Déroute des écolophobes : 50 scientifiques de 17 pays dénoncent le rôle des pesticides dans le désastre agricole qui s'annonce

C'est une gifle à la FNSEA et à l'agro-alimentaire, à l'heure où ils lancent leurs émeutiers et leurs prédicants dans une bataille pour abolir toute protection de l'environnement :

 

Je ne voudrais pas être à la place des prédicants écolophobes, et de leurs amis directeurs de fonds spéculatifs ! Au moment où ils expliquaient aux bons paroissiens que se méfier des pesticides était un péché contre l'Espérance, voici un rapport-bombe, fruit de cinq années de travail mené par cinquante scientifiques de quinze nationalités autour de 800 études publiées dans la littérature savante. Ce groupe est le TFSP, Task Force on Systemic Pesticides, co-fondé notamment par le célèbre écotoxicologue français François Ramade (université Paris-Sud). Selon ce rapport, publié le 24 juin dans la revue Environmental Science and Pollution Research, il est établi que les pesticides néonicotinoïdes (40 % du marché mondial des insecticides agricoles, 2,6 milliards de dollars pour l'industrie) sont « une menace pour la productivité de notre environnement agricole et naturel ». Explication par Jean-Marc Bonmatin, du Centre de biophysique moléculaire du CNRS, dans Le Monde du 25/06 : « loin de sécuriser la production alimentaire, l'utilisation des néonicotinoïdes met en péril les pollinisateurs qui la rendent possible. »

Ces insecticides systémiques préventifs sont de 5000 fois à 10 000 fois plus toxiques que le DDT. Ils s'accumulent dans les sols où ils peuvent persister plusieurs années. Solubles dans l'eau, ils se répandent très largement dans les zones non traitées : selon le rapport, « il y a des preuves fortes que les sols, les cours d'eau et les plantes, dans les environnement urbains et agricoles, sont contaminés à des concentrations variables par des mélanges de néonicotinoïdes, de fipronil et de leurs produits de dégradation. »

Le TFSP constate que cette contamination est un élément déterminant dans le déclin des abeilles, bourdons et papillons. Le biologiste Maarten Bijleveld, à l'origine de la création du TFSP, parle d'un « effondrement brutal » de l'entomofaune. Les insecticides jouent aussi un rôle dans le déclin des oiseaux des champs (moins 52 % en trente ans), mais surtout dans celui des lombrics et des micro-organismes dont dépend la fertilité des sols !

Pourquoi le silence des pouvoirs publics sur ce désastre provoqué par l'industrie chimique et le productivisme agro-alimentaire ? Réponse de Ramade (Le Monde, 25/06) : « La recherche en agronomie est sous la tutelle des pouvoirs publics, qui sont généralement soucieux de ne pas gêner l'activité économique et donc l'emploi... Il n'en reste pas moins que [les pesticides] finiront par avoir un impact économique négatif important. »

Ainsi l'industrie agro-alimentaire finit par se retourner contre la logique économique productiviste elle-même ! Les promesses du diable sont toujours trompeuses. Les bons paroissiens devraient se méfier des écriverons écolophobes et des joyeux banquiers.