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23/11/2010

Seewald indigné : "le livre parle de l'avenir de la planète, et les journalistes ne s'intéressent qu'au préservatif !"

...alors que Benoît XVI aborde la crise écologique, la crise économique et tous les problèmes majeurs :


<< L'auteur de l'interview de Benoît XVI dans le livre  Lumière du monde,  qui est sorti ce matin en allemand et en italien, sortira ce soir en espagnol, et le 3 décembre en français - chez Bayard -, Peter Seewald, est visiblement déçu que l'accueil du livre ait été réduit à des articles sur le préservatif, alors qu'il y est question de « l'avenir de la planète », comme l'indique le sous-titre : « Le pape, l'Eglise et les signes des temps ».

Lors de la présentation au Vatican, ce mardi 23 novembre, le journaliste écrivain bavarois a répondu aux questions des journalistes, en allemand, et il a déploré devant eux une « crise du journalisme ».

« Notre livre, affirme-t-il, évoque la survie de la planète qui est menacée, le pape lance un appel à l'humanité, notre monde est en train de s'effondrer, et la moitié des journalistes ne s'intéresse qu'à la question du préservatif ».

Faisant allusion à l'écologie et aux conflits qui traversent le monde, il montre sa déception en disant : « La vie de notre planète est en train de s'éteindre et nous nous demandons si l'Eglise permet le préservatif ».

Depuis la sortie de bonnes feuilles en allemand, vendredi dernier, et en italien, samedi, le passage du livre qui fait couler le plus d'encre est en effet celui où Benoît XVI répond à la question sur « l'interdiction » catholique de « l'utilisation de préservatifs à une population menacée par le sida ».

Le pape répond en quatre moments et avant tout qu'il « persiste et signe » sa réponse de 2009 dans l'avion qui l'emportait au Cameroun, et que la réponse de l'Eglise est crédible : « L'Église en fait plus que les autres parce qu'elle ne se contente pas de faire des discours dans les journaux, mais aide les sœurs et les frères sur le terrain ».

Ensuite, il rappelle que sur le terrain on sait bien que le préservatif ne suffit pas à vaincre le sida : « Depuis peu s'est développée, y compris dans les milieux laïcs, ce que l'on a appelé la théorie ABC, pour Abstinence - Be faithful - Condom [Abstinence - Fidélité - Préservatif], où le préservatif n'est conçu que comme un pis-aller si les deux autres éléments ne fonctionnent pas ».

Il ajoute que « la seule fixation sur le préservatif représente une banalisation de la sexualité » et que justement « cette banalisation est à l'origine d'un phénomène dangereux : tant de personnes ne trouvent plus dans la sexualité l'expression de leur amour, mais uniquement une sorte de drogue qu'ils s'administrent eux-mêmes ».

Le pape souligne encore que « c'est la raison pour laquelle le combat contre la banalisation de la sexualité est aussi une partie de la lutte menée pour que la sexualité soit vue sous un jour positif, et pour qu'elle puisse exercer son effet bénéfique dans tout ce qui constitue notre humanité ».

Quatrième étape de la réponse du pape, qui ne s'éloigne pas de la morale catholique mais en souligne un aspect, la gradualité : « Il peut y avoir des cas particuliers, par exemple lorsqu'un(e) prostitué(e) utilise un préservatif, dans la mesure où cela peut être un premier pas vers une moralisation, un premier élément de responsabilité permettant de développer à nouveau une conscience du fait que tout n'est pas permis et que l'on ne peut pas faire tout ce que l'on veut. Mais ce n'est pas la véritable manière de répondre au mal que constitue l'infection par le virus VIH. La bonne réponse réside forcément dans l'humanisation de la sexualité ».

Seewald insiste sur cette expression, « l'humanisation de la sexualité », et il pose cette question de fond : « La sexualité a-t-elle quelque chose à voir avec l'amour ? » Il s'agit en somme aussi de la « responsabilité de la sexualité ».

Ainsi pour Seewald, l'excès de concentration sur le seul thème du préservatif devient « ridicule », et même pour lui « pénible », alors qu'il est question de transformer le monde car « on ne peut pas continuer comme avant », insiste le pape dans ce livre.

Peter Seewald évoque le large « panorama » ouvert sur le monde pendant ces six heures d'entretien avec le pape, à Castel Gandolfo, en juillet dernier : en six heures il dit ne pas avoir pu poser toutes ses questions !

Il souligne que ce qui est important c'est de découvrir ce que le pape « fait » et « dit » vraiment : c'est le « cadeau » que fait ce livre que « d'entendre sa voix », comment il « interpète » lui-même son pontificat, il fait « vivre » le pape de façon très personnelle. Alors que le pape se place lui-même dans la catégorie des petits papes, face aux « grands » papes comme Jean-Paul II, Seewald n'hésite pas à parler d'un « géant », mais aussi de son « authenticité », et de sa capacité de « dialogue ».

Il avoue avoir travaillé sans « censure » du pape, qui l'a laissé écrire et n'a fait ensuite qu'apporter des « précisions ».

Le journaliste bavarois admire chez le pape à la fois sa « hauteur de vue » d'intellectuel « brillant », et sa « force spirituelle », sa « simplicité » aussi. En somme, il fait découvrir un Ratzinger qui est le « contraire » de ce que l'on dit de lui trop souvent : ni « Panzer Kardinal » naguère, ni « Panzer Papst » aujourd'hui. Mais un Benoît XVI qui rayonne de « lumière ». >>

 

Zenit (Anita S. Bourdin)

Commentaires

OBSESSIONNELS

> Pas étonnant : les journalistes sont les larbins de la post-démocratie, qui drogue le citoyen-consommateur à coups de "nouvelles moeurs" pour le détourner des vrais problèmes économiques et politiques ! Par ailleurs les médias sont "branchés cul" à un point pathologique. Ca devient obsessionnel.
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Écrit par : Ned / | 23/11/2010

SI JE COMPRENDS BIEN

> Si je vous comprends bien, la planète et sa pollution est plus importante que la maladie d'une personne atteinte du Sida ?

Paul


[ De PP à P. - Vous avez raison de poser la question, parce que vous n'avez pas compris. Veuillez relire sereinement la dépêche : vous aurez une meilleure perception. ]

réponse adressée au commentaire

Écrit par : Paul / | 23/11/2010

@ Ned

> Nombre des journalistes qui déforment les propos du souverain pontife montrent en définitive leur crainte de ne pas être politiquement corrects. Il faut dire que le comportement de certaines associations – notamment Act Up avec ses porte-parole ultra-agressifs et même haineux – a de quoi les faire frémir. Act Up fonctionne essentiellement sur l’intimidation. Quant à obtenir de ses représentants un argument raisonnable, il ne faut pas y compter, tant ils sont possédés par leurs passions libertaires.
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Écrit par : Denis / | 23/11/2010

à Paul

> Ce que je ne comprends pas c'est votre façon dé déformer le problème. En quoi la largeur de vue du pape est-elle nuisible aux malades du sida ?
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Écrit par : Nati / | 23/11/2010

@ Paul

> Est-ce que vous pensez que la position du pape sur le préservatif a un rapport quelconque avec la santé des malades du sida ?
Ceux qui ont contracté la maladie par transfusion n'ont rien à voir avec le problème de préservatif.
Ceux pour qui la parole du pape n'a aucune importance utiliseront ou non un préservatif sans que ça ait un rapport avec le pape.
Ceux pour qui la parole du pape a de l'importance ne se mettent pas dans la situation de contaminer autrui. On peut même dire que ceux-là ne se mettent pas souvent en situation de contracter le sida. Etc.
Un détail chiffré : le seul pays d'Afrique où le sida ait progressé moins vite est l'Ouganda, qui est aussi le seul où le gouvernement a essayé de mettre en place une politique publique ressemblant aux conseils du pape.
Maintenant évidemment vous pouvez me dire que je ne suis qu'une gourde et que c'est vous qui avez raison parce que vous le sentez comme ça. Auquel cas on n'a rien à se dire, hélas.
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Écrit par : Jeanne-Marie / | 23/11/2010

Bon,

> Urgence Com Catho va encore frapper ? Vu qu'il est question de gradualité, on va chacun passer outre un instant l'impératif écologique, on va chacun imprimer cette dépêche Zenit en 500 exemplaires, et hop au boulot : tractage intensif. Merdalors, qu'on arrête de nous prendre pour des cons, ou au moins qu'on le fasse intelligemment ! A moins que ce mini-scandale ne soit un coup de pub du Vatican... Il y a un an, ils étaient "à la ramasse" en com', et aujourd'hui ils manient à merveille le buzz ?! Le miracle Benoît Xvi, vous dis-je."
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Écrit par : PMalo / | 23/11/2010

SCOOP ENORME

> Le Vatican avait annoncé une "surprise" dans le livre : quelle surprise en effet ! C'est un scoop énorme, peut-être un fait majeur du pontificat. C'est pourquoi je ne partage pas l'indignation de Seewald, lequel vient au passage de rentrer dans l'histoire. Je suis au contraire tout à fait impressionné de voir l'importance que revêt pour le monde ce que dit l'Eglise en matière morale. Et une fois de plus, le même constat : le pape est peut-être la personnalité qui a la dimension planétaire la plus importante. Il est plus célèbre que les Beatles !
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 24/11/2010

PAS SÛR

> Je ne suis pas sûr que le monde trouve ce que le pape dit important. Qu'un microcosme médiatique occidental obsédé du fric et du sexe soit scandalisé, oui. Que la planète soit à l'écoute du pape, j'en doute, du moins pour les 5 milliards de non catholiques (Chine, Inde, Moyen-orient, etc.).
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Écrit par : vf / | 24/11/2010

@ Vf

> Il faut sans doute relativiser, en effet. Cependant, ce monde "obsédé par le sexe" pourrait très bien se "taper le coquillart" de ce que dit le pape sur le sexe, lui consacrer 2 lignes dans une indifférence polie ou avec une ironie mordante. Ce n'est pas le cas : aucune indifférence, bien au contraire un intérêt constant et même croissant. Et je ne pense pas que cet intérêt constant soit uniquement motivé par le fait que les médias trouvent là un angle d'attaque idéal. Ces derniers jours, des journalistes ont cherché à comprendre, ont interrogé des théologiens, se sont intéressé à ce qu'est la casuistique par exemple. C'est très positif. Le monde relativiste veut quand même des repères parce que l'homme a besoin de repères. Il ne les trouve pas car les repères relativistes sont mouvants (imaginez des bornes mouvantes sur un chemin, vous seriez totalement paumé). Ce peut être une hypothèse sur l'intérêt porté à la question.
Certes, les hommes sont taraudés par le sexe, mais ceci n'est pas l'exclusivité des élites médiatiques relativistes, c'est une condition commune de l'humanité, avec une intensité variable selon les personnes. N'oublions pas ce que cherche l'homme : sa première aspiration n'est pas de se vautrer dans le sexe, c'est le bonheur : aimer et être aimé. Et chacun sait au fond de lui, consciemment ou non, que se vautrer dans le sexe illimité n'a jamais donné le bonheur à quiconque. Ne sous-estimons pas cela. Les catholiques et leur morale ne sont pas si mal vus qu'on le pense, il y a là un terrain à évangéliser, et si l'on s'y colle, il se pourrait bien que nous nous apercevions que ce terrain apparemment nihiliste est plus fertile et réceptif qu'on ne le croit.
Quant à dire que le pape a une dimension planétaire, bien sûr cela ne veut pas dire que 6 milliards d'humains boivent ses paroles, cela veut dire qu'il concentre sur sa fonction (plus que sur sa personne) un paquet de critères d'universalité, bien davantage que le président US.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 24/11/2010

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