui, dans tout cela ? Il croit en fonction du témoignage de visu des premiers disciples, car c’est ce témoignage transmis d’âge en âge au travers de la tradition apostolique, qui permet de comprendre clairement dans les Ecritures d’avant l’ère chrétienne, la perspective de l’incarnation du Verbe créateur, et même le moment de cette dernière (prophétie des soixante dix semaines, évoquée notamment par Saint Augustin).
Hors ce témoignage, cette affaire d’un DIEU qui s’incarne pour que Sa justice s’exerce sur lui au lieu et place de sa créature humaine à cause de sa miséricorde, ce n’est que « scandale pour les juifs » et « folie pour les grecs ». Pendant les cinquante jours qui ont suivi la résurrection, les témoins n’ont pas eu d’autres choix que d’admettre l’évidence, à commencer par Thomas, au point que de nombreux prêtres du temple de Jérusalem ont accepté le salut au nom de Jésus.
Hors ce témoignage ou la croyance en ce dernier (pourquoi y croit-on ? mais c’est un miracle de la foi dont l’initiative échappe à l’individu), il est impossible de croire en Jésus.
Et Paul, alias Saul, qui était un homme particulièrement versé dans la tradition pré-apostolique, en est la preuve. Il a fait immédiatement les liens avec la tradition qu’il maîtrisait quand il a fait une rencontre personnelle – personnelle – avec Jésus.
Ces deux traditions, l’apostolique et la pré-apostolique, se répondent l’une à l’autre.
Tradition pré-apostolique rejetée par l’Eglise catholique dès le troisième siècle comme le précise le cardinal Lustiger dans un de ses ouvrages – l’alliance -, ce qu’il qualifie de « drame et de péché ».
Pour ne citer qu’un petit exemple pour le curieux, dans le « nouveau testament » - terme impropre, car en fait, cette division entre l’ancien et le nouveau est artificielle, l’ensemble faisant un tout homogène -, s’il est demandé aux juifs – de l’Eglise de Jacques donc – de ne « pas forcer les païens à judaïser », jamais il n’a été demandé aux juifs convertis de cesser de judaïser. Jamais.
Après Constantin et surtout Théodose et les sept premiers conciles œcuméniques, convoqués par les empereurs, l’Eglise « de Jacques » est définitivement passée à la trappe.
Or, le rapprochement avec les jumeaux d’Isaac est intéressant à faire, l’Eglise est formée en quelque sorte de deux jumeaux : l’Eglise dite « des nations » (laquelle entre dans le cadre des « sept lois de Noé » et non de celle de Moïse, ce qui était connu depuis des siècles au sein même du monde juif) qui a été développée par Paul notamment, et l’Eglise dite de « Jacques » (elle concernée par les lois de Moïse, jusqu’à quel point après la passion de Jésus ? c’est un point à creuser, on notera au passage que c’est Paul lui-même qui a circoncis Timothée qui était juif par la mère).
Toujours sur le plan de la providence, il est également intéressant de constater une similitude étrange entre cette sorte « d’exil de l’Eglise de Jacques » dont elle n’est pas encore sortie, et l’exil du peuple de l’alliance qui prit fin en 1948. Honni soit qui mal y pense.
Enfin, ces deux traditions ont chacune leurs maîtres avec un charisme spécifique : le charisme d’avant Jésus pour l’Eglise de Jacques (c’est-à-dire la tradition pré-apostolique, que l’on retrouve aujourd’hui chez certains rabbins, hors bien sûr tout ce qui a lieu à l’incarnation qui est absente chez eux), le charisme d’après Jésus pour l’Eglise catholique.
Mais attention, ces charismes spécifiques semblent exclusifs. Ce qui signifie que les maîtres de chacune de ses traditions ont besoin de se prendre mutuellement au sérieux. Ce qui n’est pas le cas quand, par exemple, pour ne parler que de l’Eglise catholique, cette dernière prétend pouvoir seule comprendre la plénitude des Ecritures d’avant Jésus. La question n’est pas ici dans la compétence éminente des individus concernés, mais tout simplement dans le partage des rôles décidés par la providence.
La providence a prévu le moment où ces charismes – pré-apostolique et apostolique –, ces jumeaux, se retrouveront par volonté divine. La providence est une réalité à laquelle on ne peut se soustraire, comme pour l’événement historique (sous Ponce Pilate) de l’incarnation.
Témoignons donc pour ce qui est de notre ressort et sachons reconnaître la validité du témoignage de notre frère jumeau, à nous inaccessible. C’est ici aussi l’humilité véritable, celle de savoir connaître ses limites et accepter les lumières de l’interlocuteur compétent pour le « hors de notre zone ». Vaste programme.
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Écrit par : Jean / | 19/04/2015
LA PAROISSE
> "Si elle est capable de se réformer et de s'adapter constamment, la paroisse continuera à être 'l'Eglise elle-même qui vit au milieu des maisons de ses fils et de ses filles' (Jean-Paul II). Cela suppose que réellement elle soit en contact avec les familles et avec la vie du peuple et ne devienne pas une structure prolixe séparée des gens, ou un groupe d'élus qui se regardent eux-mêmes."
(pape François, 'La joie de l'Evangile", 28)
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Écrit par : emmeline / | 19/04/2015
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