Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/11/2011

Pourquoi l'intégrisme est une erreur fondamentale

images.jpg



Une mise au point épiscopale datant de 1960, qui éclaire d'avance (il s'agissait alors de la Cité catholique) les cafouillages actuels :




France, 18 mars 1960 - Mémoire de l’Assemblée des cardinaux et archevêques  au sujet de la Cité catholique

Ce mémoire a été rédigé par Mgr Guerry, alors secrétaire de l'ACA, à la suite de la 70e tenue de cette assemblée où avaient notamment été évoqués le livre Pour qu'Il règne de Jean Ousset, fondateur de l'organisation "la Cité catholique" (livre préfacé par Mgr Marcel Lefebvre alors archevêque de Dakar), ainsi que des articles de Verbe, le bulletin de la Cité catholique.


<<  I - À propos de Pour qu’Il règne

Trois remarques sur ce texte important :

1. Une action plus spécifiquement doctrinale. Le mot « action » ne figurait pas explicitement dans les anciennes définitions. Il ne s’agit plus seulement d’une formation doctrinale. Qu’une formation à la lumière de la Doctrine sociale de l’Église soit donnée à tous les catholiques, tous les évêques ne pourraient que s’en réjouir. Il est certain que, fort heureusement, et sans doute par une saine réaction contre un abandon et une méconnaissance, par trop de prêtres et de laïcs, de la Doctrine sociale de l’Église depuis un certain nombre d’années, un besoin profond se fait ressentir dans tous les milieux de connaître et d’étudier cette doctrine. À ce besoin, Verbe a cherché à répondre. D’où le succès qu’il a remporté, notamment, dans les milieux de l’Université et de l’armée.

Le passage à l’action au nom de la doctrine pose évidemment des problèmes nouveaux et délicats.

2. Dans l’ordre temporel des institutions politiques et sociales. L’action est menée au plan temporel : par là, elle se distingue de l’Action catholique. « Organisme distinct des mouvements d’Action catholique, bien que soumis au juste contrôle de son magistère » (page 700).

Sur un terrain essentiellement temporel : « Distinct de celui des associations catholiques, pouvant donc à la différence de ces dernières, mener une action efficace sur le plan social et politique, sans paraître engager le magistère ecclésiastique hors de sa mission essentielle. »

Le problème se complique : d’une part, la Cité catholique entend mener une action spécifiquement doctrinale et donc, parce que doctrinale, relevant du magistère de l’Église ; d’autre part, elle mène cette action au plan temporel, social et politique, et donc, comme telle, échappant à la hiérarchie.

En note, en bas de page : L’enseignement de la Cité catholique est rigoureusement soumis à la surveillance d’un censeur canonique régulièrement désigné (page 700, n° 17). Ce qui est soumis au censeur c’est l’enseignement, tel qu’il est donné à la source, à Paris. Mais, lorsque cet enseignement se traduit dans une action qui veut rester « spécifiquement doctrinale », il n’y a plus de censeur.

3. Faire l’unité des catholiques à ce plan temporel sur le terrain de la Doctrine sociale de l’Église. Voici une nouvelle précision, qui aggrave encore la difficulté. « L’unité révolutionnaire – et donc la révolution ellemême – cesserait pourtant d’exister si les catholiques se décidaient à donner au monde le spectacle de leur catholicisme, de leur unité, de leur universalité, au spirituel comme au temporel. Ou les catholiques parviendront (au temporel) à cette unité que peut et doit leur donner cette “profession absolue et ferme de la doctrine chrétienne” dont parlait naguère, à Mgr Kordac, le cardinal Pacelli et la révolution reculera, ou bien rien n’empêchera la révolution de développer férocement toutes ses conséquences, ainsi que Montalembert lui-même le prévoyait dès 1848 » (page 557).

L’équivoque se précise :

– Faire l’unité des catholiques sur le terrain de la doctrine, c’est faire oeuvre d’Église. C’est l’Église qui réalise cette unité. Le groupement de la Cité catholique n’a pas cette mission.

– Faire l’unité (le « front commun ») des catholiques sur le terrain de l’action temporelle ? Ce n’est ni possible, ni désirable.

a) Ni possible, car il s’agit ici de chercher des applications des principes de la Doctrine sociale de l’Église. Or, l’Église laisse à ses fils une liberté très grande dans le domaine des solutions concrètes et techniques de l’ordre social et politique : elle n’impose pas une solution au nom de sa doctrine. Domaine des choses contingentes, où tant d’éléments entrent en jeu : les tempéraments, les mentalités, la culture, l’étendue de l’information, les possibilités de réalisation, etc.

b) Ni désirable, parce qu’on risque de compromettre l’Église dans un domaine où elle n’entend pas s’engager : si tous les catholiques étaient unis pour une solution technique de l’ordre politique ou social, ce serait l’Église – qu’on le veuille ou non – qui porterait la responsabilité de cette position.

La diversité des engagements dans le domaine des options libres, dès lors qu’elles ne sont pas en opposition avec la doctrine, sauvegarde l’indépendance et la transcendance de l’Église. Il importe au plus haut point de ne pas confondre l’unité vraie dans l’unité de la foi, de la charité, de la fidélité à l’Église, avec une uniformité, une discipline toute « militaire » (la comparaison avec l’armée revient très souvent dans Verbe : front commun dans le combat) dans ce domaine l’Église respecte la liberté des options.

Voici un texte par exemple qui est inquiétant :

L’unité même, dirons-nous, ne suffit pas… et c’est une certaine uniformité qu’il ne faut pas craindre de prétendre allier avec la diversité… : uniformité indispensable à toute formule de guerre. Il est nécessaire, autrement dit, d’obtenir plus qu’une union débonnaire des esprits. Si nous sommes décidés à tout faire pour aider efficacement à vaincre un jour la révolution, une certaine systématisation des schèmes de pensée, des méthodes de travail et d’argumentation, des façons d’agir doit être envisagée. Cette systématisation, authentiquement militaire, est considérée depuis longtemps comme un excellent moyen de décupler l’énergie, d’augmenter la cohésion, et, partant, l’efficacité d’une troupe pour qu’il soit permis de la négliger dans l’organisation de ces rencontres (p. 617).

En résumé, chercher à imposer l’unité des catholiques au plan de l’action temporelle au nom d’une doctrine, de la doctrine de l’Église, pose un problème très délicat, car on risque d’imposer au nom de la foi des positions temporelles. De bonne foi, par ignorance de la théologie, des laïcs, convaincus qu’ils possèdent la Vérité, courent le risque de ne pas distinguer les divers degrés depuis le principe jusqu’à l’application.

  • 1er degré : la royauté sociale de Jésus Christ. Tous les chrétiens doivent s’inspirer de ce grand principe.
  • 2e degré : la Doctrine sociale de l’Église. « Royauté d’une doctrine… d’un enseignement. » Il y a là déjà un décalage.
    Il ne faut pas confondre le Royaume de Dieu avec un ordre social chrétien.
  • – Celui que vise la Doctrine sociale de l’Église, et qui se situe au plan des civilisations. Il importe de sauvegarder toujours la transcendance du Royaume de Dieu, de ne pas le faire dépendre des structures sociales et politiques d’un État, même chrétien.
  • – Certes, il existe des rapports entre les deux : les structures de l’État peuvent être un obstacle au Royaume : elles doivent être au contraire une aide ; mais l’ordre social chrétien ne se confond pas avec le Royaume.
  • 3e degré : l’unité non plus seulement sur le règne social de Jésus- Christ, non plus seulement sur les principes de la Doctrine sociale de l’Église, mais sur les applications faites par des laïcs au nom de cette doctrine qu’ils auront interprétée à leur façon.
    C’est là qu’est le danger.

Conséquences pratiques : on étendra indûment le domaine des principes obligeant en conscience les catholiques. Exemple : la campagne des « non » au référendum au nom des exigences de la foi.

Ou bien, on liera l’orthodoxie de la foi à des options temporelles, à une forme particulière de civilisation. Exemple : la notion de contrerévolution. Ou bien même, on ira, à l’extrême, jusqu’à une action politique au nom de la Doctrine sociale de l’Église. Exemple : Dr Lefebvre et son mouvement corporatif.

II - Les méthodes d'action

La Cité catholique n’est ni parti politique, ni regroupement, mais elle procède par une action capillaire, dont il est dit « qu’elle est… (disons qu’elle devrait être) considérée comme une “loi d’or” de toute action sociale et politique qui se veut efficace ».

Cette action capillaire par le rayonnement de multiples réseaux diversifiés à l’extrême n’est sans doute pas tout. Il importe seulement de comprendre que les autres formules, pour excellentes et puissantes qu’elles soient en ellesmêmes, décevront ou seront stériles, si elles ne sont pas enrobées, soutenues, animées par le jeu des rapports humains convenables, méthodiquement provoqués et entretenus. Et plus sera puissant, plus sera vivant l’ensemble de ces réseaux, meilleur sera le rendement des moyens au profit desquels ces réseaux s’emploieront… Plus seront puissants, plus seront vivants, les réseaux des pionniers, les réseaux des militants de flèche du Christ-Roi, plus grandes seront les chances de triompher de celle-ci ; quels que puissent être les moyens ou modes d’action qu’elle sera amenée à utiliser dans la suite (page 611).

Nouveau problème : c’est là, dans les cellules, qu’est donné l’enseignement doctrinal. Là encore, on pourrait se réjouir, si cet enseignement était donné dans les conditions normales : présence d’un prêtre mandaté par la Hiérarchie. Mais, fait remarquer Verbe :

a) devant un prêtre, on peut être gêné (Verbe, n° 86, page 14, n° 1) ;

b) s’il fallait attendre des prêtres, la révolution ferait rapidement son oeuvre ; (n° 86, page 8, n° 2, 3, 4) ;

c) on peut découvrir la vérité tout seul. Les papes ont écrit leurs encycliques pour que les chrétiens les lisent, les étudient.

Conclusion : « Pas de chefs doctrinaux (reconnus pour tels) à l’échelon des cellules ou des cercles, mais composition, rédaction uniques fortement centralisées, d’un enseignement qui sera diffusé, sous forme d’“imprimé”… véritable cours par correspondance » (Verbe, page 12, n° 86).

Que reste-t-il, dans ces conditions, pour le contrôle par le magistère de la hiérarchie ?

III - L'esprit

D’un mot, l’esprit de la Cité catholique est l’esprit de la contre-Révolution. Le mal, l’ennemi à abattre, c’est la révolution. On entend par là au sens large toutes les erreurs, les courants de pensée qui tendent à rejeter Dieu, le Christ de la société ; au sens précis, la révolution de 89 qui a incarné ces erreurs. L’Église apparaît comme la contre-Révolution, la lutte contre Satan, qui anime la Révolution. (Éditorial, n° 85, juillet 1957.)

  1. Il y a là un grave péril pour la conception de la vraie mission de l’Église : l’Église est d’abord mystère de salut éternel, communauté de foi et de charité. Il est dangereux de lui donner ce caractère essentiel de contre-Révolution. Conséquences pratiques constatées après la pénétration de Verbe dans une région : l’apostolat et les mouvements d’Action catholique atteints dans leur recrutement, dans leur réputation.
  2. Pour la formation des militants : danger de faire passer avant tout cet esprit d’opposition, de lutte au plan politique. La Cité catholique veut prendre le contre-pied de la Révolution. M. Ousset, très frappé des méthodes marxistes, veut construire en face, et sur le propre terrain où se place le communisme, pour le combattre par ses moyens retournés : ici et là, les «cellules », « action capillaire », les « réseaux » ; ici et là, grand souci d’efficacité au plan temporel. Imitation des méthodes communistes.
  3. La Cité catholique est très axée dans une certaine ligne politique : droite et extrême droite. Certes ! c’est le droit de ses membres comme citoyens de choisir cette option politique ; mais comment rapprocher des catholiques qui ont d’autres opinions politiques légitimes elles aussi. Le danger est alors de les juger au nom de la doctrine qu’on prétend incarner, de considérer que les options politiques sont condamnables, de suspecter leur orthodoxie.

En résumé, on ne peut que louer le désir très légitime de laïcs, résolus à s’engager dans une action temporelle. D’autre part, il existe une bonne volonté manifeste chez les dirigeants de se montrer pleinement catholiques et soucieux d’une vraie formation doctrinale ; il convient de les éclairer et de les aider, en attirant leur attention sur plusieurs dangers, qu’ils risquent de courir.

  1. Danger de voir des laïcs aborder tous les problèmes les plus délicats de la théologie sans un contrôle suffisant de la hiérarchie, et de les trancher avec trop d’assurance, de s’imaginer qu’ils détiennent toute la vérité, de jeter une suspicion sur ceux qui ne partagent pas leurs opinions au plan politique, parce que les laïcs de Verbe avaient fait, au nom de la doctrine, un blocage politico-religieux.
  2. Danger de méconnaître le mystère et la transcendance de l’Église, en demeurant sur le seul plan de la contre-Révolution.
  3. Danger de prétendre, au nom de la doctrine interprétée par la Cité catholique, réaliser l’unité au plan temporel de tous les catholiques, alors qu’on se lie à une option politique.

Même au plan de la doctrine, s’il est vrai que le chapitre sur les rapports de l’Église et de l’État semble avoir été mis au point dans le livre Pour qu’Il règne, il reste que le titre même de ce chapitre, « Les deux glaives », montre bien que la thèse de saint Bernard sur le glaive spirituel dominant le glaive temporel inspire la position de la Cité catholique. Sans doute, on souligne que l’État jouit d’une autonomie dans l’ordre civil et temporel, en citant le père Neyron (Le gouvernement de l’Église). Mais il pourrait être utile de rappeler la doctrine de Pie XlI sur la « saine laïcité de l’État » et sa phrase de l’encyclique Summi Pontificatus : « L’Église tend ses bras maternels vers ce monde, non pour dominer, mais pour servir. Elle ne prétend pas se substituer, dans le champ qui leur est propre, aux autres autorités légitimes, mais leur offre son aide à l’exemple et dans l’esprit de son Divin Fondateur, qui “passa faisant le bien”. »

Enfin, si comme le montre Verbe, la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ est la royauté d’une doctrine de vérité sur les intelligences, il est, en tout temps, et de nos jours plus que jamais, devant les divisions entre catholiques de droite et de gauche, nécessaire de rappeler que l’encyclique de Pie XII sur la royauté sociale de Jésus Christ enseigne que cette royauté s’exerce sur les coeurs et sur les rapports des hommes entre eux par la souveraineté de la charité, de sa charité.  >>


 

2402_1.jpg

-

Commentaires

EN EFFET

> Quand l'énervement actuel sera retombé et que des cathos auront fini d'assurer la publicité de spectacles inregardables qui seraient restés confidentiels sans cela, on comprendra que le groupuscule de M. Escada a manipulé les gogos à son profit. On feint de proclamer la "royauté sociale du Christ" et de "dé"fendre son honneur" mais on répand des nostalgies inavouables. C'est toujours le même engrenage. Il y a donc une erreur au départ. Celle que Mgr Guerry analysait finement en 1960.
______

Écrit par : bernard gui / | 24/11/2011

MAIS QU'EST-CE QUE C'EST ?

> "L'honneur du Christ", mais qu'est-ce que c'est ? je n'en vois pas trace dans les évangiles ni dans les Actes. Ce n'est pas une notion chrétienne. C'est même l'opposé de la Passion.
______

Écrit par : Emmanuel / | 24/11/2011

HUMEUR

> Il arrive même à des libéraux d'avoir un éclair de lucidité. Cette humeur d'un blogueur envers une homélie de 2011 illustre à point le propos de Mgr Guerry en 1960 :

"Une homélie m’amène à écrire finalement ces quelques lignes. J’aime beaucoup cette homélie. Des paroles comme « on blasphème [...] partout où le petit est défiguré, où le pauvre est ignoré, où l’étranger est chassé » me vont droit au cœur, et j’espère que tous les prêtres de France auraient le courage de les dire en chaire. « La révolte, la révolte authentique (celle de Jésus qui chasse les vendeurs du temple par exemple), elle ne peut jaillir que d’un amour plus grand, d’un amour qui embrase une vie, une vie toute entière. » Voilà qui est magnifique.
Mais je voudrais aller plus loin. Je ne crois pas que les deux engagements évoqués (la lutte «sociale » contre les spectacles en question et la conversion personnelle) soient complémentaires. Je ne crois pas que les manifestations devant des théâtres, ou même les soi-disant « prières de réparation », soient compatibles avec la « révolte authentique jaillie d’un amour plus grand ». Il me semble qu’il y a une opposition radicale entre des démarches qui visent à défendre le Christ (ou notre foi en Lui) devant la société, d’une part, et d’autre part notre conversion personnelle.
Je dois avouer très humblement mon ignorance : je ne sais pas ce que cela veut dire, « un seul peuple à genoux pour adorer le Christ Roi », une expression qu’emploie le prêtre auteur de l’homélie. Je ne comprends pas. Cela ne m’intéresse pas, et, plus grave, j’ai bien peur que le Christ ne s’y intéresse pas non plus. Je ne vois pas bien le rapport avec la conversion du cœur – la seule chose qui intéresse le Christ. On ne convertit pas une société, on ne convertit pas un peuple. Il n’y a jamais eu de société chrétienne au sens spirituel du terme, même si au sens historique, ou sociologique, il y a sans doute du sens à parler de sociétés chrétiennes à des époques et dans des endroits donnés. Le Christ ne s’adresse pas aux peuples, aux sociétés ou aux nations en tant que tels. Il s’adresse à chaque homme – le groupe social peut être, au mieux, un intermédiaire, un cadre pour la rencontre entre le Christ et une personne donnée.
Il n’y a pas d’autre moyen de faire aimer le nom du Christ que de se convertir personnellement. Tout le reste est vanité. Marches aux flambeaux, manifestations, toutes pacifiques qu’elles soient, prières de réparation, tout cela est vanité. Nous n’avons rien à exiger, rien à réclamer, rien à faire respecter, et rien à réparer sinon le mal que nous causons tous personnellement chaque jour que Dieu fait – ce chantier est assez vaste pour que nous ne dépensions pas en vain nos forces sur d’autres chantiers plus confortables, quoi qu’en disent ceux qui vomissent les tièdes sans se demander ce qu’est au juste la tiédeur que vomit Dieu.
Si ces spectacles sont nuls artistiquement parlant, il n’y a rien à en dire. S’ils valent quelque chose, entamons un dialogue constructif. Dans un cas comme dans l’autre, je ne vois pas ce que viennent faire flambeaux, pancartes, prières publiques et indignations.
(Et j’en profite – parce que ça me démange – pour envoyer au diable la France chrétienne, qu’on la fantasme au passé ou qu’on la rêve au futur. La France n’a jamais été chrétienne au sens spirituel du terme, elle n’a jamais appartenu au Christ, elle n’a jamais été « du Christ » et ne le sera jamais. « Le religieux véritable ne s’épuise pas dans sa fonction de cohésion pour le groupe social » (Claude Geffré). N’ayons pas peur. Essayons, pour voir. "
______

Écrit par : myeye / | 24/11/2011

> Merci cher Patrice pour ce document lumineux en ce qui concerne mon histoire personnelle et familiale.
Hélas des couples ont pu se constituer dans le cadre de cette utopie destructrice, sous la pression du groupe ("vous ferez un magnifique couple catho!"), couple de combattants destinés à rechristianiser la France par leurs engagements laïcs et leur progéniture dûment formée. Evidemment soumission au discours du pape seul, "relayé" par les personnes les plus charismatiques de la "secte invisible", mépris de l'Eglise de France (ricanements complices aux homélies dominicales de nos pauvres curés tellement incultes! "Donnez-nous les sacrements et fermez-la!") sans voir qu'on ne fait qu'opposer un gallicanisme laïc d'une suffisance sans mesure à ce qu'on dénonce comme gallicanisme clérical (de fait je réalise aujourd'hui bien souvent souci, même maladroit, d'inculturation sociale).
Résultats catastrophiques sur plusieurs générations: ceux qui s'en sont sauvés humainement sont souvent ceux-là qui ont tout rejeté de la religion catholique, les autres sombrent dans le pathologique auto-destructeur, après parfois l'errance mélancolique d'un communautarisme sectaire à un autre.
Même ceux qui ont rallié l'Eglise de France devenue fréquentable avec l'arrivée d'un nouvelle génération d'évêques "pêchus", vivent encore leur foi comme un combat politique, parasitant l'action de leur hiérarchie par leur zèle déplacé, se surinvestissant dans les engagements d'Eglise aux dépens de leur vie familiale et sociale, ainsi d'une multitude de demoiselles qui se dépensent corps et âmes pour leurs communautés, leurs curés, leurs paroisses, et se plaignent ensuite que la récompense secrètement attendue: un bon mari catho, ne vienne pas, ainsi ces couples tous les week ends et tous les soirs occupés par des engagements spi autrement valorisants et excitants que le quotidien d'une famille d'aujourd'hui. Un coup de blues? et hop on se requinque entre initiés avec une bonne petite retraite autour de personnes charismatiques, témoignages enthousiasmants, ambiance surchauffée, conseils inspirés, discernements de pacotille (et va que je te manipule la Bible dans tous les sens comme une boule de cristal!), et ensuite on se fait un devoir d'imposer notre trip à ses proches,enfants compris, qui développent rapidement, réaction saine hélas, des allergies au spi (le démon a alors bon dos!... qui nous attaque dans notre propre chair, ce qui est le signe qu'on mène le bon combat, non?).
Bref ce qu'il faut face à cette utopie grisante de la conquête ou de la reconquête, quel que soit l'habit, tradi, charismatique,diocésain,... qu'elle revêt, c'est je crois une cure de désintoxication douloureuse mais salutaire, parce qu'elle seule nous permet de renouer avec la réalité incarnée dans notre présent commun.
Or pour bon nombre il ne s'agit encore que d'un changement de stratégie, quand il s'agit de renoncer justement à toute idée de stratégie, pour laisser à Dieu, à travers les instruments qu'Il se choisit, l'initiative. Je suis heureuse à ce sujet de voir mes compagnons d'indignation dans cette même cure de dégonflement de soi: conscience de l'insignifiance de nos petits efforts, au profit de la confiance en la puissance divine, puissance agissante dans la nature comme chez tous les hommes de bonne volonté, à commencer par nos frères indignés non-croyants!
Je crois que Dieu n'a pas besoin de nous pour monture de combat, Il a ses anges!, mais Il nous désire comme tabernacle. Là où nous vivons. Ce qu'avait compris l'ancien militaire Charles de Foucauld.
______

Écrit par : Anne Josnin / | 25/11/2011

QUID

> Ichtus n'est-il pas la suite de la Cité catholique?
Quid alors de son association toute récente avec Liberté Politique que j'ai découvert en allant sur le nouveau site de cette dernière?
Ichtus aurait-il évolué?

JBT


[ De PP à JBT :
- Je ne saurais vous le dire.
- Tout ce que je constate, c'est que l'erreur critiquée en 1960 par Mgr Guerry est toujours en action en 2011 ; et que son amalgame de passéisme et de libéralisme économique (là où il se manifeste) déconsidère le catholicisme en lui donnant l'air mi-absurde, mi-antipathique. ]

réponse au commentaire

Écrit par : JBT / | 27/11/2011

Les commentaires sont fermés.