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24/09/2013

"Sommes-nous capables de transmettre le visage d’une Eglise qui soit la maison de tous ?"

Le pape au Conseil pontifical pour les communications sociales : 

 


1. Importance de la communication pour l’Eglise. Cette année marque les 50 ans de l’approbation du décret conciliaire Inter mirifica. Il ne s’agit pas seulement d’un souvenir; ce document exprime l’attention que l’Eglise porte à la communication et à ses outils, dont l’importance réside aussi sur leur dimension évangélisatrice. Mais à propos d’outils de la communication; la communication n’est pas un outil ! C’est autre chose … Ces dernières décennies les moyens de communication ont beaucoup évolué, mais cette sollicitude demeure, sous de nouvelles formes et sensibilités. Pour beaucoup, le panorama de la communication  est devenu peu à peu « un cadre de vie », un réseau où les personnes communiquent, dilatant les frontières de leurs connaissances et de leurs relations (cf. Benoît XVI, Message pour la Journée Mondiale des Communications Sociales 2013). Je souligne surtout ces aspects positifs, bien que nous soyons tous conscients des limites et des facteurs nocifs qui existent aussi.

2. Dans ce contexte – et voici ma seconde pensée – nous devons poser la question : quel rôle l’Eglise doit-elle avoir avec ses moyens actuels, au plan opérationnel et au plan de la communication ? Dans chaque situation, au-delà des technologies, je crois que l’objectif est de savoir s’insérer dans le dialogue avec les  hommes et les femmes d’aujourd’hui, pour comprendre leurs attentes, leurs doutes, leurs espoirs. Ce sont des hommes et des femmes parfois un peu déçus par un christianisme qui leur semble stérile, qui a justement du mal à communiquer de manière ferme ce sens profond que donne la foi. En effet, nous assistons, aujourd’hui même, en cette heure de mondialisation, à un  désarroi, à une solitude, qui ne cesse de grandir ; nous voyons se répandre  un sentiment d’égarement par rapport à la vie, au son de la vie, une incapacité à se donner une « maison »comme repère, du mal à tisser des liens profonds.

Il est important de savoir dialoguer, en pénétrant aussi avec discernement ces espaces créés par les nouvelles technologies, les réseaux sociaux, pour faire émerger une présence, une présence qui écoute, dialogue, encourage. N’ayez pas peur d’être cette présence, en apportant votre identité chrétienne, en devenant des citoyens de cet espace. Une Eglise qui accompagne sur le chemin, qui sait se mettre en marche avec tout le monde! Et il existe une vieille règle des pèlerins que saint Ignace suit, c’est pourquoi je la connais! Dans une de ses règles il dit que celui qui accompagne un pèlerin et qui va avec le pèlerin, doit aller au pas du pèlerin, non devant lui ni derrière lui. Et c’est ce que je veux dire: une Eglise qui accompagne la marche et sache se mettre en marche, comme on marche aujourd’hui. Cette règle du pèlerin nous  aidera à inspirer les choses.

3. Troisièmement : il y a un défi que nous devons tous relever, ensemble, dans ce contexte de la communication, et le problème principal n’est pas d’ordre technique. Nous devons nous demander: sommes-nous capables, dans ce domaine aussi, d'apporter le Christ, ou mieux de conduire à la rencontre du Christ ? De marcher avec le pèlerin existentiel, mais comme Jésus marchait avec ceux d’Emmaüs, en réchauffant les cœurs, en leur faisant trouver le Seigneur ? Sommes-nous capables de transmettre le visage d’une Eglise qui soit « la maison » de tous ? Nous parlons de l’Eglise avec les portes fermées. Mais ceci est plus qu’une Eglise avec les portes ouvertes, bien plus! Trouver ensemble, devenir « maison », faire Eglise, devenir « maison ». Une Eglise avec les portes fermées, une Eglise avec les portes ouvertes.

Voilà: marcher et faire Eglise. Un défi! Faire redécouvrir, aussi grâce aux moyens de communication sociale, et pas seulement dans la rencontre personnelle, la beauté de tout ce qui est à la base de notre marche et de notre vie, la beauté de la foi, la beauté de la rencontre avec Jésus-Christ. Dans le cadre de la communication aussi, il faut une Eglise qui sache transmettre de la chaleur, qui sache enflammer les cœurs. Notre présence, nos initiatives savent-elles répondre à cette exigence ou restons-nous des techniciens ? Nous avons un trésor précieux à transmettre, un trésor qui apporte lueur et espoir. Il y en a tant besoin! Mais tout cela exige une formation attentive et qualifiée, de prêtres, de religieux, de laïcs, aussi dans ce secteur.

Le grand continent numérique n’est pas simplement celui de la technologie, mais il est formé d’hommes et de femmes réels qui portent avec eux ce qu’ils ont en eux, leurs espoirs, leurs souffrances, leurs inquiétudes, la recherche du vrai du beau et du bon. Il faut savoir indiquer et apporter le Christ, en partageant ces joies et espoirs, comme Marie qui a apporté le Christ au cœur de l’homme ; il faut savoir entrer dans le brouillard de l’indifférence sans se perdre; il faut descendre aussi dans la nuit la plus obscure sans se laisser envahir par l’obscurité et s’égarer; il faut écouter les illusions d’un grand nombre, sans se laisser séduire ; il faut accueillir les déceptions, sans tomber dans l’amertume; toucher du doigt la désintégration d’autrui, sans se laisser dissoudre et décomposer dans sa propre identité (cf. Discours à l’Episcopat du Brésil, 27 juillet 2013, 4). C'est la marche à suivre. C'est le défi.

L’attention et la présence de l’Eglise dans le monde de la communication sont importantes, pour dialoguer avec l’homme d’aujourd’hui et l'amener à aller à la rencontre du Christ, mais cette rencontre avec le Christ est une rencontre personnelle. On ne peut pas la manipuler. A l’heure actuelle, nous avons une grande tentation dans l’Eglise, c’est le "harcèlement" (« acoso » ) spirituel: manipuler les consciences; un lavage de cerveau théologal qui finit par porter à une rencontre avec le Christ purement nominaliste, et non avec la Personne du Christ vivant. Dans la rencontre d’une personne avec le Christ, il est question du Christ et sa personne! Pas ce que veut l’ingénieur spirituel qui veut manipuler. Voilà le défi. La conduire à cette rencontre avec le Christ mais en ayant conscience que nous sommes des moyens et que le problème de fond n’est pas d’acquérir des techniques sophistiquées, même si celles-ci sont nécessaires pour une présence actuelle et valable. Qu’il soit bien clair en nous que le Dieu auquel nous croyons, un Dieu passionné de l’homme, veut se manifester à travers nos moyens, même s’ils sont pauvres, car c’est Lui qui œuvre , c’est Lui qui transforme, c’est Lui qui sauve la vie de l’homme.

Et notre prière, à tous, pour que le Seigneur réchauffe nos cœurs et nous soutienne dans cette fascinante mission de le porter au monde. Je me recommande à vos prières, car moi aussi j’ai cette mission, et bien volontiers je vous donne ma bénédiction.



Traduction Zenit, Océane Le Gall

 

Commentaires

IL SAIT CE QUE C'EST

> toujours la simplicité directe du pape pasteur ! On voit qu'il sait ce qu'est l'internet et ce que les "réseaux sociaux" signifient pour des millions de gens : une façon de vivre, pas un "outil".
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Écrit par : Jeanne-Marie / | 25/09/2013

> "marcher au pas de l'autre". C'est clair. Au lieu d'être assis sur le talus et de critiquer les passants.
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Écrit par : Céline / | 25/09/2013

SANS ME VOIR

> « Marcher et faire Eglise »… « aller au pas du pèlerin ». Si l’Eglise avait toujours affaire à des pèlerins ! Je pense à tous ces baptisés ingrats qui passent, sans la voir, devant l’église de leur quartier, devant son Christ aimant et livré, devant ses saints et devant Marie notre Mère, partout présente et active, elle aussi, aux côtés de son Fils.
« Vous qui passez sans me voir »… Jésus pourrait le dire avec toute l’Eglise. Une idée : racheter les droits de la chanson de Jean Sablon, et les accrocher aux façades de nos sanctuaires ! Jésus ou la passion… du passant !
« Vous qui passez sans me voir
Sans même me dire bonsoir
Donnez-moi un peu d´espoir ce soir...
J’ai tant de peine
Vous, dont je guette un regard
Pour quelle raison ce soir
Passez-vous sans me voir?
Un mot, je vais le dire : « Je vous aime »
C’est ridicule, c’est bohème,
C’est jeune et c’est triste aussi
Vous qui passez sans me voir
Me donnerez-vous ce soir
Un peu d´espoir?

Les souvenirs sont là pour m´étouffer
Des larmes, de fleurs, de baisers
Oui je revois les beaux matins d´avril
Nous vivions sous les toits tout en haut de la ville… »
______

Écrit par : Denis / | 25/09/2013

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