Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/09/2011

L'urgence en 2011 : que les politiques reprennent le pouvoir aux marchés financiers

ubs,traditionalismeers,spéculation,paul jorion...explique Paul Jorion : http://www.capital.fr/a-la-une/interviews/les-politiques-doivent-reprendre-le-pouvoir-aux-marches-financiers-626185...Par rapport à ça, l'affaire du trader d'UBS n'apparaît que comme une nouvelle raison supplémentaire de mettre au pas les banques :


 

...Mais à l'opposé du volontarisme de Jorion, un banquier UMP donne une version fataliste de l'affaire :

http://www.atlantico.fr/decryptage/ubs-perte-banque-suisse-trader-speculation-183336.html

 Il dit notamment : «  Malgré des systèmes de contrôle très efficaces, vous ne pouvez pas empêcher tous les accidents. Cette erreur devrait se reproduire un jour dans une autre banque, dans 2 ou 5 ans. Il faut bien comprendre que c’est la très grosse fluctuation des marchés qui amène de très grosses opérations à mal se terminer, ou à être camouflées parce que le trader a été pris de cours. [...] Ce sont des métiers de très gros flux, qui exigent une rapidité extrême avec l’intelligence adéquate pour gérer le risque. Soit les marchés ont empêché de boucler en bonne et due forme cette position, soit c’est le trader qui a dépassé les munitions qu’on lui avait donné. Dans les deux cas le résultat est le même ! Mais comprenez bien que cela ne correspond pas à un enrichissement personnel du trader. »

 

> Sa dernière phrase est un trompe-l'oeil. Personne n'accuse le trader d'avoir voulu s'enrichir ! Constater qu'il ne l'a pas fait  est esquiver le vrai problème. Il faut arrêter de se polariser sur les individus, rengaine moralisante à laquelle les cathos ont trop souvent recours pour se dérober à l'analyse de fond ; analyse que commanderait pourtant la doctrine sociale de l'Eglise. Ce qui est en cause, en effet, n'est pas seulement la responsabilité individuelle : c'est la structure d'ensemble. Structure de péché, disent les théologiens d'aujourd'hui ; « modèle » à changer, dit le pape dans Caritas in veritate.

Le banquier UMP dit cependant : « Un trader manipule plusieurs milliards par jour, dans les grosses banques. Il ne faut pas croire que les traders sont fous ! C’est la  mondialisation qui a amené les banques à se trouver dans une situation de très grosses transactions. » Là, il décrit une réalité. Mais ce n'est pas la réalité complète... Car la mondialisation n'est que le cadre de déploiement d'un système spéculatif qui, lui, est structurellement fou (ou hystérique), et au profit duquel les politiques ont capitulé dans les années 1981-1990. Reportons-nous à l'analyse radicale de Paul Jorion : http://www.pauljorion.com/blog/

 

À lire : Le capitalisme à l'agonie, de Paul Jorion, Fayard, 2011, 348 p.

Commentaires

L'EUROPE ?

> Et si l'analyse de Jorion était aussi un trompe-l'oeil? Il s'en remet à une volonté politique de l'Europe qui n'existe pas et ne peut pas exister: la majorité des commissaires européens (en particulier ceux venant de la "nouvelle Europe") sont passés par les universités, think tanks et consultants américains. C'est dire que les institutions européennes sont le relai du mondialisme financier qu'il dénonce.
Attention, je ne dénie pas sa sincérité mais cela montre juste que l'Europe est un tabou difficilement surmontable. Et un tabou, ce n'est pas chrétien.
______

Écrit par : Pierre Huet / | 18/09/2011

LA CAPACITE DE S'EN CONTREFOUTRE

> Dans le contexte de 2011, peut-être que le premier signe distinguant un véritable homme d'Etat d'un pantin qui s'en donne les airs, est sa capacité à se contre foutre des agences de notation et de sa réputation auprès des marchés financiers.
Il y a les petits rigolos qui n'ont qu' “assainissement des finances publiques” à la bouche pour mieux légitimer les politiques d'austérité qu'ils n'osent trop s'avouer, et il y a ceux qui ont le courage de crever l'abcès idéologique, en déclarant illégitime et en bien des cas illégale, le remboursement de la dette.
Oublions les pantins. On ne les entend et ne les voit que trop, tout le temps, partout.
En Equateur, le défaut de paiement relève d'un choix moral et économique assumé en 2008 par son président, le chrétien et socialiste Rafael Correa. Près de la moitiée du remboursement de la dette extérieur du pays a été déclarée illégitime. Une commission d'audit a confirmé ses doutes quant à la validité des emprunts pesant sur le pays. Gloire suprême, l'Equateur devient la bête noire des agences de notation, mais parvient à trouver des financements auprès d'autres Etats.
Dès sa campagne electorale qui le mena à la présidence de l'Equateur en 2006, Correa affirmait que la dette ne serait payée que si elle n'affectait pas les priorités du développement national. Au moment de son investiture, le budget national était consacré à 38 % (!) au remboursement de la dette, chiffre effarant dans un pays où presque la moitiée de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
La Constitution adoptée par référendum en 2008 soumet l'endettement à des règles très strictes : il n'est autorisé que si les rentrées fiscales et l'aide internationale sont insuffisantes ; il ne doit affecter ni la souveraineté nationale, ni les droits humains, ni la préservation de la nature ; il ne peut financer que des projets générant des ressources permettant le remboursement.
Par ailleurs, cette même Constitution inscrit le remplacement de l'économie de marché par une économie sociale et solidaire.
Le président Corréa fut proche en 2010 d'être renversé par un coup d'Etat, dans lequel semblerait impliqué l'ancien président Lucio Gutiérez proche de groupes ultra-libéraux américains.
Dans la foulée, le Paraguay, présidé depuis 2008 par l'ancien évêque Fernando Lugo, déclare illégale une dette de 4 milliards de dollards avec le Brésil.
Le président Correa déclarait au moment de son choix historique : "J'ai donné l'ordre de ne pas payer les intérêts. Le pays est donc en défaut sur sa dette extérieure. Nous savons qui nous affrontons, de véritables monstres qui n'hésiteront pas à tenter d'écraser le pays, mais je ne pouvais pas permettre qu'on continue à payer une dette immorale et illégitime. En tant que président de la République, j'en assume toute la responsabilité”.
Face à de telles déclarations et de tels choix assumés, à quoi ressemblent en France nos petits candidats à la “primaire socialiste”?
http://www.latinreporters.com/equateureco14122008.html
http://www.cadtm.org/Rafael-Correa-met-la-dette
http://www.monde-diplomatique.fr/2011/07/MILLET/20755
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2011-01-11-Rafael-Correa-Il-y-eut-bien
______

Écrit par : serge lellouche / | 18/09/2011

FREDERIC LORDON

> http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2249
Frédéric Lordon (ici chez Daniel Mermet) est vraiment passionnant. C'est un briseur de frontières disciplinaires, qui veut introduire Spinoza dans la science économique. Il vient d'écrire une pièce de théâtre en 4 actes sur la crise financière, en alexandrins!
C'est un puissant déverrouilleur de catégories mentales, un incisif clarificateur de cet obscur langage économique, que les économistes officiels travaillent à confondre en un jargon rendu si incompréhensible, qu'il insinue dans nos pauvres consciences tétanisées : c'est beaucoup trop compliqué pour nous. Laissons ces spécialistes nous expliquer...
Il est tellement libérateur de prendre enfin conscience que ce petit cercle des 10-15 mêmes économistes, qui depuis 20 ans, surexposés sur un piedestal par les mêmes médias, et qui viennent nous donner des leçons de réalisme économique, ne sont rigoureusement rien d'autre que des tristes guignols dont la seule et redoutable force est de faire croire qu'ils sont sérieux et compétents.
Ce qui devient inaccessible à l'entendement, c'est de les voir continuer à jouer leur rôle sans sourciller, aujourd'hui en septembre 2011, depuis le coeur du marasme dans lequel ils nous ont conduit et depuis lequel ils continuent imperturbablement d'énoncer professoralement les solutions pour que nous nous en extrayions. Sidérant.
C'est un peu comme dans les dessins animés de Tex Avery, quand les personnages continuent de courir dans le vide au delà de la falaise, jusqu'à ce qu'enfin, à retardement, le vide se rappelle à eux...
Le réjouissant travail de Frédéric Lordon consiste à venir poser des explosifs sur les remparts du cadre paradigmatique dans lequel Alain Minc et consorts continuent de vouloir nous confiner, en imprimant au fer rouge dans notre esprit, qu'il est le cadre indépassable de la réalité économique : le cercle de la raison.
Nous avons si profondément intégré ce mensonge, nous y sommes tant soumis, la mort dans l'âme (faut être réaliste!), que c'est vraiment une réjouissance profonde de voir aujourd'hui tomber un à un les lambeaux de cette sinistre farce, et par dessus-tout, malgré le vertige, de se réautoriser à agir et à penser au-delà des remparts, face au grand vent de l'inconnu qui vient...
Frédéric Lordon est déroutant au point de ressembler physiquement à ce que serait la synthèse biotechnologique de Michel Edouard Leclerc et de Michel Houellebecq et d'avoir une intonation de voix et un aplomb verbal qui évoquent étrangement...Alain Minc. Incroyable mais vrai!
Qu'il me pardonne ce sombre tableau. Les apparences sont trompeuses. Dieu merci.
______

Écrit par : serge lellouche / | 19/09/2011

@ Pierre Huet

> Il ne faut pas se tromper de combat, et s'enfermer soi-même dans des "tabous". Sommes-nous opposés à la contruction européenne "parce que construction européenne", ou bien parce que l'UE (sous la gouverne de nos Etats, et tout comme chacun de nos Etat nationaux eux-mêmes, ne l'oublions pas) sert depuis les années 1980 (et en particulier sous la direction de nos 'amis' Delors et Lamy) de véhicule privilégié de la mise en place d'une économie dérégulée, financiarisée et mondialisée au bénéfice de quelques-uns ?
N'oublions pas que les pères fondateurs de la construction européenne dans les années 1950 étaient profondément catholiques (dont Robert Schumann, qui sera probablement béatifié un jour), et que Pie XII et ses successeurs étaient de fervents supporteurs de cette construction européenne, au point que certains de ses opposants ont parlé d'une "Europe vaticane", et cela ne se voulait pas un compliment de leur part...
Robert Schumann, Adenauer et Gasperi se retournent probablement dans leur tombe devant ce que l'UE et la construction européenne sont devenues. Mais ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain ! Et soyons au clair par rapport à nos raisons de rejeter l'UE actuelle, nos raisons ne sont évidemment pas celles des nationalistes (voire néo-païens) de tout crin, qu'ils soient de gauche ou de droite.
______

Écrit par : J. Warren / | 20/09/2011

@ J. Warren,

> Les catholiques et l’Europe , vaste sujet !
Il est sur que l’Europe actuelle n’est pas ce qu’aurait voulu Pie XII. Peut-être n’est ce pas ce que voulait Robert Schumann. Mais c’est ce qu’ont voulu deux autres catholiques, vous le dites vous-même : Jacques Delors et Pascal Lamy. Alors l’argument n’est pas impressionnant. On pourrait épiloguer sur le rapport entre les vertus chrétiennes et les idées politiques : un des livres les plus épouvantables de totalitarisme et même de cynisme que j’ai lu a été écrit par un saint, un vrai, un martyr canonisé : c’est l’Utopie de Thomas More ! lisez les derniers chapitres!
Pour en revenir à la construction européenne actuelle, elle se développe sur deux niveaux.
En haut, libre échangisme pour les multinationales et les financiers, surtout quand ils sont extérieurs.
En bas :, au nom de l’unification du marché et de la protection des consommateurs (ce que sont, à l’état pur, les fonctionnaires européens) une réglementation surabondante et protéiforme dont la complexité obère la vie des PME au profit des grandes structures qui peuvent se payer des armées de juristes, et qui, d’autre part nécessite d’autres armées administratives pour en surveiller l’application.
Bref, le cumul du capitalisme -pourvu qu’il soit grand- et du socialisme administratif. Qu’y a-t-il de chrétien là dedans ?
Cela ne marche plus, mais pouvait-il en être autrement ? Finalement, il est regrettable que des catholiques se soient fourvoyés dans cette galère.
PS : lisez les néo-païens : certains sont tout à fait européistes !
______

Écrit par : Pierre Huet / | 21/09/2011

POUR UNE AUTRE U.E., ET CONTRE LES AMALGAMES ET AUTRES ANACHRONISMES

@ Pierre Huet

> Les cathos et la construction européenne, vaste débat, en effet, comme vous le dites ! Débat important que nous ne pouvons évidemment qu’effleurer dans ce cadre-ci.
Globalement d’accord avec votre description de ce qu’est l’UE à l’heure actuelle, encore que cela ne rende pas entièrement justice à la complexité du dossier… :-). Ceci dit, réduire la construction européenne au tournant qu’elle a pris à partir des années 1980 , c’est au minimum un amalgame ou un anachronisme.
L’UE aurait pu prendre un autre tournant, le néo-libéralisme n’était pas « inscrit dans ses gènes »… Pour donner un exemple, dans les années 1970, Sicco Mansholt, le vice-président et futur président de la commission européenne, impressionné par la lecture du rapport du ‘Club de Rome’ a explicitement prôné un changement systémique et l’abandon du productivisme : « J’ai compris qu’il était impossible de s’en tirer par des adaptations : c’est l’ensemble de notre système qu’il faut revoir, sa philosophie qu’il faut radicalement changer. Est-il possible de maintenir notre taux de croissance sans modifier profondément notre société ? On voit bien que la réponse est non. Alors, il ne s’agit même plus de croissance zéro, mais d’une croissance en dessous de zéro. Disons-le carrément : il faut réduire notre consommation matérielle pour y substituer une autre croissance, celle du bonheur, du bien-être. » Sicco Mansholt adressa dès février 1972 une lettre au président de la Commission dans laquelle il préconisait un plan économique prévoyant « une forte réduction de la consommation de biens matériels par habitant, compensée par l’extension des biens incorporels, la prolongation de la durée de vie de tous les biens d’équipement, la lutte contre les pollutions et l’épuisement des matières premières ». Il proposa également un système de certificats de production pour faire respecter une réglementation écologique, des mesures fiscales, ainsi que la réorientation de la recherche vers l’utilité sociale plutôt que vers la croissance. Et il précise : « Il est évident que la société de demain ne pourra pas être axée sur la croissance, du moins pas dans le domaine matériel. » Sicco Mansholt devient président de la commission européenne le 22 mars 1972. Mais son vice-président Raymond Barre s’oppose publiquement à lui et Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre de l’économie et des Finances de la France, proclame qu’il ne veut pas « devenir objecteur de croissance »…Vous n'êtes probablement pas un ‘fan’ de l’objection de croissance, mais vous conviendrez avec moi que l’état d’esprit de Mansholt à ce moment-là n’était pas précisément celui d’un « valet du néo-libéralisme».
Si vous lisez le livre de Jorion, vous verrez qu’une de ses thèses principales est que, loin d’assister à une « disparition du politique » au profit « des marchés », la situation est encore bien plus grave, dans le sens où « le politique » (quel que soit son niveau de pouvoir – UE, Etats, etc. -) garde en main des leviers d’action fondamentaux, mais les met activement au service des intérêts à court terme des « oligarques »…Et notamment, en détruisant la notion même de « service public » et les institutions mêmes qui constituent le politique…
Tout autant – sinon davantage - qu’au niveau européen (car l’Etat, ne l’oublions pas, garde bien davantage de pouvoir que l’UE sur la vie quotidienne des gens), le même scenario se joue au niveau national : une ‘subversion’ du bien public au détriment du bien commun, au bénéfice de quelques uns. Allons-nous par conséquent rejeter ce niveau national en tant que tel ?... C’est un petit raisonnement par l’absurde, mais pas complètement inutile.
Pour tout « honnête homme », et certainement pour un catho, l’ « Etat-nation » (éventuellement jacobin) ne constitue pas ‘l’horizon de sens indépassable de toute communauté politique constituée’. Il y eut au cours de l’histoire des formes très diverses d’organisation politique, et notamment des ensembles « plurinationaux » (dont la plupart des ressortissants ignoraient jusqu’à la Révolution française que telle était la caractéristique de leur Etat, voire même qu’ils étaient eux-mêmes des « nationaux » de l’une ou l’autre ethnie, voire de plusieurs ethnies déterminées…). Différents types de structures politiques furent et restent pertinents en fonction des diverses contingences locales et régionales, sans qu’on puisse en sacraliser ou démoniser l’une ou l’autre dans son principe même.
Parlant de structure plurinationale, ce fut notamment le cas de l’Autriche-Hongrie, héritière du Saint-Empire, jusqu’à sa dissolution en 1918, à laquelle Clémenceau et les ‘fils spirituels de la Révolution’ ont prêté une main probablement décisive. Cet empire ne fut pas un conte de fées, mais n’a pas trop mal fonctionné, et en tout état de cause, les peuples de l’espace danubien s’en portaient infiniment mieux que tout ce qui succéda à la double monarchie jusqu’à présent, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Ceci est juste un exemple, et je ne prétends évidemment pas qu'il faut à présent la ressusciter telle quelle.
La construction européenne a répondu aux nécessités résultant de la guerre froide, mais aussi à la volonté pour des générations qui avaient connu deux, et pour certains trois guerres franco-allemandes, d’essayer d’éviter à l’avenir d’envoyer tous les 20 ou 30 ans la fine fleur de la jeunesse s’entre-étriper joyeusement. La constitution de la CECA (communauté européenne du charbon et de l’acier), première pierre de la construction européenne rendait matériellement impossible la préparation d’une ‘nouvelle guerre civile européenne’.
A l’heure actuelle, cela nous semble être une évidence, mais à l’époque, ce ne l’était pas du tout. Nous avons un peu tendance à l’oublier…
Si, en théorie, d’un point de vue chrétien, on ne peut absolutiser (ou rejeter par principe) aucune forme de « vivre ensemble », les chrétiens qui fondèrent l’UE voulaient certainement aussi à travers cet engagement commun, conjurer l’apostasie nationaliste, qui – plaçant la nation à la place de Dieu – a marqué d’un long sillon sanglant tout le continent européen depuis la Révolution, et jusqu’à nos jours, quand des pays et des régions qui ont connu une histoire très différente de la nôtre, se mettent en tête de s’inventer des Etats-nations ethniquement et linguistiquement homogènes, avec les résultats que l’on sait…
Il n’est pas anecdotique que préalablement à l’adoption du drapeau aux douze étoiles par le Conseil de l’Europe, le 8 décembre 1955 (fête de l'Immaculée Conception), ses trois ‘supporteurs’ catholiques Schuman, Adenauer et Gasperi – pour qui il symbolisait la couronne de la Vierge décrite dans l’Apocalypse -, prièrent ensemble dans la cathédrale de Strasbourg, avant de le présenter.
Ce n’est également pas un hasard si Adenauer et Schuman (qui porta l’uniforme allemand, avant de devenir Président du Conseil sous la IVe République) étaient rhénans, et De Gasperi – originaire du Trentin – fut autrichien avant de devenir italien. Du fait de leur histoire historiquement pluriculturelle devenue tragique à l’heure des nationalismes modernes, l’idée européenne est beaucoup plus une évidence pour les habitants de l’ « Europe médiane » à laquelle ces trois 'pères de l'Europe' appartenaient, habitants culturellement beaucoup plus rétifs à toute idée de nationalisme.
A cet égard, il est intéressant de constater que, lors des différents referenda français sur la construction européenne – abstraction faite des objets précis de ces consultations, et de tout le bien ou le mal qu’on peut légitimement en penser -, le oui a toujours prédominé de façon très nette dans les régions frontalières, l’Est et le Nord de la France, mais aussi le ‘grand Ouest’, et de façon très nette 'jusque sur les terres de M. de Villiers'. Pourquoi ? Peut-être parce que, plus que les Français « du centre », ils ont conscience d’un « au-delà » de la frontière et d’un héritage commun avec « ceux d’en face ».
Ceci pour tenter de montrer que les attitudes respectives vis-à-vis « d’un » projet européen, - au-delà du rejet justifié et circonstanciel du néolibéralisme et de ses « petits télégraphistes » nationaux, européens et « globaux » -, sont souvent connotées par des histoires locales diverses. Cela permet de prendre un peu de recul et de relativiser certaines oppositions de principe et "crispations" autour de l'Etat-nation.
Quand on discute avec certains « souverainistes endurcis », une fois gratté au-delà de l’argumentaire de base politique, économique, philosophique, on se rend compte que les oppositions au projet européen « dans son principe même » (et non à propos de telle ou telle politique concrète) sont largement d’ordre émotionnel, et résultent surtout – sinon essentiellement - de l’histoire personnelle et familiale de l’interlocuteur.
Les défis de l'heure sont à présent très différents de ceux d'il y a soixante ans. Mais il y a précisément encore place dans le cœur et l’intelligence des Français pour un « autre » projet européen, et c'est même une nécessité: une redécouverte d’une civilisation commune gravement oblitérée par l’effondrement spirituel et culturel corollaire du capitalisme, et le jaillissement d’un projet politique adapté aux circonstances de l’heure.
Nous sommes tous confrontés à la même aliénation, qui s’impose par des canaux « globaux » et « transversaux » à peu près parfaitement fluides, une « nouvelle gauche » (appelée ainsi faute de mieux) qui émerge dans le sillage des « indignés » de partout redécouvre la nécessité vitale de s’unir pour ne pas affronter en ordre dispersé la machine qui nous écrase les uns après les autres, et les cathos seraient les seuls à s’accrocher aux « hochets » d’une souveraineté largement devenue illusoire – les salles de marché se chargeant d’imposer à tous les mêmes politiques -, parce que cela ferait partie de leurs réflexes en kit « conservateurs » ?!
Quand Jorion estime essentiel de privilégier la reconstruction d’une société digne de ce nom – d’abord et surtout (mais pas seulement) à l’échelon européen -, loin d’être « aveuglé par un tabou », il est inspiré par le bon sens. Et les « chrétiens de tous pays » feraient bien de s’en inspirer davantage, eux qui ont trois guerres de retard par rapport à « nos maîtres », avant que nous soyons « mangés tout crus » les uns après les autres, et complètement retournés au monde de la jungle que l’oligarchie néo-darwinienne appelle de ses vœux, par « réformes de l’Etat » et « assainissements des finances publiques » interposés.

Amicalement,

JW
______

Écrit par : J. Warren / | 22/09/2011

L'EUROPE TELLE QU'ELLE EXISTE POSE PROBLEME

> Vous êtes longs et je n'ai pas pu tout lire (pour J.Warren), mais il en ressort que l'Europe telle qu'elle existe pose problème, on n'en voit aujourd'hui que "la concurrence libre et non faussée" et l'€ avec Trichet et donc la BCE. Ashton et Van Rompuy et Barroso eux sont inexistants face à l'un des membres du Conseil en présidence tournante, alors que ce rôle réel n'est que de fixer les dates et lieux des réunions et d'y mettre assez de chaises pour tous !
Je suis favorable au fédéralisme, qui seul donnerait du poids à un président de l'Europe élu au suffrage universel par les Citoyens.
Quant au débat sur les économistes oui, mais .. Frédéric Lordon conclut des fausses vérités, nos problèmes sont une mauvaise définition des données économiques de base, le PIB est un assemblage de torchons et de serviettes, on considère que les artisans et petits patrons ne travaillent pas mais font travailler leurs investissements, donc tout le monde raconte n'importe quoi, et il faut des interprétations d'interprétations pour en retirer quelque chose, c'est pitoyable, et sans doute voulu pour noyer les citoyens pour qu'ils ne s'intéressent surtout pas à ces sujets sulfureux.
______

Écrit par : GBA92 / | 25/09/2011

Les commentaires sont fermés.