24/07/2014
L'écologie humaine, source de bien-être (2)
suite et fin :
Or, si l'on descend au niveau de l'écologie (plénière bien sûr), on trouve comme un reflet naturel de ce holisme surnaturel.
L'écologie envisage les relations, les interactions, le mutualisme, entre les êtres vivants et le reste de l'écosystème dont ils font partie. Ceci en écologie environnementale, mais aussi dans la sociologie humaine et en économie ! Le vrai bien-être de l'homme est menacé par le système économique actuel qui sépare et oppose ce qui devrait être associé ; en effet ce système dresse l'homme contre la nature, mais aussi :
- l'homme contre lui-même (par la concurrence de tous contre tous),
- l'individu contre la famille (le lien familial est pulvérisé),
- l'individu contre son peuple (le déclin actuel du politique),
- l'individu contre l'espèce (la dénatalité des vieux pays riches)...
Toutes ces souffrances sociales (sans oublier le chômage de masse lié à l'idée nouvelle de « croissance sans emplois ») viennent du modèle économique actuel : l'idole Argent, dit le pape François. D'où, face à ce modèle déshumanisant, l'apparition du courant d'écologie plénière qui veut recréer une société à dimension humaine, accordée à l'environnement : donc un véritable bien-être.
Ce qui est passionnant aujourd'hui, par exemple, c'est de découvrir que non seulement des publications du courant écologique radical, mais même un politicien comme José Bové, sont en guerre contre l'industrie des mères porteuses et « la dérive ultralibérale de la procréation médicalement assistée » - comme dit le biologiste d'extrême gauche Jacques Testart. De même, le groupe de Grenoble Pièces et main d'oeuvre, opposé à l'industrie biotechnologique, milite contre ce qu'il nomme « l'artificialisation de la reproduction humaine »...
En prenant ces positions, des militants venu de la gauche de gauche, parfois très anticléricaux, convergent sans le savoir avec d'autres militants, plus jeunes, venus des milieux catholiques et de la Manif pour tous, et qui prônent ce qu'ils appellent quant à eux une « écologie intégrale » : c'est l'écologie plénière.
Cette rencontre entre gens venus d'horizons opposés est un signe des temps. Elle annonce la découverte commune d'un art de vivre : et c'est la promesse de nombreuses réponses à notre thème de réflexion de ce soir, l'écologie humaine (ou plutôt plénière) en tant que source de bien-être.
Car le tout n'est pas de contempler de belles idées : il faut se demander comment les vivre. Pour que l'écologie humaine soit plénière et, par là, source de bien-être, elle doit « reconstruire un rapport ajusté au monde qui nous entoure » - comme dit Gaultier Bès, chef de file du courant des Veilleurs issu de LMPT. La même idée est exprimée par d'autres formules : « sobriété heureuse », « moins de biens, plus de liens », « vivre plus simplement pour que chacun puisse simplement vivre »... Il s'agit d'expérimenter dans la vie quotidienne des façons de vivre simples et directes qui nous libèrent de l'idole Argent, de la consommation égocentrique, et qui nous rapprochent de nos frères humains ; des façons de vivre « où l'acte personnel retrouve une valeur plus grande que la fabrication des choses et la manipulation des êtres » (Ivan Illich). Là est le seul véritable bien-être.
Partout dans le monde, des milliers d'expériences de libération se développent aujourd'hui : réseaux de maintien de la culture paysanne, réseaux de don et d'entraide, systèmes d'échanges locaux, coopératives de distribution, entreprises d'économie sociale et solidaire... expériences scolaires (réussies !) qui libèrent les enfants du formatage mental et de l'addiction aux marques commerciales... Ainsi la voie est ouverte : fondons des familles, des associations, des écoles, comme autant de « zones libérées » du matérialisme mercantile.
Ne laissons pas dire que le bien-être c'est la consommation d'objets : mais ne laissons pas dire non plus que le bien-être se réduit à des bricolages individuels et à des techniques, soi-disant spirituelles, de fuite hors de la réalité ! Sainte Hildegarde nous dit : « Le corps est entouré des énergies de l'âme qui s'étendent au monde entier. » Donc : 1. réconcilier les hommes avec eux-mêmes et avec le reste de la Création, c'est la tâche de l'écologie plénière et c'est une source de bien-être sans équivalent ; 2. rendre la nature créée participante de la nature divine par l'accueil de l'Esprit Saint, c'est la tâche du chrétien. Ces deux tâches sont inséparables. Non seulement elles sont inséparables, mais leur union rouvre au croyant un champ d'action où l'évangélisation va de pair avec le bien de tous : il y a là un signe des temps.
Université Sainte Hildegarde de Bingen, Chapelle saint Sanctin, 78770 Auteuil
Une vidéo sur sainte Hildegarde : https://www.youtube.com/watch?v=y-IN4sZpqTw
15:35 Publié dans Cathophilie, Ecologie, Idées, Société, Synthèses | Lien permanent | Tags : écologie, christianisme