Pentecôte : l'Esprit Saint selon Hans Urs von Balthasar

Pour scruter le coeur de la foi chrétienne :

 

La foi chrétienne est infiniment simple et infiniment complexe¹. Cette foi révélée étant d'origine surnaturelle, la notion du Dieu « trine » (Un et Trois simultanément) dépasse évidemment nos capacités d'analyse... et cette disproportion plaide en faveur de son origine surnaturelle ! Mais la notion de la « Trinité » repose sur la parole du Christ homme et Dieu : sa « logique », quoique mystérieuse, est donc abordable humainement. Nous pouvons la scruter par l'intelligence et le coeur – étant nous-mêmes créés à l'image de Dieu, dit la Bible. Ainsi ce texte du théologien Hans Urs von Balthasar, extrait de son petit recueil Credo² que je recommande à tous :

 

<< Je crois en l'Esprit Saint

Que l'Esprit Saint est Dieu, c'est ce que dit en latin le petit mot « in » (Credo in Spiritum). Car il veut dire : je me remets dans la foi au mystère saint et sauveur de l'Esprit. Certainement pas à une puissance impersonnelle, car il ne peut rien y avoir de ce genre en Dieu ; mais à un insaisissable Quelqu'un, qui est un Autre encore que le Père et le Fils (Jean 14,16). Et dont la propriété sera d'opérer, selon la liberté divine, à l'intérieur de l'esprit libre de l'homme, et d'ouvrir les profondeurs de Dieu, qu'il est seul à sonder, à notre propre condition de toutes parts limitée : « Nous avons reçu l'Esprit Saint qui vient de Dieu, afin de connaître les dons que Dieu nous a faits » (1 Corinthiens 2,12).

A lui, qui est le plus tendre, le plus vulnérable, le plus précieux en Dieu, il nous faut nous ouvrir, sans opposer de résistance, en abdiquant toute prétention, sans nous durcir, afin d'obtenir de lui l'initiation au mystère : Dieu est amour. Ne nous imaginons pas que nous le savons déjà par nous-mêmes ! « En ceci consiste son amour : ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés » (1 Jean 4,10). L'Esprit seul nous enseigne ce retournement de la perspective, mais par lui nous pouvons effectivement apprendre ce que, selon ses vues, est l'amour. >>

 

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1.  Cette complexité (qu'on doit donc étudier) est l'une des causes objectives de la crise de la foi chrétienne dans les pays riches, où la paresse mentale a été installée par le marketing des comportements. L'islam (au contraire) se réduit à une seule idée-force, ce qui aide à sa diffusion dans le contexte de notre société. Sa nature autoritaire est enviée par nos intégristes, jaloux des islamistes. Raison de plus pour nous « former » à la divine complexité de la Révélation judéo-chrétienne.

2.  éditions Nouvelle Cité.