13/03/2015
"2 € - Waterloo" : duel d'inepties entre Bruxelles et Paris
Pourquoi une monnaie belge sur Waterloo ? Pourquoi la comédie pseudo-napoléonienne du gouvernement Valls contre le gouvernement Michel ? Eléments de réflexion :
Pour commémorer la bataille de Waterloo (18 juin 1815 : 12 000 morts), le ministère belge des Finances a fait frapper 270 000 pièces de 2 euros représentant la butte du Lion, destinées à être vendues 8 euros l'unité. Bénéfice escompté : 2,45 millions d'euros. C'était sans compter sur la campagne française des élections départementales ! Affolé à l'idée que Marine Le Pen fasse de ce 2€-Waterloo une preuve de plus de « la soumission de Paris aux eurocrates », le gouvernement français a opposé son veto à la mise en circulation de la pièce. Bruxelles a dû s'incliner, perdant ainsi beaucoup d'argent. D'où l'irritation (non dissimulée) du gouvernement belge, qui accuse Matignon de perdre son temps à des futilités théâtrales.
Il n'est pas sûr que M. van Overtveldt* soit moins futile dans cette affaire que le théâtral M. Valls. Fondée en 1830, la Belgique n'existait pas en 1815 : sur le champ de bataille de Waterloo il y avait (aux côtés des Britanniques, Hanovriens, Brunswickois et Nassoviens) des Néerlandais, parmi lesquels un certain nombre de ressortissants des Pays-Bas du Sud qui allaient quinze ans après constituer le nouveau royaume belge. Mais il faut se souvenir que cette révolution « belge » de 1830 allait se faire... contre l'armée du roi des Pays-Bas Guillaume Ier (1772-1843), celle-là même qui s'était battue à Waterloo**. En juin 1815, Guillaume Ier portait le titre de « prince-souverain des Pays-Bas » : c'est à la suite de la victoire alliée de Waterloo qu'il se proclama roi, créant ainsi la situation contre laquelle allait se produire la révolution « belge » de 1830... L'actuel gouvernement de Bruxelles a donc peu de raisons historiques de célébrer Waterloo ; son opération festive 1815-2015 est de nature commerciale et financière. On comprend par là qu'il soit énervé par la soudaine crise napoléonienne de M. Valls.
Parlons maintenant de M. Valls. En dehors de ses sourcils impérieux, ses affinités avec Napoléon Ier sont aussi peu évidentes que les raisons belges de commémorer Waterloo. Vassal de Washington, chef d'un gouvernement qui a encore aggravé le démantèlement de la souveraineté française entrepris sous Mitterrand-Chirac-Sarkozy, M. Valls et son partenaire M. Hollande manquent de sérieux quand ils invoquent la « résonance particulière » de Waterloo dans la « conscience collective » des Français à propos d'une pièce de 2 euros. Sachant que notre conscience collective est sommée depuis 2012 de se résumer aux « nouvelles valeurs de la République » (qui sont ce que l'on sait), et sachant qu'en 2005 la République avait refusé de commémorer Austerlitz, on voit ce que vaut le canon d'alarme de M. Valls nous sommant de courir à la frontière du Nord.
Resterait aussi à évaluer ce que les Français de 2015 pensent réellement de Waterloo et des Cent Jours. C'est un autre débat.
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* ministre belge des Finances.
11:17 Publié dans Europe, Histoire | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : histoire, europe, euro
Commentaires
AUSTERLITZ
> Beaucoup de Français restent scandalisés par la non-commémoration du bicentenaire d'Austerlitz, alors qu'on se prépare à célébrer notre défaite. Souvenons-nous que la gloire de cette bataille, même perdue, s'est reportée sur Napoléon, sans lequel nous serions revenus à l'Ancien Régime. Ce qui arriva, d'ailleurs... Bien des gens détestent Napoléon parce que "ça se fait", sans avoir la moindre notion de culture historique.
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Écrit par : Collignon / | 13/03/2015
BILAN
> Le bilan de Napoléon Ier est très discutable, il a semé les germes des haines et des guerres du XIXe, qui ont engendré celles du XXe.
Sans lui l'unification allemande ne se serait pas faite ensuite dans la guerre avec la France.
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Écrit par : limoëlan / | 13/03/2015
POINTS DE VUE
> Si Austerlitz n'a pas été commémoré en 2005, l'Europe aurait dû s'abstenir de célébrer Waterloo aujourd'hui pour ne pas risquer de froisser un de ses membres.
Quant à vouloir tirer des leçons simplistes de l'Histoire, il faut savoir s'en abstenir aussi. L'intérêt n'est pas de savoir qui étaient les bons et qui étaient les méchants mais de réussir à comprendre les idées et les motivations de chaque protagoniste.
Guadet
[ PP à Guadet
- "Comprendre le point de vue" d'Hitler (par exemple) fait partie de la démarche de l'historien. Mais tous les historiens vous diront que ça ne suffit pas : il faut y ajouter un critère d'évaluation.
- Parler des guerres du Premier Empire avec des historiens néerlandais ou allemands vous ouvrira des perspectives, non seulement sur leur point de vue, mais sur l'enchaînement objectif-subjectif des ressentiments qui a mené aux catastrophes modernes. Etudiez Fichte et l'idéologie allemande de la première moitié du XIXe, contrecoup direct des guerres napoléoniennes : elle contient en germe le pangermanisme militaire. Dont le belllicisme français de 1792-1815 aura ainsi été le générateur...
- Ainsi les "points de vue" subjectifs naissent de faits objectifs, et déterminent d'autres faits objectifs. Chercher à comprendre leurs interactions n'est pas "simpliste" : c'est tenir compte des divers aspects de la réalité. ]
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Écrit par : Guadet / | 13/03/2015
PREUSSENS GLORIA
> Waterloo cette victoire prussienne dont les lauriers ont été l'objet d'un hold-up par Wellington avec la bénédiction des diplomates français, inquiets des déclarations fracassantes des Prussiens : "on va rayer la France de la carte" , "on va annexer tout l'est de la France", etc etc.
De telles déclarations ont grandement inquiété évidemment les Français mais aussi les Anglais, qui pensaient : " a t-on fait toutes ces guerres pour voir l'équilibre européen bouleversé avec une Prusse à la place de la France, à deux pas d'Anvers ?"
Du coup, les Français et Anglais se sont retrouvés et ont superbement ignoré les Prussiens dans le règlement de la guerre.
Quelques jours après Waterloo a eu lieu la dernière bataille napoléonienne, où la Prusse a été battue : Rocquencourt. Petite bataille, dont on a exagéré à dessein l'importance pour évincer la Prusse (et en plus en l'ajoutant aux défaites prussiennes d'avant Waterloo : Ligny et autres).
A Waterloo l'attitude britannique a été purement défensive**, sauf une charge de cavalerie où justement les Anglais se sont fait massacrer.
C'est bel et bien la Prusse qui a emporté la décision.
Le souvenir qu'on en garde, comme on vient de le voir, est dû à un montage auquel Wellington, qui était incroyablement vaniteux, a été évidemment ravi de se rallier !
Tout le monde y avait intérêt (sauf les Pruscos).
Quand on dit "vainqueur de Waterloo", de qui parle t-on aujourd'hui ? de Blücher ? non de Wellington.
**Wellington deux jours avant avait été battu par Ney (d'où son attitude extrêmement prudente à Waterloo, face à Napoléon).
Les Anglais s'en glorifient : mais en plus de ce que nous venons de dire, il s'agissait de Britanniques, de Hollandais, de Hanovriens.
Waterloo, bataille où chacun était si épuisé que Prussiens et Anglais-Hollandais n'ont pas eu la force de poursuivre les Français.
Une bataille due au "criminel retour".
EL
[ PP à EL - "Criminel retour", oui, la formule est exacte. Apparemment M. Valls n'est pas au courant de cet aspect des choses. Ou quelqu'un a dû lui dire que Napoléon était très laïque. ]
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Écrit par : E Levavasseur / | 13/03/2015
UNE PIÈCE DE 2,5 EUROS
> Information de la RTBF :
" La Belgique souhaitait marquer le coup des 200 ans de Waterloo en frappant une pièce de deux euros. Mais la France, soutenue par plusieurs autres pays européens, s'y était opposée. La Belgique a dès lors trouvé une parade: elle frappera une pièce de 2,5 euros...
Les Français voyaient en effet d'un mauvais œil la création d'une pièce de deux euros ayant cours légal pour la commémoration du bicentenaire de la bataille de Waterloo qui s'est soldée par une défaite française face à une coalition européenne et la mort de 55 000 personnes en une journée.
"Je suis quelque peu surpris de toute cette agitation. L'Europe a bien d'autres dossiers à traiter et de défis importants à relever pour perdre son temps et son énergie dans cette affaire ", avait réagi jeudi le ministre belge des Finances, Johan Van Overtveld.
Le SPF Finances avait donc déjà dit réfléchir à une autre solution. Et ce vendredi, celle-ci est connue: ce sera une pièce de 2,5 euros qui sera finalement créée. Comme cette pièce n'existe pas au niveau européen, la Belgique peut se passer de l'avis des autres pays."
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Écrit par : blauwvoet / | 13/03/2015
GÂCHIS
> Waterloo, c'est un beau gâchis : voilà tout ce qu'on peut en dire. Mais les Belges sont fiers que la dernière bataille napoléonienne se soit déroulée sur leur territoire actuel.
Quant aux Cent Jours, à quelque chose malheur est bon : ils auront contribué, grâce au génie propagandiste de Napoléon, à ruiner les tentatives de Louis XVIII de donner à la dynastie des Bourbons une légitimité nationale. Après, les jeux étaient faits, et Louis-Philippe, malgré tous ses efforts, s'y est lui aussi cassé les dents.
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Écrit par : Blaise / | 13/03/2015
DÉJÀ
> Puis-je signaler que si Napoléon a fait son "criminel retour", c'est parce que des rumeurs parfaitement fondées parlaient de l'éloigner, déjà... à Ste-Hélène ?
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Écrit par : Collignon / | 13/03/2015
NAPOLEON ET L'ANCIEN REGIME
@ Collignon - Vous semblez penser que Napoléon a protégé la France d'un retour à l'Ancien Régime, comme si l'Ancien Régime était quelque chose de mauvais... Pourtant la réalité est bien différente : l"Ancien Régime n'était pas pourvu de toutes les tares. Les artisans s'y regroupaient en corps de métiers (corporations pour leurs adversaires), qui avaient certes leur gros défauts (favoritisme, monopoles abusifs...) mais protégeaient les artisans, tandis que la Révolution, par le décret d'Allarde puis par la loi Le Chapelier, a détruit cette protection (déjà entamée avant) en interdisant toutes formes d'associations pour les ouvriers, les livrant aux micro-salaires en usine, et ouvrant la voie à leur paupérisation profonde.
La Révolution, par la nationalisation des biens du clergé, permet en fait leur privatisation, étant rachetés par la bourgeoisie, qui ne laisse que les miettes aux autres...
On ne peut donc désigner "l'Ancien Régime" tout entier comme un système malsain. Il n'est, d'ailleurs, pas à opposer tout entier à la Révolution, vu que le système de la commende, qui mettait peu à peu les couvents sous la coupe du roi, la surveillance exercée sur le clergé par Louis XIV, et la proclamation des quatre articles gallicans de Bossuet, préfigurent la volonté de mainmise sur la religion par les révolutionnaires (Constitution Civile du Clergé etc) !
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Écrit par : Aurélien Million / | 13/03/2015
BIS
> Sauf erreur, si nous n'avons pas commémoré Austerlitz, la marine nationale a envoyé une délégation à la célébration de .... Trafalgar.
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Écrit par : Pierre Huet / | 13/03/2015
@ PP
> L'évaluation ne peut venir que dans un second temps : elle reste parfaitement simpliste si l'on se passe du premier temps. Juger sans connaître ni étudier ni analyser, avec un minimum d'érudition glané ça et là, est malheureusement la pratique courante aujourd'hui.
Faut-il parler du bellicisme des Français alors que c'était rarement eux qui déclaraient la guerre ? Quant à Napoléon, il a été un moment populaire dans toute l'Europe, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, puis il ne l'a plus été, pour de bonnes et de mauvaises raisons.
Guadet
[ PP à Guadet :
- La France déclare la guerre à l'Autriche le 20 avril 1792. Cette guerre s'élargit au reste de l'Europe et durera presque sans interruption jusqu'en 1814-1815. De ce traumatisme naîtront les drames de l'Europe moderne. Tous les historiens vous le confirmeront.
Par exemple http://www.herodote.net/20_avril_1792-evenement-17920420.php :
"Les souverains étrangers voyaient au départ la Révolution sans déplaisir. Mais après les dérapages du printemps 1792, ils s'inquiètent pour le roi et craignent une contagion révolutionnaire. Louis XVI, son entourage et les émigrés français les poussent à intervenir. De leur côté, les révolutionnaires rêvent d'en découdre avec les vieilles monarchies d'Europe... C'est ainsi que l'Assemblée et le roi déclarent la guerre à l'Autriche. Les débuts sont désastreux et la France est sitôt envahie. La Convention proclame la « patrie en danger » et annonce la levée de 300.000 hommes, ce qui provoque des soulèvements en Vendée et ailleurs... Au prix d'un effort exceptionnel, le Comité de Salut public redresse la situation, arrête l'invasion et se fait à son tour offensif... C'est le début de deux décennies de guerres !"
Affirmer autre chose paraît difficile. ]
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Écrit par : Guadet / | 13/03/2015
@ Pierre Huet
> | 13/03/2015 (BIS) : pas d'erreur, en effet, et parfaitement exact. La marine y a été représentée à son plus haut niveau (symbolique) : un porte-avions, une frégate et un sous-marin nucléaire.
Ceci écrit, une telle participation n'a pu être obtenue qu'avec l'approbation du Pouvoir politique (à son plus haut niveau, lui aussi).
Toutefois, elle ne s'est pas fait sans avoir adroitement obtenu des contreparties (diplomatiques, historiques, militaires...).
Voir à ce sujet l'intéressant point de vue de feu Hervé Coutau-Bégarie (historien) : https://troisponts.wordpress.com/2014/10/06/trafalgar-2005-une-participation-francaise-honteuse/
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Écrit par : Fondudaviation / | 13/03/2015
@ PP
> Impossible de rendre compte de faits importants et complexes sur internet. Il ne faut pas risquer de manipuler l'histoire : c'est trop dangereux. À votre différence, je trouve que les belges ont manqué de prudence et de diplomatie. La moindre des choses aurait été de prendre avis des intéressés avant toute chose. Ce qui pourrait donner raison à Valls dans ce cas bien particulier.
Guadet
[ PP à Guadet -Si vous trouvez que les historiens manipulent l'histoire, à votre guise... ]
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Écrit par : Guadet / | 14/03/2015
QUATRE JOURS DE COMMÉMORATION
> Cette affaire autour d'une monnaie de pacotille apparaît d'autant plus dérisoire en regard de la commémoration, la vraie, qui se prépare :
https://www.waterloo2015.org/fr
Quatre jours pleins à partir du 18 juin, avec du grandeur nature – réservez vos places !
Pour la victoire d'Austerlitz, au soir de laquelle Napoléon "vit le soleil se lever en plein jour pour saluer sa victoire" (selon un des chers cancres du regretté Jean-Charles), vous repasserez dans neuf décennies voir si "la France" – dans l'État inconnu où elle se trouvera – ose quelque chose.
En ce qui me concerne, je suis bien moins chagrin de l'effacement de Bonaparte et de sa "France en crue", que de l'extrême furtivité du souvenir de la bataille de Bouvines l'an dernier. Voilà un jalon crucial de notre histoire, complètement ignoré des représentants de l'État (quelques têtes couronnées pour assurer à la place), et à peine abordé dans la presse, même spécialisée. "L'Histoire" s'est bien fendu d'un dossier dans le numéro du mois de mai (donc pas en hors-série, et pas vraiment à date) : 24 pages, tout de même... dont 8 à la seule gloire de Georges Duby, bientôt plus important que la bataille dont il a fait son miel (même s'il est bienvenu de prendre du recul, comme il l'a fait, sur les diverses récupérations de l'événement au cours des siècles).
Il faut cependant souligner les efforts louables de cette toute petite commune – encore que située dans un secteur rupin de la couronne lilloise – pour marquer le coup d'un joli son et lumière. Avec un peu de chance, il devrait même se faire un centre d'interprétation, et ce sera la moindre des choses : Azincourt, à moins de 100 km de là, a déjà le sien depuis longtemps (très bien fait, au passage).
J'oubliais, le Tour 2014 a fait l'honneur de traverser le village pour cette grande occasion. Pas de bol, les Français ne verront rien de Bouvines ni de son fier clocher, le malencontreux gadin du perfide Anglois ayant monopolisé l'ensemble des caméras.
Pour me consoler de tout cela, j'ai relu la "Foire aux cancres"... ("Philippe Auguste agrandit beaucoup l'abdomen royal. Il remporta sur les Flamands la bataille de Bourvil.")
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Écrit par : Albert Christophe / | 14/03/2015
BATAILLES
> C'est vrai que ces « grandes » batailles nous révèlent le côté sombre de notre humanité, marqués que nous sommes par le péché : le désir de dominer (partagé aussi bien par Philippe Auguste que par Napoléon), et notre regrettable penchant au meurtre.
Quoi qu'il en soit, ce ne sont pas les batailles qui font l'histoire, mais la politique, - la guerre n'étant que l'instrument d'une politique. Faut-il seulement commémorer Bouvines, Austerlitz et Waterloo? je n'en vois pas l'intérêt. A moins qu'on aime compter le nombre de morts et de blessés, que l'on se complaise dans le récit des atrocités commises.
Ce qui nous intéresse vraiment, au fond, ce n'est pas le déchaînement de la violence - mais ce qu'on a construit de positif. Ce qui nous a libéré de la violence. A moins, autre possibilité, qu'il ne s'agisse de rendre hommage aux victimes civiles et militaires d'un conflit - mais ce cas particulier est très lié aux guerres industrielles et idéologiques du XXe siècle.
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Écrit par : Blaise / | 15/03/2015
RACINES
> L'histoire et ses grandes dates sont nos racines.
Or depuis plusieurs années, on essaie surtout de nous en couper, se contentant de surfer sur un vague esprit droit de l'hommiste curieusement hors sol... avec le succès que des événements récents ont montré. On ne peut faire adhérer à rien si l'on n'a pas de passé. Pire qui ignore l'histoire se condamne à en reproduire les erreurs. Aussi l'on voit que des pays sans histoire (récents) se croyant hérauts du bien arrivent à créer le chaos partout où ils vont [ou presque]...
Victoires et défaites font partie de notre passé et ont quelque chose à nous apprendre. Leurs commémorations peuvent être célébrées si elles sont une occasion de nous "enrichir" ne serait-ce que par confrontations des avis.
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Écrit par : franz / | 16/03/2015
LIMITES
> La différence étant qu'à Bouvines, Philippe Auguste n'a fait que se défendre, comme à la Roche-aux-Moines.
La vassalité avait montré ses limites.
Un système qui, pour exister, a besoin que les gens soient des saints, où la légitimité n'est pas reflétée par la réalité (avec un Plantagenêt 100 fois plus fort que son suzerain Capétien), n'est pas un bon système.
"la maison est à moi, je le ferai connaître".
Bouvines comme la Roche aux Moines est une défaite des féodaux et oui, cela a été une bonne nouvelle.
Chesterton a bien résumé l'affaire :
Heureusement que les rois d'Angleterre ont perdu, sans quoi ni la France ni l'Angleterre n'auraient vu le jour.
Ce vaste ensemble impossible à gouverner, complètement déséquilibré démographiquement, aurait connu des tensions continuelles d'autant plus que les règles de succession n'étaient pas aussi claires côté anglais qu'en France, c'est le moins qu'on puisse dire (cf la suite de coups d'Etat, emprisonnements, étranglement, exils qui marquent les dynasties anglaises jusqu'à 1688. De 1189 à 1688, seulement sept souverains d'Angleterre ont eu un règne non sanglant).
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Écrit par : E Levavasseur / | 16/03/2015
REGARD CRITIQUE
> " Resterait aussi à évaluer ce que les Français de 2015 pensent réellement de Waterloo et des Cent Jours. "
L'Empire a été une dictature reposant sur la bourgeoisie (cf. Jacques Ellul "Histoire des institutions") et qui a causé la mort d'un million de Français pour saccager l'Europe.
Waterloo a mis un terme à ce régime préfigurant le fascisme du XX° siècle.
N'est-il pas temps de porter un regard critique sur notre histoire et sa responsabilité dans les drames modernes ?
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Écrit par : Patrick / | 16/03/2015
@ franz
> ce qui est dommage c'est que les rares fois où l'on parle du passé européen, on parle des batailles, c'est-à-dire ce qui nous a divisé.
L'Europe intellectuelle, les racines chrétiennes, l'art de vivre ? rien !
En plus, on ne dit pas que ces guerres n'avaient rien à voir avec les guerres d'extermination que nous connaissons depuis 1792 voire 1756, aspect auquel la rapacité mercantile et la froideur rationaliste qui se sont développées à partir de la fin du XVIIe, ne sont pas étrangères.
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Écrit par : E Levavasseur / | 16/03/2015
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