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14/04/2014

Vincent Cheynet : 'Décroissance ou décadence' (éditions Le pas de côté, 2014)

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Pourquoi notre dissociété casse-t-elle "la famille, dernier rempart du gratuit face à la marchandisation du monde" ? C'est encore une étape de l'invasion de nos vies par l'idéologie (marchande) de l'illimité... Synthèse de ce livre remarquable, par Serge Lellouche :

 


 

En 1999, tournant la page sur ses quelques années au service d'une multinationale de la publicité, Vincent Cheynet (né en 1966) fonde l'association Casseurs de pub, puis en 2003 un mensuel qui deviendra irremplaçable par son indépendance, sa liberté de langage, et l'aventure collective qu'il constitue : La Décroissance...

 Se procurer son livre auprès de l'éditeur :  http://www.lepasdecote.fr/?p=767

 

 

 

On commencera sans hésiter la présentation de ce livre sur la décroissance par un vibrant appel à la consommation : de toute urgence, il faut non seulement le lire mais aussi l'acheter ! D'une part, pour soutenir cette nouvelle petite maison d'édition indépendante, Le pas de côté, fondée par Pierre Thiesset ; d'autre part parce que voilà un livre d'une grande importance : à la fois une excellente introduction et un approfondissement de la réflexion sur la décroissance. Et enfin, en ces temps où les lignes intellectuelles et politiques sont en phase de complet réajustement, parce que son contenu (réjouissons-nous en) devrait surprendre nombre de catholiques, qui y découvriront bien des similitudes entre la sensibilité décroissante et la pensée sociale de l'Eglise, peut-être avec des mots et des références parfois bien différentes, mais avec une perspective anthropologique fondamentalement convergente.

Quelques signes semblent du reste déjà l'indiquer dans la «cathosphère» : ce livre pourrait bien contribuer à une profonde transformation du regard catholique sur la décroissance, et simultanément à la prise de conscience du potentiel si prometteur d'un rapprochement entre écologistes radicaux et chrétiens affranchis de l'imposture libérale.

Bien plus qu'un énième livre sur l'épuisement des ressources naturelles et le dérèglement climatique, Vincent Cheynetquestionne avant tout ici la prégnance d'un imaginaire collectif verrouillé dans le culte de la croissance et enfermé dans le mythe progressiste du «toujours plus».C'est d'abord sur le terrain des mots et par la force du langage (trait si spécifiquement humain), que le combat contre l'idéologie mortifère de la croissance et l'anthropologie qui la sous-tend, doit être mené, insiste-t-il d'emblée.

Rompre avec le sentiment de toute-puissance qui caractérise en premier lieu le paradigme croissanciste, c'est se reconnaître une limite : non, la décroissance ne sauvera pas le monde ! Par ce langage d'humilité, on est bien loin d'un wonder- Nicolas Hulot, déclarant il y a peu : «J'ai besoin de vous pour sauver notre climat et la planète».

Rompre avec l'imaginaire de la croissance, c'est assumer et accepter en adultes notre finitude : «Nous n'échapperons pas à notre mort, la nôtre comme celle de notre civilisation». A droite comme à gauche, l'ensemble du monde politique est pourtant aujourd'hui fondé dans ce déni, en même temps qu'il communie dans une même foi matérialiste dans le salut par la technoscience : «Demain, nous vaincrons la mort !» proclamait sans rire Jean-Luc Mélenchon.

«Pour des raisons différentes, écrit Cheynet, la droite et la gauche libérales se sont fondues dans une même vision de la condition humaine : celle d'un être atrophié et purgé de sa dimension symbolique et immatérielle (…) Dans ce contexte, il est logique que notre société ait pris pour cible conjointement la religion et la psychanalyse. L'une comme l'autre partent de l'idée que l'humain se fonde sur un manque, qu'une dimension de son être lui demeurera un mystère, inconnaissable à jamais (…) L'inconnaissable, pour l'esprit scientiste, c'est par essence l'ennemi à abattre : la ''réaction''. Ainsi toute transcendance, toute symbolique sont délégitimées.» Le refoulement de notre dimension symbolique et spirituelle : tel est le cœur de la crise anthropologique que nous vivons, et pour tout dire, la pierre angulaire de ce livre.

Face à ce constat, et à rebours de la sémantique officielle, c'est bien à un complet retournement de langage que Vincent Cheynet  nous invite : l'idéologie croissanciste constitue psychiquement une grande régression infantile, quand la décroissance rouvre une voie vers l'âge adulte. A cet égard, il est particulièrement cocasse et risible d'entendre les pourfendeurs de la décroissance s'acharner à la décrire dans les médias comme «un retour en arrière». L'idéologie dominante projette TOUJOURS sur la marginalité subversive les traits psychiques qui la caractérisent en premier lieu, et que par toutes les ruses rhétoriques elle s'emploie à masquer.

La société libérale et productiviste est en effet par essence incestueuse, en ce qu'elle se fonde sur le refus de toute limite, de tout interdit, de tout manque, de toute frustration. Elle nourrit le sentiment infantile que «tout est possible» et suscite le fantasme d'une jouissance sans fin. Or, psychiquement, qui pose la limite à l'enfant, quelle tierce figure vient l'arracher au rêve de la fusion éternelle avec la mère? En cela oui, la figure du père symbolique est bien l'ennemi juré d'une anthropologie capitaliste «qui enjoint à retourner à «l'âge du sein» (…) qui veut ainsi nous faire régresser à l'état de nourrisson».

Il faut bien le dire, nombre d'écologistes, y compris des objecteurs de croissance, participent naïvement de ce rejet du père symbolique : «les hommes, c'est la guerre et la douceur féminine sauvera le monde», pas vrai? L'écologie inoffensive des bons sentiments et de la fusion avec la «Terre-Mère», d'un Pierre Rabhi, est à cet égard emblématique.

Face à une telle emprise de l'idéologie maternante, à laquelle il s'agit de se soumettre docilement afin de ne pas se voir rangé dans la case «réac», Vincent Cheynet a le courage de poser la question décisive : et si le nœud anthropologique de la décroissance ne consistait précisément pas en un dépassement de l'oedipe ? Poser cette question, c'est poser celle de la reconnaissance individuelle et collective des limites et de la capacité, en sujets adultes, de pouvoir dire «non» à l'idéologie de l'illimité.

On comprend dès lors mieux le pourquoi de toutes ces levées de bouclier dès que le mot «décroissant» est prononcé dans les «grands médias» et ce déluge de qualificatifs enfermants : «écofascistes», «khmers verts», «doux rêveurs», «bolchéviks», et on en passe...

Telle est en effet l'injonction du temps : il faut être positif et consensuel. Les intellectuels en quête de plateaux télé prôneront gentiment la sobriété heureuse, la convivialité, le buen vivir et la transition écologique, mais surtout pas la décroissance ! «Le fléau du béni-oui-ouisme est la matrice de tous les systèmes totalitaires et fondamentalistes, à commencer par le capitalisme». Dans le domaine de l'écologie dévoyée, Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand représentent cette caricature que dénonce le journal «La Décroissance», cette incapacité à poser les termes du dissensus politique et à nommer les ennemis (telles les multinationales) du combat que l'on croit mener : «tous ensemble, main dans la main, pour sauver la planète !». Rouvrant l'espace vital et démocratique du conflit, la décroissance suscite en cela de la haine chez les artisans de fausse paix et complices des vraies violences en cours et à venir : «L'écoeurante mollesse des bons sentiments fabrique des bourreaux à la chaîne», prévenait Jacques Ellul.

Plus nettement qu'il ne l'a peut-être jamais fait, Vincent Cheynet articule dans une commune dynamique le libéralisme économique et le libéralisme culturel : la logique du productivisme et du sans limite relèvent d'un fait social total, venant se loger jusqu'au plus intime des êtres. En cela, toujours sous couvert «d'émancipation» et de «progrès des droits», le mariage pour tous, la PMA-GPA, la banalisation du divorce, l'ouverture des magasins le dimanche, la pression pour la légalisation du cannabis, sont symptomatiques d'un libéral-libertarisme transformé en rouleau compresseur, faisant tomber toutes les limites, lois et interdits.

Et surtout, ne pas dire «non» ou «stop» au «grand mouvement émancipateur», «cette dernière posture renvoyant à la figure du père, forcément haïssable». Sinon, gare au couperet : «Toute personne refusant cette délégitimation des limites est alors présentée comme liberticide, pisse-froid, passéiste». Aucun risque chez EELV : on y est toujours pour «le progrès des moeurs» et on se passionne pour l'art contemporain !

Aussi, au sujet d'une certaine écologie libertaire, Cheynet s'étonne-t-il «de constater combien des individus qui sont le plus sincèrement révoltés par le capitalisme sont quelquefois les mêmes qui ont intériorisé le plus profondément l'organisation psychique du libéralisme», comme aveugles à ce que peut par exemple avoir de si déstructurant le glissement en cours vers l'indifférenciation sexuelle, promue notamment par la théorie du genre, qui ne peut qu'aboutir à «la casse de la famille, dernier rempart du gratuit face à la marchandisation du monde».

Dans un long et passionnant chapitre du livre consacré au débat sur le mariage pour tous, Vincent Cheynet traduit bien ce lourd climat de terrorisme intellectuel, où tout un système politico-médiatico-culturel soudé, s'est employé à étouffer l'intelligence des enjeux par la mise en opposition binaire systématique des forces favorables au «progrès émancipateur» contre celles de la «réaction», comme il se doit identifiées à l'extrême droite. Dans son opposition à la loi Taubira (au nom d'une conception éminemment symbolique du mariage et de la famille), il a personnellement vécu, douloureusement, le chantage permanent à l'homophobie réservé à toute argumentation contre cette loi et contre la fuite en avant technologique qu'elle va inéluctablement générer.

Si à cet égard, il souligne les prises de positions courageuses d'écologistes tels que Thierry Jaccaud, Hervé le Meur, Fabrice Nicolino ou encore Alain Gras, il se désole de l'inconséquence d'autres décroissants : «Il est paradoxal d'observer certains objecteurs de croissance hurler à la reconnaissance des limites de la nature quand il s'agit de la croissance et parallèlement qualifier de ''réacs'' ceux qui rappellent ces limites quand il s'agit de procréation (…) On ne peut pas réclamer la fin du ''sans limites'' dans le domaine économique et être en même temps le plus ardent promoteur de la destruction de toute limites, notamment dans le domaine des moeurs.»

Mais il souligne avec autant de force l'inconséquence inversement parallèle d'une bourgeoisie catholique de droite, à l'image de la «terrifiante Christine Boutin», ayant tout intérêt à demeurer aveugle au lien entre libéralisme économique et moral. Fustiger le démantèlement (libéral) de la famille tout en invitant bien cordialement des politiciens et affairistes néo-libéraux, comme Charles Beigbeder, lors des universités d'été de la manif pour tous de septembre 2013 : peut-on être plus caricatural et grossier dans l'hypocrisie?

D'une certaine façon, Vincent Cheynet nous dit de la décroissance, qu'avant d'être un allègement en nos vies de tous les «biens matériels» qui nous encombrent (passage salutaire certes incontournable), elle est avant tout un affranchissement intellectuel de tous les modes de représentation et conditionnements dont nous sommes tous si intimement imprégnés. Oui, c'est d'abord à cet Exode intérieur qu'il nous appelle. Mais la liberté de cet Exode a souvent un prix, celui d'une certaine solitude ou marginalisation, pour celui qui refuse de se laisser enfermer dans les catégories binaires que l'univers médiatique indispensable au productivisme ne cesse d'entretenir : progressistes versus réactionnaires, gentils humanistes de gauche contre méchants moralistes de droite, et toute la litanie habituelle assénée par une police de la pensée qui bloque toute prise de conscience collective des enjeux réels.

Le contact de la cathédrale de Narbonne émerveille notre âme et les insignifiantes puérilités nombrilistes de l'art progressiste contemporain nous emmerdent à en mourir ? Alors il est temps de le clamer fort à la face des pédants et des technocrates de l'art, dans la joie légère d'entendre les automates nous classifier dans la case «obscurs passéistes réactionnaires».

Par ailleurs, il nous met aussi en garde face à ce que le journal La Décroissance a régulièrement appelé «les faux amis de la décroissance», ces mouvements, souvent proches de l'extrême-droite, tels que les bio-régionalistes identitaires ou les survivalistes d'un Piero San Giorgio voir d'un Alain Soral. Ces derniers, obnubilés par la question de la lutte pour la survie dans un contexte d'effondrement généralisé, sous-couvert d'une critique apparente du capitalisme, manifestent pourtant l'anthropologie capitaliste hyper-individualiste poussée à son paroxysme, totalement inaptes à saisir les enjeux du vivre ensemble.

Et sur un tout autre plan, il se démarque nettement aussi d'une objection de croissance angéliste que représentent selon lui les partisans «gauchistes» d'un revenu universel garanti à vie et d'une gratuité généralisée, où l'on retombe, encore et encore, dans l'illusion fusionnelle et maternante d'une société sans heurts et sans conflits, constituée de gentils et de purs.

 

Etre décroissant, c'est essentiellement consentir à déposer les armes, à dire stop aux injonctions guerrières, à l'escalade de la toute-puissance technoscientifique, de la compétition économique insensée et de la jouissance sans limites.

Il est temps de se poser, nous dit Vincent Cheynet : de faire silence, afin de retrouver la profondeur intime de notre vie intérieure qui fait le cœur notre condition humaine à tous, et par laquelle nous découvrons ce qu'il y a d'infiniment plus grand que nous.

A la lecture de ce livre qui fera date, nous en sommes plus convaincus que jamais : l'intuition fondamentale de la décroissance est d'ordre spirituel. Dans cette place à nouveau accordée au vide, à la lenteur, à la contemplation de l'inconnu et de l'insaisissable, il y a là non seulement rien de plus subversif et révolutionnaire, mais l'expression profonde d'une soif que plus que tout, l'homme (à la fois personnel et collectif) demande à étancher afin d'être pleinement révélé à lui-même, restauré dans sa dignité, non en monade atomisée mais en être de liens.

Tout le sens de l'engagement au service du bien commun s'enracine d'abord dans ce renouveau de la vie intérieure. La décroissance bouscule tous nos formatages et nos conforts petits-bourgeois, car elle pose politiquement la question-clé et ô combien évangélique du partage de la vie simple ; disons plus : de la joie de ce partage.

N'est-ce pas en ce point précis qu'il faut aujourd'hui reconnaître qu'objecteurs de croissance et chrétiens sont signes d'espérance les uns pour les autres, brèches ouvertes en ce bas-monde?

 

Serge Lellouche – Fraternité des chrétiens indignés

 

Commentaires

CHRISTIAN LAVAL

> Vincent Cheynet fait donc l’hypothèse, avec un certain nombre de psychanalystes (dont Jean-Pierre Lebrun), d’une désymbolisation du sujet contemporain.
En passant, je signale que le sociologue Christian Laval s’est démarqué d’une telle analyse : nous n’aurions pas simplement affaire à une désymbolisation de nos rapports sociaux, mais aussi à une mutation de l’ordre symbolique.

Christian Laval, « Le nouveau sujet du capitalisme », MAUSS 2/2011 (n° 38), p. 427 :

« Avec l’extension de la marchandise dans le système social, avec la prégnance croissante de l’argent dans les relations sociales, c’est le sujet qui se transforme, nous disent certains psychanalystes. Mais plutôt que de faire l’hypothèse négative d’une mort du symbolique, ne faut-il pas plutôt retenir l’hypothèse positive d’une transformation de l’ordre symbolique, ou, selon une autre expression lacanienne, d’un changement de "discours" ? On admettra certes que l’ordre symbolique est rendu pour le moins fragile quand les mots et les institutions deviennent de simples outils à la disposition des individus et de leurs intérêts. On veut bien croire que la distance et la densité symboliques d’une société sont affaiblies quand tout est constamment rapporté à la manipulation experte et à la finalité d’une jouissance supposée à la fois calculable et illimitée. Mais pour autant, s’en tenir à l’idée d’une "désymbolisation" ne nous dit rien quant à la manière dont le capitalisme tend à produire une nouvelle construction proprement symbolique dans laquelle l’équivalent général argent joue le rôle de médiateur des relations sociales. »

Christian Laval invite à « s’interroger plus avant sur la façon dont l’ordre symbolique a muté avec le capitalisme, ce qui suppose évidemment, au préalable, de reconnaître dans l’économie la dimension symbolique qui la constitue. »

Sur le fond, d’ailleurs, Vincent Cheynet ne serait pas en désaccord avec Laval. Ne reconnaît-il pas qu’il nous faut lutter contre un imaginaire du « toujours plus », lequel à colonisé nos esprits et nos modes de vie, et même impacté notre psychisme ?
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Écrit par : Blaise / | 14/04/2014

LEBRUN

> Une excellente conférence de Jean-Pierre Lebrun :

« La condition humaine n’est pas sans conditions »
http://www.msh-m.tv/spip.php?article217
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Écrit par : Blaise / | 14/04/2014

PERLE

> http://www.20min.ch/ro/news/insolite/story/17436166

une perle à ne pas rater: très révélateur de la décadence des élites.
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Écrit par : Ludovic / | 15/04/2014

'LA DÉCROISSANCE'

> Passionnant, mais pourquoi diable a-t-il donné à La Décroissance un ton rédactionnel beaucoup plus aigrement dénonciateur que constructif?
Quant à la couverture, c'est à tel point beau comme du Charlie-Hedo qu'on croit que les deux publications sont de la même équipe.
C'est grave car pour le public, cela associe l'idée de décroissance non pas à la joie de la sobriété mais à la vindicte misanthrope.
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Écrit par : Pierre Huet / | 16/04/2014

à P Huet :

> il me semble que Vincent Cheynet explique la position "extrême" de certains rédacteurs du journal dans la (très bonne) interview qu'il a donné au journal La Vie (je ne l'ai pas sous la main, mais ce doit être trouvable sur le site du journal)

A.


[ PP à A. - Vous avez le lien ici même : une des notes de blog du Jeudi Saint, 17/04. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Axolotl / | 29/04/2014

"DÉCROISSANCE"

> Aux pages 49-51 du livre de Vincent Cheynet...

"Ne faut-il pas analyser ces phobies du mot décroissance comme autant de stratégies d'évitement, de symptôme du refus, et plus encore de l'incapacité à dire non, donc d'ouvrir au dissensus, au discernement, à la liberté pour nous enfermer dans l'idéologie de l'acquiescement? Qui peut d'ailleurs être contre le "convivialisme", la "transition", le "bien vivre", à commencer au Jockey Club? Ce sont des mots à fabriquer du consensus, donc du maternage.
Les universitaires qui les produisent traduisent sans doute leur peur d'être marginalisés par les institutions. Ils cherchent à présenter une version "convenable" de l'objection de croissance, acceptable par les institutions, qui leur permette d'apparaître à la fois subversifs et "raisonnables". Nous comprenons alors le combat sémantique qu'ils livrent depuis des années à la décroissance. En 2013, la "décroissance faute de mieux" présentée par la sociologue Dominique Méda, reconvertie dans l'objection de croissance inoffensive, a très logiquement remporté un grand succès auprès des journalistes. Sa remise en cause technocratique de la croissance, expurgée de son contenu subversif, constituait un produit parfaitement adapté au discours des grands médias, qui ne s'y sont pas trompés (...) Le béni-oui-ouisme craint le vertige du vide que crée la décroissance, cette ouverture sur l'inconnu (...) C'est pourquoi le journal "La Décroissance dénonce avec constance toutes les personnes qui proposent cette logique fusionnelle. Elles sont innombrables, notamment dans l'écologie. L'un des exemples caricaturaux en est bien sûr Nicolas Hulot (...) Sa naïveté, pour ne pas dire son innocence, est déconcertante, et parfois avouée : "J'ai tenté un jour de devenir adulte et j'y ai définitivement renoncé" (psychologie magazine, janvier 2007)"

Écrit par : Serge Lellouche / | 29/04/2014

ULTIME PRODUIT DU LIBÉRALISME

> A noter : V. Cheynet a écrit un article dans le dernier numéro de L'Ecologiste, intitulé "Vous avez dit théorie du genre ? "

Je cite : "En cela (ndr : la négation de "l'altérité des altérités" qu'est l'altérité homme-femme) l'idéologie des genders est l'ultime produit du libéralisme".

Amis cathos : laissez les morts enterrez leurs morts! Les lignes bougent… violemment.
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Écrit par : Feld / | 01/05/2014

@ Feld,

> Yes sir ! Et Saint Jean le Décroissant est plus que jamais de retour, toujours prêt à déboucher nos oreilles et à nous livrer la clé théologique de la décroissance : "IL FAUT QU'IL CROISSE, ET QUE JE DIMINUE" (Jean 3 : 30)
http://anarchrisme.blog.free.fr/index.php?post/2014/04/30/Saint-Jean-le-D%C3%A9croissant
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Écrit par : Serge Lellouche / | 01/05/2014

DÉLIRE PLUTÔT QU'IDÉOLOGIE

> Autant je suis d'accord sur l'idée que l'alterité des sexes est assez fondamentale. Autant je ne comprends pas qu'on parle "d'idéologie" du genre, qui est plutôt de l'ordre du délire chez pas grand monde qu'une réelle vague de fond. Déconstruire les différences de genre (le sexe social donc) est quelque chose de potentiellement émancipateur, émancipateur des canons de beauté technique (maquillage, musculation, épilation), des canons économiques (homme autoritaire et décisionnaire, femme sympa et fourbe), des canons de débauche (besoins perpétuel de "baiser", être "bonne"). Je pense que les objecteurs de croissance tendance chrétienne (dont je fais partie) se fourvoie dans ce combat anti-étude de genre. Puisque 'l'idéologie du gender' (le projet politique d'effacement du sexe biologique) n'est pas une réalité conséquente.
Non?
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Écrit par : Joseph / | 20/06/2014

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