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25/11/2012

Le Christ, "Roi de l'univers"

      Vatican II a clarifié le sens de cette fête qui précède l'Avent :

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       Emblème du journal de Dorothy Day, The Catholic Worker.



Malgré la Résurrection les apôtres n'ont rien compris : « Étant donc réunis, ils l'interrogeaient ainsi : "Seigneur, est-ce maintenant, le temps où tu vas restaurer la royauté en Israël ? " » Mais Jésus leur répond que leur mission est ailleurs : «Vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. »  (Actes 1,6-8). Pas question de « restaurer » quoi que ce soit ni de s'enfermer dans le national-religieux ; les chrétiens sont là pour allumer un feu sur toute la planète.

Devant un autre personnage aveuglé par la politique, Jésus avait déjà fait une mise au point sur cette question de royauté (évangile de ce dimanche, Jean 18, 33-37) : « Si ma royauté venait de ce monde, j'aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré ».

Comment se fait-il que depuis deux mille ans, à chaque génération, des chrétiens croient devoir jouer les « gardes » et se « battre » pour que Jésus « ne soit pas livré » ? Ils n'y comprennent rien, comme les apôtres au début des Actes : mais chez eux c'est plus grave parce qu'entre temps il y a eu la Pentecôte.

Dans son nouveau livre L'enfance de Jésus, Benoît XVI scrute le mystère de cette royauté. Le royaume de Jésus, c'est Jésus lui-même et son Corps mystique en qui tout sera récapitulé. Il est roi parce que « toute l'histoire regarde vers Lui dont le trône subsistera à jamais », et non à la manière politique (« mon royaume n'est pas d'ici » : Jean 18, 36). Pourtant, à chaque époque, des chrétiens se fourvoient dans le rêve d'un royaume politique du Christ, utopie couvrant chaque fois des réalités déplorables. Dans le passé, quand tout le monde se disait chrétien, les princes se servaient du christianisme comme d'un outil de pouvoir... Lisez ce que dit le pape : « Parfois, au cours de l'histoire, les puissants de ce monde tirent [ce royaume] à eux ; mais il est alors justement en danger : ils veulent associer leur pouvoir au pouvoir de Jésus, et ainsi ils déforment son règne, le menacent... Ou bien il est soumis à la persécution insistante de la part des dominateurs qui ne tolèrent aucun autre règne et désirent éliminer le roi sans pouvoir, dont ils craignent toutefois le pouvoir mystérieux. » Il y a les dominateurs faussement chrétiens, traîtres à la foi *. Et il y a les dominateurs antichrétiens, qui sont une épreuve pour les chrétiens : mais cette épreuve fait partie de la foi, les chrétiens doivent la vivre dans la foi, et non la « combattre » avec les mêmes armes que les persécuteurs ; s'ils tombent dans cette faute, ils se placent dans la situation décrite par Fabrice Hadjadj dans son livre La foi des démons : une « défense » de l'Eglise comme si c'était une secte, un enfermement dans un tête-à-tête pervers avec les antichrétiens. Chaque camp jouissant des coups qu'il porte à l'autre... Ce n'est plus du christianisme.

Jésus ne vient pas poser/opposer sa puissance : il la met au service des hommes. Déjà dans l'Ancien Testament, Dieu ne prescrit aux hommes le culte et la Loi que pour leur rendre service, leur permettre d'exprimer par l'observance la sincérité de leur coeur. D'où – face à l'insincérité – les rappels à l'ordre très violents que multiplient les prophètes : mieux vaudrait aucun culte que ce culte d'hypocrites dont le Seigneur n'a aucun besoin, disent-ils.

Donner à nos opinions – pécheresses – une autorité infinie, « nous avantager de l'autorité divine », c'est le péché maximum. Car nous ne possédons pas la vérité : nous lui appartenons. Ce n'est pas la même chose.

Devenue (depuis Vatican II) la fête du Christ « Roi de l'univers », la célébration d'aujourd'hui est libérée de toute déformation politisante. Le Christ est roi de façon eschatologique, certainement pas de façon politique – comme Il l'a souligné lui-même à de nombreuses reprises. « Le Verbe par son incarnation prend place au centre de son oeuvre, la Création, et par sa rédemption victorieuse Il ressaisit le monde et le régénère... La célébration du Christ-Roi rappelle aussi que l'enseignement du Christ donne des principes de réponse à toute question humaine, et le chrétien doit, en celles-ci, procéder selon les exigences du second commandement de la charité. » (Mgr Charles).

 

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* Ainsi Louis XIV, despotique en matière religieuse alors qu'il en ignorait tout. Les mémorialistes racontent à ce propos des anecdotes assez ridicules.

 

Commentaires

NE JUGEONS PAS

> Ne jugeons pas Louis XIV , seul Dieu est juge . Et Louis XIV avait des vertus supérieures aux miennes en tout cas .

BK


[ De PP à BK - "Dieu seul est juge" ? Mais non : Dieu est certes le seul juge des consciences, mais les historiens sont juges des faits historiques. L'incompétence de Louis XIV en matière religieuse est attestée par Saint-Simon, Dangeau et tous les mémorialistes de l'époque. (Elle est d'ailleurs - en partie - une excuse pour ses décisions outrancières dans ce même domaine).
En faire état relève de la réflexion sur l'histoire : réflexion qui est un devoir, spécialement de la part des chrétiens. ]

réponse au commentaire

Écrit par : BrunoK / | 25/11/2012

à Bruno K

> Grand Dieu ! Louis XIV avait une vertu supérieure à la vôtre ? = vous avez encore plus de maîtresses que lui ?
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Écrit par : Nati / | 25/11/2012

CE MATIN

> Mon propre curé ce matin à l'homélie a donné Louis XIV comme exemple d'une idée de la "royauté" contraire à celle du Christ.
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Écrit par : fulup / | 25/11/2012

MÊME LA VARENDE

> Le romancier Jean de La Varende (pourtant nostalgique de l'Ancien Régime) admet quelque part que le système louisquatorzien était un paganisme.
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Écrit par : Alcime Drot / | 25/11/2012

LE FONDEMENT DE L'ECOLOGIE CHRETIENNE

> Le Christ Roi de l'Univers relativise tout pouvoir humain, même légitime.
C'est le fondement de ce que certains appellent l'"anarchisme chrétien".
(Très bon livre !)
Le Christ Roi de l'Univers « par son incarnation prend place au centre de son oeuvre, la Création, et par sa rédemption victorieuse ressaisit le monde et le régénère... » : la Création tout entière est ainsi sanctifiée, c'est le fondement de l'écologie chrétienne.
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Écrit par : PMalo / | 25/11/2012

LA VRAIE ROYAUTE DU CHRIST

> Louange et intercession, office de laudes de ce jour :

"A toi, Jésus, qui seul es Roi
gloire et puissance dans les siècles !

R. Règne sur nous, Seigneur !
Christ, notre Dieu et notre Roi,
gouverne ton peuple et donne lui ta vie.

Toi, le vrai Berger qui meurs pour tes brebis,
rassemble-les dans l'unité.

Toi, le Roi de l'univers,
restaure en toi toute la création.

Toi, qui rends témoignage à la vérité,
sois le maître des esprits et des coeurs.

Toi, notre maître et notre modèle,
fais-nous paraître purs devant toi."


"Dieu Eternel, tu as voulu fonder toutes choses en ton Fils bien-aimé, le Roi de l'univers ; fais que toute la création, libérée de la servitude, reconnaisse ta puissance et te glorifie sans fin."
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Écrit par : clerus / | 25/11/2012

LE ROYAUME DU CHRIST SELON LE CATECHISME CATHOLIQUE

> L’annonce du Royaume de Dieu

543 Tous les hommes sont appelés à entrer dans le Royaume. Annoncé d’abord aux enfants d’Israël (cf. Mt 10, 5-7), ce Royaume messianique est destiné à accueillir les hommes de toutes les nations (cf. Mt 8, 11 ; 28, 19). Pour y accéder, il faut accueillir la parole de Jésus :

La parole du Seigneur est en effet comparée à une semence qu’on sème dans un champ : ceux qui l’écoutent avec foi et sont agrégés au petit troupeau du Christ ont accueilli son royaume lui-même ; puis, par sa propre vertu, la semence croît jusqu’au temps de la moisson (LG 5).

544 Le Royaume appartient aux pauvres et aux petits, c’est-à-dire à ceux qui l’ont accueilli avec un cœur humble. Jésus est envoyé pour " porter la bonne nouvelle aux pauvres " (Lc 4, 18 ; cf. 7, 22). Il les déclare bienheureux car " le Royaume des cieux est à eux " (Mt 5, 3) ; c’est aux " petits " que le Père a daigné révéler ce qui reste caché aux sages et aux habiles (cf. Mt 11, 25). Jésus partage la vie des pauvres, de la crèche à la croix ; il connaît la faim (cf. Mc 2, 23-26 ; Mt 21, 18), la soif (cf. Jn 4, 6-7 ; 19, 28) et le dénuement (cf. Lc 9, 58). Plus encore : il s’identifie aux pauvres de toutes sortes et fait de l’amour actif envers eux la condition de l’entrée dans son Royaume (cf. Mt 25, 31-46).

545 Jésus invite les pécheurs à la table du Royaume : " Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs " (Mc 2, 17 ; cf. 1 Tm 1, 15). Il les invite à la conversion sans laquelle on ne peut entrer dans le Royaume, mais il leur montre en parole et en acte la miséricorde sans bornes de son Père pour eux (cf. Lc 15, 11-32) et l’immense " joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent " (Lc 15, 7). La preuve suprême de cet amour sera le sacrifice de sa propre vie " en rémission des péchés " (Mt 26, 28).

546 Jésus appelle à entrer dans le Royaume à travers les paraboles, trait typique de son enseignement (cf. Mc 4, 33-34). Par elles, il invite au festin du Royaume (cf. Mt 22, 1-14), mais il demande aussi un choix radical : pour acquérir le Royaume, il faut tout donner (cf. Mt 13, 44-45) ; les paroles ne suffisent pas, il faut des actes (cf. Mt 21, 28-32). Les paraboles sont comme des miroirs pour l’homme : accueille-t-il la parole comme un sol dur ou comme une bonne terre (cf. Mt 13, 3-9) ? Que fait-il des talents reçus (cf. Mt 25, 14-30) ? Jésus et la présence du Royaume en ce monde sont secrètement au cœur des paraboles. Il faut entrer dans le Royaume, c’est-à-dire devenir disciple du Christ pour " connaître les mystères du Royaume des cieux " (Mt 13, 11). Pour ceux qui restent " dehors " (Mc 4, 11), tout demeure énigmatique (cf. Mt 13, 10-15).
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Écrit par : luça / | 25/11/2012

PERSONNE

> Qui peut dire qu’il donne tout au Christ ?
Cette méprise que font certains sur la royauté du Christ entre évidemment en résonance avec notre capacité à nous engager véritablement à sa suite.
Dans ce domaine, les actes comptent évidemment plus que les mots.
Nous observons autour de nous – et même parmi les clients de ce blog – des adeptes de postures sublimes (qui n’est pas tenté d’y céder ?). Jusqu’au subliminal, parfois !
Les mots de ces personnes sont admirables. Tellement admirables qu’on s’interroge ?
Qui peut prétendre – quel pécheur – être parfaitement ajusté au « Christ Roi » ?
D.


[ De PP à D. - Poser la question, c'est y répondre. Evidemment. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Denis / | 26/11/2012

LES MOTS ET LES ACTES

> "les actes comptent évidemment plus que les mots.", nous dit Denis.
Je suis frappé par la récurrence et l'omniprésence de ce type d'affirmations marquées du sceau de l'évidence.
Pour ma part et a contrario, tout ce que je perçois de mon chemin de foi depuis le début ma conversion, est ce tâtonnement par un va et vient permanent et réciproque entre les mots et les actes, le langage qui ouvre à la vie en acte, l'action qui donne sens à la vie en mots.
Je n'en finis pas de découvrir au coeur du mystère chrétien la parfaite alliance en Christ des mots et des actes, du langage et de la vie, du Verbe fait chair.
Contradiction dite en toute amitié.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 26/11/2012

A PP ,

Réflexion et jugement ne sont pas exactement la même chose ....

A Nati,

Chaque homme a quelque part au moins une vertu supérieure à la mienne...
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Écrit par : BrunoK / | 26/11/2012

@ serge

> C'est sûr que pr ne pas être des sépulcres blanchis notre "acting doit être compliant avec notre wording"
( pr ceux qui ne voient pas : c'est une allusion à une récente conversation sur la novlangue et l'anglomanie chez les catholiques-pardon- dans le "catholand")
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Écrit par : zorglub / | 26/11/2012

@ Serge

> Les actes, cher Serge, ça commence pour nous par la fidélité aux sacrements, à l’eucharistie, à la sanctification du dimanche. Et par le silence (l’au-delà des mots) que nous devons accueillir pour nous y préparer. Ça n’est pas rien ! Ça précède et nourrit l’attention portée au prochain, la charité en actes.
Oui, il me semble que les actes l’emportent sur les mots. Et d’autant plus quand les mots sont vraiment évangéliques et font acte !
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Écrit par : Denis / | 26/11/2012

@ Zorglub

> sans rouvrir la discussion sur la novlangue fermée faute de place, il me semblait avoir saisi qu'il s'agissait plutôt d'un langage procédant de la réponse automatique, avec un phrasé tout fait et vide de sens. Bref peu de neurone du cortex pré-frontal activés, zone de la maitrise de l'abstraction. Je laisse Serge rectifier s'il le faut.
Indépendamment je déplore sinon comme vous l'abus de l'usage du franglais, qui ne se limite pas aux cathos new look.

@ Denis

Je me retrouve dans la description de Serge sur un processus itératif paroles/actes pour un cheminement vers Dieu, l'Infini par essence incompréhensible littéralement et inatteignable.
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Écrit par : JClaude / | 26/11/2012

@ ]Claude

> votre analyse est compliante avec la mienne... ;-)
novlangue =expressions toutes faites, signe d'absence d'analyse.
expressions toutes faites= slogan.
Or les gens veulent qu'on leur parle sinon parler par slogan c'est du castrisme, de la pub.
On a pu le voir lors de la fête du Christ roi de l'univers encore bcp de fidèles ne comprennent pas cette fête car ils étiquettent les mots qui la composent :
- l'an passé, notre curé a dû prendre la première partie de son sermon pr expliquer que cette fête n'est pas de la propagande monarchique...
(existe bien évidemment en sens inverse mais pr l'en louer)
-avant mon déménagement, ds mon ancienne paroisse le curé avait été pris à partie par des paroissiens qui accusaient cette fête de "remettre en cause les acquis de la révolution"
"remettre en cause les acquis de" : expression toute faite
monarchie = mal : prêt à penser
révolution = bonheur :idem
"je trouve ça douteux" disait l'un d'eux
Ds les deux cas (encenser ou maudire cette fête) c'est un rabaissement du divin vers la politique humaine.
Alors que c'est Dieu qui nous associe comme ses amis à son oeuvre divine.
le Christ-roi ce n'est pas politiser Dieu mais au contraire sanctifier les actions quotidiennes des hommes en les rendant conformes à son plan qui est le seul vrai.
Nous sommes appelés à être les ministres de Dieu sur terre.
Sur ce, je vous prie d'agréer, monsieur le ministre,...
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Écrit par : zorglub / | 26/11/2012

@ Zorglub

> We are on the same page ;-)
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Écrit par : JClaude / | 26/11/2012

@ Denis,

> Le Christ Roi de l'univers, nous allons vers Lui, en acte, dans notre participation au sacrement de l'eucharistie et dans la reconnaissance comme notre frère en Christ de ce vieux Chinois, sans abri depuis trente ans, grand buveur de bière, vers lequel nos regards de gens bien et propres daignent si difficilement se poser.
Que notre participation fidèle à ce sommet de la liturgie qu'est l'eucharistie ne vienne pas nous conforter dans le sentiment de notre très haute noblesse spirituelle, mais vienne nous ouvrir à ce rabaissement par lequel Le Royaume se dévoile, chez notre prochain et en nous-même, du fond obscur de notre misérable crasse humaine.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 26/11/2012

TOUS

> N'oublions pas que la royauté du Christ signifie d'abord qu'il s'est fait l'ami et le serviteur de tous les hommes.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 27/11/2012

D'ACCORD AVEC LES DEUX

On peut être d'accord avec Denis et avec Serge, me semble-t-il. Certes, prise littéralement, l'affirmation "Les actes comptent plus que les mots", n'a guère de sens, comme le relève Serge. Elle n'en a même aucun quand c'est de la Parole de Dieu qu'il s'agit.
Mais pourtant, n'est-ce pas aussi une manière de résumer ce que nous dit le Christ en Matthieu 21, 28-32?
Pour ma part, j'entends alors "actes" comme "ce qui coûte, qui demande un effort". Mots et actes ne sont pas exclusifs d'ailleurs: dire certains mots peut être un acte fort et douloureux.
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Écrit par : Luc2 / | 27/11/2012

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