19/03/2013
Trois questions naïves sur la Syrie
et la nouvelle
"position de la France"
(selon le Quai d'Orsay) :
Sachant le coût exorbitant des armes, est-il décent d'annoncer simultanément que les nounous des familles coûtent trop cher à la France, mais qu'il faut offrir aux insurgés de Syrie des machines à tuer hors de prix ?
Jean Luc Mélenchon a-t-il tout à fait tort de déclarer : « armer les rebelles syriens serait une erreur absolue, ce serait leur donner les moyens d'une victoire dont nous ne savons rien du contenu » ?
Jean-Luc Marret (Fondation pour la recherche stratégique) n'a-t-il pas raison de demander : « Dans la mesure où la France soutient l'ASL, est-ce que les Français qui vont faire le djihad en Syrie sont ou non des terroristes ? »
ps / Qu'on ne m'objecte pas le triste sort des réfugiés : leurs misères ne seront pas soulagées si nous offrons des missiles aux milices.
19:54 Publié dans Monde arabe, Syrie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : syrie
Commentaires
ET UNE DE PLUS
> et une de plus : vu le résultat catastrophique de la campagne aérienne de Sarkozy en Libye (chaos du pays, islamistes partout, armement des terroristes du Sahel, guerre du Mali etc), est-il concevable de recommencer la même connerie en Syrie ? Et de continuer à envoyer l'armée française combattre dans le pays X les résultats de ce qu'on lui a fait faire dans le pays Y ?
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Écrit par : zrak / | 19/03/2013
A QUOI ELLE SERT
> je croyais que l'armée, qui nous coûte très, très cher, servait à assurer notre sécurité. En quoi l'Afghanistan menaçait-il notre sécurité ? en quoi Kadhafi menaçait-il notre sécurité ?
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Écrit par : amélien | 19/03/2013
LE VATICAN
> Le Vatican condamne depuis le début l'idée de livrer des armes, ce qui ne ferait qu'aggraver le carnage.
Radio Vatican, 15 mars :
"La communauté internationale est impuissante face à cette violence meurtrière, et est toujours empêtrée dans ses divisions, entre soutien direct ou indirect à la rébellion, opportunité ou non de livrer des armes au risque d’internationaliser le conflit. Pourtant la solution pacifique existe encore à condition que les hommes de bonne volonté arrivent à se faire entendre au milieu des armes: c’est le souhait du nonce apostolique en Syrie, Mgr Mario Zenari."
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Écrit par : nathanaëlle / | 19/03/2013
PURE FOLIE
> Posons-nous la question : Sur quoi débouchent toutes ces révolutions arabes... Tout cela est infiniment triste et tragique pour nos frères chrétiens d'Orient (et aussi pour les musulmans modérés).
Printemps arable ??? C'est bien au contraire une période de glaciation que nous voyons dans tous les pays "libérés"...
Et il faudrait leur livrer des armes ! Pure folie !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 19/03/2013
L'HORRIBLE ET LE PIRE
> Le régime de Bachar est une horreur, mais un régime islamiste serait pire. Opposons nous donc au soutien aux rebelles !
S'agissant de Mélenchon, il est à craindre que ses motivations soient tout sauf angéliques, peut-être fondées sur la sympathie qu'il porte au régime Bachar? Méfions-nous de cet allié de circonstance qui est tout sauf un homme de paix.
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Écrit par : Clément Cassiens / | 20/03/2013
CLAIREMENT
* Aux deux premières questions (pas naïves !) la réponse est clairement : non ; à la troisième, elle est tout aussi clairement : oui.
* Petite nuance pour la première : ce qui questionne, ce n'est pas seulement le prix exorbitant (à l'unité) des armements, ni même le montant total de ce qui pourrait être cédé (pour une enveloppe donnée, très peu d'armes sophistiquées, donc coûteuses, ou beaucoup d'armes rustiques et bon marché) c'est "à quoi elles serviront?", et surtout "à qui?".
* Le comm. de amélien |19/03/2013 ("l'armée, qui nous coûte très, très cher…") est évidemment ironique (sarcastique?). Les dépenses militaires de la France servent en effet "à assurer notre sécurité" ; le verbe "assurer" est judicieusement choisi, puisque ces dépenses relèvent du principe de l'assurance (on dit parfois de l'"assurance-vie") dont il convient toujours de souhaiter qu'elle ne serve pas, mais à laquelle il serait inconséquent de ne pas souscrire.
Et le montant (total) de cette "assurance" n'a rien d'exorbitant. Surtout pour honorer une des fonctions régaliennes essentielles.
Ce qui le devient (exorbitant), c'est en effet le prix unitaire des armements. Ce qui fait que pour un budget (en constante diminution) le format de nos armées ne cesse de se contracter.
Enfin, ce qui "nous coûte très, très cher" ce n'est pas tant le budget militaire (1,4% du PIB en 2013) que les gaspillages, les gabegies et les subventions aussi innombrables qu'inutiles des départements ministériels "clientélistes".
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Écrit par : Fondudaviation / | 20/03/2013
AUCUNE LECON
> La France est intervenue au Mali contre des islamistes surarmés. D'où venait cet armement ? des parachutages opérés par les Européens pendant la guerre en Libye.
Tout le monde disait que c'est ce qui allait arriver. Les gouvernements ne tirent t-ils donc aucune leçon ?
Leur idée, qui se veut géniale, est que les islamistes prenant de plus en plus d'importance, nous allons donc envoyer des armes aux non-islamistes pour que, bien armés, ils remportent des victoires et évincent les islamistes.
Outre qu'un barbu ressemble furieusement à un barbu, l'histoire de la région nous apprend (cela ne va pas plaire) que la diplomatie orientale est une arabesque où les questions de familles, claniques, le contrôle des prébendes jouent leur rôle bien plus que les principes.
D'abord parce que la notion de bien commun est quasi inconnue en orient car la religion majoritaire, l'islam, ne le permet pas, ignorante qu'elle est de la notion de "personne". Les musulmans sont imprégnés de l'esprit de masse. Ils se raccrochent à la famille, l'ethnie et la religion (sur laquelle il ne faut pas se faire d'illusion, la "solidarité musulmane" n'existe que lorsqu'il s'agit de hurler contre Israël, d'incendier des quartiers des éternels boucs émissaires chrétiens ou baha'is).
Ensuite la morale musulmane a une géométrie variable, semblable à celle qui existe au sein de la politique française.
C'est la conséquence de la croyance des musulmans dans le fait que Dieu a tout fixé d'avance, que tout est écrit; du coup, je vis ma vie et tout ce qui m'arrive vient de Dieu qui a tout fixé : donc pas de plan pour l'avenir, pas d'engagements. Comme on vit dans l'instant, une telle vision entraîne évidemment une morale de circonstance.
Ces changements continuels s'expliquent aussi par le fait qu'il n'est pas "confortable" pour un musulman d'être longtemps modéré en pays musulman, pas confortable d'être assimilé à la vision occidentale dans une région où est né le nationalisme arabe dont l'islamisme n'est que le produit dérivé, la variante religieuse.
Dans le nationalisme arabe les pays occidentaux sont les responsables du retard des pays musulmans & dans l'islamisme, les autres religions sont les satans qui complotent contre l'islam, les chrétiens en pays musulmans sont vus comme des chevaux de Troie.
Que croient donc les gvts français et anglais ? Qu'une fois armés et victorieux ceux qu'ils auront armés vont dire merci ? être nos gentils amis ? Que ce sera le règne des droits de l'homme, de la liberté religieuse ?
Ne soyez pas choqués par ce que je dis sur l'Islam et ce qu'il fait perdre à l'humanité en orient : cela ne montre que le prix de l'Evangile et combien la déchristianisation est catastrophique pour l'Europe. Catastrophique aussi la "déculturation européenne" car bcp de principes de la loi naturelle avaient été découverts par la culture gréco-latine puis avaient été purifiés, éclairés, complétés par l'arrivée de l'Evangile.
La "déculturation européenne" se fait au profit du consumérisme qui est lui aussi un mode de vie "dans l'instant". D'où les idées de morale de circonstance qui se développent de plus en plus. Nous ne sommes pas plus malins que les orientaux. Mais ayant plus reçus, nous sommes plus responsables.
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Écrit par : E Levavasseur / | 20/03/2013
@ E. Levavasseur
> Je ne vois pas en quoi "vivre dans l'instant" conduirait à une "morale de circonstance" ?
Vivre dans le présent, c'est bien ce que nous enseigne le Christ ("Ne vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine (...) Les oiseaux du ciel ne sèment ni ne moissonnent").
Vivre dans le présent, c'est la seule façon de rencontrer Dieu, lui qui est éternel présent !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 20/03/2013
CA CHANGE TOUT
> Un présent orienté vers une fin eschatologique, cosmique !
L'Espérance. La communion des saints. Dieu incarné dans notre Histoire.
Ça change tout !
On est bien loin du "vivre dans l'instant" musulman ou bouddhiste.
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Écrit par : PMalo / | 20/03/2013
à Michel de Guibert
> L'Islam et le Christianisme sont deux religions différentes : des notions comme celle du présent ne recouvrent pas les mêmes choses.
Le Christ demande de chercher à vivre chrétiennement quotidiennement au milieu de ses frères, bref de se sanctifier, de voir comment vivre en étant son disciple.
Mahomet demande d'appliquer des rites dans un quotidien où Dieu a déjà tout fixé d'avance.
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Écrit par : E Levavasseur / | 20/03/2013
> Je repense à ce que vous avez écrit et me dis que c’est un point trop important pour le survoler rapidement. Aujourd’hui, les défis de l’évangélisation sont tels qu’on ne peut se contenter de connaitre sa foi, il faut encore connaître celles des autres, savoir ce qui sépare la foi des croyances des hommes.
La confiance aimante du chrétien envers un Dieu père qui s’incarne pour vivre au milieu des hommes et se sacrifier pour eux, un Dieu qui compte sur les hommes pour amener son règne d’amour sur la terre («et moi, je vous appelle mes amis ») n’a rien à voir avec la « soumission » musulmane à un dieu-juge qui décide de tout pour les hommes qui du coup, ont un libre arbitre réduit.
Dans l’Islam il n’y a pas de place pour le choix d’aimer Dieu, l’aimer d’un amour filial. Il faut se soumettre, ce qu’on marque en appliquant des rites.
Le chrétien prie, c’est-à-dire qu’il a « une conversation avec quelqu’un dont il se sait aimé. »
Le musulman, lui, dit aussi qu’il prie mais en fait, il récite des prières.
Il n’est pas nécessaire à un musulman de comprendre ; il n’y a pas d’exégèse musulmane : jamais l’islam n’a sorti de texte « fides et ratio ». Il se soumet, il attend de voir, il suit les événements : tout ce qui arrive vient de Dieu. Un jour c’est noir, alors le musulman pense que Dieu veut noir et il le fait. Le lendemain, les aléas de la vie font que c’est blanc. Alors le musulman pense que Dieu veut blanc et il fait exactement le contraire de la veille tout en étant persuadé de faire toujours la volonté de Dieu.
Vous comprenez ?
Le christianisme, lui, pense que le monde est le théâtre le lutte du bien et du mal, que c’est au chrétien, frère du Christ, de travailler à ce que « son règne vienne », en cherchant à voir ce qu’il peut faire pour être chrétien.
Je ne dis pas que les chrétiens le font, je dis que le christianisme consiste à le faire, à rester fidèle à l’Evangile au sein de la lutte dans laquelle on doit aimer même ses ennemis.
Alors qu’il y a dans la soumission islamique un facteur de passivité qui amène à avoir une morale louvoyante dans le temps et dans la peur du dieu-juge un absolu qui fait déclarer à l’islam qu’un tort envers un non musulman et moins grave qu’envers un musulman.
sur ce point, les nationaux-catholique sont plus proches de l’islam que de l’Evangile.
(Dans le judaïsme tardif d’ailleurs on observe que si un juif voit une injustice commise envers un goy, il doit le dire, mais s’il ne le dit pas, ce n’est pas un péché, ce qui pour le christianisme est de la complicité passive : une injustice est une injustice et doit être dénoncée.)
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Écrit par : E Levavasseur / | 20/03/2013
Sur la Syrie : Lettre des maristes d'Alep
http://www.la-croix.com/Religion/Urbi-Orbi/Monde/Les-maristes-d-Alep-decrivent-la-resignation-et-la-lassitude-de-la-ville-syrienne-2013-03-28-926246
http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Lettre-n-9-des-maristes-d-Alep-2013-03-28-926233
Extrait : Ils décrivent aussi des habitants « las de devoir démentir tous les mensonges colportés par les médias étrangers » et « las de voir les grandes puissances proposer une solution négociée entre les deux parties tout en récusant l’une d’elle et de décider d’armer une partie en “armes défensives et non-létales” comme si ces dernières pouvaient exister ».
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Écrit par : Michel de Guibert / | 31/03/2013
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