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05/03/2010

Il faut introduire le politique, le social et l'écologique dans l'économique

C'est le message du Vatican à l'ONU :


 

Mgr Silvano Tomasi (représentant du Saint-Siège aux Nations-Unies à Genève), lors de la 13e session du Conseil des droits humains, le 3 mars : « La crise continue d'aggraver la situation de millions de personnes dans leur accès aux besoins fondamentaux de la vie ».

L'ambassadeur du Vatican a donc prôné une « nouvelle régulation » et un « système mondial de gouvernance » : « occasion unique », a-t-il dit, de s'attaquer aux « racines de la crise » par la mise en œuvre des droits humains au niveau « économique, civil et politique ».

Autrement dit (et je défie de démontrer le contraire), le Vatican – par le canal officiel de son représentant à l'ONU – propose une fois de plus de trouver une formule neuve : autre chose que le capitalisme néolibéral.

Ce serait « changer le modèle global de développement », comme l'a dit Benoît XVI [1]. 

Comme il l'a dit dans Caritas in Veritate, ce serait créer des institutions sociales mondiales : idée incompatible avec le dogme néolibéral, voire avec le libéralisme tout court.

Mgr Tomasi, s'exprimant au nom du Saint-Siège, a cité le rapport des Nations-Unies sur les ravages humains de la crise financière : « scandale de la faim, inégalités grandissantes dans le monde, millions de chômeurs et de nouveaux pauvres, manque de protection sociale pour des millions de personnes vulnérables... ». Il a cité l'encyclique pour attribuer les causes de ces ravages et de cette crise à... la coupure entre l'économique et le politique : de tels maux surviennent « quand l'agir économique, à qui il reviendrait seulement de produire de la richesse, est séparé de l'agir politique, à qui il reviendrait de rechercher la justice au moyen de la redistribution » (C.i.V. n. 36) ». Cette idée papale est, elle aussi, incompatible avec le dogme libéral. De même que le développement de Mgr Tomasi : « L'équité et la justice sont des critères essentiels pour gérer l'économie mondiale... » Aux Etats de « traduire les principes dans des lois pour faire des changements sur le terrain une réalité ».

Dans le sillage de Caritas in Veritate, le Saint-Siège (par la voix de Mgr Tomasi) demande que l'on surmonte « la dichotomie obsolète » entre les sphères économique, sociale et écologique, en faisant respecter les principes « de réciprocité et de don » (n. 25). Il met en garde contre des remèdes à la crise qui ne considèreraient que la « réforme du système financier » ou des « modèles économiques », sans prendre en compte le social, c'est-à-dire les besoins des personnes : à celles-ci doit être garanti « l'accès aux ressources », pour améliorer leurs conditions de vie et leur permettre de « mettre leurs talents au service de leur communauté locale et du bien commun universel ». « L'enseignement social de l'Eglise » a « un souci particulier des membres les plus vulnérables de la société », a rappelé Mgr Tomasi.

Ainsi, souligne le représentant du Saint-Siège, pour « donner la priorité aux êtres humains et créer un ordre qui les soutienne dans leur voyage sur la terre », il convient de « modifier les règles qui gouvernement le système financier », en vue de « changements concrets », capables de réfréner les « vieilles habitudes d'avidité qui ont conduit à la crise actuelle ».


Tout est clair. Comme beaucoup d'entre nous le disent (ainsi Christophe Geffroy dans son édito de La Nef de mars), la pensée catholique est étrangère au libéralisme !



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[1]  Si d'aucuns en doutaient, je les inviterais à s'informer. 

 

Commentaires

LIBERATEUR

> Propos libérateurs du Vatican depuis des dizaines d'années ! Cela a commencé avec
Paul VI, dont on ne dira jamais assez ce que nous lui devons. Voilà un pape à réhabiliter,
tant certains ont traîné sa mémoire dans la boue.
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Écrit par : Ned / | 06/03/2010

BENOIT XVI ET PAUL VI

> Dire ce que l'Eglise de 2010 doit à Paul VI, Benoît XVI s'y emploie, il n'y a qu'à lire 'Caritas
in Veritate'. Le pape actuel n'est pas l'intégriste que disent les journaux. Tout l'inverse. Ses positions économiques et sociales sont celles qui faisaient enrager feu l'abbé de Nantes contre Paul VI il y a quarante ans.
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Écrit par : Dominique Dailly / | 06/03/2010

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