26/04/2012
Fin de la croissance ? cette question gêne Hollande-Sarkozy
Fin d'une utopie aveugle ! La "croissance" ne reviendra plus :
« C'est à son propos [la croissance] que nos candidats sont le plus embarrassés. Aucun n'ose dire à voix haute ce qu'on murmure un peu partout : la croissance ne reviendra plus en Europe. Avec ou sans l'austérité, nous sommes condamnés à une croissance minimale, voire nulle. La vraie question devient celle-ci : cette croissance envolée, au fond, était-elle si souhaitable ? D'un point de vue arithmétique, sans doute. Mais pour le reste ? Écologiquement, humainement, qui oserait prétendre que la fuite en avant consumériste, productiviste et gaspilleuse correspond encore à un dessein historique raisonnable ? Est-ce le monde que nous voulons construire ? Les vrais réalistes ne seraient-ils pas ceux qui proposent de changer la règle d'un jeu devenu perdant : vivre autrement, imaginer une autre société, promouvoir d'autres rapports humains. Juste derrière l'horizon électoral, ces questions fondamentales nous attendent de pied ferme. Tant mieux ! »
Jean-Claude Guillebaud, Sud-Ouest, 22-4-2012.
09:55 Publié dans En 2012, Idées, Société | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : croissance, présidentielle, hollande, sarkozy
Commentaires
PAS DE RELAIS DE CROISSANCE
> D'autant qu'il n'y aura pas ailleurs de "relais de croissance", pour reprendre l'expression préférée de BFM. Les Etats-Unis sont dans un marasme économique et social que même les manipulateurs les plus acharnés ne parviennent plus à cacher, et les pays "émergents" montrent qu'ils n'ont pas d'alternative à la consommation occidentale. Leur croissance est en chute libre elle aussi, et l'endettement privé de travailleurs contraints à l'exode rural et assommés par la spéculation immobilière et une inflation délirante interdit tout espoir de constitution chez eux d'une classe moyenne de substitution. J'ai été frappé de lire dernièrement dans la presse économique ces grands titres, à propos du salon de l'automobile à Pékin, sur la fuite des groupes occidentaux vers ce nouvel eldorado qui va suppléer à la consommation anémique de l'Europe. Les mêmes journaux, en page deux, titraient tous sans que ça leur paraisse contradictoire le moins du monde : "Les ventes d'automobiles en Chine sont en chute libre au premier trimestre 2012". Pas mal, comme exemple de pensée magique.
Ajoutons à cela l'épuisement des ressources et les inéluctables luttes sociales à venir, et la croissance devient un mythe pour tout le monde, pas seulement pour l'Europe. Les grands patrons apatrides et les spéculateurs internationalisés qui rêvent que les affaires continueront en Chine ou en Inde (et adieu, vieille Europe, que le diable t'emporte !) sont en plein "whishful thinking".
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Écrit par : Christian / | 26/04/2012
> Qu'est ce que c'est bon de lire ces lignes !
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Écrit par : Vincent / | 26/04/2012
ANTICIPER
> Oui !
La politique, n'est-elle pas aussi un art de l'anticipation ?
Un pragmatisme clairvoyant devrait conduire MM. Hollande et Sarkozy à proposer aux Français de préparer l'inéluctable fin de la croissance forte en Europe, comme celle de l'euro, de l'espace Schengen, des transferts bureaucratiques de souverainetés, bref de toutes ces utopies désincarnées où la vie, marchandée, devient variable d'ajustement.
Hélas manquent sans doute et le courage et la lucidité et le souci du bien commun.
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Écrit par : Gualtiero / | 26/04/2012
BIEN SÛR
> Bien sûr qu’elle gêne ! Car tout chef d’Etat ou prétendant sait très bien que l’Etat et les collectivités locales ont à faire fonctionner un certain nombre de fonctions régaliennes (le monde n’est pas une bergerie), administratives (le fonctionnement de la société est complexe) et sociales (des pauvres, nous en aurons toujours) - sauf à privatiser ces fonctions, ce qui est dans une certaine logique libérale – et que cela coûtera toujours de l’argent à quelqu’un. Même la plus dévouée des sœurs soignante ne vit pas uniquement de charité et d’eau fraîche, et son indispensable véhicule non plus. Les hôpitaux publics, donc non lucratifs, facturent médecine et chirurgie autour de 800€ par jour (en privé, donc lucratif, c’est beaucoup moins cher).
Et puis, la logique d’un pouvoir est de croître, celle d’un appareil administratif, de gonfler. Il faut donc toujours plus d’argent. La logique du toujours plus n’est pas seulement consumériste et capitaliste.
Les pouvoirs publics se financent par l’impôt et les cotisations sociales, et si la décroissance est une récession, l’assiette de l’impôt s’effondre et le produit de l’impôt baisse ou bien le prélèvement devient insupportable.
Pire, si on inclut dans l’assiette de l’impôt, qui se ramène d’une manière ou l’autre au PIB, lesdites dépenses publiques et sociales qui sont en réalité une consommation et non un produit, on peut avoir une croissance comptable apparente mais le serpent se mord la queue.
L’adaptation de la puissance publique à une diminution du PIB passerait donc par une réduction drastique de son champ d’intervention et aussi de sa complexité inutile. Aucun des deux candidats ne sait comment faire sans tomber dans une logique de décomposition du politique d’abord libérale puis féodale.
Mais au fait, quelqu’un, a-t-il vraiment une idée de la façon de saisir la question ? Ou bien, s’il en une, l’audace de l’exprimer ?
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Écrit par : Pierre Huet / | 26/04/2012
EVA
> Faut savoir ce qu'on veut, les amis... Il fallait voter Eva Joly : seul programme qui prenait en compte la nécessité de repenser de fond en comble notre système de développement dans une perspective à très faible croissance (voire croissance négative).
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Écrit par : Jérôme / | 26/04/2012
> Et qui vous dit qu'on n'a pas voté Eva Joly ?
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Écrit par : churubusco / | 26/04/2012
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