23/09/2011
Au Bundestag, le discours magistral de Benoît XVI est salué par une ovation
Le pape a notamment parlé de l'écologie en des termes qui devraient amener les derniers écolophobes catholiques (des Français, hélas) à rectifier leur position :
Nous reviendrons à loisir sur ce très important discours, par lequel le pape Ratzinger a (comme d'habitude) modifié dès les premières heures de son voyage le climat d'hostilité préfabriqué. Tout de suite, je ne résiste pas au plaisir de signaler l'avant-dernier paragraphe du discours, qui fonde spirituellement l'évangélisation de l'écologie – et devrait convertir ses derniers contempteurs catholiques :
<< La raison positiviste, qui se présente de façon exclusiviste et n’est pas en mesure de percevoir quelque chose au-delà de ce qui est fonctionnel, ressemble à des édifices de béton armé sans fenêtres, où nous nous donnons le climat et la lumière tout seuls et nous ne voulons plus recevoir ces deux choses du vaste monde de Dieu. Toutefois nous ne pouvons pas nous imaginer que dans ce monde auto-construit nous puisons en secret également aux « ressources » de Dieu, que nous transformons en ce que nous produisons. Il faut ouvrir à nouveau tout grand les fenêtres, nous devons voir de nouveau l’étendue du monde, le ciel et la terre et apprendre à utiliser tout cela de façon juste.
Mais comment cela se réalise-t-il ? Comment trouvons-nous l’entrée dans l’étendue, dans l’ensemble ? Comment la raison peut-elle retrouver sa grandeur sans glisser dans l’irrationnel ? Comment la nature peut-elle apparaître de nouveau dans sa vraie profondeur, dans ses exigences et avec ses indications ? Je rappelle un processus de la récente histoire politique, espérant ne pas être trop mal compris ni susciter trop de polémiques unilatérales. Je dirais que l’apparition du mouvement écologique dans la politique allemande à partir des années soixante-dix, bien que n’ayant peut-être pas ouvert tout grand les fenêtres, a toutefois été et demeure un cri qui aspire à l’air frais, un cri qui ne peut pas être ignoré ni mis de côté parce qu’on y entrevoit trop d’irrationalité. Des personnes jeunes s’étaient rendu compte quelque chose ne va pas dans nos relations à la nature ; que la matière n’est pas seulement un matériel pour notre faire, mais que la terre elle-même porte en elle sa propre dignité et que nous devons suivre ses indications. Il est clair que je ne fais pas ici de la propagande pour un parti politique déterminé – rien ne m’est plus étranger que cela. Quand, dans notre relation avec la réalité, il y a quelque chose qui ne va pas, alors nous devons tous réfléchir sérieusement sur l’ensemble et nous sommes tous renvoyés à la question des fondements de notre culture elle-même.
Qu’il me soit permis de m’arrêter encore un moment sur ce point. L’importance de l’écologie est désormais indiscutée. Nous devons écouter le langage de la nature et y répondre avec cohérence. Je voudrais cependant aborder encore avec force un point qui aujourd’hui comme hier est largement négligé : il existe aussi une écologie de l’homme. L’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté. L’homme n’est pas seulement une liberté qui se crée de soi. L’homme ne se crée pas lui-même. Il est esprit et volonté, mais il est aussi nature, et sa volonté est juste quand il écoute la nature, la respecte et quand il s’accepte lui-même pour ce qu’il est, et qu’il accepte qu’il ne s’est pas créé de soi. C’est justement ainsi et seulement ainsi que se réalise la véritable liberté humaine.
Revenons aux concepts fondamentaux de nature et de raison d’où nous étions partis.
Le grand théoricien du positivisme juridique, Kelsen, à l’âge de 84 ans – en 1965 – abandonna le dualisme d’être et de devoir être. Il avait dit que les normes peuvent découler seulement de la volonté. En conséquence, la nature ne pourrait renfermer en elle des normes que si une volonté avait mis ces normes en elle. D’autre part, cela présupposerait un Dieu créateur, dont la volonté s’est introduite dans la nature. « Discuter sur la vérité de cette foi est une chose absolument vaine », note-t-il à ce sujet... L’est-ce vraiment ? – voudrais-je demander. Est-ce vraiment privé de sens, de réfléchir pour savoir si la raison objective qui se manifeste dans la nature ne suppose pas une Raison créatrice, un Creator Spiritus ? >>
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00:05 Publié dans Cathophilie, Chrétiens indignés, Ecologie, Eglises, Europe, Idées, La crise, Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : benoit xvi, allemagne, écologie, catholicisme, christianisme
Commentaires
UN DISCOURS HISTORIQUE
> Alleluia! Enfin de l'air pur!
Ce discours est historique: un Allemand parle aux Allemands, et invite l'Allemagne à redécouvrir sa mission philosophico-politique,au moins par deux fois détournée: par la philosophie des Lumières, par le nazisme.
Alors que les fausses mais clinquantes Lumières s'éteignent dans les fracas de notre monde en colère et grande souffrance, alors que l'Allemagne voit de nouveau, cette fois contre son gré, les tentations néonazies agiter une partie de l'Europe, voici que Benoît XVI dit au peuple Allemand : vous n'êtes pas impuissants, éclairez de nouveau l'Europe, votre lampe pour le monde qu'est l'écologie (personnellement j'en vois présence depuis sa culture païenne, en passant par son romantisme: ce n'est pas un épiphénomène mais constitutif de son âme), hissez-la bien haut!
Votre profondeur intellectuelle: allez-y puiser sans crainte! Réconciliez en vous amour de la nature et usage de la raison: vous avez les deux clés pour ouvrir l'ère d'un Droit universel,fondé en raison et inspiré, vivifié par l'amour de la nature.
Ce Droit nouveau, au service de la paix véritable, personnellement je le vois comme "réconciliation". Ou, en m'inspirant de la sensibilité musicale de nos frères allemands, "réharmonisation".
Réconciliation, réharmonisation de l'homme avec lui-même, de la raison et du désir, de la science et de la foi, de la culture et de la nature,... et comme le peuple allemand, qui a courageusement et humblement pris le chemin de la réconciliation avec lui-même, par la réunification, peut nous inspirer!
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Écrit par : Anne Josnin / | 23/09/2011
EN PARTICULIER
> C'est un discours vraiment ciselé, avec une patte personnelle!
Je retiens en particulier cette affirmation de Benoît XVI, que
« […] la terre elle-même porte en elle sa propre dignité et que nous devons suivre ses indications. »
C'est pourtant l'accusation habituelle des écologistes "non humanistes" (comme ils se dénomment eux-mêmes) de prétendre que le christianisme ne reconnaît pas à la nature - à l'exception de l'homme - une dignité qui lui soit propre.
Autre proposition forte : l'invitation du pape à nous mettre à l'écoute de la création, de sa "raison propre", et à nous déprendre pour cela de notre propre rationalité autosuffisante (et destructrice). Bref, à opérer une mutation culturelle en profondeur.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 23/09/2011
QUOI
> "l'Allemagne voit de nouveau, cette fois contre son gré, les tentations néonazies agiter une partie de l'Europe" : mais de quoi parlez-vous ?
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Écrit par : Thomas / | 23/09/2011
à Thomas
> Je pense à la montée des populismes identitaires, savamment utilisés par nombre d'hommes politiques en place qui n'ont d'autre éthique que la prospérité de leurs petites affaires dans leurs petits cercles de copains et coquins.
"contre son gré": il me semble que sa classe politique se tient en retrait de ce mouvement-là.
Mais sans doute avez-vous une autre analyse, ce que semble suggérer votre "mais": je suis curieuse de la lire!
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Écrit par : Anne Josnin | 23/09/2011
LA DIFFICILE CONVERSION A L'ECOLOGIE
> "Qu’il me soit permis de m’arrêter encore un moment sur ce point. L’importance de l’écologie est désormais indiscutée. Nous devons écouter le langage de la nature et y répondre avec cohérence."
La difficile conversion à l'écologie. J'ai lu cet été l'ouvrage "Small is toujours beautiful, une économie à l'échelle de la famille" de l'auteur catholique Joseph Pearce, mais j'ai encore bien du mal à me convaincre; le poids idéologique du keynésianisme est toujours là. J'en discutais avec une collègue de travail et elle me dit: "ah oui, la décroissance. Une théorie malthusienne!" Que répondre? Pourtant la lecture de l'ouvrage m'a très favorablement impressionnée. Je ne sais que penser.
Pour ce qui est de ces mots de Benoît XVI:" Le grand théoricien du positivisme juridique, Kelsen, à l’âge de 84 ans – en 1965 – abandonna le dualisme d’être et de devoir être. Il avait dit que les normes peuvent découler seulement de la volonté. En conséquence, la nature ne pourrait renfermer en elle des normes que si une volonté avait mis ces normes en elle. D’autre part, cela présupposerait un Dieu créateur, dont la volonté s’est introduite dans la nature. « Discuter sur la vérité de cette foi est une chose absolument vaine », note-t-il à ce sujet... L’est-ce vraiment ? – voudrais-je demander. Est-ce vraiment privé de sens, de réfléchir pour savoir si la raison objective qui se manifeste dans la nature ne suppose pas une Raison créatrice, un Creator Spiritus ? ", il me semble qu'il rejoint cette preuve de l'existence de Dieu chez Saint Thomas d'Aquin: "La cinquième voie se formule à partir du gouvernement du monde. Nous voyons que des choses des choses naturelles dépourvues de connaissance, telles que les corps naturels agissent en vue d'une fin, ce qui se manifeste du fait qu'elles agissent toujours ou de la même manière qu'elles parviennent à leur but, non par hasard mais selon une intention. Or ce qui est privé de connaissance ne peut tendre à une fin, à moins d'être dirigé par quelqu'un doué lui-même de connaissance et d'intelligence, comme la flèche par l'archer. Il existe par conséquent quelque être intelligent, par qui toutes choses sont ordonnées à leur fin: c'est ce que nous appelons Dieu" (La Théologie Philosophique de Saint Thomas d'Aquin, Pierre Téqui EditeurLéon Elders svd, décembre 1995).
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Écrit par : Nicolas Dangoisse / | 23/09/2011
STAL
> Dans la feuille post-berlusconienne IL FOGLIO, l'elefantino Ferrara, néocon après avoir été stal, prétend que le pape n'a parlé d'écologie que pour dire que l'écologie devait se limiter à l'homme. Mensonge grossier ! il suffit de lire ce qu'a dit le pape...
Question : quand les athées de droite vont-ils nous foutre la paix ?
Et quand les anciens stals vont-ils renoncer à la façon stal de tronquer les textes et de déformer les faits ?
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Écrit par : inprecor / | 24/09/2011
FERRARA FAIT DIRE AU PAPE LE CONTRAIRE DE CE QU'IL DIT
> "néocon après avoir été stal", Giuliano Ferrara, fils d'apparatchik et éduqué en URSS (oui), est un exemple des idéologues néocons : tous ont gardé leurs structures mentales dialectiques, issues soit du soviétisme soit plus souvent du trotskisme. Tous ont gardé la même vision de l'action humaine dans le monde : volonté de puissance et productivisme. Ils continuent la lutte de classes, ils ont juste changé de bord.
Et ce sont ces gens que certains nous présentent comme des autorités morales ???
Ferrara a pris position contre l'avortement. Oui, et alors ? Jeannette Vermeersch aussi (la femme de Thorez) était contre l'avortement : et elle militait pour Staline !
Etre contre l'avortement n'excuse rien.
Ca n'excuse en tout cas pas Ferrara de déformer le discours du pape au Bundestag en lui faisant dire le contraire de ce qu'il dit.
Benoit XVI n'a absolument pas dit que l'écologie chrétienne consiste à s'occuper ""D'ABORD ET AVANT TOUT" de l'homme ! (ça c'est ce que les écolophobes auraient voulu entendre).
Il a dit, au contraire, que la prise de conscience écologique était un phénomène politique important des dernières décennies, que nous devions respecter la nature créée (dont nous faisons partie comme créatures), comprendre "ses exigences et ses indications", et comprendre "ce qui ne va pas" dans notre société (qui piétine ces lois naturelles).
Il a ajouté que l'homme "AUSSI" doit être l'objet de l'écologie, parce qu'il y a une nature humaine qui doit AUSSI être respectée, alors que notre époque la "néglige".
Il a dit "AUSSI". Il n'a pas dit "D'ABORD ET AVANT TOUT" !
Prétendre qu'il a dit ""D'ABORD ET AVANT TOUT" , c'est mentir au lecteur.
C'est désinformer un lecteur qui parfois ne demande pas mieux, étant aveuglé par ses préjugés partisans.
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Écrit par : guillemot / | 25/09/2011
LEUR BLOCAGE MENTAL
> Présenter les élucubrations d'un néocon comme l'interprétation correcte des propos du pape sur l'écologie, c'est présenter Gainsbourg comme un repenti du tabagisme.
Qui a intérêt à cette imposture ? Ceux qui ont un blocage mental à propos de l'écologie, donc de l'économie.
Elevé naguère dans le communisme soviétique, Ferrara voit le monde comme un complexe industriel. Il ne peut donc pas supporter ce que Jean-Paul II (et Benoit XVI après lui) disent de l'écologie.
On peut le lui pardonner : il se définit comme athée, il a le droit d'en prendre et d'en laisser dans les paroles des papes.
Mais que de prétendus catholiques eux aussi en prennent et en laissent, ça c'est inacceptable.
Qu'ils feignent d'ignorer tout ce que deux papes ont dit sur ces questions, c'est inadmissible.
Surtout ("d'abord et avant tout") parce qu'ils se présentent eux-mêmes comme des zinformateurs.
Ah ils sont zinformés, les bien-pensants !
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Écrit par : Léon / | 25/09/2011
BERLUSCONI
> Ceux qui prennent G. Ferrara pour un pilier de l'Eglise prennent aussi Berlusconi pour un homme d'Etat. Alors que c'est le plus risible et le plus ripou des politicards : non seulement obsédé sexuel compulsif poursuivi en justice pour affaire de moeurs sur mineure, mais poursuivi aussi pour faux bilans, fraude fiscale, corruption de policiers, corruption de juge etc. Et maintenant il est soupçonné d'avoir payé son fournisseur de prostituées, Gianpaolo Tarentini, pour faire de fausses déclarations aux enquêteurs.
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Écrit par : leoluca / | 28/09/2011
> Ah oui mais permettez, Monsieur Berlusconi est l'allié de Monsieur Bossi qui est contre les immigrés et les Roms : être xénophobe c'est la base de la doctrine sociale de l'Eglise, donc fermons les yeux sur les turpîtudes de Monsieur Berlusconi. En plus il a fait des millions sans payer d'impôts, ce qui est l'autre pilier de la doctrine sociale de l'Eglise comme on me l'a appris à l'école de commerce Saint Philippe-Omer.
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Écrit par : zrak / | 28/09/2011
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