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20/12/2013

François, pape à poigne

Ce qui vient d'arriver au cardinal Burke :

 


 

J'ai attendu avant de parler de cette affaire – et j'aurais préféré pouvoir m'en abstenir, ce blog ne faisant pas partie des milieux concernés... Mais leurs enseignes officielles observent un silence qu'il faut compenser. Voici donc ce qui s'est passé au Vatican, raconté ici par Aymeric Christensen. (Une seule réserve  à ce bon article : le pape François ne reproche à personne d'être plus ''radical'' que lui ; il désire – et l'a dit noir sur blanc – remettre en lumière l'ensemble de la doctrine sociale, qui ne se réduit pas au seul sujet de l'avortement. Ce qui est en cause n'est pas la ''radicalité'' de certains, mais leur loyauté envers la plénitude de la pensée catholique).

 

Le cardinal Burke déclare douter de l'appartenance d'Evangelii Gaudium au Magistère pontifical. Sur quelle base fonde-t-il ce jugement ecclésiologique ? Sur le fait que le pape ne parle pas de l'avortement autant que le cardinal l'aurait voulu ! L'indigence et l'outrance de l'argument surprennent de la part de ce prélat.

 

Si là est le motif de la décision papale de débarquer le cardinal Burke (de la Congrégation pour les évêques), c'est une leçon à méditer. Peut-être même une leçon inaugurale...

 

Elle ne s'adresse pas seulement au cardinal Burke : elle vise des milieux – américains mais pas seulement – qui prétendaient se substituer au Magistère en rétrécissant la pensée de l'Eglise à deux ou trois ''points non négociables'', et en réduisant le témoignage des catholiques à des défilés de rue contre l'avortement. Comment vont réagir ces milieux ? Silencieux sous leurs propres enseignes, ils bombardent les sites des médias de messages contre François. Habitués jusqu'ici à scander très fort ''vive le pape'' sans écouter ce que le pape disait, ils sentent que cette posture n'est plus tenable. Une clarification est en marche.

 

  

Commentaires

PAS UNE LIGNE

> Je pense à ce blog qui réduisait à peu de choses près toute l'actualité de l'Eglise catholique aux Etats-Unis à des question d'avortement. Il avait rendu compte avec enthousiasme de la nomination de Mgr Raymond Burke, et l'avait même interviewé. Mais il n'a pas consacré une seule ligne de commentaire à la non-reconduction du cardinal dans ses fonctions.
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Écrit par : Blaise / | 20/12/2013

MERCI AU PAPE

> L'article me semble un peu léger. Il me semble que le cardinal Burke part au mieux plus par désobéissance que parce que son approche est trop réductionniste. Mais il y a sûrement d'autres raisons à ce départ, liées aux relations entre les deux hommes ?
En effet, je ne pense pas une seconde que le pape minimise le drame de l'avortement. En revanche il est clair que celui-ci est assez inadéquat dans un texte sur l'évangélisation, hormis pour appeler les chrétiens à accompagner les femmes victimes de ce drame.

Ludovic


[ PP à Ludovic - Vous êtes donc, en fait, du même avis que 'La Vie'. Le cardinal Burke fait un mauvais procès au pape. Ce mauvais procès vient du fait qu'un certain clan dans l'Eglise instrumentalise le drame de l'avortement pour s'en faire une arme contre les autres catholiques, suspects puisqu'ils n'en parlent pas jour et nuit. C'est exactement ce dont l'ex-préfet des Evêques se permet de suspecter François, faisant ainsi scandale public et divisant l'opinion catho. Sa responsabilité est grande, et je ne vois pas pourquoi il faudrait ne pas le dire. Au contraire : tout éclairage est bon, pour dissiper un brouillard mental que nous diagnostiquons depuis plusieurs années ! Merci au pape, une fois de plus. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Ludovic / | 20/12/2013

FAUT-IL MÊLER LE RITE A CETTE AFFAIRE ?

> Comme par hasard le cardinal Burke fait partie des plus ardents défenseurs et promoteurs de l'ancien rite dit extraordinaire... Tout se tient.

RC

[ PP à RC :
- Attention : il n'y a pas d'ancien rite, il n'y a qu'un seul rite romain sous deux formes : c'est la norme de l'Eglise universelle !
- Cela dit, seul un petit nombre d'ecclésiologues ont l'idée juste de la place de cette forme du rite dans le creuset liturgique général... La plupart des défenseurs bec-et-ongles de la "messe de toujours" (?) font de ce combat l'une des pièces d'un échafaudage idéologique d'ultradroite. D'où la clarification à opérer, déjà entamée par François. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Robert Culat / | 21/12/2013

VETUS ORDO

> La question de vocabulaire sur l'ancien rite n'est pas aussi simple que vous le dites. Le pape François lui-même a parlé clairement de VETUS ORDO dans l'ITW qu'il a donnée aux revues jésuites (page 348 de la revue Etudes). S'il n'a pas repris le vocabulaire instauré par Benoît XVI ce n'est certainement pas par ignorance de l'expression nouvelle (conçue par son prédécesseur) de rite extraordinaire... Donc je pense pouvoir parler correctement en utilisant le mot ancien rite puisque le pape lui-même l'utilise.
D'ailleurs lorsque l'on lit le décret de promulgation du Novus Ordo par Paul VI on ne voit pas comment on peut défendre la position selon laquelle l'ancien rite n'aurait pas été abrogé par le pape... Et le pape François explique le geste de Benoît XVI en se référant à un choix prudentiel "lié à l'aide de personnes qui avaient cette SENSIBILITE particulière"...

RC


( PP à RC :
- Je vous en donne acte d'autant plus facilement que je n'assiste plus depuis vingt ans aux messes selon le 'vetus ordo', le genre de 'sensibilité' de leur public m'étant apparu... discutable. Exactement le problème "d'instrumentalisation" (je cite) que pointe le pape François dans son entretien avec le P. Spadaro.
- Mais le motu proprio n'a pas été abrogé. S'agissant d'une loi de l'Eglise, vous ne pouvez partir en guerre contre lui ! Guerre d'ailleurs inutile.
- Ne faites pas aux ultras le cadeau de paraître attaquer une loi de l'Eglise. Le problème qu'ils constituent n'est pas liturgique. Il est idéologique et médiatique... ]
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Écrit par : Robert Culat / | 21/12/2013

à PP

> Vous écrivez un peu hâtivement : "il n'y a qu'un seul rite romain sous deux formes : c'est la norme de l'Eglise universelle !"

Euh... Il y a bien d'autres rites que le rite romain dans l’Église universelle : rite byzantin, rite syriaque et maronite, rite copte, rite assyro-chaldéen, rite arménien, etc.

MG


[ PP à MG :
Je ne comprends pas votre argument : les rites que vous mentionnez sont catholiques, mais par définition ils ne sont pas "romains"...
Quant à la "norme" dont je parlais en réponse au P. Culat, elle ne concerne que l'unicité du rite romain sous ses deux formes : extraordinaire et ordinaire. ]

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Écrit par : Michel de Guibert / | 21/12/2013

CLAIR

> http://fr.radiovaticana.va/news/2013/12/21/le_pape_fran%C3%A7ois_:_%C2%AB_la_curie_nest_pas_un_bureau_dinspection_et/fr1-757653

trop clair donc parfaitement sans commentaire
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Écrit par : Gérald / | 21/12/2013

PATRON

> Il y a un patron au Vatican et il mène ça avec la poigne jésuite. Ca va marcher droit et fini les intrigues de couloirs.
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Écrit par : jean-eudes / | 21/12/2013

à PP

> Je réagissais juste à votre phrase : "c'est la norme de l'Eglise universelle !" en soulignant que l’Église universelle n'est pas que romaine et qu'il n'y a pas de "norme de l’Église universelle" s'appliquant à toutes les Églises...

MG


[ PP à MG :
- D'accord, j'ai tendance à dire "universelle" plutôt que "catholique" : ce qui est à peu près synonyme, mais peut prêter à faux-sens.
- Je maintiens que la norme en question est universelle ( = "s'applique partout")... dans les limites de son domaine propre, qui est de préciser la composition interne (en deux formes) du rite romain. Ni plus ni moins.
- Ne chicanons pas l'autorité de cette loi ! les catholiques français (de tout bord) ont trop tendance à ça en général, pour ne faire qu'à leur tête.... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Michel de Guibert / | 21/12/2013

à PP

> Je pense que nous sommes dans le malentendu !
Si vous ne parlez que de l’Église latine et du rite romain, nous sommes évidemment d'accord, et si vous précisez "dans les limites de son domaine propre", nous ne sommes plus dans l'universel !
Bien sûr "universelle" ou "catholique" sont synonymes, mais l’Église universelle ou catholique n'est pas que romaine, c'est ce que je voulais souligner, ni plus ni moins.
C'est une question d’ecclésiologie !
Le Pape François lui-même s'est présenté lors de son élection comme "évêque de Rome", ni plus ni moins.

MG


( PP à MG - Nous disons exactement la même chose de deux façons différentes, et je suggère que cet échange peut s'arrêter ici ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Michel de Guibert / | 22/12/2013

HULULEMENTS

> Hululements de consternation chez les ultras, qui révèlent ainsi ce qu'ils pensaient réellement du pape François !
Pour savoir où ils en sont :
http://medias-presse.info/le-cardinal-burke-est-bien-evince-de-la-congregation-des-eveques-consternation-chez-les-mouvements-pro-vie/4037
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Écrit par : bernard gui / | 23/12/2013

au père Culat

> Je vous trouve un peu rapide et le procès global que vous faites aux personnes qui apprécient la forme extraordinaire du même rite latin me touche personnellement. Pour tout dire, je me sens même insulté.

Je ne suis pas naïf au point de croire que parmi les fidèles que je croise il n'y ait pas quelques crétins à ressasser les mêmes fadaises, mais représentent-ils une majorité, je suis sûr que non ou alors je suis totalement autiste.

D'autre part, fréquentant assez habituellement une paroisse genevoise (j'habite à proximité de la frontière suisse) où la forme extraordinaire est autorisée (favorisée) par l'évêque du lieu, je peux préciser que ces débats sont bien franco-français. J'ai parlé à mes amis suisses de tout cela et ils m'ont regardé avec un air abasourdi (je cite : "ah ces Français, ils ne changeront jamais... vous savez que le monde tourne sans vous ?").

Cher père Culat, les procès de Moscou, c'est fini !
Sans rancunes, mais cela devait être dit.
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Écrit par : gdecock / | 23/12/2013

à M. G. DeCock :

> "Je vous trouve un peu rapide et le procès global que vous faites aux personnes qui apprécient la forme extraordinaire du même rite latin me touche personnellement. Pour tout dire, je me sens même insulté". Vous vous sentez insulté, c'est même le procès de Moscou !

Alors je vais préciser quelle est ma pensée.

Tout d'abord je parlais du cardinal Burke, et quand on est au courant de son "ministère", il est très connu dans les milieux "tradis" pour plusieurs choses, dont son attachement au vetus ordo et son amour immodéré de la cappa magna:
http://www.katolskvision.se/blog/wp-content/1Burke-Rocamadour.jpg

Pardonnez-moi mais ce n'est pas le genre d'Eglise que je souhaite. Revenir à ces accoutrements byzantins sous prétexte de tradition me paraît ridicule. Et pour moi l’Évangile c'est la simplicité.

Je n'ai rien contre l'ancien rite et j'ai même fréquenté avec plaisir pour les offices de Laudes et de Vêpres un monastère bénédictin le pratiquant. J'avais même le "droit" d'y célébrer ma messe dans le rite réformé. Je le faisais en latin pour ne pas trop indisposer le frère qui me servait la messe et en prenant toujours le canon romain. Il est vrai aussi qu'un père a bien essayé de me "convertir" au rite extraordinaire... Je suis convaincu que le rite issu de la réforme liturgique de Vatican II est un grand progrès. Le refus du nouvel ordo vient de France, je n'y peux rien, c’est l'histoire.

Ce qui me gêne c'est certaines homélies et prises de position qui vont AVEC bien souvent. Dans le monastère en question j'ai trouvé un jour des tracts pour le Front national à l'accueil et j'ai immédiatement dit à un père que ces tracts n'étaient pas à leur place. C'est un détail significatif. Ici où nous sommes 1% de catholiques (au Danemark,) il y a un groupe de 30 personnes fréquentant le rite extraordinaire. L'un des membres a critiqué publiquement le nouvel ordo dans le courrier des lecteurs du journal catholique. Toujours ce besoin de critiquer la réforme liturgique pour justifier son refus de la nouvelle liturgie...

Je suis l'aumônier des étudiants catholiques de Copenhague et régulièrement la page facebook de l'aumônerie reçoit des invitations à participer à une retraite ou une journée de récollection pour découvrir la messe selon l'ancien rite. Vous comprendrez que ce prosélytisme me gêne.

Si vous vous sentez insulté, sachez que j'ai avalé bien des couleuvres de la part des milieux tradis, peut-être parce que je leur réponds et que je n'accepte pas béatement une certaine idéologie qui va avec. Dans mon diocèse nous avons accueilli 2 prêtres (l'un de la fraternité St Pie X, l'autre de Saint-Pierre) parce qu'à un certain moment ils se sont rendus compte que leur attachement au rite extraordinaire réduisait considérablement la portée de leur ministère à des groupes et à des chapelles. Ils pratiquent maintenant le rite ordinaire et sont heureux d’avoir un ministère paroissial de prêtres diocésains ouvert à toutes sortes de fidèles, et pas seulement à un groupe ayant une sensibilité particulière. Votre paroisse de Genève est peut-être parfaite, mais elle est loin de représenter l'état d'esprit de tous les fidèles "attachés" au rite extraordinaire.
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Écrit par : Robert Culat / | 23/12/2013

PRINCIER

> Un lien avec quelques photos récentes de ce 'merveilleux prince de l'Eglise'. Apparemment pas très fan de la pensée du pape François, cela tient peut-être aussi à une approche sensiblement différente en matière de chiffons, ponpons et dentelles :-): http://www.stpeterslist.com/5111/cardinal-burke-10-photos-of-this-wondrous-prince-of-the-church/
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Écrit par : jwarren / | 23/12/2013

LEADER

> Et encore quelques autres photos intéressantes du 'Vatican fashion leader': http://www.bilerico.com/2013/12/vatican_fashion_leader_removed_from_influential_po.php
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Écrit par : jwarren / | 23/12/2013

au P. CULAT

> Père, merci pour votre réponse.
Les faits que vous rapportez me choquent profondément.
Et je comprend vos sentiments.
La Cappa magna, le FN, la critique systématique de la réforme liturgique, la chrétienté à tous les étages et tout le saint-frusquin qui va avec me déplaisent autant qu'à vous.

Cela étant dit, et fermement, il y a d'autres fidèles attachés au rite extraordinaire, plus nombreux qu'on ne le pense notamment parmi les plus jeunes qui ne suivent pas ces activistes d'un autre âge.
En toute impudeur, je vais vous faire part de ma propre expérience, qui n'a rien d'unique.
Depuis l'adolescence et pendant plus de 20 ans, je me suis éloigné de toute vie spirituelle, de l'Eglise et bien sûr des sacrements. Je n'en dirais pas plus mais le résultat n'était pas glorieux.
Par une grâce si gratuite que je n'en reviens toujours pas, le Christ est venu me récupérer sans que je le cherche (croyais je !)
Cette "reconversion" s'est faite parallèlement avec la découverte de la messe dans le rit ancien. La place du silence, la "mise en scène" de la grande déférence pour le sacrement de l'eucharistie, les prières au bas de l'autel; tout ceci répondait si bien à mon état d'esprit et ma recherche.

Malheureusement, et je le regrette vraiment, je n'arrivais pas à trouver tout cela dans les messes selon le novus ordo de ma région (je mets de coté mes chères carmélites du Reposoir). Je ne dis pas que le rit réformé soit mieux ou moins bien que l'ancien mais ma sensibilité eucharistique très particulière m'amène à me sentir plus à mon aise dans l'ancien. Ce n'est peut-être pas correct mais c'est ainsi.

Si l'Eglise me l'interdisait un jour, j'obéirais, tristement, mais j'obéirais. (c'est quelque chose que j'ai redécouvert : l'obéissance)
Après le tumulte et l'émerveillement de la rencontre amoureuse, on redescend forcément à un moment sur terre.
Et les faits que vous décrivez, je les ai également observés. Suis-je dans un repère de fachos, d'excités, de réacs, de faux jetons qui parlent de fidélité à l'église en passant leur temps à la critiquer ?
Quelques-uns oui, c'est sûr. Heureusement, bien plus nombreux étaient ceux qui partageaient ma recherche et mes sentiments. Et parmi eux plusieurs prêtres qui comprenaient mes interrogations. Combattre l'esprit de clan, tel est l'enjeu.

Parmi mes connaissances haut-savoyardes qui participent à la messe dans le rit extraordinaire à Genève, toutes, sans exception, regrettent cette fêlure qui ne leur permet pas de vivre la totalité de la vie de leur paroisse naturelle, mais ceci, et je tiens à le redire, sans porter le moindre jugement sur qui que ce soit.

Parce que je fais partie d'une communauté, je me force à aller à la messe dans ma commune de temps à autre. Mais je suis dans l'obligation de le dire, j'en ressors vide, malgré toute ma meilleure volonté. Ce n'est pas le rit que j'incrimine, bien sur, mais ce que des laïcs qui ont pris le pouvoir, fort âgés d'ailleurs, en font. Alors, je vais chercher ma nourriture ailleurs avec la mauvaise conscience de celui qui va chercher sa messe comme on choisit ses légumes au marché.

Soyez-en certain, Père, mon Eglise n'est pas non plus celle des cardinaux à frou-frous. Mais la simplicité peut être belle aussi.
Voyez le curé d'Ars. Plus humble, plus pauvre, plus simple, difficile de faire mieux. Mais que n'aurait-il pas fait pour embellir son église.

A nouveau je comprends et partage votre exaspération, mais sachez qu'il y a parmi ces fichus tradis des gens aimant sincèrement l'Eglise, bienveillants et pleins de bonne volonté. J'espère être de ceux là.
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Écrit par : gdecock / | 23/12/2013

UN PATRON

> A en juger par votre autre note sur son voyage en Terre Sainte, oui, il y a bien un patron, et AUSSI pour la diplomatie du Saint Siège.
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Écrit par : Pierre Huet / | 23/12/2013

à gdecock

> Merci beaucoup pour votre réponse personnelle qui m'a beaucoup touché. Je suis convaincu que quelque soit le rite la piété et la foi du prêtre qui célèbre sont l'essentiel. Je connais des vieux prêtres de mon diocèse qui m'ont raconté comment on pouvait bâcler la messe en latin en marmonnant les prières à toute vitesse... et qui, donc, ne la regrettent pas parce que les formes (le ritualisme) semblaient passer avant l'intériorité et le cœur.
Idem pour le nouvel ordo, cela dépend beaucoup de l'engagement personnel du prêtre dans ce qu'il célèbre.
Quant aux temps de silence je suis 100% d'accord avec vous, ils sont nécessaires pour que la liturgie soit une source d'intériorité spirituelle. Ils sont d'ailleurs prévus, en particulier après la communion, dans les rubriques du nouvel ordo. Malheureusement beaucoup de prêtres ne respectent pas ces rubriques concernant le silence sacré.
Quand je disais que le nouvel ordo constituait un progrès par rapport à l'ancien je pensais en particulier à la richesse des lectures de la Parole de Dieu sur 3 années et avec deux lectures avant l’Évangile au lieu d'une seule. Benoît XVI aurait pu harmoniser les lectures entre les 2 rites. Je trouve beau symboliquement que chaque dimanche tous les catholiques écoutent le même Évangile.
Quid aussi de tous les saints canonisés après Vatican II dans l'ancien rite? Quid de la prière pour les juifs déicides le vendredi saint? En accordant l'usage de l'ancien rite le pape aurait pu tout de même se pencher sur ces questions qui ne me semblent pas relever du détail. Joyeux Noël à vous !
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Écrit par : Robert Culat / | 24/12/2013

à Robert Culat

> Oui, le lectionnaire plus riche avec l'introduction de lectures vétéro-testamentaires en correspondance avec l’Évangile, et aussi la psalmodie, les préfaces, les prières eucharistiques II, III et IV. Que de richesses dans le nouvel ordo quand il est bien célébré !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 25/12/2013

> Sur la question de la cohabitation des formes du rite latin, il conviendrait peut-être de se demander si celle-ci ne va pas se diluer dans le problème de l'attitude à adopter par les fidèles face à la présence de multiples rites non moins catholiques installés du fait des mouvements migratoires.
Exemple, dans la région de Sarcelles - Arnouville (Val d'Oise), les vieilles paroisses latines cohabitent avec deux paroisses chaldéennes et une arménienne. Théoriquement, on ne change pas de communauté, mais des couples mixtes commencent à se former. Il arrive aussi que des personnes demandant le baptême migrent en cours de préparation vers une communauté orientale où il n'ont pas l'impression de faire une course d'obstacles dont ils ne voient pas le bien-fondé.
Alors, une forme de plus ou de moins, est-ce important? oui si c'est un point de crispation, non si on la laisse se dédramatiser au cours du temps, ce qui était l'objectif de Benoît XVI.

Et puis, il y a dans ce domaine des préférences esthétiques. Quant à la remarque de gdecock sur le pouvoir de certains laïcs, elle est cruellement vraie.
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Écrit par : Pierre Huet / | 25/12/2013

LES CHANTS

> à Pierre Huet :

Vous dites bien : " Quant à la remarque de gdecock sur le pouvoir de certains laïcs, elle est cruellement vraie."
Oui. Surtout dans le domaine qui est laissé à leur arbitraire : les chants.

Je ne dis pas (ce serait injuste) que les animateurs-animatrices chantent toujours faux, que les orchestres de jeunes sont toujours discordants et que les sonos d'église sont toujours grésillantes faute d'argent.

Le problème est le choix des chants : tout le temps ils changent par "créativité", les fidèles ont du mal à suivre.
Et de plus en plus les chants sont inchantables : rythmes sautillants de petites danses israéliennes obligeant à syncoper les phrases. Ou guimauve : muzak genre Eurovision. Choses sorties de leurs contextes et disparates vis-à-vis de l'action liturgique qu'elles ne commentent pas. Et même de la prière qu'elles ne soutiennent pas !

Je ne critique pas leurs paroles : c'est évident qu'elles sont beaucoup plus spirituelles et théologiques que les cantiques d'autrefois tant prisés des plus conservateurs.
Je critique les mélodies, souvent diversion et non prière.

Le constater n'est pas être méchant envers les animateurs-animatrices dévoués, mais poser un vrai problème, de liturgie, qu'on peut résoudre si on se concerte à l'échelon national et diocésain.

Il faut arrêter ce croire que le seul but serait la "liberté créative".
Celle-ci est nécessaire mais dans le cadre d'une pastorale liturgique d'ensemble, qui fixe du sens et des normes. Le chant liturgique a une fonction dans l'action liturgique, il en est inséparable, il n'est pas seulement là pour permettre à des personnes de montrer leur dynamisme.

N'importe quel chant ne peut être chanté n'importe quand. L'absence de chants mariaux durant le mois de Marie, par exemple, est une lacune béante ici et là. Inversement un chant marial ne peut être entonné n'importe quand pendant une messe, etc. Question de théologie et non de créativité dynamique !

De même il faudrait être plus sélectif sur les mélodies genre guimauve séculière, tentation de toujours (en 1900 c'était déjà une invasion) mais ce n'est pas une excuse !

Il y a des répertoires qui devraient être plus utilisés partout (Emmanuel, Sylvanès etc). Ou qui sont presque oubliés : p. ex. des créations superbes, fortes, des années 1950-60, enterrées après le concile sans qu'on sache pourquoi.
Je ne propose pas du tout une "restauration" nostalgique, mais juste une capitalisation de ce que les 50 dernières années ont produit de beau et qu'on ne devrait pas laisser tomber au profit de musiquettes énervées faussement joyeuses. Ce qui est premier dans une liturgie, ce devrait être le... liturgique.

Il faudrait une centrale interdiocésaine de formation, qui enseignerait comment adapter les choix musicaux au cycle liturgique. Un peu de poigne, la CEF !
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Écrit par : Noémie / | 26/12/2013

LES CHANTS (2)

> Sur les chants, une petite anecdote personnelle. Mariés à l'étranger, nous avons organisé, mon épouse et moi, une seconde cérémonie en Belgique, pour nos amis qui n'avaient pu faire le déplacement. Il y a dans la liturgie de l'Eglise une messe de bénédiction pour les jeunes mariés.
Cela s'est déroulé dans une abbaye trappiste qui m'est chère et donc "à la trappiste", c'est-à-dire avec tous les hymnes (gloria, credo, sanctus ...) en latin. Mon épouse et moi étions assis à l'avant de la nef, au milieu de la travée centrale, avec donc toute l'assistance derrière nous.
Au moment où la messe, très sobre, a commencé, j'ai eu un moment de doute: le latin est devenu si inhabituel, et la confusion dans les esprits si grande, que je me suis dit: certains des invités vont croire être tombés chez des intégristes. Quels ne furent donc pas ma surprise, mon plaisir, et mon émotion d'entendre, dans mon dos, l'assemblée reprendre en choeur les hymnes. Certes, cela venait surtout de la génération de mes parents, croyants de base, voire pas plus croyants que ça, mais à la sortie de la messe, j'ai reçu beaucoup de commentaires positifs: quelle bonne idée d'avoir utilisé du latin, comme ça nous a fait plaisir de réentendre ces chants.

@ Noémie

> D'accord avec vous, je nuancerais juste ce que vous dites sur les paroles. A vrai dire, je ne suis pas à même de comparer avec les cantiques d'avant. Je vous fais confiance sur ce point ... pour autant qu'on se limite aux cantiques.
Mais les hymnes (j'espère utiliser le bon terme) font à ma connaissance partie du texte liturgique et n'ont donc pas à être modifiés ... ce qui arrive hélas plus que souvent.
J'aime bien ma paroisse et son dynamisme, mais vous ne me verrez pas desserrer les dents quand on remplace le credo par une niaïserie du genre "Je crois en Dieu qui chante" ... et autant pour les Gloria, Sanctus, Kyrie. Pour le coup, on ne peut guère parler de progrès théologiques...

luc2


[ PP à L2 :
- Parce que "Je crois en Dieu qui chante" sévit toujours en Belgique ? Ca fait quinze ans que je ne l'ai plus entendu en France, où que ce soit.
- Le remplacement des hymnes par des fantaisies a beaucoup diminué en France, au point de devenir rare.
- Quand Noémie parle des paroles spirituelles, théologiques ou même mystiques, j'appuie ce qu'elle dit. Il suffit de regarder les feuilles paroissiales. C'est souvent très bon, très kérygmatique, très théocentrique.
- Ce qui est souvent moins bon, ce sont les mélodies. Qui amènent parfois une dislocation des mots ! (Le trop célèbre "é-écoute", par exemple, a de quoi faire hurler n'importe quel parolier).
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Écrit par : luc2 / | 26/12/2013

LES CHANTS (suite)

@ Noémie

> J'ai bu du petit lait en vous lisant !
Oui, le chant liturgique a une fonction dans l'action liturgique, il n'est pas là pour remplir les temps morts, mais fait partie intégrale de la liturgie !
Pour œuvrer depuis des années pour un chant liturgique de qualité au sein de notre chorale liturgique, la Schola Saint Martin, je ne peux qu'approuver ce que vous dites.
Nous avons pour notre part adopté le répertoire liturgique du Père André Gouzes (Sylvanès), qui est sans doute ce que l'on a fait de mieux et de plus complet en matière de chant liturgique en français après la réforme liturgique qui a suivie le Concile Vatican II, tant au niveau des textes que des musiques.
Je vous invite à visiter notre site internet : http://scholasaintmartin.free.fr

Vous avez raison de rappeler la qualité de ce qui s'est fait dans les années 1950/60, je pense en particulier au remarquable travail de création liturgique en français du Père Joseph Gélineau et du Père Lucien Deiss.

Je serai plus réservé sur les chants de l'Emmanuel, pas sur les textes qui sont de qualité, mais sur les mélodies qui usent et abusent des syncopes...

@ luc2

> Pleinement d'accord avec vous pour ce qui concerne les hymnes proprement liturgiques comme le Gloria ou aussi les autres pièces du Kyriale (de l'Ordinaire de la Messe).
En revanche la possibilité de création d'hymnes liturgiques est plus large, que ce soit comme chants d'entrée de la Messe ou dans la Liturgie des Heures.

@ PP

> Hélas, si ce "Je crois en Dieu qui chante" est heureusement en régression, il n'a pas encore totalement disparu et sévit encore ici ou là, notamment pour des "messes des familles" (comme si toutes ne l'étaient pas !) ou dans des provinces reculées !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 26/12/2013

PAS RARE ENCORE

> Et bien, il y a donc du bon dans le catholicisme français :)
Oui, hélas, il n'est pas rare d'encore trouver des liturgies bricolées en Belgique.
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Écrit par : luc2 / | 26/12/2013

PAS L'AFFAIRE DES LAICS

> A titre purement personnel, je trouve que la liturgie est d'abord l'affaire des clercs. Celle des laïcs, c'est la mission dans le Monde. Chacun son job.

Réunir des laïcs, pour des réunions interminables où l'on discute des chants que l'on va retenir pour les prochaines eucharisties me semble être une absurdité (même si au bout du bout le résultat final est…pas mal).

Je sais (l'intéressé l'a écrit) que, dans sa paroisse marseillaise, le père Zanotti-Sorkine refuse de mobiliser outre mesure ses paroissiens pour ce genre de choses. Et ça me paraît très bien.
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Écrit par : Feld / | 27/12/2013

LA LITURGIE, L'AFFAIRE DE TOUT LE PEUPLE DE DIEU !

> Je ne suis pas d'accord avec le commentaire de Feld : la liturgie n'est pas réservée aux clercs, les laïcs devant être passifs et ne s'occuper que des affaires du monde... (?)
Conception très cléricale à mes yeux !
Non, la liturgie concerne tout le Peuple de Dieu, chacun à sa place certes et chacun selon son ministère et ses charismes, mais la liturgie est l'affaire de tous puisqu'elle est la source et le sommet de la vie et de la mission de l’Église, et donc de toute vie chrétienne.

Relisez la constitution conciliaire sur la Sainte Liturgie "Sacrosantum Concilium" !

" 14. La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, « race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté » (1 P 2, 9 ; cf. 2, 4-5).

Cette participation pleine et active de tout le peuple est ce qu’on doit viser de toutes ses forces dans la restauration et la mise en valeur de la liturgie. Elle est, en effet, la source première et indispensable à laquelle les fidèles doivent puiser un esprit vraiment chrétien ; et c’est pourquoi elle doit être recherchée avec ardeur par les pasteurs d’âmes, dans toute l’action pastorale, avec la pédagogie nécessaire.

(...)

30. Participation active des fidèles

Pour promouvoir la participation active, on favorisera les acclamations du peuple, les réponses, le chant des psaumes, les antiennes, les cantiques et aussi les actions ou gestes et les attitudes corporelles. On observera aussi en son temps un silence sacré.

31. Dans la révision des livres liturgiques, on veillera attentivement à ce que les rubriques prévoient aussi le rôle des fidèles.

(...)

48. Participation active des fidèles

Aussi l’Église se soucie-t-elle d’obtenir que les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent de façon consciente, pieuse et active à l’action sacrée, soient formés par la Parole de Dieu, se restaurent à la table du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu ; qu’offrant la victime sans tache, non seulement par les mains du prêtre, mais aussi en union avec lui, ils apprennent à s’offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient consommés, par la médiation du Christ [38], dans l’unité avec Dieu et entre eux pour que, finalement, Dieu soit tout en tous.

(...)

100. Participation des fidèles

Les pasteurs veilleront à ce que les Heures principales, surtout les vêpres, les dimanches et jours de fêtes solennelles, soient célébrées en commun dans l’église. On recommande aux laïcs eux-mêmes la récitation de l’office divin, soit avec les prêtres, soit lorsqu’ils sont réunis entre eux, voire individuellement. "
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Écrit par : Michel de Guibert / | 28/12/2013

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