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09/01/2014

"Le libéralisme est ennemi de l'homme, de la vérité et de la liberté", constate l'Observatoire du diocèse de Toulon

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Magistrale mise au point personnelle, par Philippe Conte (Observatoire sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon) :

 


 

 

<< Alors que tout au long du XIXe siècle la proposition liminaire de cet article était très généralement acceptée par les catholiques (voir Don Félix Sarda y Salvany, Le libéralisme est un péché, Paris 1887), aujourd’hui, chez nombre d’entre eux, la majorité sans doute, demeure vivace une croyance dans un bilan ''globalement positif '' du libéralisme. Ils veulent croire à la possibilité d’en restreindre les aspects les plus révoltants par une réforme, par une amodiation. Ainsi par son ''encadrement''on pourrait en conserver les effets ''bénéfiques'' : la richesse, tout en limitant ses aspects les plus négatifs : la crise sociale et son potentiel de violence destructrice.

Pourtant ce désir (souvent assez platonique) de ''réforme'' se heurte au réel, et quel que soit le prix à payer pour chacun de ces cahots, conservant son incroyable pouvoir de transformation, de mutation sociale et culturelle, le libéralisme demeure, inchangé dans ses principes comme dans ces effets.

Le libéralisme est une fiction

Dès ses origines le libéralisme peut à bon droit être regardé comme une fiction (un story telling) destinée à légitimer à posteriori la situation des premiers marchands et des premiers banquiers qui ont prospéré en Europe au cours des XIIIe et XIVe siècles. Cette fiction comporte plusieurs points. Le plus significatif est la croyance en un homme individuel qui, à l’état de nature, est propriétaire des fruits de son travail car il est propriétaire de lui-même. Un tel homme n’a jamais existé, nul ne l’a jamais rencontré et nul ne le rencontrera.

Pour les penseurs libéraux, cet homme phantasmatique est à son propre fondement, comme à ceux des institutions politiques et sociales ; d’où la possibilité de modeler celles-ci selon les circonstances, sans frein ni limites autre que son bon vouloir. Corollaire de cette première invention, l’affirmation que cet individu peut, in abstracto, par le seul usage de sa raison subjective, parvenir à la vérité. Affirmation qui est un copier-coller de celle du serpent dans le jardin d’Eden. L’usage de cette raison souveraine est également réputé pouvoir apporter la liberté par le barrage qu’elle érigerait contre ''l’arbitraire'' ; mot codé qui désigne en réalité l’enseignement de l’Eglise.

L’extension de ces conceptions jusqu’à leurs conséquences produira sur le plan personnel un effondrement moral dont la littérature sadienne sera le reflet et, sur le plan des institutions politiques, la Terreur et les colonnes infernales.

Dans le champ de l’économie politique les fictions libérales produiront encore plus rapidement leurs effets pernicieux. Croyance dans la capacité des marchés à réguler la vie économique, égale liberté et capacité des co-contractants, transparences des transactions, autant de concepts vides de toute réalité.

L’histoire, ou plus justement la Providence, n’a d’ailleurs pas manqué d’apporter un démenti cinglant à ces artifices.

Les physiocrates (les premiers libéraux de la science économique) arrivent au pouvoir en France par la personne de Turgot en août 1774 et s’empressent de libéraliser le commerce des grains. Dès le printemps 1775 la ''guerre des farines'' éclate en Bourgogne, de nombreuses émeutes s’enchaînent du fait de paysans affamés par la spéculation sur les grains. Lorsqu’aujourd’hui les prix montent sur le marché de Chicago (50% de hausse entre mai et juillet 2012 !!) assiste-t-on à une ''dérive'' ou au contraire au fonctionnement standard des marchés globalisés, opaques et faussés par l’inévitable spéculation ? Nos économistes libéraux auront beau jeu de dire que sur plusieurs mois la situation finit par se stabiliser, mais ceux qui seront morts de faim pendant ces quelques mois, ou sous les balles de la troupe (comme les paysans bourguignons en leur temps) ne pourront jouir de cette hypothétique chute des cours. Il n’est pas inutile à cet égard de rappeler la condamnation sans équivoque de la spéculation par saint Basile de Césarée qui déclarait avec force : ''le pain te devient or, le vin se fige en or, la laine se change en or. […] Nulle satiété, nul terme à son avidité '' (Homélie n°6, Contre les riches).

La question de la dette

La spéculation est, comme nous venons de le voir, un des deux moteurs principaux de l’économie libérale. L’autre est le prêt à intérêt qui est au cœur de l’activité commerciale et bancaire. Le mécanisme du prêt à intérêt repose en fait sur l’anticipation des bénéfices attendus de l’activité financée et leur appropriation partielle par le financeur lors de la conclusion du prêt. La particularité de cette activité dans l’industrie bancaire consiste dans le fait que le prêteur ne dispose pas de cet argent et qu’il le crée ex-nihilo en ouvrant ''une ligne de crédit'' au ''bénéfice'' de l’emprunteur. Les dépôts ne constituent finalement qu’une espèce d’assurance validant l’opération. Cet effet de levier autorise les banques à prêter plusieurs fois le montant des dépôts.

Nous le savons tous, le prêt à intérêt appelé justement usure dans la doctrine catholique, a été condamné avec constance par le magistère. Ainsi Benoit XIV écrivait : ''L’espèce de péché qui se nomme usure, et qui a son siège propre dans le contrat de prêt, consiste en ce que celui qui prête, veut qu’en vertu du prêt même (qui de sa nature demande qu’on rende seulement autant qu’on a reçu) on lui rende plus qu’il n’a prêté ; et il prétend en conséquence, qu’outre son capital, il lui est dû un profit à raison du prêt. C’est pourquoi tout profit de cette nature est illicite et usuraire. '' (Lettre encyclique Vix pervenit).

Malgré cela l’ensemble de l’économie libérale repose sur une telle pratique sans que les catholiques qui y participent ne s’en émeuvent ! Pourtant il s’agit bien là d’une manière de s’approprier le temps ; temps qui n’appartient qu’à Dieu.

Cette généralisation de la dette est une des caractéristiques de l’évolution sociale accélérée dont nous sommes collectivement victimes depuis 1968. Pour les générations précédentes, il y avait quelque chose de déshonorant de souscrire un prêt ! Et en peu d’années, une pratique marginale et réprouvée s’est généralisée, avec comme conséquence la précarisation de la situation de nombreuses familles. (En France, le nombre de familles en situation de surendettement a ainsi été multiplié par quatre depuis 1990, de 40 000 à plus de 180 000). Aujourd’hui entreprises, particuliers, Etats, banques elles-mêmes sont endettées et menacent faillite.

Ainsi le libéralisme peut être considéré comme un système de généralisation de la dette, tandis que l’enseignement de Notre Seigneur Jésus Christ repose sur le rachat de la dette, sur la remise de la dette. La prière qu’Il nous a laissée ne demande-t-elle pas : ''remets-nous nos dettes comme nous-même avons remis à nos débiteurs '' ? (Mathieu 6,12).

Spirituellement ''neutre '' c’est à dire anti-chrétien, philosophiquement erroné et mensonger, politiquement et historiquement construit contre l’Eglise catholique, véritable structure de péché par le renfort qu’il apporte aux vices d’égoïsme et d’avarice, structurellement cyclothymique du point de vue économique, le libéralisme ne peut être ''réformé''. Il est, à l’inverse de son discours apparent, ennemi de l’homme, de la vérité et de la liberté.

 

Philippe Conte

Observatoire sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon


 

Commentaires

EN PROFONDEUR

> au rebours des excitations médiatiques et de la confusion mentale de ces jours-ci, les catholiques travaillent en profondeur.
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Écrit par : jean-eudes / | 09/01/2014

BEIGNET

> Magistral ! Une mise au point qui devrait claquer le beignet aux dialecticiens de tous poils qui sodomisent les drosophiles pour nous expliquer la compatibilité entre foi chrétienne et théories libérales.
Je diffuse à fond !
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Écrit par : gdecock | 09/01/2014

COULOIRS

> j'imagine la bataille de couloirs qu'une telle déclaration va entraîner avec les tenants de lénifiantes universités d'été et autres saboteurs de pélé.
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Écrit par : E Levavasseur / | 09/01/2014

UN GRAND MERCI A PHILIPPE CONTE !

> Epoustouflant de vérité et de vigueur tranchante. Pas plus qu'aucun autre mensonge philosophique et économique, le libéralisme ne peut être réformé. Arrachons le à la racine et brûlons le !
C'est parfaitement dit : dès son origine, le libéralisme est une imposture anthropologique au service de la figure du marchand. Quelle joie de lire des propos aussi clarifiants sur la spéculation financière et sur le prêt à intérêt, dénoncés en tant que tels par le Magistère.
Un grand merci à Philippe Conte !
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Écrit par : Serge Lellouche / | 09/01/2014

TENEZ BON

> Ils savent que la vérité et la réalité jouent contre eux : le petit cercle des franchisés du libéralisme en milieu bien-pensant, qui cherche à étouffer le message du pape François, sonne la charge en coulisses contre l'article de Philippe Conte.
Tenez bon, catholiques de Toulon ! Christ a vaincu le monde !
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Écrit par : Amos / | 09/01/2014

LOUPS LIBERAUX

> j'attends avec impatience
- la réponse de Naudet
- de voir si Liberté Politique.com va se tortiller sur sa chaise ou se libérer

Nous sommes tous de petits êtres humains aussi je vous recommande de ne pas hésiter à envoyer un mot enthousiaste à Philippe Conte, de proposer vos services afin de contrebalancer le sentiment de solitude de ceux qui s'engagent face au harcèlement.
Prions pour Ph Conte, Mgr Rey et plein d'autres que Dieu connait, car les loups sont forts.
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Écrit par : E Levavasseur / | 09/01/2014

> Remarquable! je diffuse vite fait !
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/01/2014

Très bien !

> Le mythe d'Œdipe, tel qu'on le comprend dans Œdipe roi, montre que le problème était connu depuis toujours. Œdipe croit pouvoir compter sur son intelligence et son action pour contrer le décret des dieux, et elles se retournent en fait contre lui dans le sens de la volonté des dieux. Tuer son père et épouser sa mère est la punition de sa prétention à être le fils de ses propres œuvres, le self-made-man du libéralisme.
Ce mythe nous apprend à ne pas nous prendre pour un dieu mais à reconnaître notre dépendance.
Il s'applique bien au monde moderne qui nous pousse à renier nos ancêtres et à nous penser propriétaire de notre corps et de notre destinée.
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Écrit par : Guadet / | 09/01/2014

PAS SI SIMPLE

> A ceux qui font valoir que « l’instauration du mariage homosexuel est une mesure qui va dans le sens du libéralisme », Roland Hureaux a répondu naïvement sur son blog : « Bien au contraire, c’est la première fois que la loi se mêlera directement de sexualité ». ("Argumentaire contre le mariage unisexuel", 22 septembre 2012).
Une telle réponse est représentative de ces catholiques libéraux, persuadés que le libéralisme va nécessairement dans le sens de plus de liberté et de moins de contrainte étatique.
La réalité est moins simple : la contrainte étatique telle qu’elle s’exerce aujourd’hui n’est pas de même nature que le contrôle des populations par le pouvoir politique sous l’Ancien Régime ; elle n’est pas moins forte.
De plus, la « liberté » des individus ne consonne pas forcément avec l’émancipation réelle des communautés, des catégories socio-professionnelles, etc. Dans la logique libérale, la promotion de la liberté a tendance à se retourner contre elle-même, à s’auto-annuler.

Le père Philippe-Ignace André-Vincent l’a très bien montré à propos de la liberté religieuse, qui souligne la tendance libérale à autonomiser les libertés individuelles par rapport aux libertés collectives.
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Écrit par : Blaise / | 09/01/2014

LIBERALISME, HUMANISME ATHEE

> Le premier paragraphe de ce texte est peut-être le plus décisif, puisqu'il évoque les relations entre les catholiques et le libéralisme, massivement reconnu par eux comme un péché jusqu'au 19e siècle, et le basculement vers une adhésion catholique majoritaire à cette idéologie si pernicieusement trompeuse.
Tournant du 19e siècle. Comment ne pas établir un lien de corrélation avec "le drame de l'humanisme athée" qui irrupte en ce même 19e siècle et dont de Lubac souligne avec insistance son lien si profond avec une foi catholique qui ne cesse de se rétrécir, de s'attiédir, à force de se laisser séduire par les mondanités du temps, par les promesses de la vie tranquille, paisible et prospère qui fait la condition du bon bourgeois libéral...
http://www.placedeleglise.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=536:le-liberalisme-est-un-peche-
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Écrit par : Serge Lellouche / | 09/01/2014

SOLUTIONS ?

> Le socialisme d'origine matérialiste marxiste n'est pas une solution non plus . Economiquement , il faudrait trouver de nouvelles voies , ce qui , vu la complexité du monde , est une tâche ardue : il ne suffira pas de dire il n'y a qu'à ..., il n'y a qu'à créer des banques qui prêtent sans intérêt , il n'y a qu'à supprimer les bourses , etc....

C'est à ce niveau qu'il faudrait presque créer une nouvelle civilisation : est-ce possible ? A mon avis , on ne peut procéder que par petites touches. Réguler un peu les marchés, en commençant par déréguler la dérégulation. En même rétropédaler dans des lois éthiques , en proposant des solutions nombreuses , là où les nouvelles lois ont donné des droits excessifs. Pour arriver à un type de société en accord avec l'enseignement de l'Eglise , nous devons proposer des solutions innovantes : où les trouver ? qui les a ? Il nous faudra prier beaucoup !
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Écrit par : BrunoK / | 09/01/2014

ANTIQUE

> Le communisme est un péché ! Condamné régulièrement par les papes, etc. Le "modèle" français, inspiré par le marxisme jamais renié du PS est donc intrinsèquement pervers...
On peut s'amuser longtemps comme cela à se jeter des anathèmes à la figure.

"Dans le champ de l’économie politique les fictions libérales produiront encore plus rapidement leurs effets pernicieux. Croyance dans la capacité des marchés à réguler la vie économique, égale liberté et capacité des cocontractants, transparences des transactions, autant de concepts vides de toute réalité."
Vous deviez vous tenir au courant. Cela fait près de 100 ans que des économistes "libéraux" se penchent sur les limites de ces concepts, qui ne sont pas vides de toute réalité au prétexte qu'ils ne sont pas toute la réalité.
En attendant, on fait quoi ?

Aristote


[ PP à Aristote :

- première révélation (qui va bouleverser ta vision du monde, ô philosophe très antique) : ce n'est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre.

- la deuxième révélation, tu l'auras en commençant à t'informer sur l'économie du XXIe siècle, toi qui vis 2500 ans avant. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Aristote / | 09/01/2014

ORIGINES DU LIBERALISME

> Superbe !
À noter que le mythe fondateur du libéralisme sont les soi-disant "guerres de religion" de la Renaissance. Ce mythe permet ' écarter toute morale transcendante du débat public avec l'argument que toute idée religieuse crée de la violence car elle est dogmatque. La seule solution est donc de laisser tous les individus penser par eux mêmes afin d'éviter qu'ils s affilient à tel ou tel courant de pensée religieux...
La conséquence à été l'apparition de religion laïques (communisme, socialisme, nazisme) qui sont aujourd'hui supplantees par le libéralisme (économique et sociétal).

Tout cela pour dire le caractère congénital antichretien du libéralisme. Ce n'est qu'une hérésie chrétienne avec une mauvaise compréhension de la liberté, née à la fin du moyen âge, avant donc les guerres de religion, qui ont été suscitées justement par la montée en puissance de l'état libéral. CQFD
______

Écrit par : Ludovic / | 09/01/2014

A Aristote :

> ça y est !
Les drosophiles dont je parlais dans mon premier commentaire commencent à souffrir !
j'avais cru longtemps qu'Aristote n'aimait pas trop les sophismes et les sophistes.
Rassurez moi, vous n'avez pas changé ?
______

Écrit par : gdecock / | 09/01/2014

LOUER

> Juste une question: y a-t-il une différence de nature entre louer de l'argent et louer un bien concret, comme un logement ou un outil ?
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/01/2014

RETOUR AU REEL

> Quand j'interviens la première fois sur un blog, j'ai toujours le droit à un commentaire facile sur mon pseudo. PP ne manque pas à la tradition.
J'ai choisi ce pseudo parce que Thomas d'Aquin s'est appuyé sur Aristote pour défendre le christianisme en raison.
Pour ce qui est des mes compétences en économie, je suis diplômé en la matière et j'ai travaillé plusieurs années sur l'économie du développement, ce qui m'a permis d'observer bien des expériences très différentes.
L'inculture économique et le goût de l'anathème, l'accusation "d'ultralibéralisme" valant bien celle "d'hérésie" au temps de l'Inquisition ou de "racisme" dans les colonnes du Nouvel Obs, chez beaucoup de commentateurs français, me sidèrent.

Aristote


[ PP à A. - Et vous ne manquez pas à la tradition, vous non plus : celle des libéraux chics de la cathosphère, qui crient à "l'idéologie" quand on leur parle de faits ! Mais ça ne marche plus. Il y a trop de chômeurs.
Un autre mystification ne marche plus : faire croire au catho de base (qui ne l'a jamais lu) que saint Thomas serait libéral aujourd'hui. Ce qui n'a rigoureusement aucun sens...
Sous les coups des crises du capitalisme tardif, de moins en moins de gens seront enclins à confondre dogme libéral et loi naturelle. Je ne m'inquiète pas trop pour vous : un retour au réel ne doit pas être hors de la portée d'un aristotélo-thomiste. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Aristote / | 09/01/2014

@ Ludovic :

> Autant j'ai apprécié vos propos récents sur l'avortement, marquant bien (si tous les catholiques et évangéliques pouvaient s'en persuader !) la seule place à occuper, auprès des femmes qui l'ont vécu — autant j'aimerais que vous m'expliquiez votre expression "soi- disant "guerres de religion""…

Il s'agissait de parties de campagnes ?

Haglund


[ PP à H. - Je suppose que ce "soi-disant" ne voulait pas dire que ces carnages n'étaient pas des carnages, mais que le qualificatif "de religion" ne suffit pas à désigner leur ressort profond.
Consultez les historiens de référence, par exemple Denis Crouzet ('La nuit de la Saint-Barthélemy' (Fayard) et les deux tomes des 'Guerriers de Dieu' (Champ Vallon) : ils établissent que l'explosif religieux a été instrumentalisé par les féodalités politiques centrifuges.
Sans les princes allemands, pas de lansquenets du luthéranisme ; sans les princes français, pas de soulèvement calviniste ; sans les Guise payés par Philippe II, pas de Ligue ; etc.
La religion servit de prétexte et de levier psychologique de masse : mais les guerres furent perpétrées et perpétuées par la politique - ou ce qui en tenait lieu à l'époque.
Un peu le même phénomène (mutatis mutandis) dans l'islamisme aujourd'hui. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Haglund / | 09/01/2014

@ Blaise,

> au sujet du mythe tenace d'un libéralisme qui fonctionnerait sans le recours (et l'appui) de l'Etat, cette citation d'Antonio Gramsci :

"Le libéralisme est lui aussi une réglementation de caractère étatique, introduit et maintenu au moyen de lois et de contraintes : il est le produit d'une volonté consciente de ses propres fins et non l'expression spontanée, automatique, du fait économique."
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 09/01/2014

@ Serge Lellouche

> Excellente citation d'Antonio Gramsci! Quelle est la référence ?
______

Écrit par : Blaise / | 09/01/2014

QU'AS-TU FAIT DE TON FRÈRE ?

> Lire le lien suivant sur "la dérive totalitaire du libéralisme" dont la version de 1995 aux Editions de l’Emmanuel fait apparaître une lettre de Jean-Paul II de 1991, qui remercie l’auteur pour cet ouvrage fidèle au Magistère : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1993_num_82_1_1655_t1_0338_0000_4
De quoi faire mentir les officines libérales qui s’essayent à faire croire que Jean-Paull II, sous prétexte que dans Centesimus Annus, a dénoncé « l’Etat de l’assistance » que ne doit pas devenir « l’Etat du bien-être », et que par ailleurs il a affirmé la valeur de l'« économie d'entreprise », ou d'« économie de marché », ou simplement d'« économie libre » (n°42), qu’il était libéral.
Economie libre et libéralisme ne sont pas synonymes (raisonnement global, à l'emporte pièces).
Il en profitent donc pour faire croire que le pape François s’oppose ainsi à Jean-Paul II (un bel exemple ici : http://blog.turgot.org/index.php?post/Delsol-Pape-Economie )

On est parfois surpris de ce qu’on entend dans la bouche des libéraux catholiques. Il y a quelques semaines de cela j’écoutais Pascal Lamy sur France Info. Il parlait de la mondialisation. Toutes les cinq secondes on l’entendait répéter les expressions : « globalement », « dans l’ensemble »… Il parlait de de cette façon de la baisse de la pauvreté, des bienfaits de la mondialisation…etc. Ces expressions sont particulièrement gênantes dans la bouche d’un catholique.

« Par bien commun, il faut entendre l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres d’atteindre leur perfection, d’une façon plus totale et plus aisée » (GS 26 § 1 ; cf. GS 74 § 1) Autrement dit si une personne (un seul membre d’un groupe, "chacun" pour reprendre les termes de GS) n’atteint pas sa perfection, d’une façon totale et plus aisée, le bien commun n’est pas réalisé. Aussi, si on s’en tient à du « globalement ça va mieux », « dans l’ensemble c’est moins mal… » le bien commun n’est pas réalisé.

C’est pour cette raison que Philippe Conte peut écrire : « Nos économistes libéraux auront beau jeu de dire que sur plusieurs mois la situation finit par se stabiliser, mais ceux qui seront morts de faim pendant ces quelques mois, ou sous les balles de la troupe (comme les paysans bourguignons en leur temps) ne pourront jouir de cette hypothétique chute des cours. »
Dans un tel cas le bien commun n’est évidemment pas réalisé, et bien évidemment cela éclate de manière terrible (il y a mort d’hommes au final, ce qui est très grave) un profond mépris de la vie d’autrui. La preuve que c’est ce que pensent les libéraux : http://www.lepeuple.be/le-liberalisme-une-philosophie-qui-fait-reculer-faim-et-pauvrete-dans-le-monde-aidons-le-et-osons-plus-de-liberte-economiqueencore/ C’est du « global », comme d’habitude. Et les autres ? « Qu’as-tu fait de ton frère ? » nous disent la Genèse et le pape François.

ND


[ PP à ND - Ceux qui disent ouvertement du mal du pape François ont au moins le mérite de la franchise... Les plus visqueux sont ceux qui en disent du mal en privé mais du bien dans leurs blogs, parce que captifs de leur fonds de commerce ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : ND / | 09/01/2014

@ Serge Lellouche

> Je crois avoir trouvé! La citation d'Antonio Gramsci doit venir du cahier 13 des "Cahiers de prison".
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Écrit par : Blaise / | 09/01/2014

Chére Haglund,

> L'explication de Patrice sur les guerres dites "de religion" est la bonne. Lisez aussi de W Cavanaugh, "le mythe de la violence religieuse " sur le sujet.
Ce sont justement des guerres effroyables mais ensuite l'explication de celles-ci à été faite sous forme de mythe, ce qui conforte une fois de plus les théories de R Girard: dans les mythes fondateurs, l'histoire n'a pas été inventée, elle est basée sur des faits réels. Mais en revanche la société les raconte de manière mensongère de façon à désigner un bouc émissaire qui lui permet de se réconcilier à ses dépens.
L'Évangile casse cette logique en révélant que la victime est innocente mais que nous sommes tous coupables. D'où la vie chrétienne consistant à chasser d'abord le mal en soit plutôt que chez les autres (c'est tellement plus facile !). D'où aussi l'attitude vraie du chrétien sur l'avortement...
______

Écrit par : Ludovic / | 09/01/2014

@ Blaise,

> pour être franc, je ne connais pas la référence de cette citation de Gramsci. Je l'ai trouvé en exergue d'un bouquin dont je proposerai bientôt la synthèse à PP.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 09/01/2014

@ BrunoK

> pour ce qui est de la nouvelle civilisation, de toutes façons, il faudra bien la construire puisque l'actuelle s'effondre.
et plus on prendra les devants, mieux ça vaudra.
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Écrit par : E Levavasseur / | 09/01/2014

ENCORE

> Encore la thèse de ce blog qui voudrait que le monde actuel respecte les principes libéraux, notamment en économie.
Demandez à un libéral et il vous dira que l'état actuel est un mélange entre fascisme et socialisme.
Même la courte parenthèse Reagan et Thatcher n'a fait que freiner l'augmentation des réglementation et du poids des états dans l'économie ET dans nos vies.
Libéral dérégulé


( PP à LD - Ne restez pas dans l'idéologie. Documentez-vous. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Libéral dérégulé / | 09/01/2014

BRAVO, MAIS

> Un seul mot : bravo !
Ceci dit : comment faire tourner une économie sans prêts portant intérêts ? That is the question...
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Écrit par : Feld / | 09/01/2014

CURIEUX

> Aristote pourrait-il ici même nous faire la démonstration (Aristote et saint Thomas à l'appui si ça lui chante) que le libéralisme et la foi catholique sont compatibles? Je suis très très curieux.
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Écrit par : ND / | 09/01/2014

@ PP

> Bien répondu sur les guerres de religion. Les guerres entre princes étaient courantes pendant tout le Moyen-Âge et jusqu'à Louis XIV. Le schisme a fait que la religion a semblé un bon prétexte au XVIe siècle pour des luttes qui seraient tout de même survenues sans cela.

Remarquez aussi que, dans l'esprit des gens, se battre pour le pouvoir ou pour l'argent semble naturel, justifié presque, alors que se battre pour des convictions philosophiques semble stupide, monstrueux.
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Écrit par : Guadet / | 10/01/2014

PAS D'ACCORD

> J'avoue être un peu plus réservé que tout le monde quant à cet article. Ce doit être que je travaille dans une banque ...
Rien à redire sur la dénonciation du libéralisme, mais je trouve certains arguments un peu légers. Par exemple, l'affirmation:
"La particularité de cette activité [le prêt à intérêt] dans l’industrie bancaire consiste dans le fait que le prêteur ne dispose pas de cet argent et qu’il le crée ex-nihilo en ouvrant ''une ligne de crédit'' au ''bénéfice'' de l’emprunteur. Les dépôts ne constituent finalement qu’une espèce d’assurance validant l’opération. Cet effet de levier autorise les banques à prêter plusieurs fois le montant des dépôts."

J'avoue ne pas être sûr de ce que vise l'auteur, mais cela ressemble trop à un hoax que j'ai bcp vu tourner dans les milieux "indignés", et ici aussi, pour ne pas juger nécessaire de rectifier. C'est un peu le problème avec les banques: elles ont commis de si graves erreurs qu'on est prêts ensuite à gober n'importe quoi, pour autant que ce soit critique.

En l'occurrence, le hoax en question consistait à expliquer que les banques s'amuseraient à prêter de l'argent qu'elles n'ont pas. Rien de plus simple au fond: il "suffit" de créditer le compte de Mr X de la somme demandée, pas grave s'il n'y a rien derrière.
En fait, c'est un peu plus compliqué que ça. Concrètement, il n'y a pas un centime que prête une banque qu'elle n'ait emprunté par ailleurs. Emprunté soit à ses déposants (directement ou via d'autres banques en surplus de liquidité), soit en émettant des obligations (qui peuvent intéresser des investisseurs institutionnels riches en liquidités: assurances, fonds de pension, gestionnaires de fonds), soit en dernier recours, à une banque centrale, les banques centrales assurant quotidiennement le "buffer" nécessaire. Et dans chaque banque, il y a une fonction de trésorerie qui veille quotidiennement à ce qu'en fin de journée, les comptes soient à l'équilibre, soit en prêtant le surplus, soit en empruntant le déficit à la banque centrale, pour une nuit.

Ce qui est vrai, c'est que les banques font de la transformation. Dans une certaine limite (de plus en plus encadrée). C'est-à-dire qu'elles prêtent à plus long terme qu'elles n'empruntent. Ce n'est d'ailleurs pas tellement avec l'argent des déposants qu'elles font cela (qui constitue en général une ressource très stable à long terme), mais plutôt via leurs emprunts sur les marchés financiers. Pour caricaturer: j'emprunte à 3 mois, je prête à dix ans. Et je dois donc me refinancer tous les trois mois pendant 10 ans. Normalement, ça ne pose pas de problème mais en cas de crise, c'est dangereux. C'est ce qui a tué certaines banques qui avaient abusé du système lors de la crise de 2008. Comme tout le monde se méfiait de tout le monde, plus personne ne voulait prêter aux banques les plus mal en point. En cas d'urgence, on peut revendre des actifs. Par ailleurs, les banques centrales font des prêts d'urgence, mais ils coûtent chers et la situation ne peut s'éterniser. Sont mortes les banques qui avaient franchement exagéré au point de ne pouvoir revendre assez d'actifs "liquides" pour combler rapidement leur déficit de financement.

Ceci dit, en soi, faire de la "transformation" (i.e. prêter à un horizon différent de l'emprunt) est en partie ce que l'on attend des banques et même une de leurs missions dans la mesure où en matière de financement, les besoins ne rejoignent pas forcément l'offre. Le tout est de rester raisonnable, ce qui clairement n'a pas été le cas de toutes par le passé.

Je sais qu'il est de bon ton d'affirmer que toutes les réglementations bancaires sont bidons et en trompe l’œil, les états étant "à la solde des banquiers". Pour avoir participé à un des groupes d'experts conviés par la Commission à donner un avis sur la réforme, je peux tout de même vous assurer que ce qui se met en place avec Bâle 3 n'est vraiment pas ce que la grande majorité des banquiers auraient souhaité. On se focalise dans les médias sur certains sujets simples et porteurs (comme la séparation banques d'affaires - banques commerciales) sans jamais mentionner d'autres mesures très contraignantes mais plus difficiles à expliquer (durcissement des exigences pour faire de la transformation par exemple, ou des exigences de capitalisation, qui pénalisent les prêts à l'économie réelle mais plus encore la spéculation - manière tout aussi efficace d'y mettre fin en tapant au portefeuille: ça devient trop cher pour être rentable).

Pour voir ce qui se prépare avec la reprise en main de la supervision des banques "systémiques", i.e. toutes celles dont la faillite ne serait pas supportable (à l'échelle de leur pays - c'est important: il y a même une banque maltaise), j'ai aussi le sentiment que, si tout ça c'est bidon, alors c'est vraiment du bidon à énorme mise en scène. Parce que l'opération de "prise de connaissance" qui a commencé fin de l'année dernière et qui va durer toute l'année 2014 est vraiment gigantesque. Je ne vais pas entrer dans le détail, mais cela va mobiliser des dizaines de milliers de personnes dans toute l'Europe. Année bénie pour les consultants ... qui pallient par milliers au manque de ressources aussi bien des banques que des régulateurs locaux afin de répondre aux exigences de la BCE en matière d'informations à fournir. Tout le monde est dans ses petits souliers et les exigences claquent (sur le mode militaire: je veux ça, ça et ça, pour dans deux semaines. Vous ne pouvez pas? Tant pis pour vous ...).

Je ne dis pas tout cela pour faire pleurer sur le sort des banques: je suis en faveur des régulations qui se mettent en place. Mais si on veut être efficaces, autant savoir de quoi on parle et ne pas colporter trop facilement des bêtises qui raviront tous les Naudets du monde en leur offrant des occasions de décrédibiliser leurs contradicteurs.

Dernière petite réserve: je veux bien que l'Eglise ait été la plus grande partie de son histoire opposée au prêt à intérêt, mais pour autant que je sache, ce n'est plus le cas. Et que je sache, ce n'est pas une institution connue pour son souci de plaire à l'air du temps. Au risque de surprendre, le point m'a toutefois intéressé et amené à lire un peu sur les alternatives, pas tellement au taux d'intérêt qu'au rôle des banques dans le financement de l'économie, telles que défendues par exemple par Maurice Allais. Pourquoi pas? Mais de nouveau, c'est mon reproche à Philippe Conte, tant qu'à débattre, que ce soit sur base de toute l'information et pas seulement de celle à charge.

PS: ayant été sinon aux premières loges, du moins aux deuxièmes pendant la crise, je pense avoir assez bien vu ce qui s'est passé. S'il y a des lecteurs de ce blog que cela intéresse, je partagerais volontiers mon expérience - quitte à venir un jour à Paris.
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Écrit par : Luc2 / | 10/01/2014

ALTERNATIVES

> La critique fait mouche, mais que mettre à la place, étant entendu que la seule alternative au libéralisme c'est le totalitarisme, sous un masque idéologique ou un autre? Je me pose sans ironie la question.

ph. martin


( PP à Ph. Martin - Voyez le contexte de cette critique : 'Caritas in veritate', et toute la pensée sociale catholique. L'alternative n'est pas entre le libéralisme et le totalitarisme, qui sont jumeaux puisque issus de la même souche (l'idéologie des lumières) ; elle est entre ces utopies meurtrières et un "retour au réel", c'est-à-dire à une conception sobre de la vie en société, régulée par un politique modeste... mais souverain pour faire prévaloir le bien commun et faire contrepoids aux forces prédatrices de l'économie.
Idée qui n'a vraiment rien de totalitaire ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : ph. martin / | 10/01/2014

CREUX

> Assisté hier soir à une conférence débat:
http://www.upr.fr/evenement/grand-debat-francois-asselineau-alexandre-melnik-la-place-de-la-france-dans-le-monde-du-xxie-siecle

Constat: creux abyssal de la pensée individualiste et hors sol de A. Melnik, professeur de géopolitique à l' “ICN Business School Nancy – Metz” (en français dans le texte). Dans l'auditoire, mes voisins pourtant antilibéraux ne s'attendaient à un tel néant, servi par un bagout de camelot.
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Écrit par : Pierre Huet / | 10/01/2014

Bonjour Patrice!

S'il n'y a plus de prêt avec intérêts, comment les ménages qui n'ont pas l'argent comptant peuvent par exemple acheter leur logement? Que propose l'Eglise? Merci!

Amélie
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Écrit par : Amélie / | 10/01/2014

IL SE TROUVE QUE...

> Je suis frappé par la citation de Benoît XIV sur l'usure.
Il se trouve que j'ai contracté des prêts avec ma banque : immobilier (25 ans), voiture (3 ans), travaux (5 ans). Ma banque et moi nous approprions donc le temps, sans vivre dans la foi en la Providence ? J'en suis vraiment troublé.
De l'autre côté, je repense aux loyers que je payais avant pour me loger avec ma famille. Comme propriétaire, je suis relativement plus "libre" d'organiser, de retaper ma maison. Est-ce alors une dérive libérale ?
Je sais bien que nous sommes "in via", pèlerins, et que la seule vraie patrie est le Coeur de Dieu. Pour la majorité des gens, comme moi, qui n'ont pas reçu de patrimoine (immobilier ou financier) en s'installant dans la vie adulte, la solution fidèle serait-elle de rester locataire ?
Il est vrai que c'est peut-être la posture la plus humble, "mineure" au sens de saint François d'Assise, celle qui consiste à accepter pleinement la dépendance envers un autre ? Bref, si certains ont des éclairages à ce sujet...
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Écrit par : Alex / | 10/01/2014

@ ND

> Sans doute est-ce une maladresse d'expression de votre part, mais l'emploi que vous faite de l'article de peuple.be donne l'impression que vous regrettez que la part de personnes sous-alimentées recule 24% à 14% en deux décennies. (On pourrait même ajouter que dans les années 1960 elle était de 65% pour 3 milliards d'habitants dans le monde).

C'est plutôt une bonne nouvelle en soi, non? Bien sur il faut ensuite voir dans quelles conditions de travail et d'environnement ce résultat est obtenu. Mais si on reste au raisonnement c'est tout le monde ou rien, on ferme toutes les oeuvres et institution d'aide aux personnes.
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Écrit par : Pierre Huet / | 10/01/2014

PHILIPPE CONTE

> Très beau texte! Je ne connaissais pas Philippe Conte, mais je sais que le diocèse de Fréjus-Toulon est très en pointe dans la défense de la foi.
J'apprécie la personne de Mgr Rey depuis son livre « Peut-on être chrétien et franc-maçon ? » dans lequel il soulignait : « Il y a incompatibilité entre l’appartenance à la franc-maçonnerie et l’adhésion à la Foi catholique et cette incompatibilité est tout à fait essentielle de nos jours pour éviter toute confusion. »
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Écrit par : Un chrétien / | 10/01/2014

à Haglund et Ludovic:

> Lu une étude intéressante sur "Le temps des guerres de Religion en France" par A. Jouanna.

Chronologie à l'appui, elle estime que le facteur déclenchant fut, non pas une violence physique, mais les profanations et saccages d'églises survenues dans les communes ou les Réformés avaient pris le pouvoir.
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Écrit par : Pierre Huet | 10/01/2014

LIMITES

> C'est vraiment marrant de "se pencher sur les limites d'un concept" ..même depuis cent ans. Déjà le concept échappe à la main, même du premier primate hominisé et philosophe, mais les limites... là c'est vraiment très fort...après 1,2...après n, Heu! n+qqc...et au bout ? Ben ceux qui y sont allés n'en sont jamais revenus...
Les matheux humbles qui nous ont précédés parlaient avec modestie de POTENTIELLEMENT dénombrable, nous paresseux dans la réflexion et l'expression disons maintenant, aujourd'hui, dénombrable et disant cela le matheux prétentieux pense avoir fait le tour de la question...
Oui, on peut compter... mais sans s'arrêter ;
Oui, on peut réfléchir... mais sans s'arrêter ;
Vive les limites repoussées, si on veut... mais beaucoup qui s'y s'ont frottés ont frôlés l'asile, voire atteint.
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Écrit par : Gérald / | 10/01/2014

LE MENSONGE DE LA "BAISSE DE LA PAUVRETE"

> Par ailleurs, il est absolument faux de prétendre que, même "globalement", la mondialisation, la dérégulation et la libéralisation ont entraîné une baisse de la pauvreté.
Lire le rapport de la Banque mondiale de mai 2010 sur l'état de la pauvreté dans le monde, qui montre
que les premières estimations de baisse de la pauvreté ont été grossièrement surévaluées,
que les comparaisons de baisse sur trente ans n'ont aucun sens puisque les données des pays les plus peuplés et les plus concernés par l'essor de la mondialisation (la Chine) ne procurent des données que depuis quelques années,
que lorsque quelques millions d'individus sortent de l'extrême-pauvreté (pas de la pauvreté, de l'extrême-pauvreté), cela se fait en vase communiquant avec d'autres régions du monde (hausse moyenne en Chine, baisse en Afrique),
et que de toute façon la barre de rémunération annuelle choisie est si basse que les gens concernés par cette statistique vivent quand même dans un grand dénuement, de surcroît dans des pays sans politique sociale qui les livrent à eux-mêmes (alors que dans ces mêmes pays, les riches ont vu leur fortune exploser).
Même "globalement", la sortie de la pauvreté est un mensonge absolu (la preuve en est que les chiffres avancés par nos joyeux Messieurs Loyal de la mondialisation heureuse sont totalement contradictoires : certains, modestement, annoncent 250 millions de pauvres en moins, un Christian Saint-Etienne n'hésite pas à bombarder le milliard : plus c'est gros...).
Il ne faut jamais hésiter à attaquer un libéral qui sort cette espèce de point Godwin sur ses sources : il n'en aura pas, ou elles seront purement idéologiques.
Moi, du moins, je choisis comme source la Banque mondiale, qui n'est pas vraiment une officine de l'Internationale socialiste : c'est plus convaincant que de défendre le bilan du libéralisme en citant Pascal Lamy.
Ajoutons à ça l'augmentation ahurissante de la pauvreté et le démantèlement des infrastructures (toutes, y compris mais pas seulement sociales) dans les pays industrialisés (j'ai donné plusieurs liens hier en commentaire de la note sur l'article de Marianne), et on arrive, en globalité et dans les détails :
à un appauvrissement généralisé du monde,
à la captation massive des richesses des pays par un groupe select de puissants (en Chine comme dans l'UE, en Russie comme aux USA - et le Brésil, vous vous souvenez ? C'est tout récent...)
et à la destruction de masse des classes moyennes là où il y en avait. Cette tarte à la crème libérale toute soviétique du "bilan globalement positif" commence à bien faire : nous voulons des chiffres précis, des études objectives, en somme des preuves, ou alors ça n'est que du slogan.

Tiens, vous en voulez, de l'émergence libérale mondialisée réussie ? C'est tout frais, ça vient de sortir :
http://pro.orange.fr/sinformer/patrimoine_et_vie_privee/banque/chine-la-bulle-financiere-qui-fait-trembler-le-monde.html
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Écrit par : Christian / | 10/01/2014

LEUR PRIVILÈGE

> Je ne suis pas spécialiste mais je crois pouvoir relever qu'en réalité les banques ont le privilège de prêter de l'argent dont elles ne disposent pas plus voire moins que celui auquel elle prêtent !!!
Effectivement il est bien souvent demandé à l'emprunteur particulier de disposer d'au moins 10% de la somme correspondant à leur projet.
Tandis que selon les "accords Bâle" les banques ont un pourcentage de fonds propres bien inférieur ...
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Écrit par : franz / | 10/01/2014

GARELLO

> Voici une merveille de syllogisme par M Jacques Garello sur le sujet qui nous intéresse :
http://www.libres.org/connaissance-du-liberalisme/2764-dimension-morale-du-liberalisme.html
le couplet sur la position des papes vaut son pesant d'or.
Les libéraux, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait !
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Écrit par : gdecock / | 10/01/2014

> Je ne sais pas où mettre ce commentaire. Je ne sais si vousl'avez lu, mais il y a un article du monde sur l'attitude absolument aterrante du gouvernement Harper au Canada. Cela mériterait une enquête. Car si c'est vrai, c'est effrayant; quand le libéralisme sous son aspect saccage de la planète devient obscurantisme (au fond c'est peu être ce qu'il est).
http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/01/08/le-canada-s-attaque-a-son-patrimoine-scientifique_4344475_3244.html

ND


[ PP à ND - Harper, ami personnel de Bush, est un domestique du productivisme. ]

réponse au commentaire

Écrit par : ND / | 10/01/2014

@ PP :

> C'est comme toujours fort bien dit, mais ça peut se retourner! Les princes comprennent peut être aisément que seules les religions peuvent fournir un réservoir aussi inépuisable de mobilisation violente. Ils savent qu' "on ne fait jamais si gaiement ni si pleinement le mal que quand on le fait par conscience", et que la conscience est rarement autant en repos que quand on a la satisfaction simultanée d'étriper son prochain et de complaire à son Dieu.
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Écrit par : Haglund / | 10/01/2014

@ ND :

> " Autrement dit si une personne (un seul membre d’un groupe, "chacun" pour reprendre les termes de GS) n’atteint pas sa perfection, d’une façon totale et plus aisée, le bien commun n’est pas réalisé. Aussi, si on s’en tient à du « globalement ça va mieux », « dans l’ensemble c’est moins mal… » le bien commun n’est pas réalisé. "

Très bon, je trouve. Vraiment.
C'est bizarre, mais je songe irrésistiblement au bien oublié aujourd'hui "Bilan globalement positif" de Georges Marchais, prononcé précisément un peu avant l'effondrement.
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Écrit par : Haglund / | 10/01/2014

@ Haglund

> Mais « Dieu » peut être aisément remplacé par les justifications les plus diverses : la démocratie et les Droits de l’Homme par exemple, les revendications « historiques » à posséder un territoire donné, la nature biologiquement menaçante de telle ou telle population, etc. Les actions politico-militaires sont nécessairement enrobées de discours.
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Écrit par : Blaise / | 10/01/2014

@ Pierre Huet

> « C'est plutôt une bonne nouvelle en soi, non? Bien sur il faut ensuite voir dans quelles conditions de travail et d'environnement ce résultat est obtenu. Mais si on reste au raisonnement c'est tout le monde ou rien, on ferme toutes les oeuvres et institution d'aide aux personnes»
Dans un de ses ouvrages (je ne sais plus lequel), Jean-Claude Guillebaud, parle des raisonnements libéraux ainsi : il y a deux hommes, il y a une pomme. Un homme mange la pomme. En moyenne plus personne n’a faim.
Je ne suis pas sûr que les institutions d’aide aux personnes aient la même responsabilité que les pouvoirs publics. Quant à dire que les institutions d’aide aux personnes refuseraient des personnes faute de moyens, lisez « Partager la pauvreté » de Pascal Pingault. La Maison du Pain de Vie (qui a certes des problèmes mais pour d’autres raisons) n’a jamais refusé aucun pauvre… Ils font confiance à la Providence

@ Haglund

> C’est ainsi que l’on m’a expliqué le bien commun, dans l’Eglise. Réfléchissons sur ce qu’écrit Philippe Conte :
« Nos économistes libéraux auront beau jeu de dire que sur plusieurs mois la situation finit par se stabiliser, mais ceux qui seront morts de faim pendant ces quelques mois, ou sous les balles de la troupe (comme les paysans bourguignons en leur temps) ne pourront jouir de cette hypothétique chute des cours. »
Je sais que la DSE n’existait pas à l’époque , mais pouvons-nous dire si un seul paysan bourguignon était mort, il aurait atteint sa «perfection, d’une façon plus totale et plus aisée » ? Je ne le pense pas.Et j'espère ne jamais entendre un libéral catholique me dire le contraire (encore qu'avec eux on peut s'attendre à tout).
J’ajoute : il y a quelques années, j’avais envoyé un mail à un libéral catholique bien connu sur le net. Je lui avait fait part de mon impression que le libéralisme et le catholicisme étaient incompatibles. Je suis un peu scandalisé, aujourd’hui, en me souvenant de sa réponse ; pour tenter de justifier le libéralisme il m’avait donné comme exemple… devinez : la libéralisation du commerce du grain à la fin de l’ancien régime, qui aurait selon lui évité des famines. Je l’apprends en lisant Philippe Conte : il s’était bien gardé de parler des paysans bourguignons.
J’ai remarqué que bon nombre de libéraux finissent par devenir historiens (Nicolas Baverez par exemple), pour réinterpréter l’histoire avec des lunettes idéologiques et démontrer que libéralisme a toujours raison. Si une époque a été terrible, c’est faute de libéralisme. Si elle a été prospère c’est grâce au libéralisme. Par exemple, Hitler : la faute à l’inflation (manque de libéralisme). Si Marine Le Pen arrive au pouvoir, je me demande comment ils vont faire. C’est qu’il n’y a pas beaucoup d’inflation par les temps qui courent.
Sur Garello :
Avec les libéraux catholiques, il y a toujours quelque chose qui cloche quand on cherche bien.
Garello parle de Maritain. Et il parle de l’individu. Il a lu Maritain. Moi aussi. Lisez « les Trois Réformateurs ». Il y a une partie sur l’individu et la personne. Maritain n’a pas une très haute estime de l’individu, c’est le moins que l’on puisse dire. « La matière est principe d’individuation » (ce qui serait peut-être un peu platonisant ; comment expliquer alors la transsusbtantiation ; néanmoins il y là une vérité). Mais Garello, lui n’y voit aucun inconvénient.
Ensuite, il ignore ou il nie, une des vérités de l’histoire de la philosophie. Adam Smith, donc l’école classique et l’école néo-classique, a appliqué l’utilitarisme de Bentham à l’économie (lire « introduction à la philosophie morale » de Georges Kalinowski) (lire par exemple la réfutation qu’en fait Karol Wojtyla dans « Amour et responsabilité » sur la plan de la morale sexuelle). Qu’il l’ignore ou qu’il le dissimule il ne dit pas la vérité.
Dans une émission sur France 2, Marine Le Pen (dont je ne suis pas partisan), avait fort justement répliqué à François Lenglet : «Monsieur Langlet, vous êtes un philosophe qui fait de l’économie. » C’est à mon avis parfaitement exact. Le libéral manipule sans cesse des concepts, et des idées philosophiques dont bien souvent il ignore (ou feint d’ignorer) les origines, et surtout les conséquences et l'articulation logique. Et partant quand le libéral est catholique, leur compatibilité avec la foi catholique. Et c’est absolument toujours comme ça. Je n’ai jamais rencontré aucune exception. C’est systématique.
Après ça on vous mélange du Maritain, Aristote et saint Thomas, avec des auteurs fumeux comme Locke, Hayek…etc et pourquoi pas Hume ou Schopenhauer pendant qu’on y est ! Et tout ça pourquoi ? Pour une seule raison ; dans le fond, ils ne cherchent pas la vérité, mais l’argent.

Je ne connais pas grand-chose en philosophie, ni en économie. Mais c’est un peu comme en droit ; quand on a bien appris, les premières leçons, il ne faut surtout pas les oublier. Après tout le reste est une question de raisonnement. C’est un peu comme le catéchisme. On vous appris que l’égoïsme est un péché. Qu’il faut partager, qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir, etc... Si quelqu’un vous raconte le contraire, il vous raconte forcément des conneries. C’est indubitable! Comme me l’a dit un ami récemment : « tu sais le libéralisme, ce n’est pas si compliqué : ce n’est qu’une tentative de justification de l’égoïsme. »
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Écrit par : ND / | 10/01/2014

@ Blaise :

> entièrement d'accord, quoique pour la démocratie et les Droits de l'Homme, ça a quand même nettement moins fait juter sous le pressoir; et pour le coup, on en profite tous vraiment bien. Tiens, avec ce blog, par exemple.
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Écrit par : Haglund / | 10/01/2014

Bonsoir à tous

> Travaillant comme luc2 dans une institution financière (mais d'assurance) je connais un peu ces sujets mais souhaiterais les approfondir sur la base des textes du magistère. Patrice pourrait-il nous mettre en relation ? Cela serait utile, je pense d'en parler car on a effectivement vite fait de dire des choses inexactes simplificatrices, mais en même temps il faut penser des solutions pragmatiques pour faire évoluer le système (comme M Allais le fait par exemple) en s'inspirant de la pensée de l Eglise toujours vraie mais parfois un peu théorique (on a le même problème sur la morale sexuelle souvent).
C'est à nous laïcs sur le terrain de rendre les choses concrètes.
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Écrit par : Ludovic / | 10/01/2014

@ Luc2

> Il est vrai que l'argument est un peu limite : dire que les banques prêtent plusieurs fois l'argent des déposants n'est pas rigoureusement exact, puisqu'elles prêtent principalement l'argent qu'elles empruntent. Les encours sont bien entendu très supérieurs aux fonds propres. Le taux d'emprunt dépend de plusieurs critères dont le ratio encours/fonds propres, qui mesure la capacité d'une banque à absorber un certain niveau de défaut de ses débiteurs.

Le métier de banquier est fondamentalement un métier de mesure du risque. Les marges sont calculées en intégrant un certain taux de perte. Les encours dits revolving sont à fort taux d'intérêt car c'est un mauvais risque (pas de bien pour garantir) alors que les taux immobiliers sont faibles car c'est un bon risque (le bien garantit l'emprunt et ne se déprécie pas mécaniquement). Sauf que pour les subprimes, on a perverti le crédit immobilier en misant sur un mauvais risque client à taux fort (donc potentiellement plus juteux), on a pas anticipé les dépréciations immobilières et, pire encore, on a recouru à la titrisation.
Corrigez-moi le cas échéant.

@ Axel

> Vous achetez une maison pour votre famille, vous faites un crédit immobilier, il n'y a aucun mal. Le problème n'est pas que les banques et le crédit existent, le problème est le casino financier qu'on a créé pour satisfaire les appétits d'un petit nombre de prédateurs. Et nous nous retrouvons avec une pyramide de dettes publiques & privées interdépendantes, épée de Damoclès qui menace tout le monde et qui constitue l'instrument de pouvoir et de domination d'une poignée d'hommes qui ont choisi consciemment les œuvres du mal. En fait, pour résumer, la pyramide de sponzi de Madoff, c'est le principe de ce casino.
Quand on parle de déconnexion avec l'économie réelle, c'est qu'il n'y a en face de ces encours monumentaux ni les biens produits ni les stocks d'or en proportion raisonnable. On fabrique l'argent : industrie et ingénierie financière. La City fabrique des produits financiers, la Fed US imprime son pognon sur des rotatives, émet à tour de bras des bons du trésor dont elle refourgue le quart aux chinois (a tel point que ce sont les chinois qui ont le pistolet sur la tempe), et en face il finit par n'y avoir que peu de choses de réel.
La Fed refuse de communiquer sur le volume de ses stocks d'or, refuse de rendre à l'Allemagne les stocks d'or en dépôt, lesquels stocks sont probablement évaporés. Cela, vous ne le lirez pas à la Une des Échos ou du Monde.
Vous voyez, vous pouvez dormir en paix avec votre petit crédit immobilier de père de famille.
Au pire si tout craque, il y aura dévaluation et inflation massive et vous serez le roi du pétrole avec votre crédit à 3 ou 4 % et ceux qui perdront beaucoup seront non pas ceux qui ne sont que débiteurs, comme vous et moi, mais les épargnants qui ont confié leur cash à ce système fou.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 10/01/2014

MARITAIN

> Pour étayer mon propos sur l'absurdité de vanter l'individu et de parler de Maritain. Extrait des "Trois réformateurs: Luther, Descartes, Rousseau."

« […] la personne est « une substance individuelle complète, de nature in­tellectuelle et maîtresse de ses actions », sui juris, autonome, au sens authentique de ce mot. Ainsi le nom de personne est réservé aux substances qui possèdent cette chose divine, l’esprit, et qui, par là, sont chacune, à elle seule, un monde supérieur à tout l’ordre des corps, un monde spirituel et moral qui, à proprement parler, n’est pas une partie de cet univers, et dont le secret est inviolable même au regard naturel des anges ; le nom de personne est réservé aux substances qui, choisissant leur fin, sont capables de se déterminer elles-mêmes aux moyens, et d’intro­duire dans l’univers, par leur liberté, des séries d’événements nouveaux, aux sub­stances qui peuvent dire à leur manière fiat, et cela est fait. Et ce qui fait leur dignité, ce qui fait leur personnalité, c’est proprement et précisément la subsistance de l’âme spiri­tuelle et immortelle, et son indépendance do­minatrice à l’égard de toute l’imagerie fugace et de toute la machinerie des phénomènes sensibles. Aussi bien saint Thomas enseigne-t-il que le nom de personne signifie la plus noble et la plus élevée des choses qui sont dans la nature entière : Persona significat id quod est perfectissimum in tota natura.

Le nom d’individu, au contraire, est commun à l’homme et à la bête, et à la plante, et au microbe, et à l’atome. Et tandis que la personnalité repose sur la subsistance de l’âme humaine (subsistance indépendante du corps et communiquée au corps, lequel est soutenu dans l’être par la subsistance même de l’âme), la philosophie thomiste nous dit que l’individualité est fondée comme telle sur les exigences propres de la matière, prin­cipe d’individuation parce qu’elle est principe de division, parce qu’elle demande à occuper une position et à avoir une quantité, par où ce qui est ici différera de ce qui est là. De sorte qu’en tant qu’individus, nous ne sommes qu’un fragment de matière, une par­tie de cet univers, distincte sans doute, mais une partie, un point de cet immense réseau de forces et d’influences, physiques et cosmiques, végétatives et animales, ethniques, ataviques, héréditaires, économiques et historiques, dont nous subissons les lois. En tant qu’individus, nous sommes soumis aux astres. En tant que personnes, nous les domi­nons.

[…] l’homme tout entier comme individu est bien ut pars dans la cité, et il est ordonné au bien de la cité comme la partie est ordonnée au bien du tout, au bien commun, qui est plus divin et qui mérite à ce titre d’être aimé de chacun plus que sa propre vie. Mais s’il s’agit de la personne comme telle, le rapport est inverse, et c’est la cité humaine qui est ordonnée aux intérêts éter­nels de la personne et à son bien propre, le­quel est, en fin de compte, le « Bien commun séparé » de l’univers tout entier, je veux dire Dieu lui-même; car chaque personne prise purement comme telle signifie un tout, et toute personne humaine est ordonnée direc­tement à Dieu comme à sa Fin ultime, et ne doit à ce titre, selon l’ordre de la cha­rité, rien préférer à soi-même que Dieu. Ainsi en chacun de nous l’individu est pour la cité, et doit au besoin se sacrifier pour elle, comme il arrive dans une juste guerre. Mais la personne est pour Dieu ; et la cité est pour la personne, j’entends pour l’accession à la vie morale et spirituelle et aux biens divins, qui est la destination même et la raison finale de la personnalité. »

Qu’est-ce que l’individualisme moderne ? Une méprise, un quiproquo : l’exaltation de l’individualité camouflée en personnalité, et l’avilissement corrélatif de la personnalité véritable.

Dans l’ordre social, la cité moderne sacrifie la personne à l’individu; elle donne à l’individu le suffrage universel, l’égalité des droits, la liberté d’opinion, et elle livre la personne, isolée, nue, sans aucune armature sociale qui la soutienne et la protège, à toutes les puissances dévoratrices qui menacent la vie de l’âme, aux actions et réactions impitoyables des intérêts et des appétits en conflit, aux exigences infinies de la matière à fabriquer et à utiliser. A toutes les avidités et à toutes les blessures que chaque homme porte naturellement en soi, elle ajoute des excitations sensuelles incessantes, et l’innombrable ruée des erreurs de toute sorte, étincelantes et aiguisées, auxquelles elle donne libre circulation dans le ciel de l’intelligence. Et elle dit à chacun des pauvres enfants des hommes, placé au milieu de ce tourbillon « Tu es un individu libre, défends-toi, sauve-toi tout seul. » C’est une civilisation homicide.

Si, d’ailleurs, avec cette poussière d’individus un État doit se construire, alors, et très logiquement, l’individu comme tel n’étant, comme je l’ai dit, qu’une partie, l’individu sera entièrement annexé au tout social, n’existera plus que pour la cité, et l’on verra tout naturellement l’individualisme aboutir au despotisme monarchique d’un Hobbes, ou au despotisme démocratique d’un Rous­seau, ou au despotisme de l’État-Providence et de l’État-Dieu de Hegel et de ses disciples. »

Jacques Maritain, Trois réformateurs.
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Écrit par : ND / | 10/01/2014

TOUTES LES 5 SECONDES

> ND proposait plus haut un lien vers un site libéral qui affirmait que «toutes les 5 secondes, un être humain sort de la pauvreté grâce à la mondialisation libérale»...
http://www.lepeuple.be/le-liberalisme-une-philosophie-qui-fait-reculer-faim-et-pauvrete-dans-le-monde-aidons-le-et-osons-plus-de-liberte-economiqueencore/
Tiens, c'est curieux, j'ai sous la main le livre de Jean Ziegler «Destruction massive ; Géopolitique de la faim», qui décortique un à un les mécanismes assassins de la mondialisation libérale, et dont la 4ème de couverture de ce même livre commence ainsi : «toutes les cinq secondes un enfant de moins de 10 ans meurt de faim»...
Etrange coïncidence des formulations!
Et voilà que «libéral dérégulé», après tant et tant d'autres, vient nous expliquer sur ce fil de discussion que, pauvres de nous, nous n'avons pas compris que le monde actuel souffre précisément de ne pas mettre en œuvre les principes du libéralisme économique qui résolveraient pourtant tant de nos problèmes...dont, peut-on imaginer, celui de la pauvreté dans le monde.
Donc quoi? D'un côté, la communication libérale joue la carte triomphaliste des formidables succès qu'elle attribue à la mondialisation libérale (retournant en «succès» ce qui constitue ses crimes), et de l'autre côté, elle joue la carte victimaire d'une théorie économique libérale incomprise, méprisée par les médias, et ignorée des politiques (camouflant le réel de son déploiement de force triomphal à l'oeuvre, dans la touchante illusion de sa marginalité).

Il faut donc, encore et encore, citer ce passage de Paul Jorion, afin de le mettre sous le nez des libéraux, mais plus encore pour qu'il soit lu par celles et ceux qui seraient parfois tentés de succomber à la rhétorique manipulatrice de cette idéologie, qui ne tient plus que par la force de ses mensonges. Le voici :

«Ces gens s’inscrivent dans la tradition de la prétendue « science économique » qui est en réalité un corps de doctrine dogmatique qui s’est créé et s’est éloigné de plus en plus de la vérification par les faits et qui ne considère ni n’accepte aucun démenti par les faits. Il s’agit d’une construction qui s’est entièrement protégée contre le démenti, à l’instar d’une religion primitive qui peut toujours vous expliquer après coup que si une de ses prédictions ne s’est pas réalisée, c’est que toutes les conditions nécessaires à sa réalisation n’étaient pas réunies. Un des dogmes de ce courant, par exemple, est de dire que toute erreur est fatalement due à une intervention de l’État. Et si vous leur opposez que la crise des subprimes a éclaté dans un cadre entièrement libéralisé, ils vous répondront qu’il y avait tout de même encore un peu d’État et que c’est pour cela que la crise a éclaté. Un des éléments de propagande typiques de cette extrême-droite économique est d’affirmer, par exemple, que la crise des subprimes est survenue par la faute de l’État-Providence hérité de Bill Clinton. Or, on sait que le système des subprimes était étroitement lié à un rapport sur l’idée de « société de propriétaires » (ownership society) rédigé à l’intention de l’administration Bush par le Cato Institute, un institut libertarien d’extrême-droite. Donc, même quand ils vous expliquent une crise comme étant due à l’intervention de l’État, si vous allez fouiller quelque peu, vous vous apercevez que ce sont toujours eux qui se trouvent derrière. Le projet « ownership society » à l’origine de la crise dessubprimes a été entièrement écrit par le Cato Institute. »
http://www.pauljorion.com/blog/?p=60482
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Écrit par : Serge Lellouche / | 10/01/2014

@ Haglund

> "seules les religions peuvent fournir un réservoir aussi inépuisable de mobilisation violente"
Ca c'est la pire tarte à la crème d'aujourd'hui ! Si vous aviez fait des études d'historien, vous sauriez que c'est parfaitement faux. Les religions ont toujours été au contraire les meilleurs remparts contre la violence. Avant les grandes religions d'aujourd'hui, un homme était forcément un guerrier, et il y avait tous les ans une saison de la guerre comme il y a une saison de la récolte, et massacrer ses voisins était vu comme un grand bien. Si on nous ressort toujours les guerres dites "de religion" comme si elles étaient exemplaires c'est qu'il est au contraire exceptionnel que la religion soit prise comme prétexte de guerre. Et ne me parlez pas des croisades que je connais parfaitement et qui n'ont rien à voir avec ce qu'on en dit aujourd'hui. En revanche la révolution française, au nom des droits de l'homme, a bien fait des millions de mort en peu d'années.
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Écrit par : Guadet / | 11/01/2014

MARITAIN

> Comme dans mon précédent commentaire, Jacques Maritain parle de la possibilité du despotisme de l’Etat-Providence, il ne faudrait pas qu’un libéral passant parlant en tire profit en disant : « donc Maritain était libéral . » Aussi, dans le lien suivant : http://www.nrt.be/fr/%C2%ABHumanisme-int%C3%A9gral%C2%BB-%281936%29-de-Jacques-Maritain-recension-6945 , sur Humanisme intégral on peut lire ceci : « L'Humanisme intégral porte des traits de l'époque des années 30 avec ses aspirations à un ordre nouveau, son espoir d'une société chrétienne fondé sur la primauté du spirituel (dans la ligne des enseignements de Pie XI), un chemin qui ne sera ni celui du matérialisme capitaliste et libéral, ni celui du matérialisme collectiviste et marxiste. »
Voilà, à mon avis est démontré, que Jacques Garello écrit, « Aussi n’est-il pas surprenant que des philosophes catholiques se soient employés à conjuguer catholicisme et libéralisme. Au XXème siècle on retiendra Jacques Maritain » et que par ailleurs, il « Le libéralisme est individualisme dans la mesure où il professe que chaque être humain est responsable de ses actes, notamment vis-à-vis des autres », il dit n’importe quoi. Quand il parle d’individualisme et de Maritain, c’est patent. On parle souvent des sophismes des libéraux ; il y a de nombreuses façons de faire des sophismes. Mais quand on en vient à prendre un terme pour un autre (individu au lieu de personne), ce n’est plus du sophisme, c’est la confusion intellectuelle. Par exemple, même les juristes dans notre époque de positivisme tordu, le savent bien. Essayez par exemple d’aller plaider une affaire devant un juge en prenant un terme pour un autre, vous verrez ce qui va vous arriver…
J’eusse été heureux que notre Aristote, qui a écrit ci-dessus, vienne nous faire une démonstration, que libéralisme et foi catholique sont compatibles, car il aurait été possible de faire la même démonstration. Pourquoi ? Tout simplement, parce que le libéralisme et le catholicisme sont incompatibles.
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Écrit par : ND / | 11/01/2014

@ Alex et G. de Prémare

> La question de la bonne utilisation de mes économies me pose également souci…
Du cash, réparti sur un (petit) contrat d'assurance vie, ainsi que sur des livrets divers et variés… Plus d'emprunt sur le dos, depuis que mon épouse et moi avons vendu notre appartement, il y a sept ans…
L'appartement dont nous sommes actuellement locataires a été mis récemment en vente. Le propriétaire nous l'a bien proposé, mais à un prix qui nous a semblé un tantinet élevé…même si, dans l'absolu (en nous endettant jusqu'à la g…), nous aurions pu consentir à cet "effort". Nous avons refusé, ne souhaitant pas alimenter la spéculation immobilière (le propriétaire n'ayant pas -c'est le moins que l'on puisse dire- besoin du fruit de la vente pour vivre). Qui plus est, dans une période troublée comme la nôtre, un bien dont on est propriétaire peut rapidement devenir un boulet…

En vous lisant, M. de Prémare, je me demande si nous avons bien fait. Actuellement, pour mettre son argent à l'abri, faut-il emprunter…en alimentant cette économie de la dette ? Je me souviens que pour nos aïeux, avoir des dettes était une HONTE.

Je me sens un peu paumé, là...
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Écrit par : Feld / | 11/01/2014

@ Serge Lellouche

> Paul Jorion écrit : «Ces gens s’inscrivent dans la tradition de la prétendue « science économique » qui est en réalité un corps de doctrine dogmatique qui s’est créé et s’est éloigné de plus en plus de la vérification par les faits et qui ne considère ni n’accepte aucun démenti par les faits. »
Il l’écrit sûrement en connaissance de cause.

Figurez-vous qu’en trainant sur internet, j’ai cru comprendre de l’école autrichienne d’économie (Hayek, Böhm-Bawerk, Mises…), qu’elle fonctionne schématiquement de la façon suivante : elle connait des vérités indubitables sur l’être humain. De ce point de départ, elle tire moyennant raisonnements des conclusions elles-mêmes indubitables. Et ce, même si l’expérience venait à montrer le contraire.

Au surplus, il semblerait que ces vérités, aient pour origine des auteurs catholiques comme Molina ; lisez 'la Dérive totalitaire du libéralisme' de Mgr Schooyans, et vous verrez ce qu’il pense de Molina. Vous ne serez pas déçu.
Je ne parle pas de Molina au hasard, car bien entendu les catholiques libéraux ne manquent pas de la citer.

Maintenant, le plus marrant, c’est que j’ai lu, il y a fort longtemps, un livre d’un libéral (foncièrement anti-religieux, un vrai libéral en somme), Jean-François Revel. Il s’agit du livre intitulé 'Mémoires. Le voleur dans la maison vide'. Il y parle d’un marxiste (je ne sais plus lequel, mais je me demande s’il ne s’agit pas de Louis Althusser), qui, sur pression du parti, avait dû réécrire sa thèse pour expliquer que la vraie pratique, c’était la théorie, et qu’ainsi, face à l’échec évident de l’URSS, seuls les théoriciens marxistes pouvaient décider si le marxisme fonctionnait ou non en pratique… Ca ne vous fait penser à personne ?
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Écrit par : ND / | 11/01/2014

"DROITE" ?

> Si je peux me permettre:
http://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2012/04/05/la-vraie-droite-francaise-contre-le-capitalisme.html

Boreas


( PP à Boreas - Pourquoi tenir au mot "droite", tellement avarié ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Boreas / | 11/01/2014

Ma question simple (mais pas simpliste, je crois) n'est peut-être pas tout à fait "désirée" ici:
Le «mécanisme du prêt à intérêt» dénonçé par Conte, n'est il pas sanctionné - voire encouragé - par la parabole des talents (Mat.25:14-30, Luc 19:12-27) ???

Marie-Jeanne


( De PP à MJ :
- Toutes les questions sont "désirées" ici
( si elles sont personnelles comme la vôtre et n'émanent pas d'un lobby).
- La parabole des talents ne peut pas être prise pour une leçon financière. Cf tout le contexte de l'Evangile, notamment ce que Jésus dit du culte de l'argent et de la vanité de l'accumulation de biens (Luc 12:16-21).
Deux observations sur Mt 25:14-30 et Luc 19:12-27 :
1. une parabole est une allégorie pour parler d'autre chose que de ce dont elle semble parler ; 2. l'idée de fructification est une leçon spirituelle : il ne s'agit pas de taux bancaires, mais des capacités que Dieu a données à chacun selon sa personnalité.
Selon saint Jean Chrysostome commentant cette parabole :
"Il faut par ce mot de talent entendre tout ce par quoi chacun peut contribuer à l'avantage de son frère, soit en le soutenant de son autorité, soit en l'aidant de son argent, soit en l'assistant de ses conseils par un échange fructueux de parole, soit en lui rendant tous les autres services qu'on est capable de lui rendre... Rien n'est si agréable à Dieu que de sacrifier sa vie à l'utilité publique de tous ses frères. C'est pour cela que Dieu nous a honorés de la raison… »

Et même si l'on s'en tenait au sens apparent de la parabole : l'idée d'un investissement volontaire (et par un homme aisé, vu l'importance de la somme) n'a rien à voir avec la machinerie d'endettement des ménages sur laquelle repose le consumérisme d'aujourd'hui !
D'autant que la "banque" à laquelle Jésus fait allusion dans la parabole est vraisemblablement le service financier du Temple de Jérusalem : organisme absolument fiable... ]
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Écrit par : Marie-Jeanne / | 11/01/2014

@ ND,

> oui, du socialisme scientifique au libéralisme scientifique, il n'y a effectivement qu'un pas. Ces deux formes de totalitarisme se fondent non seulement sur le primat de la théorie sur l'expérience, mais sur une volonté acharnée de remodeler le réel vivant afin qu'il se conforme à la théorie toute-puissante. Le modèle préalable dit ceci, DONC le réel doit s'y plier sans broncher...
Mais dans la perversion scientiste qui le caractérise en premier lieu et qui engendre une perte du sens du réel, le libéralisme a non seulement cette racine commune avec le socialisme, mais tout autant avec le nazisme. Je cite Jean-Pierre Lebrun («Un monde sans limites »), évoquant Hannah Arendt :
«Parmi les traits spécifiques à l'idéologie totalitaire, Arendt fera un sort particulier à la capacité de l'homme du système totalitaire de se couper de l'expérience qui pourtant donne consistance et sens à la pensée. Cette émancipation de la pensée vis à vis d'elle même, équivalant à une sortie de la condition humaine, se paiera d'un lourd tribu : la ruine de la faculté de juger. L'impuissance à penser est pour Hannah Arendt en effet corrélative d'une incapacité d'éprouver des expériences. Dans le monde du non-sens qu'est le système totalitaire, l'idéologie ne se définit pas tant par des contenus de pensée, par une vision, même dogmatique du monde, que par un aveuglement actif et radical de la pensée au monde. » Fin de citation.

Hannah Arendt verra dans Eichmann la figure accomplie du non-sujet du système totalitaire, s'étant démis de sa faculté de juger, ayant consenti à se soumettre auveuglément au système qui le commande selon les principes de la biologie raciale.
Ca ne vous fait penser à personne ?
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Écrit par : Serge Lellouche / | 11/01/2014

HAYEK, MANDEVILLE & C°

> La difficulté pour un libéral de se défendre contre vos critiques est que vous semblez mettre Bastiat et Hayek dans le même sac que Ayn Rand, la romancière psychopathe qui a développé une philosophie sordide qui prône l'égoisme.
Pour mettre les choses au clair, je vous cite Hayek :
"Les individus, en poursuivant leurs propres fins, qu’elles soient égoïstes OU ALTRUISTES, produisent des résultats utiles aux autres qu’ils n’avaient pas prévus et dont ils n’ont peut-être même pas eu connaissance"
F.A. Hayek, « Lecture on a master mind : Dr Bernard Mandeville »
Hayek ne fait pas une apologie de l’égoïsme, il adopte la méthode praxéologique qui consiste à étudier les actions humaines sans jugement de valeur.
On peut bien sur être en désaccord sur les effets bénéfiques de l'odre spontanné, mais associer libéralisme ou individualisme avec égoisme, c'est de la mauvaise foi, tout comme associer collectivisme et altruisme.

L


[ PP à LD :
- Hayek (reprenant Mandeville dont il fait un père fondateur du libéralisme) est donc un relativiste radical : posture incompatible avec la pensée sociale catholique... Je m'étonne que des cathos pataugent encore là-dedans. (De moins en moins nombreux, heureusement).
- La christophobe Ayn Rand fut une version prométhéenne (donc extrêmement logique) du libéralisme, reconnue pour telle par les libéraux d'outre-Atlantique. Je vous rappelle que'Ayn Rand est aujourd'hui la référence canonique des "conservateurs" américains : et notamment de Paul Ryan, qui fut le gourou de Romney candidat républicain à la Maison Blanche ! Ce Ryan dont qu'un blog libéral "catholique" parisien tenta de nous faire prendre pour un avocat de la doctrine sociale de l'Eglise... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Libéral dérégulé / | 11/01/2014

PP

> "Pourquoi tenir au mot "droite", tellement avarié ?"
Vous avez raison au plan stratégique et donc dialectique, mais je n'ai fait que reprendre le titre (entre guillemets sur mon blog) de l'article du Choc du Mois publié en septembre 2007.
Cela dit, il y a bel et bien, historiquement, une tradition de la vraie droite française, même si celle-ci a dépuis longtemps disparu de l'échiquier politique. Donc, stricto sensu, le titre de l'article est dans le vrai.
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Écrit par : Boreas / | 11/01/2014

A l'attention notamment de Luc2

> Attention à ne pas faire dire à Philippe Conte ce qu’il ne dit pas.
Pour bien comprendre que Philippe Conte, citation de Benoît XVI à l’appui, ne fait aucune erreur contrairement à ce que vous dîtes, lorsqu’il utilise ce terme de « prêt à intérêt » comme relevant d’un « péché », il ne faut peut-être pas me semble-t-il, prendre ce terme de « prêt à intérêt », dans le sens technique qu’il a pris, par glissement sémantique avec le temps, incluant sa forme juridique actuelle correspondant à un usage relevant de procédés convenables codifiés; ce, dès lors qu’il désigne des prêts dont les taux pratiqués par les banques ne peuvent pas pour rester dans la légalité, dépasser des seuils de rendement dont les limites sont fixés par la loi et au-delà desquels ils sont jugés « usuraires », et de ce fait punissables par la loi.

Il faut au contraire prendre ce terme de « prêt à intérêt » tel que Philippe Conte l’emploie dans le sens, qu’il avait à l’origine, « d’usure » et donc de « péché » pour l’Eglise, et ce dans la mesure où sous ce terme, bien qu’il a été conservé pour désigner des pratiques de banques tout à fait normalisées entre temps, alors que ce même terme désignait des pratiques de banques littéralement à l’inverse délictueuses, des banques continuent de procéder à des montages financiers dont les rendements exorbitants sont obtenus par une exploitation de taux anormalement élevée par rapport aux plafonds autorisés par la loi.
Et donc, dans la mesure aussi où ces montages financiers ont recouvert des fraudes d’une ampleur extrêmement néfastes pour les ménages, les entreprises, et même les Etats en les précipitant par millions dans des faillites aux conséquences négatives pour des populations entières, il n'y a pas de raison de ne pas remettre en question ces prêts à intérêt comme étant la cause ancienne à l'origine des excès et du mal que ces prêts à intérêt ont instillé dans l'économie de loin en loin et dont le libéralisme est l'instigateur, le responsable.

C’est à la structure du péché que constitue le prêt à intérêt, à laquelle s’en prennent à juste titre Philippe Conte et Benoît XVI. On peut les comprendre étant donné que le glissement sémantique que ce terme a subi même positif, n’a pas empêché le glissement négatif, très négatif celui-là, que ce glissement sémantique et donc ce prêt à intérêt d’où il provient, prêt à intérêt, condamné dès sa création par l’Eglise, a développé dans le temps par les dérives plus graves, toujours plus graves qui s’ensuivirent avec la succession des fraudes de plus en plus considérables auxquelles les banques ont été mêlées de près ou de loin.

Comment dans ces conditions croire encore dans le libéralisme, qu’il puisse se réformer? Tout au plus est-il capable de refaire, peau neuve chaque fois qu’il a réussi de se relever de ses cendres, mais ça ne l'a jamais empêché jusqu'à présent de se relever pour après repartir plus vite et plus gravement dans d’autres impasses.

C’est pourquoi ce constat fait, nous ne devons avoir aucunement à craindre que les propos de Philippe Conte apporte quoique ce soit en faveur de la thèse du libéralisme, tout au contraire!

Croyons plutôt que si Philippe Conte revient à ce terme de « prêt à intérêt » dans son acception ancienne à connotation « d’usure », donc de « péché », c’est la connotation qu'il mérite parce que c’est du glissement sémantique de ce terme issu du libéralisme auxquels terme et idéologie à son origine que l’Eglise condamne, qu’on peut déduire que de cascade en cascade, l’économie n’a de cesse toujours de dégringoler, et dégringolera encore si on ne met pas un terme au libéralisme rapidement maintenant en mettant en place une économie basée sur les vrais besoins de l‘homme et du citoyen définis par les données anthropologiques proposées par l‘Eglise.

C’est pourquoi je me range à la conclusion de Philippe Conte nous suggérant, d'adopter sans tarder, en évitant de regarder trop en arrière, le réflexe logique de considérer :
que si le prêt à intérêt dès son origine vu comme péché par l’Eglise a pu, malgré que le législateur lui ait attribué une acception légale, permettre des abus par des banques qui ont pu se rendre coupables de pratiquer des taux au-delà des seuils autorisés,
que, toujours dans ce contexte de glissement sémantique, des banques ont pu se montrer coupables de générer des produits financiers de type « subprimes » ou autres succédanés (nous avons les-nôtres en Europe…) capables quant à eux d’ébranler l’équilibre économique mondial donnant de surcroît la voie à d’autres abus d’économistes, de décideurs,
que par ailleurs il n’y a pas de raisons non plus que ces mêmes banques, décideurs peuvent donc aussi se rendre coupables par la suite d’autres excès sur les bases d’un système qui repose principalement sur les seuls concepts du libéralisme ou hérités de lui,
...il ne peut être que sage de nous ranger à la conclusion de Philippe Conte, conclusion selon laquelle le libéralisme ne peut être réformé, ayant d’ores et déjà fait la preuve, les faits énoncés par lui faisant foi, qu’il ne serait de toute évidence jamais fiable, et qu’il peut être voué à n’appartenir plus qu’au passé et à tenir bien enfermé dans un coffre fort blindé et à jamais verrouillé. Tiens, dans un sarcophage type Tchernobyl, si la catastrophe de cette centrale nucléaire pouvait au moins avoir été un mal pour ce bien!
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Écrit par : michel Baude / | 12/01/2014

@ ND et Aristote

> Des souvenirs embrumés de mes études pas très poussées, il me revient que je n'étais pas d'accord, du haut de mon amateurisme dilettante, avec Maritain au sujet de la personne, en ce qu'il reste victime d'un dualisme néo-platonicien qui convient fort bien au dualisme cartésien de nombreux libéraux.
Opposer jusqu'en nous l'individu animal à la personne divine permet d'envoyer selon l'humeur à la guerre, à l'usine ou à la rue, des quidams tout en leur reconnaissant la liberté de penser, exprimer leurs opinons, voter et prier en conscience dans le rite de leur choix.

De fait nous ne sommes qu'une seule réalité, et l'animal annonce l'homme en qui il trouve son plein achèvement comme l'homme annonce le Créateur, sa source vers laquelle il tend. Il n'y a pas opposition mais mouvement d'amour.
C'est pourquoi je préfère lire Aristote avec les intuitions bergsoniennes qu'avec la scolastique maritainienne.

D'autre-part, lorsque j'ai travaillé à mon petit niveau sur la notion de personne chez saint Thomas d'Aquin, ce qu'il en ressort, ce n'est pas tant la notion de substance, mais de RELATION. Oui certes seule en Dieu pour lui la personne est d'abord relation, et relation substantielle ; quand chez l'homme, du fait de son statut de créature, hélas, elle ne serait que relation accidentelle: ceci étant à mon sens un reliquat de fatalisme aristotélicien. Il y manque la folie paulinienne.

Relation substantielle signifie que je donne et reçois mon être substantiel - pas seulement certaines qualités de mon être, mais tout mon être- par, dans, l'échange amoureux. C'est ce que l'on appelle la procession des Personnes au sein de la Trinité: Le Fils procède du Père, L'Esprit-Saint procède du Père et du Fils. Autrement dit: j'adviens par toi, tu adviens par moi.
Or je crois que c'est ce à quoi nous sommes appelés. Certes nous le pouvons vivre de manière parfaite comme en Dieu, mais si nous sommes à Son image et ressemblance, c'est en ce sens que nous sommes appelés à éclater les limites de notre substance dans ce qu'elle a d'enfermant, -comme la graine pour donner son fruit-, pour advenir comme relation substantielle: je te donne ma vie, mon être, je me reçois de ta vie, de ton être, que notre joie soit parfaite.

De fait, plus on avance dans l'apparition des êtres naturels, plus la notion d'individu devient abstraction mathématique, coupée de la réalité de la vie, opposée même à cette réalité qui dès le big bang est ce vers quoi tendent tous les événements physiques. On passe ainsi des lois physiques qui sont des lois d'interaction provoquant l'entropie, à des échanges de moins en moins déterminés par lesquels les êtres vivants croîent et s'organisent, jusqu'à se reproduire. (à propos d'entropie, c'est un concept qui me semble encore inabouti, ou du moins la compréhension que j'en ai depuis mon ignorance abyssale en sciences: si quelqu'un peut m'éclairer?).
Tout prépare au don qui donne vie des personnes.
Et le corps est à l'ici et maintenant de ce don, c'est pourquoi il est sacrement. Non pas ce qui cache et fait obstacle, mais sein qui abrite le mystère d'amour révélé en Jésus sur la croix. Temple au rideau déchiré pour mieux donner Jésus au monde.

C'est donc bien en tant que personne qu'un citoyen peut donner sa vie pour les siens, non en tant qu'individu dont l'Etat peut se prévaloir. "Mon corps à ma patrie (à mon entreprise, au système...), mon âme à Dieu": c'est à devenir un schizophrène, non un héros, encore moins un saint.
Tout est dit pour moi dans cette parole du Christ sur le mystère de sa Personne, Amour Incarné que nous sommes appelés à vivre à notre tour:
"ma vie nul ne la prend mais c'est moi qui la donne."
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Écrit par : Anne Josnin / | 12/01/2014

Michel Baude,

> Merci pour vos explications mais je ne suis pas convaincu. Concrètement, qu est ce qui est permis ?
Sur la spéculation on le voit bien: il est bon d'investir dans une entreprise pour l'accompagner sur le long terme et de n'en sortir que pour de bonnes raisons, mais pour faire une plus-value.
Mais pour les prêts ? Où est la limite ?
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Écrit par : Ludovic / | 12/01/2014

@ Anne Josnin,

> Pour ajouter un élément sur cette réflexion aux multiples facettes,j'aime beaucoup ce mot d'André Frossard : "Dieu ne sait compter que jusqu'à un." Je crois qu'aucun de nous ne finira jamais d'approfondir toutes les conséquences ou ramifications d'une telle assertion et ce n'est, pour ma part, qu'un des joyaux (ou un des avatars) de cette formidable parole du Deutéronome "Ecoute Israël : Le Seigneur notre Dieu est l'Unique..." [aller voir toute les traductions possibles ; savants consulter l'hébreu]
Il n'y a qu'une réalité (complexe, vaguement 'saisissable',...)
Il n'y a qu'une vie (",",",...)
Nous n'avons que l'expérience de notre propre conscience, de notre propre personne et encore si nous recevons tout cela d'une autre instance que nous-même...Sinon c'est le cyclone auto-référent et enfermant ou destructeur,l'histoire des hommes n'en manque pas.
Bref, vous citez avec juste raison l'évangile et j'ajoute : "Le Père et moi nous sommes un,..."
Dieu, Père et Fils et Saint-Esprit, est vraiment l'amour et son feu.
______

Écrit par : Gérald / | 12/01/2014

Bonjour,

> merci pour le fait que la question morale revienne au 1er plan depuis le christianisme, et qu'elle se heurte aux règles du fonctionnement "social", car le rôle de l'église est évidemment "politique", et bonne année et bonne santé à tous.
Pour ma part; je distingue : "capitalisme" et "libéralisme".
Je propose de considérer que le "capitalisme" est un plan d'organisation social, mis en place progressivement en Europe, à partir du milieu du moyen-âge, lorsque l'économie satisfaisait les besoins, et libérait du temps, manifesté en jours de fêtes qui augmentaient. Mon hypothèse (en voie de vérification, comme toutes mes affirmations) est que le haut clergé, les princes, les bourgeois, auraient passé une alliance (tacite) pour connecter le travail, non plus sur les besoins universels (limités) et le symbolique (la foi chrétienne); mais sur les désirs (infinis), par un travail infini, pour le profit infini de cette classe des puissants, et marginalement les autres, poussés à consommer poursuivant des biens imaginés par d'autres (ce qui ne réalise pas une humanité libre, mais aliénée et futile). Faire exploiter à l'infini, la nature finie (la planète terre), a pour conséquence, un dérèglement écologique, une diminution des ressources, pour une colonisation de la planète par l'espèce humaine. Avec pour conséquence inéluctable: le fait de manquer objectivement, de tout, à l'avenir. Ce capitalisme est l'art de créer la pénurie, artificiellement, pour augmenter le profit...si bien que même ce qui est abondant est cher. Aujourd'hui: l'air, l'eau, les graines, et tout ce dont nous avons besoin pour vivre; est vendu...donc la nature est la possession légale de quelques uns. Voilà les aberrations où nous ont mené le capitalisme. Le libéralisme, lui, est un ensemble de pensées (que je ne partage pas sauf dans certains cas) qui ont légitimé le capitalisme qui, lui, s'est imposé, sans rien demander à personne. Toutefois, les penseurs libéraux, ont permis l'obtention de droits individuels (même si, aujourd'hui, on se demande, en quoi ils consistent, en fait)...mais l'islam nous rappelle ce qu'est une société, sans ces droits, auxquels nous sommes attachés, et que les musulmans ont tant de mal à conquérir ! Pour ma part, je ne vois pas bien qui prêterait son argent à taux zéro.Ce qui me choque, n'est pas l'usure, mais le taux excessif de l'usure, pratiquée et autorisée. Passé un certain taux; celui qui emprunte, devient esclave pour une durée importante de sa vie, et peut très bien avoir travaillé juste pour enrichir les autres, ne possédant rien, au bout. Mais, revenons à ce monde, avant le capitalisme. Au milieu du Moyen-âge, la société était constituée de petites communautés de moines défricheurs, qui vivaient de peu, en priant et en étant heureux. Ils nous ont laissé ce beau paysage français que nous aimons, avec le partage, l'égalité, l'élévation spirituelle, comme le kibboutz a construit Israël, plus près de nous, dans le temps. Il devrait être facile de convaincre tous les gens doués de raison naturelle, que vivre ainsi, sans mesquinerie, avidité, sans crainte que nos enfants subissent ou deviennent eux-mêmes des délinquants, sans détruire notre belle nature, en paix, en aimant son prochain, est non seulement la seule issue, mais qu'en plus c'est ainsi que chacun pourra connaître le bonheur. Il nous faut, pour cela; nous réapproprier la terre qui n'appartient qu'à tout ce qui vit ici-bas ! et non quelques uns ! Amen
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Écrit par : laurent / | 12/01/2014

KIBBOUTZ

> L'idée de Jésus: de proposer à tous les hommes, sur la terre, de devenir comme le peuple juif, le peuple de Dieu, a échoué dans ses grandes lignes. même si l'Europe chrétienne a sauvé partiellement les barbares de leur barbarie et du modèle grec et romain. Même le communisme a échoué lamentablement, sauf en Israël, avec le kibboutz. Je ne vois pas là de raison d'abandonner le modèle de vie proposé par Jésus, à l'humanité, qui, lui, est bon. D'ailleurs certains chrétiens, sont des êtres merveilleux, qui ne seraient pas devenus tels, s'ils n'avaient pas été construits, polis pendant des siècles, comme un galet par le cours d'eau.
Et je regrette le tour que prend l'Europe, surtout menacé par l'islam et le capitalisme (en interne qui continue la lignée grecque et romaine).Mais je distingue le capitalisme du libéralisme. Je n'approuve pas le libéralisme, parce qu'il légitime le capitalisme....mais je respecte les penseurs libéraux qui: 1) ont tenté d'imaginer un modèle le moins guerrier possible, malgré la nature humaine qui n'est pas bonne: (la guerre économique à la place de la guerre tout court), et 2) on leur doit les droits individuels dont on voit ce que nous perdrions si la charia nous était imposée (ce qui pourrait bien arriver, en Europe, d'ici quelques années. Et je parie que le capitalisme s'en accommoderait fort bien, car, pour lui, l'argent n'a pas d'odeur: il est Dieu, pour lui. Donc je ne pense pas que les penseurs libéraux ne nous aient apporté que de mauvaises choses. Même le capitalisme , pour qui, seul le profit compte, a libéré les hommes de maints refoulements, inégalités, même s'il aliène, et rend fou ou stupide. Certes, je ne prône ni le capitalisme, ni le libéralisme, mais l'humanité ne les a pas attendus pour faire le mal. D'autre part, je ne vois pas qui prêterait de l'argent, s'il ne fait que courir le risque de ne pas retrouver l'intégralité de la somme prêtée. L'usure ne me choque, que lorsque le taux est si élevé que l'emprunteur est réduit en esclavage, en quelque sorte, si longtemps qu'il y a probabilité qu'il travaille pour un bien qui lui échappera, au bout. Ainsi, emprunter n'est que le maintien d'un état de servitude. Je fais l'hypothèse que le capitalisme serait apparu progressivement, depuis le milieu du moyen-âge, lorsque la chrétienté atteignait la suffisance matérielle, qu'il y avait du temps libre, de plus en plus de jours de fêtes, et que le haut clergé, les princes et la bourgeoisie naissante, ont passé un accord tacite pour imposer un travail infini, pour éviter que le peuple use à sa guise de son temps libre. D'une certaine manière: les princes devaient trouver leur intérêt à capter cette énergie pour faire la guerre, le haut clergé pour bâtir des édifices et prier...les bourgeois: pour produire et consommer...mais quoi ? Justement: mon hypothèse est que la bourgeoisie a eu l'idée de connecter le travail, non pas sur la satisfaction de besoins universels, limités (l'homme a besoin de peu pour être heureux), mais sur le désir , qui lui, est infini. Quelles que soient les inégalités, au sein de la société: une consommation infinie d'un milieu naturel fini (la planète terre) ne pouvait que déboucher sur une démographie excédentaire, relativement à des ressources qui diminuent (pollution, désertification, dérèglement des équilibres naturels.etc.) Donc voilà que l'Europe s'est lancée à l'assaut du monde, en guerres, massacres, asservissement, surexploitation de la nature, conversions forcées, bref ! l'histoire que l'on connaît. jusqu'aux génocides, guerres mondiales (passage au stade industriel des tendances morbides de l'occident) Les chrétiens, les athées (du dieu argent) ont tous jonché l'histoire de cadavres ! Donc, revenir à Jésus, oui ! mais avec qui ? où est ce peuple capable de ne pas pervertir le message de paix, de fraternité, d'amour du prochain ? J'attends des signes , des raisons de croire que les non-juifs en soient capables ! Qu'il existe DES chrétiens merveilleux; oui ! c'est certain, et même des gens de gauche, de droite, quand ils sont encore porteurs du message de Jésus (consciemment ou non), mais un collectif où il n'y en ait pas un pour aimer le pouvoir et le prendre, et tout fiche parterre...j'attends de voir ! Le peuple juif est haï, justement parce qu'il est capable de se rapprocher de Dieu, parce qu'il est capable de faire renaître Israël, parce que l'argent ne circule pas dans le kibboutz, que le travail et la production y sont partagés, parce que les arabes n'ont pas détruit ce tout petit pays, ce peuple a engendré Jésus et lorsque les chrétiens non-juifs sont devenus majoritaires, ils ont haï les juifs . Alors je pose la question: où est ce peuple capable de suivre Jésus, sans trahir son message ?Le présent est celui de ce point d'interrogation !!!!
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Écrit par : laurent / | 13/01/2014

DEMOGRAPHIE

> critiquer le capitalisme pour les inégalités qu'il produit, pour l'avidité qu'il met dans le coeur des hommes qui n'ont pas besoin de lui pour cela, pour la dimension dérisoire à quoi il réduit nos existences, pour la violence qu'il rend ordinaire, pour la destruction de notre cadre naturel, oui !

Mais avant de partager, il faut produire, et nous sommes plus de 7 milliards sur terre. Comment faire pour rendre une vie humble, saine, possible sur terre, sans réduire la démographie de l'espèce ? tous les projets de retour à une vie saine et simple,pacifique butteront sur cet impératif, réduire équitablement, la démographie de l'espèce. vous voulez manger des araignées ? J'aimerais être certain que les chrétiens soient capables d'aborder la complexité des problèmes qui nous sont posés. s'agit-il de prospérer sans limites , par exemple ?

Laurent


[PP à Laurent - La Terre peut nourrir plus d'habitants... si l'on change de modèle économique. D'où l'incohérence de ceux qui militent à la fois pour l'ultralibéralisme et pour le natalisme. ]

réponse au commentaire

Écrit par : laurent / | 13/01/2014

@ Boréas et PP

> Le mot "droite" avarié...Malade, oui, mais....
Mais le symbolisme du mot "gauche" est bien pire: défi au symbole du Jugement dernier. Et puis "droit" apparaît dans droiture, gauche signifiant maladroit.
La traduction de "gauche" dans les langues latines soeurs: "sinistra, senestra" est....sinistre.

Alors Boréas a raison de tenir au mot "droite", même si c'est sentimental et s'il a besoin d'un toilettage.

PH


[ PP à PH - Pardon de vous dire mon désaccord sur ce point de vocabulaire. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 13/01/2014

@ Pierre Huet

> "Gauche" et "droite" résultent simplement de la géométrie des rapports de force politiques, de leur répartition dans l'hémicycle parlementaire. Ces désignations ne possèdent aucune signification morale particulière.
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Écrit par : Blaise / | 13/01/2014

@ PP

> Vous n'avez pas à vous en excuser!

@ Blaise

> Pas sur...
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Écrit par : Pierre Huet / | 13/01/2014

CONCITOYENS

> Il fait se faire une raison : une très grande majorité de nos concitoyens sont satisfaits de ce libéralisme et heureux d'êtres des consommateurs (cons, sots et mateurs] : ils passentt leur journée dans les magasins !! Comment les convaincre d'abandonner un tel comportement, car ils ont l'air d'aimer ça ?
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Écrit par : Bernard / | 13/01/2014

A Ludovic,

> Je ne vois pas trop le sens de votre question. « Qu’est-ce qui est permis? » à « (…) Mais pour les prêts? Où est la limite? » me demandez-vous. Je ne proposais pas de dire ce qui était ou n’était pas permis, je ne faisais que « soutenir » ( d’essayer tout au moins de soutenir) Philippe Conte qui dit selon moi que le prêt à intérêt, malgré le glissement sémantique positif qu’il a subi pour en faire un outil de financement des ménages, des entreprises parfaitement convenable, n’a pas empêché par exemple la prolifération des crédits « révolving » responsables le plus souvent du surendettement de ceux qui les contractent ainsi que des ravages qu’ils font dans les familles.

Je suis d’accord avec vous pour reconnaître que celui qui signe par exemple un crédit révolving avec sa banque est libre de faire ce choix ou de ne pas le faire. Rien ne l’oblige à le faire, je suis entièrement d’accord avec vous; mais dérivés du libéralisme que sont ces crédits revolving, ils ne seraient pas un objet de nuisance pour ceux qui se laissent attraper par ces crédits si, dans un contexte économique autre que libéral et vraiment respectueux du bien public, de la famille… si, au nom d’une notion conforme à des principes inhérents à la nature véritable de l‘homme et à la défenses légitime des intérêts du citoyen, la liberté était correctement encadrée préalablement à la législation concernant des structures bancaires et autres pouvant être mises ou non à la dispositions des populations.

C’est le libéralisme et tout le mal qu’il fait à l’Homme, à la liberté et à la vérité que condamne Philippe Conte, ce n'est pas les banques, ni la façon que les utilisateurs de celles-ci en font. Cependant, on voit bien à travers ce qu’il nous dit comment une erreur ne devient jamais une vérité car elle ne finit toujours que par se propager en se multipliant. Donc, ça ne laisse pas d’autre option, le libéralisme doit être à bannir qu‘on le veuille ou non, plutôt que de se laisser prendre par toutes les manipulations mentales qu‘il est capable insensiblement d‘opérer sur nous, par des « oui mais quand même », « c’est vrai qu’il demande à être adapté » pour se refaire une santé sur notre dos. C’est bien par une opération de manipulation mentale que d’une pratique exécrable pour ceux qui en étaient victimes à son origine, le prêt à intérêt a ressurgi très légalement, pour finir par donner lieu à d’autres abus pires encore. Mais la liberté, c‘est aussi de savoir ce qu‘on doit garder et ce qu‘on doit rejeter de toute chose, fusse de la manière dont on doit revoir éventuellement les fondements de l'économie, ne croyez-vous pas?
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Écrit par : michel Baude | 13/01/2014

@ GdP

> C'est très bien résumé :) et en particulier, vous avez tout-à-fait raison de pointer le fait que, normalement, la gestion des risques est une des valeurs ajoutées principales que les banques ont à apporter à la société pour mériter leur rétribution. Encore faut-il qu’elles en soient bien conscientes …

@ Feld

> Je pense qu'il y a deux sortes emprunts: ceux d'avenir, si on veut, et ceux sans avenir. Ceux pour acheter une maison pour sa famille et ceux pour financer une consommation au-dessus de ses moyens. Ceux que fait l'état pour développer des infrastructures nécessaires au pays et qui l'enrichiront et ceux à fonds perdus, pour satisfaire des lobbies ou - comme cela semble être le cas dans tant de régions ou départements, par exemple, pour la gloriole des élus locaux. Si mon père me laissait en héritage une maison pas encore totalement financée et qu'au besoin je pourrais revendre, ce serait à mon sens très différent de s'il ne me laissait que des dettes, ayant tout claqué dans une vie de luxe. Qu’en pensez-vous ?

Par ailleurs, je comprends bien votre souci de ne pas entretenir le système, mais dans cette perspective, il me semble que vous avez plus la main en étant propriétaire. Certes, en n’achetant pas vous ne contribuez pas à la hausse de l’immobilier, mais vous contribuez par contre à celle des loyers. Propriétaire, vous pourrez décider vous-même du prix auquel vous voudrez peut-être un jour revendre votre bien ou le mettre en location.

Au fond, comme en presque tout, la frontière n'est pas nette et un discernement en conscience nous est demandé.

Ceci dit, si l'achat de votre maison vous aurait étranglé financièrement, vous avez bien fait, je pense, de ne pas le faire. Mais ce n'est que mon opinion.

@ Michel Baude

> J'aurais bien voulu suivre votre interprétation des propos de Philippe Conte; je me suis moi aussi posé la question: est-ce l'usure ou les taux d'intérêt en eux-mêmes qu'il dénonce? Mais vraiment, toute la logique de son texte indique que c'est bien au principe même des taux d'intérêt qu'il en a. Par exemple son affirmation que les taux d'intérêt sont un des piliers du libéralisme n'a aucun sens si on remplace taux d'intérêt par usure. Il y a assez de reproches à adresser au libéralisme pour ne pas avoir à en inventer.
Dans le secteur bancaire, la dérégulation a bien eu pour effet de faire nettement baisser les marges des banques (quand j'ai commencé, il y a 17 ans, on racontait encore cette blague sur le métier de banquier résumé par la formule 3-6-3: j'emprunte à 3%, je prête à 6% et à 3h, je suis sur le terrain de golf).
Cette époque que je n'ai pas eu l'heur de connaître est bien révolue ... Le problème étant que les banques, pour recréer de la marge, se sont mises à inventer des tas de nouveaux produits de plus en plus sophistiqués et se sont par ailleurs lancées dans une concurrence effrénée, qui en 2008 s'est avérée fatale. De même, on ne peut pas dire que la crise des subprimes résulte d’une exagération des taux d’intérêt demandés par les banques, en fait, c’est exactement l’inverse : le problème est qu’on s’est mis à prêter à des gens à qui il n’aurait jamais fallu prêter ou alors, à des taux exorbitants pour couvrir les risques. Au passage, on voit par là que je ne suis pas en train de « défendre » le système, ni même de remettre en question la critique du libéralisme : j’essaie, dans la limite de mes connaissances, d’éviter que l’on ne s’égare dans des voies fumeuses et stériles.

Le fait que Conte critique l’existence même des taux d’intérêt n’est, ceci dit, pas choquant en soi. Pourquoi pas, au fond ? Les musulmans font bien sans, même si à mon avis, pour le peu que j’en connais, la manière dont ils contournent l’interdit ne répondrait pas aux objections formulées par Benoît XIV ou St Thomas d’Aquin, à savoir : si vous prêtez quelque chose que l’on vous rend ensuite en l’état, il n’est pas légitime d’en tirer un profit.

Sauf qu’on sait maintenant que cela n’est pas le cas, du fait de l’inflation : l’argent rendu aura moins de valeur que celui prêté. Je ne suis pas économiste, ni théologien, ce que je vais dire là sont donc de simples hypothèses personnelles avec les réserves qui s’imposent. J’ai l’impression qu’on est un peu dans un cas similaire à celui de l’avortement : la ligne de l’Eglise reste constante, mais s’adapte aux connaissances de l’époque : si, à l’époque de St-Augustin, on croyait que la vie commençait après x semaines, alors l’Eglise disait : il est interdit d’avorter au-delà de x semaines. Grâce aux progrès de la science, on sait désormais que l’individu se forme dès la fécondation et c’est donc à ce moment que l’Eglise pose l’interdit.
De la même manière, je peux imaginer qu’à l’époque de Benoît XIV ou à celle de Thomas d’Aquin, on n’ait pas eu (ni même eu besoin d’avoir) de compréhension de mécanismes comme l’inflation, son lien avec la disponibilité de monnaie d’une part et avec le dynamisme de l’économie d’autre part. N’étant pas économiste, je ne connais pas les théories qui expliquent ce lien. Je me borne à constater que la monnaie est la ressource la plus régulée, son prix étant fixé par les banques centrales (les marchés travaillant en suite en relatif par rapport à cette référence ; et je peux vous assurer que si cela ne tenait qu’aux banques, les taux seraient bien plus haut que ce qu’ils sont à l’heure actuelle, les banques détestant les périodes de taux bas).
Par ailleurs, s’il y a des controverses entre économistes sur la politique monétaire, sur le rôle des banques centrales ou sur la nécessité de répondre à la crise par la rigueur ou par la relance, je pense que personne ne remet en question le fait que les taux d’intérêts sont un instrument de régulation et que, par exemple, il serait irresponsable dans une économie en expansion de mettre des taux à zéro ; cela ferait simplement exploser le système.

Ceci dit, j’y reviens, je ne vois pas au nom de quoi je rejetterais a priori une pensée alternative sur le seule base du fait qu’elle proposerait une orientation radicalement différente de ce qui existe. Comme je l’ai dit, lisant un peu suite à cet article, j’ai découvert les théories de Maurice Allais (prix Nobel tout de même …) qui semble avoir prévu beaucoup des dérives qui se sont produites et qui préconisait non pas la suppression des taux d’intérêt, mais bien une subdivision encore plus poussée des activités bancaires en déconnectant la collecte de dépôts (réduite si j’ai bien compris, au fait d’offrir des services payants de « garde » et de « mise à disposition » de l’argent) du financement de l’économie qui devrait principalement être fait par l’état.
Ce sont donc des sujets de débat légitimes et qui, je l’avoue, dépassent ma compétence.
Mon point est simplement de dire qu’il est nécessaire, indispensable même si on prétend tout reconstruire, de se mettre à la hauteur des enjeux et c’est précisément ce que je reprochais à Philippe Conte, par ses approximations voire ses erreurs, de ne pas faire.

Enfin, il est vrai que si je prends la peine d’écrire tout ceci, c’est aussi parce que j’ai été interloqué de constater des commentaires exclusivement (du moins au début) dithyrambiques sur un texte qui me semblait certes intéressant sur certains points (rappel utile que par le passé, l’incompatibilité catholique-libéral allait de soi) mais aussi très faible ou du moins discutable sur d’autres. Ce qu'il nous plaît d'entendre n'est pas forcément vrai. Pour certains, la fin justifie les moyens et l'engagement (fut-il pertinent) relève hélas du combat de rue (je ne pense évidemment pas à M Conte ici, mais par exemple au mauvais procès fait par Lordon et consorts à Michéa) ... Le discernement s'impose toujours.
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Écrit par : Luc2 / | 13/01/2014

@ Luc2 :

> Tout arrive, décidément; je me sens tout à fait en phase avec votre approche ouverte et raisonnable, quoiqu'aboutissant pour ma part à des conclusions différentes. Et je trouve comme vous le texte de Conte faible, voire gênant. Tous les antilibéralismes ne se valent pas.
Je regrette de ne pas avoir plus de temps ce soir pour développer.
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Écrit par : Haglund / | 13/01/2014

Aux uns et aux autres, sur les guerres de religion :

> c'est pet de dire que l'argument selon lequel les guerres auraient eu lieu de toute façon ne persuade que ceux qui veulent être convaincus. Sachez quand même que cette forme de révisionnisme (récent) n'a qu'une conséquence — celle de donner à penser que des croyants aussi indulgents avec le pire de leur histoire pourraient recommencer demain matin. Pas terrible pour la nouvelle évangélisation.

@ Guadet :

> si vous connaissez les croisades, vous connaissez alors le point de vue de leurs victimes, arabes (Amin Maalouf) et juives (Léon Poliakov). La voix de la victime rend toujours l'évocation du "contexte" plus délicate.

@ Feld, Axel, Ludovic :

> il me semble que vous poussez loin le scrupule, et qu'à l'époque où il y avait de bons directeurs de conscience, vous vous seriez fait donner sur les doigts. Nous nageons tous dans le même merdier (vous, vous dites : structure de péché). Le tout est de faire le moins de mal possible, et un peu de bien, collectivement. Mais vous avez le droit de vous loger…

@ Anne Josnin :

> ça, c'est sans études poussées ? Que saint Jean Chrysostome nous protège !
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Écrit par : Haglund / | 13/01/2014

@ Feld

> Je trouve que Luc2 vous a bien répondu. Je pense qu’il faut se détendre sur la question morale dans le cas que vous évoquez.
Il s’agit d’une chose simple : emprunter à un taux raisonnable pour acheter un logement raisonnable en rapport avec ses besoins familiaux et ses ressources. Oui, un crédit immobiliser peut "étrangler" si on a une baisse de revenus… mais un loyer aussi, même si on s’en débarrasse plus facilement.
N’oubliez pas que vous pouvez revendre un logement qui ne se déprécie pas mécaniquement comme une voiture par exemple. Sauf crise immobilière majeure, la vente du bien permet de couvrir la dette. Et si l’on fait un apport, par exemple de 20 %, on sécurise l’achat puisque même en cas de dépréciation de 20 % (ce qui serait un gros crash), on peut couvrir l’emprunt. Et cet emprunt s’amortit, ainsi le risque diminue au fil du temps.
Deuxième élément : en cas de crise immobilière, la valeur de votre logement peut diminuer, mais cela n’a pas d’impact tant que vous ne vendez pas. Quoiqu’il arrive, votre logement, même déprécié, garde toujours une valeur d’usage, il vous est utile.

@ Luc2

> Vous avez raison, la critique doit être juste et précise. Si l’on dit des bêtises factuelles, cela décrédibilise un raisonnement, même si celui-ci se tient intellectuellement. Une banque qui prête de l’argent pour un logement fait un travail utile, bien sûr. Un fonds d’investissement qui finance le développement d’une entreprise et ses investissements industriels lourds fait un travail utile. Il n’y a pas de « spéculation » en la matière.
Nul ne met de l’argent sur la table s’il ne croit pas dans le produit, le savoir-faire (qui ne peut venir que des compétences des hommes, ingénieurs et ouvriers), la stratégie et les dirigeants. En ce cas, le fonds investit pour 5 ans et se rémunère à la revente (généralement à un autre fonds d’investissement). C’est toujours un risque, mais cela n’a rien à voir avec un investissement casino qui se fait sur l’ordinateur d’une salle de marché à La Défense.
D’autre part, le problème que posent les banques aujourd’hui n’est pas l’usure. L’usure est réglementée depuis longtemps (taux plafonnés en fonction du type de prêt) et les taux sont bas. Concernant le crédit à la consommation, les critères d’acceptation se sont resserrés par rapport aux années 80/90. Les banques ne cherchent pas à surendetter volontairement les gens car c’est contre leur intérêt, car un particulier qui passe en commission de surendettement fait perdre de l’argent à la banque (souvent abandon des intérêts, voire d’une partie du capital).
Et la banque qui augmente son taux global de pertes paie plus cher son refinancement en raison de la dégradation de ratios qui servent à déterminer le prix de l’argent pour chaque banque. Et le refinancement lui-même s’est resserré.
Pour moi, la critique systémique fondamentale de la finance porte sur la folie financière : fabrication de produits "casino" par ce qu’on appelle l’industrie financière ou l’ingénierie financière (on cherche à fabriquer de l’argent sans valeur réelle en contrepartie). Elle porte ensuite sur le risque global que fait peser sur la collectivité la pyramide de dettes publiques/privées interdépendantes. Et elle porte enfin sur le pouvoir de la finance et la prédation qui s’exerce. Il faut réfléchir également au marché de l’immobilier : je pense qu’il y a une corrélation entre le maintien artificiel d’un immobilier élevé et la structure des actifs des banques et des compagnies d’assurance, dans lesquels les placements immobiliers pèsent un poids énorme.
Si l’immobilier chute de 30 %, leurs actifs seront considérablement affectés et elles seront fragilisées. Là encore, des ratios se dégradent et c’est les conditions de refinancement qui se compliquent. Je ne crois donc pas que le marché immobilier soit élevé par la seule mécanique du marché offre/demande, mais je pense que le marché est volontairement faussé (comme souvent dans le libéralisme) dans l’intérêt des banques. Et aujourd’hui, un salaire moyen ne suffit plus à loger une famille…

@ Libéral dérégulé

> Dire que les individus qui poursuivent leur propre fin produisent des résultats utiles aux autres, c’est enfoncer une porte ouverte. L’individu est cœur d’interactions sociales et économiques, ses actes ont des conséquences sur les autres, bonnes ou mauvaises, c’est évident.
Que même une motivation égoïste puisse profiter à certains, bien sûr, mais elle nuira à d’autres. Il n’y a pas de quoi bâtir une théorie de la vertu pratique intrinsèque de la libre poursuite de ses propres fins et il n’y a pas de quoi bâtir une théorie économique.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 14/01/2014

A Luc2,

> Je pense que nous arriverions tous deux à la même conclusion que Philippe Conte, si vous voulez bien admettre que la critique qu'il fait du prêt à intérêt se situe essentiellement dans le terme lui-même et le mal qu’il porte par lui-même qui ne pouvait aboutir qu’à la crise financière sans précédent que nous subirons encore longtemps.

En lui-même, ce terme correspond à une manière répréhensible de se comporter avec l’argent qui est littéralement usuraire, puisque par définition prêter veut dire pourvoir à quelqu’un de l’argent en vue d’un remboursement sans intérêt, sans contrepartie financière; et par lui-même aussi ce terme est critiquable, en ce sens que même mis dans une forme légale, vous avez beau l’épurer sémantiquement, il reste significatif de ce mode usuraire de se comporter qu’il porte en lui, près à se réactiver à tout instant, et fort malheureusement quant on s’y attend le moins. Qui pouvait à leur première apparition, soupçonner les prêts révolving, les prêts relais…et mêmes les subprimes, des dégâts qu’il feraient?

Quand on dit alors, qu’il faut « rendre à César (actuellement le pouvoir libéral) ce qui est à lui et à Dieu ce qui est à Dieu » (Dieu étant ici, ce qui vient du plus profond de notre conscience, dont notre pape François dit qu’aucun homme n’en est dépourvu pour savoir séparer ce qui est bien de ce qui ne l’est pas), c’est aussi de dire actuellement du libéralisme: voici ce qui est de Dieu! et voilà, ce qui n’est pas de Dieu! Ce terme est-il de Dieu, non! L’intronisation qu’en a fait le libéralisme, non plus! et par voie de conséquence le libéralisme, pas davantage!

Mais je ne crois pas, qu’il visais l’activité des banques dans leur ensemble, ni qu’il dise quoique ce soit qui les charge plus qu’il ne faudrait, son propos au sujet de ce terme n’était surtout que de faire observer encore une fois et compte tenu de son parcours et donc, quoiqu’il ait fait l’objet d’abus en cascade avec les subprimes, les prêts révolving et autres, que par un effet de glissement sémantique, il ait été inclus dans une forme légale permettant à toute banque la possibilité de prêter une somme d’argent…même moyennant en contrepartie le remboursement d’une autre somme plus importante à des taux ne dépassant pas(très bien) des seuils fixés par la loi, quoiqu'il en ait été, etc.… son propos était de montrer que par la critique qu’on peut faire au sujet de ce prêt à intérêt, tout converge toujours à dire que le libéralisme ne peut pas être réformé, qu’il doit céder le pas à une forme d’économie respectueuse enfin des besoin inhérents à la véritable nature de l’homme conformément aux fins pour lesquelles il a été créé.

Après, de se demander si on veux se ranger à la conclusion de Philippe Conte: c’est une affaire d’appréciation personnelle. Mais, dès l’instant où sous ce terme, sont commis des agissements de banquiers aussi lourds de conséquences que l’effondrement de pans entiers de l’économie en à peine quelques mois, quoi de plus normal tout de même de s’en prendre au libéralisme « antichrétien spirituellement » qui «mensonger,
politiquement » a intronisé et encensé ce prêt à intérêts « cyclothymique structurellement » qui constitue indéniablement un « péché » ne nécessitant que désapprobations condamnant comme le fait Benoît XVI disant que « tout profit de cette nature est illicite et usuraire ». que vouloir de plus pour savoir de quel bon côté de la barrière doit-on se pencher?
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Écrit par : michel Baude / | 14/01/2014

@ Serge Lellouche

> Voici la référence exacte pour Gramsci :

GRAMSCI Antonio, "Cahiers de prison. Cahiers 10, 11, 12 et 13", Paris, Ed. Gallimard, coll. Bibliothèque de philosophie, 1978, p. 386-387

[Cahier XIII, § 18] « La position du mouvement libre-échangiste se fonde sur une erreur théorique dont il n'est pas difficile de découvrir l'origine pratique : sur la distinction entre société politique et société civile, distinction méthodique qu'il transforme en distinction organique et qu'il présente comme telle. C'est ainsi qu'on affirme que l'activité économique appartient en propre à la société civile et que l'Etat ne doit pas intervenir dans sa réglementation. Mais comme dans la réalité effective, la société civile et l'État sont une seule et même chose, force est de reconnaître que le libéralisme économique est lui aussi une "réglementation" de caractère étatique, introduite et maintenue au moyen de la loi et de la contrainte: c'est l'acte d'une volonté consciente de ses propres fins et non l'expression spontanée, automatique, du fait économique. Le libéralisme économique est par conséquent un programme politique, qui se propose, en cas de victoire, de remplacer le personnel dirigeant d'un Etat et de modifier le programme économique de l'État lui-même, autrement dit de modifier la distribution du revenu national. »
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Écrit par : Blaise | 14/01/2014

@ Luc2, GdP, Haglund

> De tout coeur : merci pour vos éclaircissements...
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Écrit par : Feld / | 14/01/2014

@ Luc2

> Pourquoi ne pas utiliser tous les ressorts de la langue française : quel besoin avez-vous d'utiliser "hoax" et "buffer". Avec une périphrase on doit pouvoir s'exprimer correctement en français.
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Écrit par : Bernard / | 16/01/2014

@ Luc2, feld, Haglund...

> Philippe Conte ne faisait pas le procès des banques et encore moins celui De-La-Banque, mais condamnait le Libéralisme et l'attitude des banques pour s’être trop souvent et lamentablement compromis avec ses promoteurs de tous poils, et qui plus est et de surcroît, sur la base du blanchiment sémantique du prêt à intérêt...

Il s’adressait à tous et pas seulement à des banquiers. C’est pourquoi il utilise un langage « universel » (un peu aphoristique, mais tout de même); ce, de sorte qu’en un minimum de mots, de phrases, il ait fait le tour du sujet sans rien omettre, d’où le malentendu, si on se limite à un langage particulier. Sinon, je ne vois pas qu’il ait erreur d‘aucune sorte.

Il ne reproche pas à des banquiers de (devoir) gagner leur vie par leur travail, le temps et l’intelligence qu’ils doivent déployer pour mener à bien leurs actions de financiers, de gestionnaires, de tenue de compte…

Sur ces questions et par déduction évidente, ça nous ramène à privilégier davantage, davantage et davantage la rémunération des Banques dans la place qu’elles doivent occuper dans le champs de l’économie autant que dans le champs de la macro-économie sur une autre base que, sur la base du prêt à intérêt, pour les raisons que Benoît XVI invoque.

En conséquence, il fait une critique acerbe sur leur faible, trop faible concours à l’économie réelle qui doit être beaucoup plus considérable en proportion du rôle qu’elles jouent dans le financement des dettes « souveraines » par exemple.

On peut très bien imaginer qu’en équilibrant mieux leurs activités dans ce sens, avec une politique de banque sortie de toute compromission avec le libéralisme, on puisse attendre d’elles, qu’elles soient rémunérées sur des résultats favorisant l’essor des entreprises et de leurs salariés; donc, sur la base d’une réelle économie réelle et non pas sur les objectifs d’enrichissement de quelques initiés en bourse et autres spéculateurs et prédateurs des plus faibles.

Mais il faut bien soutenir ce qui est soutenable! Alors où est la dithyrambe, qui est dithyrambique? Où est l’emphase, le lyrisme, l’inepte poésie ? Pas chez moi en tout cas.
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Écrit par : michel Baude / | 20/01/2014

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