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02/05/2012

Le second tour, oui, bon... Et après ?

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   Réflexions sur le débat de KTO hier :


 



Débat indirect mais intéressant, hier après-midi sur KTO (spécial présidentielle), entre le P. Rougé et Chantal Delsol – bien qu'ils n'aient pas été à la même table ronde mais à deux successives. 

Selon la philosophe, le mariage gay, l'euthanasie, etc, seraient de toute façon instaurés aussi par la droite si elle gagnait, parce que c'est la pression générale de la société actuelle.

Riposte du P. Rougé citant le cardinal Vingt-Trois : "il n'y a pas de sens de l'histoire".

Mais y a-t-il équivalence entre le mythe du "sens de l'histoire" et la "pression générale de la société actuelle" ? 

Le constat Delsol est-il pessimiste ? laxiste ? ou simplement réaliste ?

Face à cette "pression générale de la société actuelle", de quoi le catholicisme va-t-il avoir à témoigner ?

Pourquoi l'Eglise est-elle très réticente envers l'idée d'être une "contre-culture" ?

Voilà des questions à débattre. Elle se poseront dès la semaine prochaine, quel que soit le vainqueur. Y réfléchir dès maintenant éviterait aux catholiques de tourner en rond dans la théorie, tout en lorgnant vers la manivelle du pont-levis à remonter dare-dare quand « tout sera fichu » – comme on le dit chaque fois.


 

Commentaires

LA DROITE EST UNE GAUCHE EN RETARD

> L'opinion émise par Chantal Delsol est frappée au coin du bon sens. Elle est d'une telle évidence qu'on pourrait presque y voir un truisme. Interrogé par le magazine "Causeur" le député Vanneste,qui sait en l'occurrence de quoi il parle, déplorait que la droite ne soit sur le plan sociétal qu'une gauche avec quelques années de retard. Cet argument circule d'ailleurs, sur la toile et ailleurs, depuis de nombreuses semaines et sert chez beaucoup à justifier l'abstention ou le vote blanc ou nul au deuxième tour.
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Écrit par : grzyb / | 02/05/2012

TENDANCE LOURDE

> La remarque de "grzyb" traduit une tendance lourde, très lourde!
-Après la Révolution, la droite était décentralisatrice et même souvent attachée aux langues régionales, la République était durement unificatrice. Après 1968, la gauche est devenue décentralisatrice tandis que la droite était devenue centralisatrice.
-réservée quant à la colonisation qui nous détournait de la ligne bleue de Vosges, la droite a fini par la défendre jusqu'à se faire rouler par les manoeuvres de de Gaulle.
-Antilibérale et antidémocratique au 19ème siècle, elle a fait la volte face que vous savez.
- face à l'immigration, la droite, même tradi, elle se drape maintenant dans la laïcité...
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Écrit par : Pierre Huet / | 02/05/2012

UN JUSTE

> Les saints ont toujours été des résistants, le Sel de la terre. Une seule personne peut renverser le sens de l'histoire . Actuellement le juste est CHEN GUANGCHENG qui dénonce les avortements et stérilisations forcés . Dans son pays la Chine , c'est la chasse aux gros ventres.
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Écrit par : Mado / | 02/05/2012

LA QUESTION

> Assurément le "et après?" est une bonne question et je crois que le combat principal à mener, quelque soit le vainqueur est le suivant: la reconnaissance du droit à l'objection de conscience. Qu'une majorité de rencontre décide ceci ou cela, nous ne devons pas pour autant être obligés de coopérer au mal.
Maintenant, venons-en au fond du débat: faut-il opposer "pression générale de la société actuelle" et "sens de l'histoire"? Je pense que le Père Rougé a dans une certaine mesure raison de rabattre les deux expressions l'une sur l'autre parce que justement lorsqu'on suppose que la pression s'exercera toujours dans le même sens, c'est qu'on est, inconsciemment peut-être, marqué par l'idée de sens de l'histoire: on croit qu'il est fatal que la pression continue à s'exercer dans le même sens. Or, il n'y a pas de fatalité, un travail énorme est fait par divers organismes pour sensibiliser les parlementaires à certains enjeux. Par exemple par l'alliance Vita. Force est de constater que ce travail est plus efficace auprès des candidats du centre droit et de la droite qu'auprès de la gauche. C'est ainsi. Et c'est dû aussi au fait que ces groupes respectent la liberté de conscience de leurs élus sur les questions de société, ce qui n'est pas le cas des partis de gauche qui imposent la discipline de vote.
En revanche il y a des effets de cliquet qui font qu'une fois qu'une pseudo liberté est accordée il est très difficile de revenir en arrière. Voilà pourquoi, personnellement, je pense que résister est nécessaire, il s'agit de gagner du temps en attendant des temps meilleurs. Ou plutôt en travaillant, par l'évangélisation, à l'avènement de temps meilleurs.
La croyance au sens de l'histoire est une des plus pernicieuse qui soit. Elle désarme l'adversaire de la façon la plus efficace et elle nourrit le nihilisme. Leo Strauss l'a montré dans "Nihilisme et politique". Le nihiliste (il pense aux nazis mais je crois qu'un certain islam radical en est victime ainsi que certaines franges de l'intégrisme chrétien)est convaincu de la victoire d'un monde qu'il ne peut accepter et sombre dans la violence: plutôt périr et faire périr que de voir advenir ce monde inévitable.
Jacques Maritain, sensiblement à la même époque, a remarquablement réfléchi sur le sens de l'histoire ("Pour une philosophie de l'histoire"): il y parle d'un double progrès contrastant du bien et du mal qui disposent tous deux de moyens toujours accrus pour agir. Sa conclusion est la suivante: nous ne pouvons savoir de quoi l'avenir sera fait; ce qui importe c'est d'être présent aux combats du temps, ne pas s'absenter. (Je n'ai pas écrit "ne pas s'abstenir" même si je crois, prudentiellement, qu'à certains moments c'est la même chose... Mais je comprends que cela puisse être un cas de conscience). Or, justement le fatalisme conduit à cette absence.
Monsieur Vanneste, que je respecte infiniment pour son courage, est un philosophe, il dit la vérité sans prendre de gants... Dans notre société gangrenée par le politiquement correct l'énoncé de certaines vérités fait figure de provocation. L'arène politique n'est pas un le lieu où l'on doit dire les choses sans fard. Il a des raisons d'être amer mais d'autres députés ont mené les mêmes combats que lui et n'ont pas été exclus de l'UMP.
Quant on est familier des écrits de Chantal Delsol, (c'est mon cas - j'avoue: je suis un fan, je trouve sa réflexion extrèmement stimulante -) on n'est pas surpris de sa position. Pour deux raisons. La première c'est que comme beaucoup de libéraux conservateurs, elle est sceptique en philosophie, peu confiante en la capacité de la raison à accepter des vérités morales. Pour elle notre société sait reconnaître certains maux mais est incapable d'accéder à l'idée du bien autrement que par le dégoût qu'inspire le mal. Le combat de Benoît XVI pour réconcilier foi et raison dans le domaine moral lui paraît sans doute infiniment optimiste d'où un certain défaitisme dans ce domaine: seules la Révélation et la foi permettent de comprendre certains aspects de la morale chrétienne. En ce sens, elle est peut-être plus protestante que catholique.
La seconde, c'est qu'elle n'a guère confiance en l'UMP pour des raisons liées aux conséquences des choix politiques de son mari, Charles Millon, littéralement ostracisé depuis des années par l'UMP. Qu'elle ait la conviction que ce parti manque de courage s'explique aisément. Mais encore une fois, il ne faut pas confondre les dirigeants et la masse des élus.

HH


[ De PP à HH - On ne peut pas évacuer la question en la rabattant sur de la théorie. Il ne s'agit pas de bâtir une réfutation académique du concept (disparu depuis un demi-siècle) de "sens de l'histoire" : il s'agit de se mettre en face des réalités. Oui ou non, la plupart des changements "éthiques" imposés par notre société sont-ils liés au matérialisme mercantile ? Oui ou non, le matérialisme mercantile est-il un produit de notre système économique ? Cette interrogation ne doit pas être contournée, à moins de vouloir esquiver le problème. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Hubert Houliez / | 02/05/2012

@ Mado

> Les saints ne sont pas des résistants, mais des prophètes, et ce jusqu'à l'héroïsme; comme chaque chrétien y est appelé par son baptême: prêtre, prophète et roi. La résistance n'est pas une vertu chrétienne. Nos saints de la résistance au nazisme n'ont pas été canonisés en raison de leurs choix et actions politiques, mais pour leurs vertus chrétiennes. Mais peut-être est-ce que c'est ce que vous vouliez dire?
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Écrit par : Anne Josnin / | 02/05/2012

à Pierre Huet

> Au XIXe, vous trouviez des groupements de gauche dont les héritiers se situent maintenant à droite. La gauche elle-même comme ensemble unifié est relativement récente : l'antagonisme entre le mouvement ouvrier et les gens de la gauche parlementaire était profond : Thiers et Louise Michel n'appartenaient pas au même monde, c'est le moins qu'on puisse dire. Et Tocqueville, qui siégeait à gauche de l'hémicycle, était particulièrement féroce à l'égard de Proudhon.
Il faut même attendre la fin du XIXe siècle pour que des hommes politiques se revendiquent d'une "droite républicaine"... Ce qui représentait une rupture significative avec la répartition traditionnelle gauche-droite.
A mon avis, droite et gauche sont des notions pratiques pour décrire le jeu parlementaire; mais elles sont régulièrement en travail de recomposition. Comment s'étonner dans ces conditions, que "la droite" contemporaine défende des positions contraires à celles de la droite du XIXe siècle? Nos "hommes de droite" sont en fait majoritairement issus de groupements anciennement à gauche!
Sur le sujet, je vous recommande l'article de Marc Crapez, "De quand date le clivage gauche/droite en France" :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1998_num_48_1_395251
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 02/05/2012

SENS DE L'HISTOIRE

> Cette croyance au "sens de l'Histoire" est une caractéristique fondamentale de la culture de nos contemporains : c'est la victoire du "progressisme" sur le "conservatisme " par disqualification de ce dernier tout au long du 20e siècle. Le progrès n'est plus compris comme changement ou évolution graduelle d'une situation par rapport à une situation antérieure (en s'aggravant ou en s'améliorant), il s'agit désormais de porter un jugement de valeur sur une société antérieure (forcément moins avancée !) pour conforter la société actuelle dans ses propres valeurs. La comparaison des sociétés contemporaines entre-elles n'étant désormais plus possible sans être disqualifiée au nom du dogme fondamental du relativisme généralisé (le fameux "tout se vaut"), il faut bien se rendre compte (par ignorance de la méthode historique ou par idéologie) qu'on lui a substitué la comparaison des sociétés dans l'Histoire (les morts ne peuvent pas porter plainte pour discrimination). Paradoxalement, cette attitude renforce également la nostalgie des âges d'or auxquels il faudrait revenir (expression pervertie du conservatisme mais qui reste encore politiquement correcte). Il serait intéressant d'interroger nos élus sur leur conception du progrès et sur leur croyance au sens de l'histoire... Je crois qu'il s'agit d'un axiome de la pensée unique du microcosme politique. Pour dire à quel point cette idée de progrès (sens de l'histoire) est disséminée parmi la population, il n'y a qu'à relever le nombre de fois où les médias emploient les expressions "en retard" (généralement pour les français) ou "en avance" (généralement pour les pays étrangers pris pour exemple) concernant les sujets de société. La préoccupation du développement durable (soutenable) a mis de la modération sur ce qui pouvait être considéré comme un progrès (positif) technique en permettant à nouveau d'en débattre mais en matière d'éthique ou de morale, nos contemporains sont bien loin d'avoir les éléments de discernement. C'est un vaste chantier et un bel effort d'évangélisation de la culture que de proposer à nos contemporains que de penser autrement qu'en terme de "sens de l'histoire" . L'espérance et la liberté contre la fatalité et le renoncement.

JLLB


[ De PP à JLLB - Oui, mais la société actuelle ne croit plus en l'histoire. Elle ne croit donc plus en un "sens" de l'histoire... Ce qu'elle croit, étant matérialiste mercantile, c'est que le moment présent est la seule réalité. Cette attitude est la plus radicalement "anti-historique" qui soit. Je propose de renoncer à utiliser ce terme ("sens de l'histoire") qui appartient à une époque révolue, celle du grand récit marxiste naufragé au siècle dernier. Laissons les morts enterrer les morts. ]

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Écrit par : J.-L. Leroy-Bury / | 02/05/2012

à PP

> Vous oubliez le grand récit des libéraux! eux croient en un sens de l'Histoire...

BJL


[ De PP à BJL - Le libéralisme ignore l'histoire, comme il ignore le politique, le bien commun et tout ce qui ne relève pas du marché ! Cf la thèse de la "fin de l'histoire," dominante après la chute du Mur dans les milieux atlantistes. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 03/05/2012

PRESENT, PASSE, AVENIR

> Soyons lucides : la fin des grands récits est elle-même un grand récit. Prenons la peine d'écouter ceux qui, à la suite de Lyotard, tiennent ce genre de discours sur l'accomplissement final de l'histoire universelle. En fait ils n'en sont pas sorti. La téléologie marxiste s'est effacée de notre horizon idéologique, mais cela n'a pas créé le vide pour autant.
Nous sommes envahis par les grands récits, à un point tel que nous n'y prenons pas garde...
Ces grands récits, nous les rencontrons au fil de la conversation, à la radio, dans les journaux ou dans la bouche des hommes politiques. Ils font partie de notre quotidien.
Et peu importe si « le moment présent est la seule réalité », et qu'une telle attitude soit « la plus radicalement "anti-historique" qui soit » : le présent est toujours vécu par rapport au passé et à l'avenir.

BJL

[ De PP à BJL - "Le présent est toujours vécu par rapport au passé et à l'avenir" ? non, ce n'est pas ce que l'on constate. Vous pouvez dire que notre attitude dans le présent se situe objectivement dans un certain rapport (qui peut être inconscient) au passé, et qu'elle a forcément (là encore de façon inconsciente) un impact sur l'avenir. Mais ce rapport et cet impact ne sont pas "vécus" comme tel ! (sinon fantasmatiquement sous le mode - très sélectif et restreint - de la repentance, et exclusivement envers le passé)... Le formatage actuel des mentalités brise la continuité passé-présent-avenir. Cf. le livre de Jean Chesnaux "Habiter le temps" (Bayard 1996). ]
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 03/05/2012

@ PP,

> pas d'accord avec vous, la croyance au sens de l'histoire n'a pas été évacuée il y a un demi siècle. Le sens de l'histoire n'est pas qu'un concept marxiste, il a justement été repris par les partisans du matérialisme mercantile dans la ligne de Kojève et il est l'arrière fond inconscient de notre culture. Il suffit de parler avec des élèves de terminales pour s'en rendre compte.
Alors pour ne pas paraître esquiver la question, je réponds à vos deux questions: oui ou non la plupart des changements éthiques imposés par notre société sont-ils liés au matérialisme mercantile? Mon avis est: oui. Le matérialisme mercantile exalte la satisfaction immédiate et sans limite des désirs, rendant insupportable toute limitation de nature éthique.
Oui ou non, le matérialisme mercantile est-il un produit de notre système économique ? Ma réponse est qu'on inverse le lien de cause à effet: le matérialisme mercantile est la cause de la perversion des rapports économiques qui conduit à la domination inacceptable de la finance dérégulée sur l'économie réelle.
Et je reviens sur le sens de l'histoire, cette croyance, dans sa version marxiste, matérialiste socialiste s'est effondrée et elle a laissé la place à la croyance dans un sens de l'histoire matérialiste mercantile qui est le fond d'un certain libéralisme mené par la croyance inepte en l'efficacité de l'évolution spontanée, rejeton monstrueux de la main invisible d'Adam Smith.
Le fond du problème est dans le matérialisme qui laisse l'homme sans espérance et remplace celle-ci par l'espoir consolant. Le sens de l'histoire marxiste était l'opium des intellectuels, le sens de l'histoire libéral est l'opium des économistes.
Pardon d'avoir l'air parfois un peu cuistre mais cela fait des années que je tente de disséquer ce qu'on appelle l'ultralibéralisme et je suis arrivé entre autres à ces conclusions qui montrent qu'un certain optimisme libéral obéit en partie aux mêmes ressorts psychologiques que l'optimisme marxiste. J'espère que ma santé me rendra rapidement la force de mettre tout cela par écrit. J'essaie juste de répondre à l'appel de Benoît XVI de mettre la raison au service de la foi.
Et par conséquent, je pense que le fatalisme quant à la pression sociale résulte de l'intériorisation inconsciente du caractère inévitable de ces évolutions. Il fait la part trop belle à la croyance au sens de l'histoire. Je pense qu'il est possible de résister à ce matérialisme et à ses effets.
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Écrit par : Hubert Houliez / | 03/05/2012

à PP

> Oui, bien sûr! le libéralisme ignore la "bonne" fin de l'histoire. Mais c'était également le cas des marxistes...
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 03/05/2012

LE RECIT DES LIBERAUX

> D'ailleurs, qui peut affirmer sincèrement ou sans s'illusionner qu'il n'adhère pas à un grand récit?
William Cavanaugh, au début d'"Eucharistie et Mondialisation", a ainsi pu opposer de façon très convaincante le récit du salut chrétien au récit salvateur des libéraux. Indéniablement, les libéraux partagent une conception de l'histoire, de l'origine et de la nature de l'homme, de sa destination. Cavanaugh a beaucoup écrit sur le sujet : un autre ouvrage important : "Etre consommé".
La croyance fanatique dans le caractère bénéfique et inéluctable du développement et de la croissance matériels, on peut très bien la comprendre en termes de vision de l'histoire. D'ailleurs le matérialisme consumériste n'est-il pas un spiritualisme dévoyé?
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 03/05/2012

RETABLIR EN THEORIE ET EN PRATIQUE LA SUBJECTIVITE HUMAINE

> Je resterai toujours admiratif à la lecture du Prologue de la partie morale de la Somme de Théologie écrite par Saint Thomas d'Aquin (ST 1-2ae Prol). Créé à l'image de Dieu, l'homme est "lui aussi maître de ses oeuvres, comme jouissant de son libre arbitre et du pouvoir sur ses oeuvres". Il y a ici non seulement l'affirmation de la transcendance humaine, mais l'énoncé du régime sous lequel elle pourra jouer. Or, ce régime est fait à la fois de capacités propres d'espérance, de vision et d'action, et en même temps de capacités surnaturelles venant de l'alliance et du salut progressif finalement incarnés dans le Christ pour que, équipé par lui, l'homme puisse tout remettre au Père.
J'en viens maintenant à notre sujet, résumé de façon très intéressante par PP et approché dans de bons commentaires. L'homme ainsi conçu est convoqué à faire l'histoire dans l'histoire qui se fait. L'homme ainsi conçu est restitué à lui-même, c'est à dire à sa subjectivité qui, en se déterminant dans les conditions de vie, va se mouvoir en véritable SUJET (et non objet) de la culture. Il y a donc un combat à mener, non pas pour une "contre culture", mais tout simplement pour la survie de la culture, qui passe par la survie de la subjectivité ontologique de l'homme.
C'est pourquoi j'adhère (adhésion récente !) à la remise en cause intelligente de nos modes de vie liée à une industrie plus propre ; c'est pourquoi je n'admets pas que le vote, qui est affaire de conscience subjective, soit comme verrouillé en morale par l'alternative existante de fait. C'est pourquoi je critique radicalement le libéralisme financier qui fait de la survie d'entreprises humaines et de peuples entiers l'objet ou la résultante de mécanismes mis en place par d'autres. Là aussi, c'est la subjectivité qui se trouve détruite. Pas d'avantage, je n'admets que l'être humain ou que sa famille soient qualifiés en dignité comme une pure conséquence du regard des autres, que ce regard soit social ou qu'il en vienne à s'inscrire dans la loi.
Au fond, s'agissant de problèmes apparemment divers, c'est toujours de l'homme dont il s'agit, de sa subjectivité ou non, de sa transcendance ou non sur la matière, les circonstances et les contraintes.
C'est pourquoi je pense que le libéralisme, qu'il soit financier ou libertaire, est une énième forme du matérialisme ou du marxisme, lequel se retrouve à fronts renversés et à droite et à gauche avec la même puissance liberticide et déshumanisante.
Je n'aime pas les catastrophes, car du pire ne nait rien de bon automatiquement (ce serait à nouveau du matérialisme). Mais puisque existe la logique des conséquences, je crois qu'il va falloir faire jouer la subjectivité humaine dans des crises sans aucun précédent, et que le rôle de l'Eglise sera justement d'accompagner cela en témoignage de foi et de prière, et en action pratique dans la société de ce temps-là, et que des chrétiens auront avec d'autres hommes la tâche d'inscrire cela dans la vie de la cité, pour vivre et survivre en tant qu'êtres humains.
Nos débatteurs ont accumulé des livres de comptes et ont piaffé l'un contre l'autre. Mais sans doute divergent-ils sur l'utilisation du logiciel, alors que c'est le logiciel qui est à bout de souffle. Un logiciel matérialiste, le logiciel de l'homme objet, et du degré néant de la culture.
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Écrit par : Christian Charrier / | 03/05/2012

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