La foi chrétienne n'est pas un parti

Des manifs au discours sur la montagne :

  

Les chrétiens participent aux mobilisations sociétales et "politiques" [1]. Mais ils veillent à ne pas laisser croire que le christianisme se réduit à ça. Dans un combat politique, être là suffit... Dans la religion chrétienne, il ne suffit pas d'être là. L'exégète avertit : "Jésus nous dit (Mt 5, 1-12) qui sont les vrais adorateurs de Dieu : ce sont les pauvres en esprit, les doux, les affamés de justice, les miséricordieux, les coeurs purs [2]... Sommes-nous de vrais adorateurs ? Sommes-nous de vrais fils de Dieu ?" On peut se dire catholique et faire comme si le catholicisme était un club, un parti, un milieu, dont on serait membre par hérédité et signes extérieurs... Or ce n'est pas le cas. Le "catholicisme" est simplement la foi chrétienne, qui est un don par grâce, et qui doit inspirer au croyant une certaine façon de vivre  dans l'émerveillement et la gratitude.

Contrairement à ce que j'ai lu l'autre jour, l'émerveillement n'exclut absolument pas l'indignation : l'émerveillé (devant son Créateur) doit s'indigner (devant tout saccage de la création) – à moins d'être un oligopistos [3] ! Mais si le chrétien doit s'indigner, l'indignation ne fait pas le chrétien. On manifeste contre une mauvaise loi parce qu'on est catholique ; on n'est pas catholique parce qu'on manifeste contre une mauvaise loi.

Et si des manifestants ne sont pas des croyants, le devoir du croyant est de leur faire connaître la foi dans toutes ses dimensions. Y compris celles qui poussent le chrétien à s'engager aussi sur d'autres terrains que l'anti-Taubira : terrains où il ne sera pas suivi par les partis politiques, ni a fortiori par les groupuscules... La foi vient d'ailleurs et elle mène ailleurs.

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[1] par exemple LMPT (à laquelle j'ai d'ailleurs participé).

[2] Langage biblique.« Pauvres en esprit » : ceux qui ont appris à dépendre pleinement et uniquement de Dieu et de sa grâce. « Doux » : ceux qui n'imitent pas les durs mais espèrent en Dieu. « Affamés de justice » : ceux qui aspirent à vivre (envers soi et les autres) comme Dieu le demande. « Miséricordieux » : ceux qui viennent en aide aux autres dans un esprit de générosité et d'amour. « Coeurs purs » : ceux dont le centre de la personnalité est tourné vers Dieu.

[3] « Minicroyant », selon la traduction grec>français de l'érudite soeur Jeanne d'Arc. (« Homme de peu de foi » dans les traductions classiques).