Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/01/2015

Réflexions sur le mouvement "je suis Charlie"

par Guillaume de Prémare (extraits), à lire d'urgence :


 

<<  ...Selon vous, quelle est la stratégie de ces terroristes ?

Leur stratégie est de semer le chaos, de provoquer un état de choc global de notre société, pour créer une fracture irrémédiable entre les musulmans français et le reste de la population. Ils commettent donc des attentats pour faire grimper à son paroxysme la peur de l’islam et l’hostilité envers l’islam, jusqu’à la psychose, à un point tel que les musulmans ressentent cette hostilité, y compris, si possible, en raison de représailles contre la communauté musulmane. Il nous faut donc impérativement éviter les délires identitaires agressifs.

Ils misent sur l’aspect très communautaire de la religion musulmane pour gagner l’opinion musulmane. Celle-ci, se sentant en terrain hostile, se communautariserait toujours davantage et serait mûre pour d’abord éprouver de la sympathie pour le djihadisme, ensuite leur apporter un soutien. Cela ne signifie pas qu’une majorité des millions de musulmans qui vivent en France deviendrait terroriste – dans une guerre les combattants sont toujours minoritaires -, mais les islamistes pourraient recruter de jeunes musulmans sur un terreau de plus en plus favorable et évoluer, dans les quartiers musulmans, en terrain ami. Je ne dis pas qu’ils vont réussir, mais je pense que c’est leur projet.

Pour accentuer ce processus de séparation des musulmans de la communauté nationale, il y a un autre aspect qui est la guerre culturelle. Il s’agit de séparer toujours davantage culturellement les musulmans de la culture française. Pour cela, ils s’appuient sur la décomposition de la culture française pour en faire un parfait repoussoir pour tout bon musulman. Plus la société française est athée, libertaire, permissive, consumériste, sans repères, vide de sens, et en faillite éducative, plus la fracture culturelle grandit avec les musulmans. Je crois que cet aspect des choses est majeur dans le défi auquel nous sommes confrontés....

Alors, pourquoi Charlie Hebdo ?

C’est ce que l’on nomme la guerre psychologique. Il y deux choses : le choix de la cible et les moyens employés. Les moyens visent à provoquer l’état de choc : l’utilisation d’armes de guerre, l’exécution froide des journalistes de Charlie Hebdo, et celle bien sûr d’un policier achevé à terre. C’est le complément idéal de l’état de choc mondial volontairement créé par la diffusion de vidéos des horreurs commises au Proche-Orient par l’Etat islamique. Il faut que ça fasse barbare. Plus nous les voyons comme barbares, mieux ils se portent. La deuxième chose, c’est le choix de la cible, Charlie Hebdo. A mon avis, c’est un choix parfaitement pensé. Charlie Hebdo est honni par l’opinion musulmane, les musulmans n’ont pas besoin d’être islamistes pour détester Charlie Hebdo. […] Ensuite, les islamistes provoquent une sympathie généralisée pour Charlie Hebdo dans l’opinion publique française. Charlie devient le symbole de la France et la décomposition culturelle s’accélère : la France c’est Charlie et Charlie c’est la France. Dimanche, la France de saint Louis, de Napoléon, de De Gaulle, d’Aragon et Hugo est devenue « Charlie », ce qui est une régression culturelle. A partir de là, dans le meilleur des cas le jeune musulman est poussé à faire une quenelle à la France, geste de mépris et de défi très populaire dans la jeunesse des banlieues ; dans le pire des cas on fabrique les futurs jeunes djihadistes.

D’une certaine manière, nous n’avons pas affirmé ce que nous sommes vraiment…

En effet, nous avons affirmé l’inverse de ce que nous sommes. L’article 4 de la déclaration des droits de l’homme dit que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». C’est un principe fondamental puisqu’il est dans notre document de référence fondamental. Il y a deux ans, le plus grand nombre était d’accord pour critiquer la parution des caricatures parce qu’elles étaient jugées insultantes, blessantes. L’insulte est une violence et la violence nuit à autrui, la violence nuit à celui qui la subit. Bien évidemment, la liberté d’expression est un bien précieux, mais il n’y a pas de liberté absolue dans une société. Nous piétinons donc nos propres principes dits « fondateurs » en disant qu’il y a, en quelque sorte, un droit à l’insulte. La déclaration des droits de l’homme dit l’inverse ! Comment voulez-vous faire respecter des principes que nous piétinons ?

Ensuite, devons-nous accepter, pour nous-mêmes, cette régression culturelle qui veut que « la France c’est Charlie », qui veut que le poids symbolique de nos valeurs, de notre identité et de notre unité repose sur Charlie ? Luz, un dessinateur de Charlie, a expliqué dans les Inrocks que cette charge symbolique que l’on met sur Charlie Hebdo était à côté de la plaque.

Vous êtes en train de nous expliquer que nous avons fait exactement ce qui convient aux terroristes islamistes ?

Absolument. Au départ, il y a une excellente intention : dire sa compassion envers des victimes d’un assassinat terrible et inacceptable, dire son refus de la violence et du terrorisme. […] Cet élan a été récupéré par une caste politico-médiatique décrédibilisée qui y a vu l’occasion de se refaire la cerise sur l’affaire Charlie Hebdo. […] La broyeuse médiatique est passée par là et la France a défilé avec comme slogan, « Je suis Charlie », comme image, des caricatures insultantes, et comme symbole suprême le crayon qui manie l’insulte. En gros, la caste politico-médiatique est parvenue à donner l’image d’un peuple réuni autour des valeurs, non pas de la France, mais des valeurs vides de sens de leur caste : ce que la propagande politique et télévisuelle a nommé « nos valeurs », « notre modèle », « notre mode de vie »....

La marche était donc une mauvaise idée selon vous ?

Non, c’était une bonne chose dans l’élan initial. Il aurait peut-être fallu faire une marche blanche, sans slogans ni pancartes, une marche citoyenne, de société civile. Une marche avec pour seul contenu le refus du terrorisme et l’hommage rendu aux victimes. Nous aurions alors gagné une bataille psychologique. Or, dimanche, nous avons perdu une bataille culturelle et psychologique. Ce qui s’est passé est grave et beaucoup de gens ne s’en rendent pas compte parce qu’une propagande sans précédent dans l’histoire de la France contemporaine a été diffusée par la télévision et démultipliée sur les réseaux sociaux comme un réflexe pavlovien. Nous sommes guidés et informés par des irresponsables, des aveugles qui guident des aveugles. Il est temps d’ouvrir les yeux.

Que pouvons-nous faire ?

[…] Eviter la psychose et garder calme et sang-froid, éviter les attitudes agressives et hostiles envers les musulmans […] Nous devons ensuite entrer dans la lutte d’influence sur l’opinion musulmane, essayer de nous gagner l’opinion musulmane avant que les islamistes ne la gagnent. Nous devons stopper notre décomposition culturelle et redécouvrir ce que nous sommes vraiment, c’est-à-dire Hugo plutôt que Charlie. Et nous devons, sur cette base commune, nous battre sur le terrain éducatif et culturel. [...] Nous devons essayer de transmettre aux jeunes musulmans ce qu’est la France, faire aimer la France aux jeunes musulmans et à leurs parents. Demandez à Jean-François Chemain, Xavier Lemoine ou Camel Bechikh si c’est possible de réduire la fracture culturelle, ils vous diront que oui. C’est leur expérience concrète, pas une idée abstraite. A Montfermeil, ils ont proposé une offre éducative avec le cours Alexandre Dumas. C’est le prototype d’écoles qu’il faudrait étendre sur tout le territoire. Ce qui réussit aujourd’hui à petite échelle, il faut le faire à grande échelle.

Est-il encore temps ?

Je ne sais pas, mais partons du principe que oui, il est encore temps. Travaillons avec cœur, détermination et amour. Toute victoire commence par un premier pas, partons à la conquête des cœurs ! >>

 

Propos recueillis par Nicole Buron

http://www.ichtus.fr/jesuischarlie-en-etat-de-choc-on-fait-nimporte-quoi

 

 

Commentaires

ANTIDOTE

> Bien !
Antidote à la propagande xénophobe qui suinte à travers le "je suis Charlie" aussi bien qu'à travers le "je ne suis pas Charlie".
______

Écrit par : A. Landry / | 13/01/2015

HUGO

> L'humour hugolien, même anticlérical, était d'un meilleur niveau que celui de Charlie Hebdo.

Blaise

[ PP à Blaise - Hugo, comme Voltaire ou comme Proudhon, connaissait la foi catholique. On pouvait répondre à leurs attaques, même lorsqu'elles étaient de très mauvaise foi : parce qu'elles se situaient sur un terrain argumentable. On ne peut pas répondre à un dessin de Charlie Hebdo qui se contente de montrer Mahomet à poil disant une phrase de Brigitte Bardot dans 'Le Mépris'... Les anticléricaux d'autrefois attaquaient l'Eglise catholique, ce qui était parfaitement légitime ; les antichrétiens d'aujourd'hui se contentent de l'insulter, ce qui est le degré zéro de la pensée. Si l'on appelle ça aujourd'hui "la liberté de la presse", c'est que notre société (fondée sur le commerce de n'importe quoi) s'est profondément dégradée.]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise / | 13/01/2015

TROP TARD?

> Guillaume, je vous cite :

"Que pouvons-nous faire ?
[…] Eviter la psychose et garder calme et sang-froid, éviter les attitudes agressives et hostiles envers les musulmans […] Nous devons ensuite entrer dans la lutte d’influence sur l’opinion musulmane, essayer de nous gagner l’opinion musulmane avant que les islamistes ne la gagnent. Nous devons stopper notre décomposition culturelle et redécouvrir ce que nous sommes vraiment, c’est-à-dire Hugo plutôt que Charlie. Et nous devons, sur cette base commune, nous battre sur le terrain éducatif et culturel."

Entièrement d'accord avec vous, mais n'est-il pas déjà trop tard ? Ce travail ne peut se faire que sur une ou deux générations, alors que les islamistes, eux, auront gagné la bataille des esprits dans peut-être moins d'un mois...
______

Écrit par : Feld / | 13/01/2015

RWANDA

> Est-ce que je délire complètement en disant que nous vivons peut-être (je dis bien : peut-être) une situation pré-rwandaise ?
D'un côté, les trois "soldats d'Allah" morts sont devenus des héros pour beaucoup de gamins (voire adultes ?) des cités.
De l'autre, il ne faut pas oublier que le rêve secret d'un certain nombre de nos compatriotes (rêve longtemps refoulé...) est de nettoyer les cités sensibles au lance-flammes (quand je lis certains commentaires de forums, je suis ...terrifié).
______

Écrit par : Feld / | 13/01/2015

REPARTIR

> "Nous devons stopper notre décomposition culturelle et redécouvrir ce que nous sommes vraiment, c’est-à-dire Hugo plutôt que Charlie." J'aurais dit plutôt le Christ que Victor Hugo, même si j'aime beaucoup ses romans.
Benoît XVI le disait aux Bernardins, la culture est toujours adossée à la foi et la recherche de Dieu. Aux XVIIIe et XIXe siècle, beaucoup ont souhaité établir une culture française ou européenne hors de Dieu et de la foi catholique (Victor Hugo en est un bon exemple), cela ne pouvait finir que comme cela a fini, dans la dé-civilisation complète.
Aujourd'hui, tout est tellement détruit qu'il nous faut repartir de la racine évangélique, comme le pape François nous le demande...
______

Écrit par : Gilles Texier / | 13/01/2015

@ Feld

> Toi, tu vas venir dîner à la maison.

@ PP
> à propos de B Bardot, j'y pensais ce matin : hurler sur Bardot et encenser Charlie ?
______

Écrit par : E Levavasseur / | 13/01/2015

Que faire ?

> Lutter contre le choc des civilisations qui est avant tout un choc des ignorances (formule d'un édito de La Vie).
Mais cela implique que de part et d'autre on fasse l'effort de s'investir dans la connaissance de l'autre.
Cela est possible avec bon nombre de musulmans. Jusqu'à ce jour cela n'était le cas ni de l'islam ni de Charlie.
Le pardon en une du prochain Charlie, le début d'une révolution interne ?
Pour l'islam il fadra de la patience et commencer par gagner à l'ouverture nombre de musulmans afin que dans l'islam la première place ne soit plus celle des juristes mais celle des philosophes.
Cela ne dépend de nous, mais nous devons, par le dialogue, éviter d'empêcher des portes de s'ouvrir, succiter un questionnement positif de la base.
______

Écrit par : franz / | 13/01/2015

DIFFUSER

> Oui, ce texte (que je connaissais déjà avant de regarder votre blog) est absolument remarquable. Je me permets de lancer un appel pour que chaque lectrice, chaque lecteur de ce texte le diffuse le plus largement possible autour d'elle, autour de lui. Un petit effort contre le conditionnement psychologique et idéologique qu'on nous impose en ce moment.
______

Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 13/01/2015

ACCUEILLIR, ET ÉVITER LA CONFUSION DES GENRES

> Le temps est il a la réflexion ?
Avoir la volonté d’intégrer les jeunes d’origine nord-africaine (en filigrane c’est bien a eux que l’on pense) et non pas les assigner (voir même les reléguer) à "leur" culture dite d’origine.
La priorité : Accueillir, faire preuve de bienveillance (attention pas d’angélisme, ni de non réciprocité).
L’intégration signifie aussi et surtout un enracinement dans la civilisation française.
Mais c’est aussi surtout éviter absolument la confusion des genres comme celui ci joint :
“La Cour a entendu le président Baudis lui exprimer son souhait de s'orienter dans une voie nouvelle et différente par rapport à l'acte fondateur, voie qui consisterait à impliquer et à utiliser fortement l'Institut du monde arabe comme un acteur de la mise en oeuvre d'une politique d'intégration des populations françaises d'origine arabe, notamment essentiellement maghrébine.”
Mais où sont la France et la civilisation Française dans tout cela ?
http://www.senat.fr/rap/r07-360/r07-3606.html
Cordialement,
Iader.
______

Écrit par : iader / | 13/01/2015

PAS SI BIEN

> Mais, à côté de Charlie Hebdo, la liberté de la presse ne va pas si bien en France. Au classement de Reporters Sans Frontières, recul de 20 places en 10 ans.
Moins visible, aussi inquiétant !
http://www.numerama.com/magazine/28388-la-france-39eme-au-classement-rsf-2014-de-la-liberte-de-la-presse.html
______

Écrit par : Pierre Huet / | 13/01/2015

LISTE

> Étonnant, ce besoin d’expliquer un événement complexe, ou des faits interconnectés, en les ramenant à une cause unique et globale sur le thème du « c’est la faute à » : selon l’humeur, l’acteur incriminé sera « l’islam », ou bien « la religion », ou encore « le monothéisme » (la liste n’étant pas close).
______

Écrit par : Blaise / | 13/01/2015

TROP SOUVENT

> "Nous sommes guidés et informés par des irresponsables, des aveugles qui guident des aveugles. Il est temps d’ouvrir les yeux" :
c'est malheureusement vrai.
Nous attendons trop souvent que des drames se produisent pour vouloir traiter des problèmes qui se posent depuis longtemps.
Et comment nos gouvernants veulent-ils résoudre ces problèmes ? Uniquement par des mesures de police. Ces mesures sont sans doute indispensables pour nous défendre et nous protéger, mais il est en effet urgent de savoir au préalable ce qu'il faut défendre, mais aussi construire.
______

Écrit par : sven laval / | 13/01/2015

FASCISME

> Entre la décomposition culturelle et l'Islam, je choisis la "décomposition"...Certes, notre culture ne va pas bien. Mais enfin, pouvons nous accepter la dictature des religieux de toute obédience ? Y compris chrétienne ?
En France, on respecte la loi de l'Etat, et on ne tue pas au nom d'une justice privée. Il n'y a rien à négocier là dessus. Je suis Charlie, même s'il me dérange, s'il me choque, s'il me scandalise !
Tous les raisonnements les plus sophistiqués du monde ne changeront rien à cette réaction, au bon sens du terme, très émotive mais puissante qu'était la manifestation de dimanche, et qu'ont ressenti tous ceux qui y étaient. Ce qui est en cause, c'est la liberté, avec un grand L. En face, il n'y a qu'un fascisme odieux. On ne négocie pas avec le fascisme. On se bat !
______

Écrit par : Jean Morland / | 14/01/2015

PAS HONTE

> Nous sommes peut-être en décomposition culturelle, mais nous attirons toujours autant de victimes de la misère, de l'arbitraire, de la violence...
N'ayons pas honte de notre culture, et restons fidèle à nous-même.
Nous avons le droit, le devoir, d'exiger de ceux qui viennent bénéficier de ses avantages de la respecter. Nous n'allons pas bien, mais nous ne sommes pas les seuls...et pas forcément les plus mal en point, quelles que soient les apparences.
______

Écrit par : Jean Morland / | 14/01/2015

@Guillaume, à vous tous,

> Que pouvons-nous faire?
Refuser "la peur du musulman!"!!!
Au Liban il y a une fête nationale qui relie musulmans et catholiques autour de la Vierge Marie. Au Liban c’est le 25 mars.
Et en France?
"II n'est jamais trop tard pour bien faire"
______

Écrit par : vero / | 14/01/2015

ENFANTS

> Merci Guillaume pour votre analyse remarquable. Un ami enseignant dans un collège professionnel, très impliqué dans diverses associations luttant contre la précarité et le déclassement social, non-catho, me confiait que ces événements avaient été l'occasion de discussions en profondeur, un vrai dialogue avec ses élèves, dont plusieurs musulmans, sur le 'vivre ensemble', les valeurs de la France et de la République.
Il me disait également qu'une de ses collègues s'était fait 'mettre en boîte' par des élèves plus ou moins en rupture scolaire et affectant de l'intérêt pour le djihadisme, après une introduction de sa part à la minute de silence sur le thème "la France, c'est Charlie":
"Alors, Madame, on peut rire de tout ?" -
"Oui, en effet" -
"Et bien, Madame, nous, nous rions de ceci..." Elle n'avait rien su leur répondre.
Cet ami, comme d'autres personnes - de différentes affiliations - rencontrées récemment, conviennent que l'expression "je suis Charlie" est ambiguë, et a probablement empêché une bonne partie de la communauté musulmane d'exprimer avec les autres un deuil qu'une majorité d'entre eux a pourtant ressenti profondément.
"Je pleure toutes les victimes" aurait été plus inclusif.
Quant à la participation des uns et des autres aux manifs, les témoignages sont contrastés, un collègue à qui je demandais s'il avait observé à Paris "la même variété de population que celle rencontrée dans le métro", me confiait avoir plutôt observé des manifestants essentiellement "blancs".
D'autres m'ont donné des avis différents, ayant vu une population mixte avec beaucoup de musulmans et notamment des femmes voilées. On pourra s'inquiéter que Marseille n'ait compté que 60.000 manifestants, alors qu'il y en eut apparemment plus de 100.000 à Rennes.
J'ai été interloqué d'entendre pour la première fois un de mes enfants revenir de l'école (primaire) avec des propos anti-musulmans entendus auprès de ses amis, et qu'il répétait sans trop en comprendre la signification. Occasion d'une bonne discussion sur le racisme, les dangers de l'ignorance et de la peur de l'autre, des préjugés et des amalgames, l'importance de considérer chaque personne comme unique, et irréductible à sa couleur de peau ou sa religion.
C'est par contre très révélateur de ce qu'entendent à la maison ces enfants BCBG, élèves d'une école catho dans un quartier privilégié...
Comme vous le dites, Guillaume: "Eviter la psychose et garder calme et sang-froid, éviter les attitudes agressives et hostiles envers les musulmans", et en positif, multiplier les gestes d'amitié vis-à-vis de ces personnes, dont beaucoup vivent à présent dans la peur et subissent une multiplication d'actes et d'attitudes hostiles, voire haineuses. C'est la seule façon de conjurer le repli communautariste et l'enfermement dans une idéologie de haine.
Cela me fait penser à l'attitude des Eglises de Terre Sainte et du Levant, dont les écoles et institutions caritatives accueillent souvent 9 élèves musulmans pour un chrétien. La raison ? Faire s'ouvrir les cœurs, poser des ponts et conjurer les préjugés, la peur de l'autre et la haine. Il n'y a pas le choix, d'une part, certainement quand on est en situation de minorité, et surtout, c'est ce que commande l'Evangile.
A cet égard, nous sommes encore loin du compte, s'agissant d'une majorité de nos écoles catholiques en tant que "laboratoires de la convivialité", à quelques - remarquables - exceptions près. On peut malheureusement compter sur les doigts d'une main les établissements catholiques accueillant serait-ce un enfant musulman pour 9 petits Français de souche. Certaines d'entre elles demandent même le certificat de baptême des enfants.
______

Écrit par : jwarren / | 14/01/2015

LIBERTÉ N'EST PAS VIOLENCE

> Merci, Guillaume, pour votre article. Dès le début, j'ai pensé que la liberté d'expression ne devait pas être confondue avec la violence d'expression.
Je pense à toutes les victimes de ces assassinats odieux mais je suis contre les caricatures ou les propos qui tournent autrui en dérision.
La liberté, ce n'est pas de faire n'importe quoi, sinon on devient esclave de ses pulsions et on nuit aux autres et à notre propre humanité.
______

Écrit par : Cosse / | 16/01/2015

Les commentaires sont fermés.