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01/02/2012

Faut-il changer de mode de vie ?

Un dossier de La Nef :


Le numéro de février de La Nef consacre son dossier à la question Faut-il changer de mode de vie ? Cette question fâche (Dieu sait pourquoi) une fraction du milieu catholique français ; Christophe Geffroy a donc eu du courage en la posant. D'autant qu'il a donné la parole aux catholiques objecteurs de croissance : une interview de François-Xavier Huard + un article de moi. (En symétrique, il est vrai, du point de vue d'un autre invité, religionnaire de la croissance1).

Dans son article introductif, le directeur de La Nef reprend cependant à son compte les arguments classiques contre la décroissance. Il aurait raison si l'idée de décroissance (ou plus exactement : l'objection de croissance) était ce qu'il en dit ; et s'il n'y avait une différence absolue entre la « croissance » selon le christianisme et la « croissance » selon le productivisme-consumérisme.

Puis-je proposer au directeur de La Nef ces lignes du cardinal Vingt-Trois, extraites de son nouveau livre Quelle société voulons-nous (Pocket 2012) :

« Nous ne pouvons pas éluder une question beaucoup plus radicale, qui est celle de notre modèle de société […] Comment pouvons-nous aider nos contemporains à intégrer dans leurs attentes le fait que notre planète n'est pas un réservoir indéfini de consommation possible ? Ce qui est en cause, c'est la logique même de notre fonctionnement économique dont le dynamisme repose sur l'expansion indéfinie des revenus et de la consommation. […] Beaucoup de nos concitoyens commencent à comprendre qu'une société plus juste et plus respectueuse de son environnement est nécessaire. Ils comprennent aussi que l'usage plus raisonnable des biens de ce monde appelle à une révision courageuse de nos modes de vie. Il ne s'agit plus seulement de militer pour des thèses vaguement écologistes. Le moment est venu de réfléchir et de décider comment réduire la consommation toujours croissante, souvent au détriment de pays moins développés qui subissent les dommages de notre traitement de la nature... Comment faire évoluer notre système économique et social pour qu'il ne repose plus sur le seul dynamisme de la consommation dont les spirales n'ont été que trop dommageables ? On ne peut plus faire reposer notre système collectif sur des promesses de croissance permanente. On ne peut plus imaginer de préserver notre niveau de consommation en oubliant le reste de l'univers. Les récents débats des Nations-Unies ne peuvent pas rester une simple déclaration d'intentions généreuses. Ils doivent passer de plus en plus dans les décisions et les applications. »

 
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1. Au sujet de ce dernier : comment ose-t-il défigurer la pensée de Jean-Paul II (écologiste de choc) en la présentant comme anti-écologiste, cela sous la forme d'une seule citation de trois lignes, hors contexte, évoquant un « désir vague d'un retour au paradis perdu »?  Et comment ose-t-il faire croire que l'Eglise approuve plus ou moins les OGM, alors que :        a) plusieurs mises au point du Saint-Siège ont souligné l'inexistence de cette approbation ;     b) le cardinal Peter Turkson a sévèrement condamné les mobiles de l'industrie transgénique, et relié l'expansion des OGM à la crise alimentaire frappant les pays pauvres ;                     c) plusieurs évêques de l'hémisphère sud, notamment en Inde, sont en première ligne du combat pour défendre les petits paysans contre la tyrannie des multinationales OGM ? Prétendre cacher tous ces éléments, c'est se foutre du monde. D'autant que l'auteur de l'article ment en prétendant (paragraphe 11) que le Compendium de la DSE ne parle presque pas d'écologie. Le commentaire de Serge Lellouche ci-dessous fait justice de cette désinformation. (Titre de ce commentaire : "COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L'ÉGLISE - CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX").

 

Commentaires

RESISTANCE SIDERANTE

> La décroissance productiviste-consumériste va de pair avec la croissance en Christ, comme le renoncement à nos désirs étroitement individuels avec l'accueil personnel de Sa grâce.
Il y a quelque chose de sidérant dans la si forte résistance du monde catholique à cette vérité, tant individuelle que collective. Et depuis longtemps, je me pose la question : pourquoi donc?
Je finis par penser que ce à quoi continuent de s'accrocher nombre de catholiques, c'est à l'idée de puissance et de conquête. A quoi notre Seigneur nous demande de renoncer, sinon à cela précisément?
Nous projetons dans l'injonction collective de la croissance économique notre quête individuelle de puissance et de domination, sans laquelle, croyons nous, nous ne sommes rien.
Puissance que l'on croit voir manifestée dans l'accumulation de nos biens, de nos succès, de nos conquêtes, féminines ou finaNcières.
Tant que nous sommes tributaires de cette injonction, nous ne pouvons voir dans notre prochain, qu'un concurrent et un obstacle au plein déploiement de notre puissance et au règne du petit Dieu que nous fantasmons d'être.
Nous ne pouvons découvrir en lui un frère que dans la découverte de notre commune vulnérabilité, que dans cette sainte pauvreté commune par laquelle nous n'avons plus rien ni à prouver ni à perdre, et dans laquelle nous voilà enfin convertis dans la joie du don gratuit.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 01/02/2012

LE LIVRE DU CARDINAL

> Merci PP d'avoir fait mention de la sortie de ce livre du bien inspiré DD 23 (ça change des agendas 21 du DD...). Je me disais naguère, ici même, désabusé, mais cette lecture me fait, en ce moment, beaucoup de bien, et me remonte le moral avant les élections... qui ne sont qu'une modalité, pas la plus importante, de l'action politique possible. Le plus important reste, pour changer les esprits, les coeurs et les comportements, l'évangélisation inlassable.
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Écrit par : Alex / | 01/02/2012

ESTOMAQUANT

> C’est déjà une excellente chose que la question soit posée et le débat ouvert, avec une tribune donnée à FXH et PP.
Je suis estomaqué par cette affaire de « désir vague d’un retour au paradis perdu ». Quelques réflexions :
1. Il est totalement exclu que JPII ait voulu désigner ici le soin que l’homme veut prendre de la création.
2. C’est quand même l’un des premiers droits de Dieu que l’homme traite avec respect et révérence ses œuvres, qui sont faites pour l’homme. C’est justice : Dieu a des droits, nous lui devons tant… et même davantage nous lui devons tout.
3. Dans la manière d’utiliser les dons de Dieu, la destinée éternelle peut être en jeu (Cf. la parabole des talents : celui qui gaspille les talents est explicitement réprouvé par Dieu comme « serviteur mauvais »).
4. Bien évidemment, l’homme tend à une certaine nostalgie de ce qui était bon et qui est perdu : il tend à rêver à l’état de nature, avant le péché originel. Mais cela n’a que peu de relation avec les enjeux écologiques.
5. C’est quand même un élément basique de l’éducation que d’apprendre aux enfants à ne pas gaspiller. Nous avons raison de demander à nos enfants de finir le pain rassis ! Alors, bon sang, en quoi est-ce gênant que des personnes recommandent d’économiser les ressources communes de la création ?
Un peu de bon sens, d’honnêteté intellectuelle, et beaucoup de respect pour le bon Dieu peuvent suffire à considérer positivement les enjeux écologiques. On ne se moque pas (longtemps) du bon Dieu. Car les conséquences sont toujours terribles.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 01/02/2012

POURQUOI IL OSE

> PP, il vous manque une info. Si ce personnage "ose" (comme vous dites) défigurer la pensée des papes, c'est... qu'il signe sur les blogs de droite ultra-papistes ! cqfd. Facile à vérifier.
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Écrit par : luça / | 02/02/2012

COMPENDIUM
DE LA DOCTRINE SOCIALE
DE L'ÉGLISE - CONSEIL PONTIFICAL "JUSTICE ET PAIX"

"486 - Les graves problèmes écologiques requièrent un changement effectif de mentalité qui induise à adopter un nouveau style de vie,« dans lequel les éléments qui déterminent les choix de consommation, d'épargne et d'investissement soient la recherche du vrai, du beau et du bon, ainsi que la communion avec les autres hommes pour une croissance commune ». Ces styles de vie doivent s'inspirer de la sobriété, de la tempérance, de l'autodiscipline, sur le plan personnel et social. Il faut sortir de la logique de la simple consommation et encourager des formes de production agricole et industrielle qui respectent l'ordre de la création et satisfassent les besoins primordiaux de tous. Une telle attitude, favorisée par une conscience renouvelée de l'interdépendance qui lie entre eux tous les habitants de la terre, concourt à éliminer diverses causes de désastres écologiques et garantit une capacité rapide de réponse quand ces désastres frappent des peuples et des territoires. La question écologique ne doit pas être affrontée seulement en raison des perspectives effrayantes que laisse entrevoir la dégradation environnementale; elle doit surtout constituer une forte motivation pour une solidarité authentique de dimension mondiale.

487 L'attitude qui doit caractériser l'homme face à la création est essentiellement celle de la gratitude et de la reconnaissance: le monde, en effet, renvoie au mystère de Dieu qui l'a créé et le soutient. Mettre entre parenthèses la relation avec Dieu équivaut à vider la nature de sa signification profonde, en l'appauvrissant. Si, au contraire, on arrive à redécouvrir la nature dans sa dimension de créature, on peut établir avec elle un rapport de communication, saisir son sens évocateur et symbolique, pénétrer ainsi l'horizon du mystère, qui ouvre à l'homme le passage vers Dieu, Créateur du ciel et de la terre. Le monde s'offre au regard de l'homme comme trace de Dieu, lieu où se révèle sa puissance créatrice, providentielle et rédemptrice."
Fin de citation.

...Voilà ce que d'un côté les catholiques libéraux appellent la nostalgie du paradis perdu, et ce que de l'autre côté certains catholiques progressistes nomment le fondamentalisme écologiste chrétien. Deux façons apparemment opposées, en fait parfaitement complémentaires, de mettre Dieu entre parenthèse, et de prendre part activement à la toute-puissance de l'humanisme prométhéen.
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Écrit par : Serge Lellouche / | 02/02/2012

LOL

> "On ne se moque pas (longtemps) du bon Dieu." Attention, Prémare, vous commencez à parler comme Madiran. Mauvais signe, ça... Lol.
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Écrit par : JG / | 02/02/2012

COLLOQUE

> Avez-vous vu que Liberté politique et un cercle intitulé.. "Jean-Paul II" organisent un colloque sur l'écologie où le grand expert en la matière sera... Larminat ? C'est gonflé, sachant que ledit Larminat fait comme si la pensée écologiste de Jean-Paul II n'existait pas... Voilà encore des soi-disant papistes qui tournent le dos à la pensée des papes. Ils aiment mieux ce qu'on dit dans leur milieu social.
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Écrit par : louis rossel / | 03/02/2012

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