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25/08/2012

Fête de saint Louis, roi de France, tertiaire franciscain et rétrospectivement coupable...

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...d'avoir tourné

les Lois Economiques

du Libre-Echange :

 



 

En 1202, Constantinople est prise et ruinée par des "croisés" aux ordres de sa concurrente Venise. La ville passe aux mains d'une gouvernance nord-européenne subie avec rage par le peuple byzantin, et qui applique la directive de la ploutocratie vénitienne : réduire l'Etat impérial à quasi-rien.

En 1238, l' "empereur" latin de Constantinople, Baudoin II de Courtenay, ne parvient pas à équilibrer le budget ; il demande une aide financière aux banquiers vénitiens ; ceux-ci exigent des gages en contrepartie.

Baudoin II décide alors de privatiser le plus grand trésor spirituel de l'empire : les reliques de la Passion du Christ, vénérées depuis l'Antiquité (à Jérusalem puis à Constantinople). Et spécialement la couronne d'épines.

Venise achète le lot. Cette ploutocratie fait marchandise de tout ;  elle est en avance sur son temps.

Mais tout le monde n'est pas aussi moderne que la Sérénissime, dans cette Europe chrétienne du XIIIe siècle...

À Paris, Louis IX – le roi franciscain – apprend l'opération financière sacrilège. Son sang ne fait qu'un tour. Il écrit aux Vénitiens que ça ne se passera pas comme ça, et fait une proposition qu'ils ne pourront pas refuser : leur racheter les reliques de la Passion.

Les banquiers négocient âprement. Il faudra les payer cher pour que la couronne d'épines ne devienne pas une marchandise.

Le 19 août 1239, les reliques arrivent en procession à Paris. « Le roi délaisse alors ses atours royaux, endosse une simple tunique et, pieds nus, aidé de son frère, porte la Sainte Couronne jusqu'à Notre-Dame de Paris avant de déposer l'ensemble des reliques dans la chapelle du palais. »

Continuant à endetter l'Etat dans une logique résolument antilibérale, le futur saint Louis édifiera un reliquaire somptueux : la Sainte Chapelle. On y vénérera la couronne d'épines du Christ sans qu'il en coûte un écu aux pèlerins.

En 1806, les reliques de la Passion seront confiées au trésor de Notre-Dame. Elles y sont vénérées aujourd'hui par le monde entier, sous la garde statutaire des chevaliers du Saint Sépulcre.

La fête de saint Louis tombe ce samedi 25 août 2012. C'était l'occasion de rappeler l'étrange histoire de la relique et des banquiers, peu connue d'une historiographie pieuse qui n'aime pas rappeler la face trouble des croisades ni le cynisme de la si catholique Venise.

Continuons, nous aussi, à détourner l'argent vers des fins non-marchandes ! À Notre-Dame de Paris, chaque premier vendredi du mois et tous les vendredis de Carême, les milliers de pèlerins-visiteurs internationaux peuvent acheter les images (en trois langues) de la sainte couronne, proposées par les dames de l'ordre du Saint Sépulcre. Mais le produit intégral de cette vente finance les oeuvres sociales du Patriarcat latin de Jérusalem, qui aident à fonds perdus les chrétiens arabes à survivre sur leur terre. Les libéraux appelleraient cela « assistanat » ; les catholiques appellent ça « fraternité ».


 

histoire,saint louis,terre sainte

Commentaires

VRAI

> Un vrai son de cloche sur les "croisades" ! Quand les chrétiens de Terre sainte voyaient débarquer les ahuris violents de chaque nouvelle "croisade", ils étaient catastrophés d'avance des c...ies qui allaient se commettre. Les templiers, vrais hommes de terrain, étaient les plus soucieux.
______

Écrit par : poulain / | 25/08/2012

LIVRE

> vous revoilà enfin!
Cà n'a rien à voir avec votre article, mais c'est quoi le sujet de votre prochain livre ?
EC

[ De PP à EC - Un peu tôt pour le dire ! Mais merci de cet "enfin". Ca fait plaisir. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Edmée Cazanoles / | 25/08/2012

ASSISTANAT ?

> Merci pour cet utile rappel !
Votre dernière remarque cependant ne serait-elle pas un peu manichéenne ?
Je ne saisis pas en quoi la critique de certaines formes déshumanisantes d'assistanat impliquerait une critique de la fraternité ou de la solidarité.
L'assistanat est justement le contraire de la vraie solidarité, cette solidarité qui ne condescend pas à entretenir l'autre dans sa misère sans lui donner les moyens de s'en sortir - fraternité qui respecte autrui en lui apprenant à pêcher, pour reprendre l'exemple fameux, plutôt qu'en lui refilant du poisson pas frais.
Bref, je ne vois pas ce qui empêcherait un libéral cohérent d'être solidaire et fraternel avec nos frères d'Orient en achetant une image de la sainte Couronne, a fortiori si sa charité s'exerce de manière directe et libre plutôt qu'impersonnelle et contrainte...
En tous cas, dans son Testament, saint Louis nous offre à travers son fils cette belle exigence personnelle et politique :
"Cher fils, je t’enseigne que tu aies une solide intention que les deniers que tu dépenseras soient dépensés à bon usage et qu’ils soient levés justement. Et c’est un sens que je voudrais beaucoup que tu eusses, c’est-à-dire que tu te gardasses de dépenses frivoles et de perceptions injustes et que tes deniers fussent justement levés et bien employés."

G.


[ De PP à G. - Le but de cette phrase finale était justement d'y faire réfléchir. La droite (même catholique) a une détestable tendance à qualifier d'assistanat toute aide sociale, ce qui est le contraire de la doctrine sociale de l'Eglise - qui, elle, n'exclut rien. J'ai entendu moi-même (il y a peu) un respectable paroissien dauber sur "le social" en soi, comme si aider était frivole, et comme si aucune forme de solidarité fiscale entre concitoyens n'était légitime. Erreur propre à certains catholiques français... En n'insistant que sur la critique de "l'assistanat", sans jamais reconnaître (comme fait l'Eglise) que l'aide à fonds perdus est souvent nécessaire, un catholique libéral s'éloigne de la DSE.
(Je crains que vous n'ayez du libéral une notion idéalisée et... contraire à la théorie libérale, qui repose fondamentalement sur l'utilité de l'égoïsme ! L'idéalisation du libéral est très répandue chez les catholiques français).
Par ailleurs, les recommandations de saint Louis à son fils correspondent au débat médiéval sur le budget royal. Saint Louis est soucieux de ne pas dépenser le produit des impôts en luxe seigneurial ("frivole") inutile au peuple. Parce qu'il s'agit de faire comprendre à tous l'utilité de l'impôt pour le bien commun... En effet, la plupart des bourgeois du Moyen Âge voudraient que
"le roi ne vive que du sien", c'est-à-dire de ses fiefs personnels ; le bourgeois pense que la Couronne en elle-même n'a pas à avoir de budget, donc à lever d'impôts. Ce qui revient à l'empêcher d'avoir... une existence politique. Ce rejet de l'Etat par le bourgeois est la corde sur laquelle jouera démagogiquement la propagande bourguignonne à Paris, aux XIVe-XVe siècles... Les Valois et les Bourbons auront beaucoup à faire pour lutter contre cette mentalité et engendrer l'Etat ; service que les libéraux d'aujourd'hui leur reprochent... y compris quand ils se disent royalistes (il y en a), ce qui est d'une incohérence bouffonne.]

réponse au commentaire

Écrit par : Gualtiero / | 26/08/2012

LE POINT DE VUE DE SERGE LELLOUCHE

> « Je crains que vous n'ayez du libéral une notion idéalisée et... contraire à la théorie libérale, qui repose fondamentalement sur l'utilité de l'égoïsme ! L'idéalisation du libéral est très répandue chez les catholiques français ».
Bien d'accord avec vous Patrice !
La critique catholique de l'assistanat masque un retournement de valeur infiniment plus grave du point de vue de notre foi : le doute distillé et intégré dans ces mêmes milieux catholiques, quant à la possibilité et la pertinence même de l'idée de justice sociale. Le travail de sape d'idéologues infiltrés en milieux catho depuis des décennies a fait son œuvre, et c'est terrifiant. Voir ici : http://www.libertepolitique.com/Espace-Librairie/La-revue-Liberte-Politique/Extraits/La-justice-sociale-est-elle-possible
A cet égard, c'est bien une perversion intellectuelle et spirituelle qu'il s'agit de nommer, aboutissant à ce raisonnement de grand malade en pull Lacoste : la soif de justice sociale releverait d'une jalousie envers les privilégiés et du mirage d'une société parfaite. Ces idéologues se cachent toujours derrière la critique de l'illusion du « paradis terrestre » pour justifier dans les esprits l'enfer terrestre de l'égoïsme libéral, couvert sous le doux nom de liberté d'entreprise.
On ne le dira jamais assez, c'est une franche perversion, et le recours si fréquent chez les catho-libéraux à Friedrich Hayek en est un signe manifeste. Avec Hayek, leur confiance idolâtre dans le jeu libre du marché des intérêts individuels les rend par essence imperméables spirituellement et politiquement à ce mystère du don, gratuit car arraché au calcul du bénéfice que l'on pourrait en tirer. Les catho libéraux ne comprendront jamais le sens de l'élan chrétien gratuit. Leur vision du monde est fixée sur le calcul du retour sur investissement : je fais un don et un acte charitable, quels avantages puis-je espérer en tirer ? En cela, ils sont contre-témoignage.
Contre ces idéologues pervers, j'oppose l'intelligence du cœur de l'économiste italien Luigino Bruni, coordinateur de l'économie de communion, dans cette conférence qui à plus d'un titre m'a personnellement boulerversée,  " La famille, le travail et la fête " :
http://www.youtube.com/watch?v=eNZD5AOqCKM&feature=player_embedded
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 26/08/2012

à Serge:

> Une phrase percutante et si vraie de Bernanos, qui résume tout ce que vous dîtes: "Le réalisme, c'est précisément le bon sens des salauds".
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Écrit par : Gilles Texier / | 27/08/2012

Sophismes et Scientisme.

> Les libéraux n'ont que de bonnes intentions. Et ils prétendent que pour atteindre le bonheur éternel et permanent, il suffit d'être égoïste. Si tous les égoïsmes se rencontrent sur différents marchés de l'égoïsme, alors les égoïsmes seront satisfaits.
Lorsque j'avais écrit mon texte cet été que M. de Plunkett eut l'amitié de publier, je démontais ces arguments en montrant que si un marché peut être utile, il peut aussi être destructeur selon qu'on se situe à un endroit ou une époque différente.
Hélas les choses sont plus compliquées que dans la tête de ceux qui croient en un monde peuplé d'homo oeconomicus rationnels...
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Écrit par : Spooner / | 27/08/2012

DRÔLE DE SAINT-LOUIS

> un petit mot pour ne pas dire grand chose, mais quand même.
j'étais en vacances à Sète, cette ville fondée par Louis XIV, plus réellement par Colbert, pour l'honneur et donc sous le patronage de Saint Louis, son grand ainé dans ....la royauté et dans la foi, catholiques l'une et l'autre....hm,hm.
Une grande fête caractérise cette ville, c'est la fête de la Saint Louis ! ! !, si,si, c'est sur il y a 40 000 personnes qui vivent à Sête, et autant de touristes pendant les vacances, plus autant de "spécimens" venus tout exprès pour cette grande fête, mais seulement quelques centaines (200 peut-être?) viennent à la messe en l'honneur de ce grand roi catholique; même que la messe a commencé en retard, j'avais jamais vu cela : oui le prêtre attendait en piaillant l'arrivée du cortège musical accompagné du maire et de son conseil municipal, retardé par... le discours du maire. l'essentiel se passe le jour de la saint Louis bien sur, mais les festivités durent 5 jours pleins, avec les fameuses "joutes"; des combats sur l'eau,(eau qui traverse la ville par des canaux), d'hommes uniquement qui armés d'une lance, tentent de faire tomber à l'eau l'adversaire qui se présente à eux sur un bateau. Ce sont des combats d'hommes à hommes, en mémoire des croisades; les bateaux avancent propulsés par des barreurs, le tout surveillé par des juges très très sérieux et pointilleux.
Finalement la Saint Louis est très peu catholique en ce coin de France, mais très alcolique (2 voir 3 brigades de CRS sont là tous les soirs), et très cathodique aussi (que de journalistes !). Enfin et surtout, les biscottos des hommes et les vêtements très allégés des femmes, sont autant de spectacles à découvrir dans les gradins ou dans les rues, que les joutes en elles-mêmes.
Quelle saint Louis j'ai vécue ! une très belle homelie, une simple messe, mais rien de grandement catholique, à croire que ce "Saint Louis" doit être en fait une grande marque de bière ou de rosé (qu'est-ce qu'ils en boivent là bas!), et certainement pas un homme de l'histoire de France. C'est fort possible finalement, compte tenu du nombre d'ivrognes au mètre carré lors de ces joutes, rapporté au nombre présent à la messe de la Saint Louis....
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Écrit par : jean christian / | 29/08/2012

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