08/06/2014
L'écologie chrétienne n'est pas ce que disent les communiquants du MEDEF et de la FNSEA
Entretien-édito de l'orthodoxe Michel Maxime Egger (en ouverture de Paris Notre-Dame cette semaine) :
Refuser la responsabilité humaine envers la création, rester sourd aux analyses percutantes du pape François contre le système économique actuel, servir Mammon tout en jouant les grands cathos ? Ce serait s'éloigner du christianisme.
Cette semaine en ouverture de Paris Notre-Dame, l'hebdo du diocèse de Paris, entretien-choc avec le sociologue suisse (orthodoxe) Michel Maxime Egger... Extraits :
« Les causes de la crise écologique actuelle sont économiques, politiques et éthiques, mais aussi spirituelles. Elles ne sont pas seulement extérieures à l'humanité, car elles touchent aux fondements mêmes de la civilisation occidentale : issu de la modernité, son système économique, croissanciste, productiviste et consumériste, dévalorise et désacralise la nature. L'être humain l'a réduite à un stock de ressources à sa disposition pour la satisfaction non seulement de ses besoins, mais de ses envies illimitées. […] C'est une vision réductrice, qui repose sur un monde de connaissances centré sur l'illusion d'une croissance matérielle infinie. Pour sauvegarder la Terre, les lois, les écogestes et les conférences internationales ne suffisent pas. Il faut les accompagner d'une démarche spirituelle, que j'appelle ''écospiritualité'' : se nourrir de l'énergie de la foi chrétienne permet d'ancrer plus profondément les engagements écologiques...
[…] Il s'agit de trouver une troisième voie entre le panthéisme – identification de Dieu à la nature – et le matérialisme – réduction de la nature à un objet. La théologie orthodoxe a notamment développé la théorie des énergies divines, qui affirme la présence de Dieu dans tous les êtres vivants, lesquels sont une expression de sa beauté et de sa générosité. C'est une raison importante pour les respecter. Il me semble aussi qu'il faut sortir de l'anthropocentrisme. Certes, une des spécificités du christianisme est de donner une place particulière dans notre monde à l'être humain car il a été créé à l'image de Dieu. Cependant, je crois que ce rôle n'implique pas une position de supériorité mais une responsabilité : incarner et réaliser une médiation entre le Ciel et la terre, entre la dimension matérielle et spirituelle. Il ne faut pas oublier qu'Adam a été façonné à partir de la glaise (Genèse 2,7). Il a une dimension terrienne qui incite à l'humilité. L'être humain fait donc partie intégrante de la création, dans une interdépendance avec elle. Sa mission est de participer à la transfiguration du monde en travaillant à sa propre transformation intérieure. Pour dépasser sa puissance de désir et ses peurs. Pour donner sa confiance dans la Vie, plus forte que la mort. »
Beau témoignage de chrétien orthodoxe, accueilli en place d'honneur par l'hebdo du diocèse catholique de Paris ! Michel Maxime Egger [*] a fortement développé ces thèses au Collège des Bernardins, le 2 avril et le 14 mai : compte-rendu à lire sur
Non seulement le souci écologique ne divise pas les chrétiens, mais il les rassemble.
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[*] Auteur de La Terre comme soi-même, repères pour une écospiritualité (éd. Labor et Fides).
16:51 Publié dans Ecologie, Oecuménisme, Planète chrétienne | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : christianisme, écologie
Commentaires
BONS JEUNES GENS
> et dire que récemment encore j'ai entendu de bons jeunes gens bien pieux qui ricanaient : "l'écologie on s'en fout".
Autrement dit : "Jean-Paul II on s'en fout, Benoit XVI on s'en fout, François on s'en fout, quand il s'agit d'économie le pape c'est Gattaz."
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Écrit par : alain breza / | 08/06/2014
PAS SORCIER
> Bah ouais, ça change tout ! C'est pas sorcier ! Quand on n'est pas actionnaire ou haut responsable au sein de l'industrie agro-alimentaire (sucrière ou autre), quand on n'est pas membre du club Demeter qui réunit tout le (plus ou moins) beau monde de l'agriculture productiviste, on a les mains et l'esprit quand même nettement plus libres de rappeler ces quelques fondements élémentaires de l'écologie chrétienne...
Sinon, effectivement, pour faire illusion encore quelque temps, on n'a plus que la communication, le gros vilain épouvantail des cultes panthéistes à la terre-mère Gaïa et le susucre de la "Semaine du (mauvais) goût".
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Écrit par : Serge Lellouche / | 08/06/2014
LOUIS LAVELLE
> Qu'il me soit permis de vous offrir ce texte, publié il y a presque soixante ans, encore plus oublié, hélas, que son auteur qui mériterait tellement d'être relu.
Louis Lavelle métaphysicien mort en 1951 écrivait ceci dans le chapitre XIV "La sagesse comme science de la vie spirituelle" de son ouvrage post-mortem "De l'intimité spirituelle", 1955:
"Il est donc naturel d’admettre que nous ne puissions avoir prise sur les choses qu’en apprenant quelles sont les lois auxquelles elles obéissent.
Mais on s’aperçoit alors avec admiration que l’homme est supérieur à ces lois, moins parce qu’il est capable de les comprendre que parce qu’il peut les utiliser et, pour ainsi dire, les infléchir de manière qu’elles servent ses propres desseins.
Ainsi l’homme est devenu peu à peu, selon l’expression célèbre de Descartes, « maître et possesseur de la nature ».
La sagesse serait-elle donc cette maîtrise désormais assurée, cette possession devenue disponible ?
Personne ne le pense.
La science nous donne une sorte d’ivresse de la puissance. Mais la sagesse consiste à en diriger l’emploi.
Sa tâche est donc d’autant plus difficile, comme on le voit aujourd’hui, que cette puissance est devenue elle-même plus grande.
C’est donc que la sagesse réside dans un certain usage de la volonté, qui, au lieu de se laisser emporter à entreprendre tout ce qu’elle peut, n’oublie jamais que l’homme fait partie de l’univers, et qu’en cessant de proportionner son action à sa nature, il risque de détraquer celle-ci ou de la briser.
Aussi a-t-on vu de tout temps l’idée de sagesse se définir par les vertus d’équilibre et de modération." p. 249-250.
A méditer encore plus aujourd'hui!
Mais qui peut encore être décisionnaire et sage?
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Écrit par : Albert E. / | 09/06/2014
LUI
> "Mais qui peut encore être décisionnaire et sage?".... A part l'escargot !
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Écrit par : escargolibri / | 11/06/2014
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