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24/02/2010

Pour sortir du néolibéralisme

letsmakemoney.jpg..qui détruit le lien social :


« De multiples enseignements peuvent être tirés de la crise majeure que le monde traverse depuis deux ans et demi : incapacité du marché à produire de la stabilité, et propension à engendrer des inégalités ; contradiction d'un mode d'accumulation financière sans travail ; volte-face des banques, hier sauvées de l'abîme par l'Etat, aujourd'hui prêtes à dévorer la main qui les a nourries ; marchandisation délétère qui restreint l'espace commun du vivre-ensemble.

Ce qui n'a pas été assez souligné en revanche, c'est le rôle joué par la privatisation de la monnaie.

Après trois décennies de décrochage de la masse salariale par rapport à la productivité du travail, le crédit aux pauvres pour compenser leur salaire bloqués et le crédit aux financiers pour spéculer, ont créé une situation intenable. D'un côté, une surproduction qui touche tous les principaux secteurs industriels, de l'autre des banques centrales restreignant le crédit qui aurait irrigué l'économie réelle, mais très laxistes avec les facilités accordées à la finance pour restructurer et concentrer les entreprises [...] et pour participer à la frénésie spéculative sur les marchés de gré à gré. […]

Les leçons ont-elles été tirées des dégâts provoqués par l'accaparement de la création monétaire par ce qu'Adair Turner lui-même (responsable de la Financial Services Authority britannique) a appelé la "finance inutile" ? Rien n'est moins sûr : on assiste au retour de l'arrogance des opérateurs sur les marchés financiers pour exiger sur les obligations d'Etat des taux d'intérêts beaucoup plus élevés que ceux qu'ils versent eux-mêmes pour se refinancer auprès des banques centrales qui sont proches de zéro. Avec, en prime, l'exigence que les Etats instaurent des plans d'austérité draconiens pour leur population, comme en Grèce actuellement.

Ainsi la gestion de la monnaie par le capitalisme néolibéral relève-t-elle bien du projet de Friedrich von Hayek de dénationaliser la monnaie, de la sortir d'une gestion politique. Projet insensé, qui revient à nier l'ambivalence de la monnaie, qui est à la fois un instrument d'accumulation privée […] mais aussi un bien public. […] Hayek l'avait rêvé, le capitalisme néolibéral a presque accompli le cauchemar prophétisé par Polanyi : une société qui transforme en marchandises le travail, la terre et la monnaie, s'autodétruit.

Pour mettre un terme à cette évolution, il faut donc commencer par retrouver l'usage collectif de la monnaie. […]

Au moins trois verrous doivent sauter.

Le premier est celui qui interdit le moindre obstacle à la circulation des capitaux (art. 56 du traité de Lisbonne). [...]

Le deuxième verrou interdit à la BCE de faire crédit aux Etats et autres administrations publiques (art. 101 du traité de Lisbonne). […]

Le troisième tabou concerne les obligations imposées aux Etats membres de l'Union de respecter l'orthodoxie budgétaire la plus stricte, sans qu'il soit possible […] de faire appel à l'aide de l'Union ou à d'autres Etats (art. 102 à 104 du traité de Lisbonne).

La monnaie, écrivait Marx, est "le lien social sous sa forme solide". Pour les néolibéraux, il était crucial de le défaire. Retrouver ce sens méconnu de la monnaie ouvrirait une nouvelle perspective pour sortir de la crise capitaliste, sinon du capitalisme lui-même. >>

   

Jean-Marie Harribey

maître de conférences en économie - Bordeaux-IV

(Libération, Rebonds  24 février)  

Commentaires

PAS

> Le libéralisme est la pensée de ceux qui ne pensent pas.
______

Écrit par : Ned / | 24/02/2010

SUR KTO

> Pour réfléchir et s'informer sur le sujet:
http://www.ktotv.com/videos-chretiennes/emissions/nouveautes/parlons-en-le-liberalisme/00048274
______

Écrit par : ND / | 25/02/2010

Les commentaires sont fermés.