Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/01/2015

"Ne pas céder à la tentation de la religion laïque"

Mise en garde de l'historien-sociologue Jean Baubérot 

religions,laïcité 

Quand les "laïques" refusaient le droit de vote aux femmes :


 

religions,laïcitéLe Monde ne publie pas que des âneries (notre note d'hier)... Dans le numéro de ce week-end, Jean Baubérot, fondateur du Groupe sociétés-religions-laïcité, s'inquiète des annonces trompettées il y a 48 heures par Najat Vallaud-Belkacem. Déguisées en « refondation de l'école », Charlie Hebdo prenant la succession de Jules Ferry, ces mesures comportent selon l'historien-sociologue un grave déséquilibre  entre : 1. « ce qui concerne les élèves et leurs parents » (projets « précis, exécutoires dans le court terme »), 2. « ce qui se rapporte aux dysfonctionnements de l'institution » (là « il semble urgent d'attendre »).

Le point 2 s'explique par l'incapacité de l'Education nationale à la moindre autocritique, et par l'incapacité des gouvernements à dire autre chose que des platitudes en matière d'enseignement.

Quant au point 1, il recoupe ce que nous disons ici depuis l'époque Peillon : la postdémocratie française tente d'exorciser le problème école-immigration-islamisme* en instaurant une religion laïque. Baubérot : « Plusieurs propositions [de Najat Vallaud-Belkacem] comportent le risque d'entraîner la laïcité vers une religion civique, à laquelle élèves et parents devraient faire allégeance. »

Ce risque était en germe dans le discours de François Hollande, mardi dernier, quand le président a proclamé que la République est « au-delà de tout ».

Si la République (ou quelque système politique que ce soit) est au-delà de « tout », elle est au-delà de chaque conscience. C'est la définition du totalitarisme.

Or Claude Bartolone déclarait le 18 janvier,  en tant que président de l'Assemblée nationale : « il y a une religion suprême pour chacun d'entre nous, c'est la religion de la République... »

Devant l'échec du libéralisme anomique, qui a produit le chaos actuel, M. Hollande et les siens proposent un retour au libéralisme moralisateur :  celui de 1793. Une police politique de la pensée... C'est tellement artificiel en 2015 que l'échec est garanti.

D'autant qu'on voit mal des incultes animer une Inquisition culturelle. Baubérot souligne avec ironie qu'un enseignement de la laïcité ne peut se fonder que sur la connaissance historique (oeil rond de Mmes NVB et Pellerin), mais que la connaissance historique serait dangereuse pour nos marchands de prêt-à-penser qui croient, par exemple, que laïcité et féminisme marchent du même pas : « Apprendra-t-on aux élèves que la France a été le seul pays démocratique où a existé un siècle d'écart entre l'instauration du suffrage masculin (1848) et le suffrage universel (1944) ? Or c'est en invoquant la laïcité que des parlementaires ont régulièrement refusé d'accorder la citoyenneté politique aux femmes, considérées comme ''soumises'' au clergé. Un silence sur ce point serait très significatif. »

 

_______________ 

* Problème bien posé ce matin par Gilles Kepel dans l'émission Répliques (France Culture).

 

Commentaires

SUPERSTITION LAÏQUE

> Simone Weil voyait jadis dans le marxisme "une religion, au sens le plus impur de ce mot", une coïncidence avec "toutes les formes inférieures de la vie religieuse". Le laïcisme actuel est en train d'abaisser la laïcité à ce triste niveau.
Le fécond principe de séparation du politique et du religieux (héritage chrétien, soit dit en passant) ne doit pas se dégrader en une phobie face aux religions, en un grand vide de sens (qui risque d'aspirer n'importe quoi), en une religion sans Dieu, bref en une superstition.
Il ne faut surtout pas couper la laïcité (qui est un principe régulateur utile, mais pas une vision du monde) des idéaux qui la fondent: l'aspiration à la liberté, la recherche rationnelle de la vérité. Il ne faut pas non plus faire de la laïcité une forme de répulsion, un principe négatif, un prétexte à répression. Car les citoyens d'une démocratie ont besoin d'idéaux qui les exaltent et les unissent, de justice sociale et de prospérité partagée, pas d'une énième police de la pensée.
______

Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 31/01/2015

SALLENAVE / BAUBÉROT

> Sallenave meurt étouffée dans sa connerie malgré l'intervention de Mmes NVB et P. (pas la respectueuse, la ministre de l'Inculture).
J'ai hésité (quelques secondes...) à éventuellement payer deux euros (le journal coûte aujourd'hui la bagatelle de 2,20 € !) pour accéder au reste de l'article, mais après cette entrée en matière je me suis dit que, non, finalement, euh, je vais en rester là, je veux pas gâcher mon plaisir...
"Comme les assassins, ces enfants sont la plupart du temps d’origine ou de confession musulmane. Pointer les rattachements ethniques et religieux de ces élèves dissidents comme la cause unique ou essentielle de leur comportement présente de graves dangers. D’abord parce que c’est évacuer toutes les autres explications."
Alors comme ça, elle est académicienne la Mme Sallenave. Avec Jean d'Ormesson, les conversations doivent atteindre des sommets à l'Académie, parce que parler "d'origine... musulmane", même Marine n'oserait plus.
Notez aussi le "élève dissident" qui sent bon son goulag.
Comme je l'avais déjà écrit à 'Études', l'émotion est TRÈS mauvaise conseillère. Je ne sais pas, moi, plutôt que d'écrire des énormités comme celles-ci, offrez-vous 'La Joie de l'Évangile' et si - décidément - vous êtes réfractaire à tout ce qui ressemble à un crucifix, relisez (lentement, en savourant) Villon, il vient d'être Pléïadisé. Mais pitié, réfléchissez avant d'écrire.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/29/les-religions-n-ont-pas-leur-place-dans-les-etablissements-scolaires_4566383_3232.html#9Cu6Up84bv8Jfsea.99

Autres citations de Mme. Sallenave :
"« Il serait extrêmement dangereux d'importer en France la thèse d'un « choc de civilisations » entre le monde musulman et nous. Ne faisons pas de l'Islam le miroir où toutes nos difformités s'effacent. Ne renouvelons pas l’erreur de nous forger un ennemi pour éviter de nous interroger sur nous-mêmes. Il nous faut retrouver une parole libre. Désigner haut et fort la menace que font peser les communautés, les identités collectives, les religions — toutes les religions — sur la paix civile et la liberté individuelle. Refuser le scandale d'une pensée asservie à des dogmes. »"
(à l’occasion de la parution de son livre Dieu.com) (Wikipedia)
______

Écrit par : Jean-Christophe / | 31/01/2015

ABYSSALE

> "L'édito du « Monde des livres » : l'islam est en guerre avec lui-même"
Entre ça, la déclaration (le soir même des assassinats perpétrés à 'Charlie Hebdo') de l’inénarrable Dalil Boubakeur, et les incessants appels à ne pas "stigmatiser" de cette nouvelle officine du "Politiquement Correct" à la française l'observatoire de l'islamophobie, je me dis que non, nous n'aurons pas droit à un véritable débat d'idées mais nous en resterons à ce qui est déjà la norme depuis le 7 janvier 20H00 : les imprécations et les démonstrations "d’analphabétisme - bien plus que d'illettrisme - culturel".
Pour un Jean Baubérot nous sommes submergés par des Bigard de la culture. (Honnêtement, je trouve même que vouloir rendre compte de l'abyssale idiotie de la multitude des experts qui sévissent à travers 99,99% des média français et faire insulte à l'interprète des "questions à la con" (que je recommande à tout le monde... sans ironie).

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/livres/video/2015/01/30/l-edito-du-monde-des-livres-l-islam-est-en-guerre-avec-lui-meme_4567187_3260.html#CSGGWEs5c30eSCsJ.99
______

Écrit par : Rufus / | 31/01/2015

SÉNAT : S'IL FALLAIT UNE RAISON SUPPLÉMENTAIRE DE LE SUPPRIMER :

> "1919 Le pape Benoit XV accepte le principe du vote féminin."
Ah, ben ça alors... UN PAPE, CATHOLIQUE ? Surement, non ? Donc un méchant monothéiste ET représentant une "religion" (à prononcer comme un gros mot...) qui plus est...

"20 mai 1919 La Chambre des députés adopte pour la première fois une proposition de loi instaurant le vote des femmes, par 329 voix contre 95.

21 novembre 1922
Le Sénat refuse d'examiner les articles de la proposition de loi sur le vote des femmes (par 156 voix contre 134)."
Au total, l'Assemblée, seule, se prononcera 6 (SIX) fois en faveur du vote des femmes...

"1925 Création de l'Union nationale pour le vote des femmes (U.N.V.F.), d'inspiration conservatrice et catholique."
Ah, ben ça alors... CONSERVATEUR ET CATHOLIQUE

"1934 La Turquie instaure le vote des femmes."
Ah, ben ça alors... dix ans avant la RÉPUBLIQUE française, LAÏQUEEEUH !
http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/le-suffrage-universel/la-conquete-de-la-citoyennete-politique-des-femmes
______

Écrit par : Grégoire / | 31/01/2015

@ Jean-Marie Salamito

> Le christianisme ne sépare pas, il distingue. Bien sûr, l'Eglise est un corps social indépendant des pouvoirs politiques mondains; mais, d'autre part, les affaires politiques sont incluses dans les affaires religieuses. La charité vient briser ces frontières artificielles, posées là par des hommes de pouvoir soucieux de leur pré-carré.
______

Écrit par : Blaise / | 31/01/2015

LA RÉPUBLIQUE

> « Plusieurs propositions [de Najat Vallaud-Belkacem] comportent le risque d'entraîner la laïcité vers une religion civique, à laquelle élèves et parents devraient faire allégeance. »
C'est sûr.
C'était le cheval de bataille de Peillon et NVB est totalement dans la continuité de l'ancien ministre.
Mais cette « religion civique » n'a rien à voir avec la République elle-même. C'est même tout son contraire. Etre républicain, c'est savoir d'où on vient, où on veut aller et comment faire pour y aller. Ça n'est en rien incompatible avec le fait d'être chrétien, musulman, juif ou autre. Dans le cadre d'une République qui clame haut, fort et sincèrement " Liberté - Égalité - Fraternité", c'est même complémentaire.
Qui incarne mieux la République que le fervent catholique De Gaulle ?
La « religion civique » (qui, elle, a toutes les caractéristiques d'une secte) c'est l'opposé : son but n'est pas de fixer un cap mais de faire voler en éclat tous les repères :
- par la négation du réel : ex : la promotion du gender, qui repose sur l'idée qu'il faut lutter contre l'inégalité fille-garçon à l'école, les filles étant supposées y être défavorisées. Qui peut être contre ? Mais ce sont en réalité chaque année 20% des garçons d'une classe d'âge qui quittent le système éducatif sans diplôme, contre seulement 10% des filles.
- par l'inversion du sens des mots, quand le « respect de la dignité humaine » sert de justification à l'euthanasie, par exemple.
- par la promotion permanente de l'individualisme au détriment du collectif.
A cet égard, les manifestation du 11 janvier ont été un nirvana pour les classes dirigeantes : des millions de personnes réunies, chacune disant « JE ». Une fois l'émotion ( très légitime bien entendue ) retombée, chaque « Je » n'a plus qu 'à rentrer chez soi, en se méfiant encore plus du voisin.
Ceci étant dit, je répète qu'on peut être croyant, ce qui est mon cas, et se reconnaître dans une certaine mystique authentiquement républicaine et donc laïque.
PS : Dans cette mystique, une catégorie de personne tient une place particulière : les résistants. C'est bien de ça qu'il s'agit aujourd'hui.
______

Écrit par : jean_francois / | 31/01/2015

VRAIMENT

> Qui veut réfléchir vraiment, en supposant la noblesse (sic) de la raison et non son asservissement à des présupposés en tout genre macro-micro-éco-bio-bobo-frico-prolo-...-...-(au choix)-...?
http://www.ouest-france.fr/editorial-du-31-janvier-une-profonde-crise-de-notre-societe-3156507
______

Écrit par : Gérald / | 31/01/2015

AMBIANCE

> Parler de religion républicaine laïque est un non-sens de plus mais rien d'étonnant lorsque l'on méprise à ce point la raison (la logique dans les termes) et la réalité. On commence malheureusement à avoir l'habitude depuis quelques années.
Quand à se faire taxer d'antirépublicain (la déchéance civique vous guette !), il suffit par exemple de contester les planteurs d'éoliennes qui vous veulent du bien : http://www.latribunedelart.com/menace-sur-les-recours-contre-l-industrie-eolienne...
voyez, il suffit de pas grand-chose pour être flétri du plus grand des crimes, devenu religieux qui plus est.
C'est l'ambiance qui est pourrie ces derniers temps, ou c'est moi ?!?
______

Écrit par : Fernand Naudin / | 31/01/2015

MAURRAS

> à Grégoire
Charles Maurras lui-même, l'ultra-réac : en 1930 il se disait favorable au vote des femmes !
il était donc plus "progressiste sociétal" que les sénateurs franc-macs !
______

Écrit par : Charlotte Montard / | 31/01/2015

@ Blaise

> Vous écrivez: "... les affaires politiques sont incluses dans les affaires religieuses..." Vous êtes donc partisan de la théocratie?
Moi pas. Je suis catholique.
______

Écrit par : J.-M. Salamito / | 31/01/2015

@ J.-M. Salamito

> Où allez-vous chercher cela? il ne s'agit pas de théocratie! Simplement, la foi chrétienne engage ; elle conduit les baptisés à agir dans ce monde, par fidélité à l'Evangile dont ils doivent rendre témoignage.
Aller à la messe, c'est bien; mais ce n'est guère suffisant. Et ce n'est pas un hasard si l'Eglise catholique a développé toute une doctrine sociale, bien peu soucieuse de la soi-disant frontière entre "politique" et "religieux".
Ou que de nombreux chrétiens, au nom même de leur foi, ont pris position contre la torture, l'euthanasie, la destruction de la biodiversité...
Il s'agit de sujets éminemment politiques.
La théocratie, elle, consisterait à s'emparer du pouvoir pour je ne sais quel projet supposément "catholique".
______

Écrit par : Blaise / | 31/01/2015

REFORMULER

> On pourrait reformuler les choses de cette façon : pour un chrétien, il n'existe pas de domaine "religieux" spécifique, parce que tout vient de Dieu et que tout retourne à Dieu. La charité se joue des frontières institutionnelles inventées par les hommes. Ce n'est pas parce que l'Apartheid était légal en Afrique du Sud, qu'il était conforme à la volonté de Dieu. Desmond Tutu est meilleur chrétien que ne le fut Daniel François Malan. Vous pouvez l'accuser de sédition et de théocratie, pour n'avoir pas respecté les frontières entre "politique" et "religion". Mais d'un point de vue chrétien, cela n'a pas de sens.
______

Écrit par : Blaise / | 01/02/2015

@ Blaise

> En vérité, je ne vais rien "chercher". Je n'ai fait que tirer les conséquences logiques de votre affirmation que "les affaires politiques sont incluses dans les affaires religieuses".
Vos nouvelles formulations me rassurent sur vos intentions, mais pas tout à fait sur vos concepts.
Car vous tendez à confondre les domaines, notamment quand vous vous imaginez que la doctrine sociale de l'Eglise (oui, "sociale", pas politique) serait "peu soucieuse" de la "frontière entre le politique et le religieux".
Laissez-moi vous rappeler fraternellement deux textes fondateurs:
- le "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu", prononcé par Jésus et rapporté par les trois évangiles synoptiques,
- et les premiers versets du chapitre 13 de l'Epître aux Romains.
Jésus distingue les domaines (avant de dire à Pilate: "Mon royaume n'est pas de ce monde").
Paul aussi. Il n'attend pas que le pouvoir romain devienne plus moral ou passe à la foi chrétienne pour demander aux croyants de respecter ce même pouvoir (et de payer leurs impôts).
Ces distinctions originelles fondent toute une tradition catholique d'indépendance et de respect de l'Eglise à l'égard du pouvoir temporel; elles montrent que l'Eglise a un message à proclamer, non un pouvoir à prendre (ce qui revient - je m'en réjouis - à ce que vous dites à la fin de votre première réplique).
Les exemples (intéressants) que vous donnez, ne montrent pas qu'il n'y a pas de distinction (ou de séparation) entre autorité religieuse et pouvoir politique.
Ils montrent que la morale chrétienne (comme d'ailleurs la morale naturelle) interroge tous les pouvoirs (et tous les êtres humains!) sur la valeur éthique de leurs actes.
Les prises de position que vous évoquez (contre la torture, etc.) relèvent de la fonction prophétique de l'Eglise; elles ne supposent pas que l'Eglise néglige la "frontière" (qui semble vous gêner) entre le politique et le religieux.
______

Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 01/02/2015

@ Jean-Marie Salamito

> Mais je reconnais tout-à-fait la distinction entre les pouvoirs temporels et l’Eglise ! Seulement, les affaires publiques ne sont pas l’apanage exclusif des gouvernants ; et encore plus lorsque ceux-ci professent leur foi chrétienne. L’Eglise respecte généralement les pouvoirs en place et n’encourage pas souvent à la désobéissance civique ; mais cela ne l’empêche pas d’avoir son mot à dire lorsque l’injustice est criante.
"Mon Royaume n’est pas de ce monde", qu’est-ce que cela veut dire ? que le Royaume messianique n’est pas issu du « monde », qu’il n’est pas soumis aux principautés qui le régissent, qu’il obéit à une toute autre logique – radicalement non violente. Mais le Christ lui-même à la fin des temps viendra juger les vivants et les morts.
Ce qui est souligné dans cette parole du Christ selon Jean – c’est le principe, l’origine. Il y a ceux qui choisissent de vivre selon le Royaume, et ceux qui vivent en conformité avec le monde. Mais les uns et les autre sont mélangés, sont pris dans une commune mondanité. En attendant le jugement final, quand Dieu mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Augustin quant à lui opposait la Cité de la terre qui ne saurait offrir qu’une paix armée et la cité de Dieu qui trouve sa paix dans la charité divine.
Le « Rendez à César » dit quelque chose de très simple : vous utilisez la monnaie de César et vous en retirez des avantages. Dans ces conditions, vous avez contracté une dette que vous devez rembourser. Alors payez les impôts que vous lui devez et soyez quitte ! Mais il n’est pas question ici de départager des domaines étanches. D’autant moins qu’avec l’argent de l’impôt l’empereur offrait un sacrifice au Dieu d’Israël.
Idem pour saint Paul. Les pouvoirs politiques, du fait des moyens coercitifs dont ils disposent, permettent l’instauration d’un certain ordre dont nous sommes tous les bénéficiaires, et qui va dans le sens du bien commun. A ce titre, nous leur sommes redevables et leur devons obéissance. Cependant, une fois en règle avec ces exigences minimales – payer ses impôts et ne pas enfreindre les lois en vigueur – les chrétiens sont libres vis-à-vis de ces pouvoirs. Bien que citoyen romain, saint Paul – et à sa suite les Pères de l’Eglise – laisse suffisamment entendre que la vie civique ne trouve son plein accomplissement que dans la participation au corps du Christ.
S'il y a opposition, elle est d'ordre messianique : d'une part, la figure de ce monde (qui passe), d'autre part, le Royaume qui vient (et ne passera pas). Mais nous vivons dans un entre-deux temps.
______

Écrit par : Blaise / | 01/02/2015

VOTE

> le droit de vote a été refusé aux femmes parce que "la femme est sous l'influence du prêtre"
je cite de mémoire
______

Écrit par : E levavasseur / | 02/02/2015

@ Blaise

> Juste un mot.
La distinction établie par saint Augustin entre la cité terrestre (ciuitas terrena) et la Cité céleste (ciuitas caelestis) ou Cité de Dieu (ciuitas Dei) ne se superpose pas à la distinction Etat/Eglise ou pouvoir politique/autorité religieuse.
C'est clair quand on prend soin de lire attentivement "La Cité de Dieu" (par exemple, livre XIV, chapitre 28, pour la définition des deux cités, ou livre I, chapitre 35, pour le mélange des deux cités au cours de l'histoire humaine).
Gilson l'explique très bien ("Introduction à l'étude de saint Augustin", 2e édition, 1943, p. 237-238).
Il y a aurait d'autres choses à dire, mais il faut savoir s'arrêter.
Portez-vous bien !
______

Écrit par : J.-M. Salamito / | 02/02/2015

@ J.-M. Salamito

> C'est justement l'erreur de l'augustinisme politique d'avoir opéré cette superposition.
______

Écrit par : Blaise | 02/02/2015

@ Blaise

> Parfaitement d'accord!
Le prétendu "augustinisme politique" trahit saint Augustin.
Et je regrette vivement qu'une excellente maison (Vrin, place de la Sorbonne) réimprime toujours un livre dont le titre et le contenu sont injustes pour Augustin (H.-X. Arquillière, "L'augustinisme politique. Essai sur la formation des théories politiques du Moyen-Age", 2e éd., 1955).
______

Écrit par : J.-M. Salamito / | 02/02/2015

Les commentaires sont fermés.