25/03/2011
Le cas Guéant : un symptôme
La classe politique, c'est la bataille contre les moulins à vent :
Revenons sur la déclaration de Guéant à propos des usagers des services publics, auxquels il prétend interdire de « porter des signes religieux » – ou même de manifester « une préférence religieuse ».
Cette phrase est un symptôme.
S'il y a des problèmes issus de comportements « religieux », le code pénal suffirait à réprimer. Mais on n'ose pas. Au lieu de « faire son boulot » (comme dit l'autre), le ministre de l'Intérieur biaise : il prend la pose. Il fait comme s'il fallait s'en prendre aux convictions en elles-mêmes et à leur expression ; autrement dit, il s'en prend à la liberté de conscience. Ou plutôt : il fait semblant, le métier de la classe politique étant l'effet d'annonce.
Mais ces annonces se retournent contre leurs annonceurs. Les gens savent que les incidents hospitaliers (par exemple) ne sont pas liés à la présence de la calotte blanche, de la kippa ou de la petite croix des prêtres. Entendant la déclaration absurde du ministre, ils en déduisent que le gouvernement est hors de la réalité. Non seulement dans ce domaine, mais dans beaucoup d'autres... Et c'est ainsi que les pseudo-dirigeants – croyant esquiver les risques – se dévalorisent de plus en plus ; ce qui fait l'affaire des démagogues.
09:27 Publié dans Idées, Sarkozy | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : guéant, religions, christianisme, judaïsme, islam, hôpital, politique
Commentaires
LOGIQUE
> bataille contre les moulins à vent : logique dans une ex-démocratie réduite aux apparences. Les vrais dirigeants sont les banquiers.
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Écrit par : louis rossel / | 25/03/2011
LE SYNDROME BAUVEAU
> Je me demande s’il tout ceci ne relève pas en partie du syndrome « ministre de l’Intérieur ». Celui que l’on surnomme le « premier flic de France » vit dans un milieu au prisme légèrement déformant. Quand M. Guéant dit ou pense, ce qui est, croit-il peut-être, dans ses attributions : « je ne veux voir qu’une seule tête », cela vaut pour la kippa, le chèche, le foulard voire la barette de cardinal qui sont, comme chacun sait, interdits sur nos pièces d’identité. Il faut excuser M. Guéant. A force de voir passer sous ses yeux des visages de repris de justice ou présumés tels par ses services, dépouillés de tout signe distinctif (autre que l’apparence physique), visages qui de surcroît lui font la gueule – puisque c’est la règle imposée pour nos cartes d’identité ; surtout ne pas sourire –, le ministre s’est fait une idée très spéciale de notre humanité.
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Écrit par : Denis / | 25/03/2011
PITOYABLES
> Oh les pitoyables mauvais professionnels.
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Écrit par : albéric / | 25/03/2011
> Mais professionnels de quoi ? si c'est de l'effet d'annonce, ils ne sont pas mauvais. ce qui est mauvais c'est l'effet d'annonce en soi substitué à la responsabilité politique.
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Écrit par : Girolamo / | 25/03/2011
> "l'effet d'annonce en soi substitué à la responsabilité politique" : pourquoi cette substitution, quel système amène cela ?
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Écrit par : christine / | 25/03/2011
LE P.S.
> Ce qui est comique c'est que le PS s'indigne alors que lui-même abonde en dérapages du même genre. Entre UMP et PS peu de différence, même nature, on savait ça avant Marine Le Pen.
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Écrit par : Théophile / | 25/03/2011
EN ARGENTINE
> En Argentine, on considère que les convictions religieuses font partie de l'identité.
Par conséquent sur la photo de la carte d'identité ou du passeport, on peut porter un signe religieux.
C'est même considéré comme un droit de le porter pour montrer qui l'on est, cela fait partie de la personne.
Pourvu bien sûr que cela ne cache pas le visage (bon sens).
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Écrit par : zorglub / | 25/03/2011
NEANT
> Je ne sais plus si c'est à Guéant qu'elle destinait la première mais j'imagine que Marine est en passe de faire une sacrée distribution de cartes d'honneur du Front national aux empoulés de la République (pour rester correk !) qui nous assènent une conn... par jour quand c'est pas deux. Le Guéant qui nous parle de Croisade, le Guéant qui monte sur ses ergots pour nous la faire Johnny-les-petits-pieds (je croyais que c'était réservé à son patron)... C'est plus un gouvernement c'est un remake de "Parle pas si fort ma femme croit que je fais du ski nautique à Bourg-Saint-Maurice" ! Guéant ça rime avec NEANT !
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Écrit par : Louis Croix V Batton / | 25/03/2011
Pas le bon fil de discussion (désolé) :
Pour l'intervention d'Hadjadj à l'Unesco, on la trouve sur KTO :
http://www.ktotv.com/videos-chretiennes/emissions/nouveautes/le-parvis-des-gentils-ceremonie-de-lancement/00057217
(A partir de 120').
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Écrit par : Sébastien / | 25/03/2011
CHRETIENS ET POLITIQUE
> M. de Plunkett, quelle est votre conviction, à défaut votre opinion, sur la place des chrétiens en politique?
Benoît XVI nous invite à investir le champ politique.
Reste à définir comment:
- porter les convictions chrétiennes dans un paysage verrouillé (aucun parti n'est "christiano-compatible" à bien y regarder... n'est-ce pas faire preuve de naïveté alors?)
- fonder un parti chrétien... au risque de réduire l'Evangile à une étiquette sociale ou à une option partisane (la doctrine sociale par exemple est une base mais ne sera jamais un code total pour épuiser la complexité de la société)
- travailler en marge, comme vous le faites comme journaliste, comme d'autres le font dans leur métier... et finalement abandonner les leviers du pouvoirs (pour ce que l'ultra-libéralisme n'aura pas enlevé à la Res publica)?
Merci d'avance,
Giurgiu.
[ De PP à G. :
- Je récuse ce qu'on appelle aujourd'hui - abusivement - l'action politique. Mais je discute souvent de ce problème avec des interlocuteurs qui ont fait d'autres choix que le mien. Tous ont compris l'inutilité d'aller dans les grands partis, machineries de néant où le chrétien est réduit au silence. Certains pensent utile de fonder des micro-partis qui font 0,01 % à la présidentielle et que personne ne remarque ; je me permets de leur faire observer que, dans ces conditions, l'énergie et l'argent qu'ils dépensent à monter pendant des trimestres entiers ce genre d'opérations, seraient mieux investis ailleurs.
- La priorité est l'évangélisation. Nous avons aussi à participer à la vie de la cité : mais cela peut se faire sous des formes multiples, et qui sont à créer, comme le cardinal Ratzinger nous y invitait déjà il y a dix ans.
- Quand l'Eglise nous incite à agir dans la cité, certains font semblant de croire que c'est une approbation de leur parti ou de leur clan. Voire. Il y aurait beaucoup à dire, et vous avez raison de dire que les offres sur le marché en 2011 ne sont pas christiano-compatibles. Y compris dans le parti longtemps choyé par les "tradis"... Mais fermons cette parenthèse.
- Je discutais récemment, lors d'un colloque catho, avec une jeune élève de Sciences Po. Elle s'accrochait à l'idée de "faire de la politique" ("pour aider les autres"). Mais elle avouait, au détour de la conversation, qu'évangéliser n'était pas sa tasse de thé... Ce qui confirme ce que j'ai souvent observé : les "catholiques-engagés-en-politique" sont souvent des catholiques qui, au fond, choisissent ce biais parce qu'ils n'ont pas envie de parler de la foi et de la faire connaître. Je ne les critique pas ; mais je constate. Il est plus facile sans doute de parler d'aide sociale au député que de parler de la foi au voisin de cafeteria ; mais pourquoi opposer les deux ?
- La pensée sociale de l'Eglise est large, souple et riche. Elle est une proposition de dialogue, et elle touche à tous les domaines de la vie en société aujourd'hui. Il y a des échos de ses propositions éparpillés dans divers partis, notamment à gauche, où ils coexistent paradoxalement avec des positions impossibles pour des chrétiens. Parler de ce paradoxe avec des membres de ces partis est donc une tâche pour les chrétiens ! Mais cela veut dire : se mettre en position de pouvoir parler avec tout le monde ; donc n'être pas enfermé soi-même dans tel ou tel parti...
- Car les oeillères partisanes sont incompatibles avec l'évangile. Exemple : si vous parlez avec un écologiste, votre mission chrétienne est de l'aider à comprendre qu'on ne peut pas appliquer à l'homme et à la femme ce qu'on refuse d'appliquer aux animaux et à la nature (et ce serait imiter ce qu'il y a de pire dans la société que l'écologiste prétend par ailleurs dénoncer !). Mais pour pouvoir parler avec cette liberté à un écologiste, il ne faut pas appartenir à la secte des cathos écolophobes ! Ceux-là ne peuvent parler qu'aux gens qui pensent comme eux... (d'où leur total manque d'intérêt envers la nouvelle évangélisation, qui oblige à fraterniser avec tout le monde). Et ce n'est qu'un exemple, qu'on peut transposer à d'autres milieux... L'engagement politique est une barrière à l'évangélisation. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Giurgiu / | 25/03/2011
à PP à propos de sa réponse à Giurgiu :
> Juste en passant : d'expérience, votre conversation avec l'étudiante de Sciences Po ne me semble pas représentative de l'état d'esprit de l'aumônerie de cette école, où l'évangélisation n'est pas dédaignée. Très peu d'étudiants de Sciences Po font de la politique après leurs études (contrairement à ce qu'on croit) et je ne serais pas surpris si cette proportion était encore plus faible parmi les catholiques de Sciences Po. Mais je peux me tromper, je ne veux pas parler pour les autres et seul Dieu sonde les reins et les cœurs.
T.
[ De Pp à T. - Loin de moi l'idée de taxer l'aumônerie de quoi que ce soit ! Je ne faisais que citer un cas individuel ; il se trouvait que la jeune fille était à Sciences Po, mais c'est tout. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Thibaud / | 26/03/2011
A INVENTER
> Merci pour votre réponse.
Une forme à inventer: lobby? ONG? think tank? Tout cela est utile mais n'a pas le même rôle qu'un parti. En-dehors des élections locales où l'on peut être élu sur son nom propre (SE), le parti reste le seul tremplin national voire régional.
Avez-vous votre idée sur ces "formes à créer?"
Je n'exclus pas évangélisation et action politique. Je peux (essayer de!) témoigner de l'Evangile dans ma vie, dans mes propos, dans mes engagements et investir le champ politique en plus de cela. Dans ce cas, qui s'étonnera de voir qu'un chrétien ne s'affiche pas d'abord comme tel?
Manque de courage ou... lucidité compte-tenu du laïcisme républicard?
On me rétorquera qu'on ne met pas la lumière sous le boisseau: ok mais un peu d'expérience dans le débat public enlève toute naïveté (reste l'Espérance alors ça va, merci).
On peut dénigrer le paysage politique, en attendant, les lois passent, les règlements pleuvent et dans le sens que vous relevez régulièrement dans votre tribune.
Quand je vous lis, souvent je me dis, partageant la plupart de vos analyses et de vos contestations: mon petit coco (c'est moi le coco), comment dépasser le rôle de lecteur indigné?
Je parle ici bien de l'engagement politique. L'évangélisation a ses codes, l'action politique les siens. Encore une fois, pas de schizophrénie: on n'annonce pas le Christ comme on annonce un programme politique et inversement.
Giurgiu.
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Écrit par : Giurgiu / | 27/03/2011
à Giurgiu
> Il n'y a aucun exemple d'un "parti chrétien" qui ait pu accéder au pouvoir et instaurer une politique conforme aux propositions de l'Eglise.
Il y a de nombreux exemples de "partis chrétiens" (telle la DC italienne) qui ont dégénéré gravement dans l'exercice du pouvoir et des combinaisons pour y rester. La DC en est morte.
La politique rêvée par les cathos n'a jamais existé nulle part ailleurs que dans de nobles textes magistraux. Toutes les tentatives pour faire exister cet idéal sur le terrain électoral, voire gouvernemental, est devenu ce qu'on a vu un peu partout, y compris en France : un merdier de compromissions ou d'insignifiance, pour ceux qui arrivaient jusqu'à un strapontin en "faisant de la politique". Ou le zéro notoriété pour les autres, qui croyaient faire de la politique auprès de M. X ou Mme Y.
Alors faut-il retomber toujours dans la même illusion "politique" et s'y user POUR AUCUN RESULTAT ?
Ou faire ce que Jésus nous demande à la fin de l'Evangile ?
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Écrit par : Johan Macé / | 27/03/2011
DANS L'ACTION MAIS PAS DANS LE SYSTÈME
> La politique peut se faire aussi sans être dans le système. Gandhi ou Martin Luther King faisaient de la politique et étaient dans l'action, mais pas dans le système. Ce sont des exemples pour des pistes de réflexion. Il y a sûrement d'autres chemins d'engagement. mais l'entrisme dans les partis traditionnels est non seulement inutile mais en plus, source de perversion pour le chrétien.
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Écrit par : vf / | 27/03/2011
à PP :
> Aucun problème, c'est bien ce que j'avais compris !
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Écrit par : Thibaud / | 27/03/2011
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