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17/12/2014

"Abstenons-nous de juger et soyons bienveillants" (2)

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Collusion sympa entre gouvernants et sociétés d'autoroutes :


  

Un rapport parlementaire de gauche, présenté aujourd'hui en commission à l'Assemblée nationale, se permet de mettre en cause la privatisation des sociétés concessionnaires d'autoroutes (SCA) réalisée en 2006 sous un gouvernement de droite. Ces sociétés sont Eiffage, Vinci et l'espagnol Abertis.

Qualifiant de « mécanique implacable » l'engrenage de hausse des prix actionné par les SCA, ce rapport préconise la dénonciation des contrats en cours et appelle le gouvernement à « agir très vite ». L'Autorité de la concurrence et la Cour des comptes dénoncent en effet la stratégie de ces sociétés, qui traitent le réseau autoroutier comme une machine à cash et ne cessent d'augmenter les tarifs.

Mais l'Association française des sociétés d'autoroute (ASFA) riposte en invoquant les clauses des contrats signés par l'Etat : clauses qui laissent les mains libres aux sociétés... Le président de Vinci autoroutes, Pierre Coppey, peut ainsi déclarer avec une emphase ironique : « le monde entier regarde avec respect la signature de la République française ».

Les députés indignés expliquent ainsi la rente (machine à cash) consentie par Villepin aux SCA  : ces sociétés sont les seules à pouvoir déduire 100 % de leurs charges d'intérêt d'emprunt de l'assiette de l'impôt sur les sociétés. Et à pouvoir répercuter sur leurs tarifs toute augmentation de leurs fiscalités spécifiques : la redevance domaniale et la taxe d'aménagement du territoire ! L'ensemble de leurs niches fiscales 2006 dépasse les 3 milliards d'euros. D'où un taux de profit de 20 à 24 % net d'impôts... C'est économiquement exorbitant, contraire à l'intérêt des usagers : donc « injuste et injustifié », constatent les députés. Ils demandent donc que l'Etat fasse revenir ces sociétés dans le droit commun, quitte à annuler les contrats de 2006 et en renégocier d'autres (avec d'autres appels d'offre) puisque l'argent manque pour renationaliser les autoroutes.

M. Valls aura-t-il le courage de penser contre lui-même (et contre M. Macron) en appliquant ce plan ?

On en doute. Ce qui est dans les tuyaux ressemble plus à une capitulation : consentir aux SCA une prolongation des contrats avec leur taux de rentabilité  magique (7,7 %), en échange d'une petite dépense de leur part dans des travaux (3,2 milliards d'euros), largement effacée par les 14,7 miiliards que rapportera la prolongation.

M. Valls va supplier les SCA de modérer leurs hausses de tarifs ; elles n'en feront qu'à leur tête.

M. Valls osera même annoncer, sans rire, la création d'un « gendarme du secteur » – entité certainement aussi faible (M. Macron y veillera) que les « gendarmes de la finance » incapables d'empêcher la prochaine bulle.

De toute façon, Vinci, Eiffage et Abertis savent qu'ils peuvent compter sur les juges et sur Bruxelles, fidèles outils du free market et de la liberté des tarifs. Un courrier de la Commission européenne du 28 octobre traite en effet les concessions autoroutières françaises comme devant durer indéfiniment...

C'était notre série : « il y a du bien dans tout, ne jugeons pas et soyons bienveillants ». À suivre !

  

 

Commentaires

VIDÉO

> une vidéo qui circule sur le cumul des mandats par les patrons du cac 40 : http://blog.francetvinfo.fr/oeil-20h/2014/12/16/video-quand-les-patrons-du-cac-40-cumulent-les-mandats.html ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 17/12/2014

ILS SE RESSEMBLENT

> Et n'oublions pas que pour lutter contre ces patrons, heureusement il y a la CGT dont le chef montre l'exemple de la sobriété.
Evidemment ça fait sourire à côté de 4,1 millions d'euros mais on fait avec ce qu'on a.
Le détournement de fond aussi n'a une obligation de moyen, voyez-vous.
Sur France Intox, il y a 10 jours, 3 minutes d'interviou d'un irresponsable de la CGT, 3 stupidités monstrueuses :
- Oui la CGT est en crise car cette dénonciation vient de l'intérieur de la CGT, il n'y a donc plus de solidarité (sic).
- à cause de cette dénonciation, on a connu ces abus et maintenant on va attaquer la CGT
- (...) la CGT, dont le travail est de lutter contre les patrons et le gouvernement, etc...

Cet homme ne sait pas
-que la lutte syndicale est d'abord une question de justice et d'honnêteté : juste salaire, juste repos, juste rythme.
-que la solidarité ne peut donc jouer pour couvrir une malhonnêteté.
- que le syndicalisme n'est pas contre les patrons ou le gouvernement mais pour la justice (cela peut aller jusqu'à la lutte en effet mais ce n'est pas le but premier)
-son calcul (on va cacher et personne ne verra et ne pourra nous attaquer) est pitoyable.
Il serait temps que le monde du travail soit dignement dirigé et représenté pour le bien de tous.
En fait, ils se ressemblent.
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Écrit par : E Levavasseur / | 17/12/2014

"ABSTENONS-NOUS DE JUGER ET SOYONS BIENVEILLANTS"

> Vous devriez en faire une catégorie à part entière, sur la colonne de gauche !

Aurélien Million


[ PP à AM - Le problème est que cette catégorie tendrait à absorber toutes les autres, l'idéologie du "y a du bien partout, ne jugeons pas" ayant pour fonction de tout dissoudre (dans du néant) ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Aurélien Million / | 17/12/2014

à E. LEVAVASSEUR

> Et n'oubliez pas que Jésus n'avait cure de la justice sociale, parce que "les pauvres, vous les aurez toujours avec vous", et que le parfum que cette femme lui répand était le signe de son goût pour le luxe, luxe qui marcher la croissance.
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Écrit par : Aurélien Million / | 17/12/2014

NE PAS CONFONDRE

> Ne faudrait-il pas préciser (même rudement si nécessaire) aux apôtres du "y'a du bien partout..." qu'ils confondent bienveillance et gentillesse ? Houspiller quelqu'un pour son bien, ce n'est pas gentil, mais cela peut être une forme de bienveillance.
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Écrit par : sven laval / | 17/12/2014

Les commentaires sont fermés.