31/08/2009
Dès 1948, un moine américain dénonçait la "soi-disant culture" du monde capitaliste et son marketing des désirs
Redécouvrir que le christianisme n'est ni de droite, ni de gauche. Et que l'aliénation morale d'aujourd'hui a son moteur dans le système économique. Et que défendre ce système tel qu'il est est une obscénité de la part de chrétiens :
Les Sojourners américains disent : « GOD is NOT a Republican... or a Democrat ». Mais la mentalité franco-française, rivée à une pseudo « politique » [1], croit aujourd'hui qu'être catholique veut dire être de droite.
Cette croyance est fausse dans le monde entier et depuis toujours : y compris en France, où les canuts de Lyon, catholiques, se dressèrent contre le régime capitaliste du roi-bourgeois dès 1831. Et y compris aux Etats-Unis, où le catholicisme vint avec les immigrants irlandais et italiens, prolétaires qui fondèrent les trade-unions.
Entendre aujourd'hui certains catholiques américains parler comme de vieux Wasp antisociaux a quelque chose de dérisoire – et de condamné, parce que la catholicité nord-américaine devient latina : alleluia.
La réaction de M. Weigel (et d'autres pseudo american papists) contre l'encyclique « socialiste » de Benoît XVI, a scandalisé beaucoup de catholiques américains. Ils se disent qu'il est temps de dénoncer l'amalgame « christianisme = capitalisme néolibéral ». Ils constatent le caractère factice et récent de cet amalgame, installé dans les années 1980. Et ils se rappellent que le premier tocsin contre le marketing des désirs – ressort de la société consumériste – fut sonné en 1948 par un catholique converti venu de l'extrême gauche étudiante, le moine trappiste Thomas Merton [photo ci-dessus], dans son autobiographie spirituelle [2] qui fut le livre de chevet de plusieurs générations de convertis :
«La société matérialiste et la soi-disant culture qui s'est développée sous les auspices du capitalisme, ont poussé, il est vrai, la frivolité jusqu'à ses limites extrêmes ; nulle part, sauf peut-être dans la Rome païenne, on n'a assisté à un épanouissement de convoitises et de vanités mesquines, dégoûtantes et communes, tel qu'on le voit dans le monde capitaliste où le mal est entretenu et encouragé par amour de l'argent. Toute la politique [3] de notre société consiste à exciter chaque nerf du corps humain et à le maintenir au plus haut degré de tension artificielle, à bander à l'extrême tous les désirs et à en créer de nouveaux. »
C'est – avec cinquante ans d'avance – ce que l'on constate aujourd'hui, sous les coups de la crise et devant les vices structurels du système. Le livre de Thomas Merton est un classique en France aussi : constamment réédité depuis 1951, il est en vente dans les librairies religieuses et les monastères de l'Hexagone (y compris les plus traditionnels). De quoi se nettoyer l'esprit de certaines « toxines de classe sociale », si besoin était...
_______
[1] Non au bon sens du terme (le service du bien commun), mais au sens de l'hémiplégie gauche-droite.
[2] The seven storey mountain (« La montagne aux sept corniches »: titre étrangement traduit en français par La nuit privée d'étoiles). Seuil 1951. Rééditions : notamment Albin Michel.
[3] ici au sens de « stratégie ».
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Commentaires
WEIGEL : NEO OU PALEO
> George Weigel jette le masque. Celui que les bourgeois cathos français prenaient pour la
Grande Référence Américaine n'est qu'une "veuve Bush", un néo ou paléo con ("conservative"). Si j'en parlais ici je serais trop violent. J'aime mieux citer le blog de L'Homme Nouveau (P. Maxence) :
" Les mystères ne manquent pas dans l’existence. Il y en a un qui nous est désormais proposé, celui de la réaction des catholiques libéraux face à la dernière encyclique du pape Benoît XVI.
Prenons le cas de George Weigel. Loin d’être inconnu, Weigel a une réputation mondiale, après son livre consacré au pape Jean-Paul II, livre traduit dans de très nombreuses langues et qui avait bénéficié d’informations privilégiées.
Weigel, avec moins de succès cette fois, avait tenté de renouveler l’opération avec Benoît XVI, en proposant un livre sur le nouveau souverain pontife. La greffe a moins bien pris, même si le livre a été traduit en langue française.
Dans notre pays justement, Weigel est considéré comme un auteur connaissant bien les méandres du Saint-Siège et ayant des relations privilégiées au sein de la curie. On voit dans cet écrivain un serviteur intelligent de la cause catholique.
Aux Etats-Unis, les choses sont forcément un peu plus contrastées. Weigel, auquel on reconnaît intelligence et compétence, est perçu comme l’un des plus vigoureux porte-parole du courant « catho-neo-conservateur », ce qui se traduit par un conservatisme religieux et une vision politique et sociale libérale. George Weigel combat pour une société reposant sur une sorte de triptyque : économie libre, démocratie et morale publique. Ce que George Weigel entend par « économie libre », c’est l’économie de marché, lequel est censé réguler l’activité économique.
À ce titre, Weigel avait salué la parution de l’encyclique Centesimus annus avec force puisque ce texte de Jean-Paul II reconnaissait au marché un certain rôle. Mais Weigel en faisait une lecture tronquée. Si Jean-Paul II avait bien fait un pas de géant dans cette direction, il rappelait aussi les limites de l’auto-régulation par le marché et il soulignait la nécessité d’un cadre économique régulateur ainsi que la véritable finalité de l’économie.
Toujours est-il que Centesimus annus fut salué comme un texte pro-capitaliste par Weigel et ses amis.
On attendait sa réaction face à Caritas in veritate. On n’a pas été déçu ! Dans un article publié par The National Review, Weigel réussit le tour de force de parler constamment de Centesimus annus sans évoquer réellement la nouvelle encyclique. Bravo l’artiste ! Surtout, il accuse ! Pour lui, le nouveau texte pontifical représente la revanche du Conseil pontifical Justice et Paix, dont il estime qu’il est aux mains de dangereux gauchistes.
Le pape Benoît XVI n’est jamais nommé, donc jamais dénoncé, mais ceux qui sont perçus comme les inspirateurs du texte, sont clairement visés. À tort, semble-t-il ! Ceux qui ont lu l’encyclique n’y ont pas forcément retrouvé les considérations de Justice et Paix. L’empreinte si personnelle et si particulière de Benoît XVI y est, au contraire, très visible.
Il semble surtout malsain d’opposer ainsi Centesimus annus – plus exactement une certaine lecture de Centesimus annus – à Caritas in veritate ; un pape à un autre. Mais il faut avouer que Weigel manie la dialectique avec passion : n’oppose-t-il pas dans son article la « mauvaise » encyclique, Sollicitudo rei socialis, à la « bonne », Centesimus annus, deux textes pourtant de Jean-Paul II ? Mais la seconde était censée corriger la première, inspirée par Justice et Paix..."
Écrit par : Ridder | 31/08/2009
SIDERANTE
> Cette interprétation (les encycliques ne sont pas pensées par les papes, elles sont le résultat des pressions des lobbies extérieurs) est sidérante sous la plume du "catholique" Weigel, censé connaître la question. Elle étonne moins quand elle est affirmée par des non catholiques, tel l'orthodoxe JF Colosimo récemment. En somme les catho-libéraux préfèrent aux cathos non-libéraux les non-cathos, voire les anti-cathos. Ca ne m'étonne pas.
Écrit par : Fulup | 31/08/2009
LES CATHOLIQUES SOCIAUX
> Il faut bien admettre qu'au delà des étiquettes, des régimes et de leurs erreurs, des ralliements ou des oppositions, le catholicisme est par nature antilibéral. Non pas au sens d'opposé à l'économie de marché, comme certains le pensent, mais dans le sens humaniste du terme : l'homme au centre de toute vie sociale. Finalement, le libéralisme catholique est relativement récent, même s'il s'est répandu très vite. Mais ce n'est qu'une déviance, cela ne relève pas de la nature de notre religion.
Cependant, dans notre société qui souvent ne voit pas plus loin que le bout de son nez, les mots ont une importance extrême. Il faut donc prendre garde à ne pas laisser penser que, la religion catholique n'étant pas libérale, elle est nécessairement socialiste, comme beaucoup s'y sont laissés prendre. C'est faux, mais bien des gens raisonnent encore en terme binaires : ce qui n'est pas libéral est forcément socialiste. C'est là d'ailleurs que les catholiques sociaux avaient vu juste. Ni libéral, ni socialiste ! L'histoire des idées politiques est passionnante sur ce sujet, et mériterait d'être redécouverte et travaillée.
Écrit par : Edouard | 31/08/2009
PAS DE REDUCTION
> "Mais la mentalité franco-française, rivée à une pseudo « politique », croit aujourd'hui qu'être catholique veut dire être de droite."
Je ne suis pas certain d'être d'accord. Dans ma famille on croit le contraire. On croit qu'être catholique, c'est être de gauche.
Je crois pour ma part qu'être catholique ne saurait souffrir une réduction droite/gauche ou encore conservateur/progressite. Il n'y à qu'à voir la manière dont les médias, ayant déjà classé des JPII ou des BXVI, sont embêtés lorsque ceux-ci parlent de la charité envers autrui et de ses implications politiques.
De même nos médias ont souvent classés Jésus à gauche et dans le camp progressiste (l'Eglise étant -d'après leur analyse l'exacte contraire) grâce à une extraodinaire cécité sur des pans entiers de l'Evangile et de sa vie.
Tout ça pour dire qu'être catho ce n'est pas coller à une étiquette politique (au sens réducteur) mais être au service d'un Dieu qui s'est fait homme, qui s'est engagé concrètement en ce monde. Ce qui mène à la politique au sens noble du terme....
Gégé
[ De PP à G. - Nous sommes donc d'accord : être chrétien ne relève ni de la droite, ni de la gauche, mais de tout à fait autre chose ! ]
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Écrit par : Gégé | 31/08/2009
LIBERALISME ET SOCIALISME
> À vrai dire, même l'opposition bien souvent faite entre libéralisme et socialisme me semble fallacieuse. Libéralisme et socialisme naissent des mêmes Lumières et partagent un certains nombre de points communs, et tendent de plus en plus à se retrouver aujourd'hui. Les deux ne s'opposent que si on radicalise leurs principes (socialisme : holisme ; libéralisme : individualisme), mais c'est une erreur. Une fois que l'on se rend compte que l'individu importe dans la réalité du socialisme, et que l'État importe dans le libéralisme, il y a des ponts évidents.
Tous les deux sont nés d'une même histoire et sur les mêmes erreurs. Une fois "modérés", l'un et l'autre se retrouvent.
Écrit par : Jean-Baptiste Bourgoin | 01/09/2009
CHEMIN
> La première prière du catholique est le Pater Noster; la Saint-Père le dit à toutes ses apparitions et en latin parce que l'Eglise est universelle. Or, le Pater demande : "Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite". Comme le rappelle l'encyclique (dernier paragraphe), les évangiles disent exactement le chemin à tenir pour ce faire. Et comme ce chemin est difficile les Docteurs et Pères de l'Eglise comme les papes et les saints tracent les voies: les vertus, les commandements, et les commentent. Bref, un patron, des recommandations et des manquements à se faire pardonner, IL S'AGIT D' UNE POLITIQUE DE DROITE.
L'Eglise à force de vouloir aller au monde a dilué tout cela et tout ou presque tout a été abandonné (vertus et péchés entre autres). Qui sait aujourd'hui les commandements de Dieu et de l'Eglise?
Monsieur de Plunkett vous confondait doctrine et politique. La doctrine aide et supporte une politique qui doit mener au Père...sur le terre comme au ciel.
drazig
[ De PP à D. - J'avoue ne pas comprendre comment vous pouvez mélanger la notion politicienne de "droite" avec... la foi et la prière. C'est atterrant. Je ne comprends pas non plus comment vous pouvez dire que l'Eglise a abandonné le chemin évangélique. Excusez-moi, mais vous parlez un langage de secte. ]
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Écrit par : drazig | 01/09/2009
Pour drazig
> Très grossièrement : La gauche rejette la morale individuelle et conserve la morale sociale. La droite, elle, rejette la morale sociale et conserve la morale individuelle (enfin, plus tellement maintenant, mais jusqu'à il y a peu).
Le chrétien qui accepte cette dichotomie qu'on lui impose, en choisissant un camp, se voit donc contraint d'abandonner soit la morale sociale, soit la morale individuelle. C'est un piège qui se referme sur lui et qui l'éloigne de Dieu : le catholique de gauche, parce qu'il n'admet plus que la charité influe sur le comportement individuel, même privé. Le catholique de droite, parce qu'il ne reconnaît plus que la charité s'adresse d'abord au prochain (son credo serait plutôt « charité bien ordonnée commence par soi-même » en oubliant qu'elle ne finit pas là où elle commence).
Voilà donc le catholique, embarqué dans le choix politique, obligé d'oublier un pan entier de sa foi qui se retrouve ainsi dénaturée.
Pour Patrice de Plunkett
> L'Église n'a pas abandonné le chemin évangélique, mais force est de constater qu'en France, le clergé a fortement balancé, depuis quarante ans, dans un laxisme socialisant qui n'était pas des plus évangéliques. Que cela soit localisé dans le temps et l'espace et que cela puisse aussi être vu comme un retour de balancier après un rigorisme jansénisant n'empêche pas de comprendre la vision de l'abandon du sens du péché par l'Église (qui est en France) exprimé par drazig.
Arnaud
[ De PP à ALR - Votre second paragraphe s'applique sans doute (avec des nuances) à la situation d'il y a vingt ou trente ans. Mais nous sommes en 2009 et le paysage actuel n'a plus grand'chose à voir avec celui des années 1970-1980. Invoquer le passé pour esquiver le présent (et refuser l'avenir) est une pratique trop courante dans notre pays. A gauche et à droite... ]
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Écrit par : ArnaudLR | 01/09/2009
JADIS ET NAGUÈRE
> Nos parents ont baigné dans une culture politique ou le traumatisme des lois de 1905 (et surtout leur application) fut très grand. Sous la III° République, les partis de gauche sont clairement anti-cléricaux et bouffeurs de curés : il s'agit d'ancrer la république, et l'ennemi, le bastion du conservatisme, ce sont l'Eglise et l'Armée, défendues à droite par les héritiers des partis royalistes et bonapartistes. L'Eglise ayant eu un souvenir plutôt passable de la Révolution un siècle plus tôt (pontons de Nantes, etc.), elle ne se rangea (en France, et timidement) dans le camp de la République qu'avec Leon XIII ("Acceptez la république", dit-il dans une lettre aux évêques du 3 mai 1892 + encyclique "Inter Sollicitudines").
D'où dans l'esprit de nos parents :
gauche = laïcard, anti-catholique
droite = défense des valeurs catholiques
Sans doute en reste-t-il des traces encore aujourd'hui, mais la majorité des députés de l'UMP par exemple n'a que faire du catholicisme, maladie honteuse de la vie publique (ne surtout pas dire qu'on est catholique ; plutôt avouer sa syphilis et qu'on trompe sa femme). La droite redevint la droite positiviste du XIX°, à mesure que les partis royalistes et bonapartistes fondaient, partis d'un âge de glace révolu.
Le problème c'est qu'à gauche on est plutôt resté dans des crispations laïcardes.
Il faut donc ouvrir les yeux et se rendre à l'évidence : les catholiques ne peuvent se reconnaître dans AUCUN parti politique actuel. Ni chez Sarkozy, ni chez Bayrou (gag), ni chez Aubry, ni chez Tartampion.
Les catholiques sont des nains dans la vie publique, et ils le resteront tant qu'ils s'enverront des noms d'oiseaux entre eux, les uns n'étant que des "sales bourgeois méprisables", les autres des "crapules vendus aux socialos." Pour l'instant ils ne peuvent choisir qu'entre la peste et le choléra.
Marius
[ De PP à M. - D'accord avec vous là-dessus. Pourquoi s'envoient-ils des noms d'oiseaux ? Parce qu'ils tiennent plus à leurs accointances politiques qu'à leur foi commune. Un catholique de droite préférera un cathophobe de droite à un catholique de gauche (cf la complaisance de sites "cathos" envers la soupe-au-cochon des néopaïens islamophobes qui sont aussi des cathophobes). Et vice-versa : un catholique de gauche préférera un cathophobe de gauche à un catholique de droite. La seule façon de sortir de ce quadrille débile, c'est d'arrêter la musique et de revenir tous à l'Evangile. ]
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Écrit par : Marius | 01/09/2009
VRAI
> PP a dit : "Un catholique de droite préférera un cathophobe de droite à un catholique de gauche (cf la complaisance de sites "cathos" envers la soupe-au-cochon des néopaïens islamophobes qui sont aussi des cathophobes). Et vice-versa : un catholique de gauche préférera un cathophobe de gauche à un catholique de droite. La seule façon de sortir de ce quadrille débile, c'est d'arrêter la musique et de revenir tous à l'Evangile."
C'est tellement vrai ! Ce qui fait ajouter à toutes les discussions sur les idéologies politiques, leurs fondements et leur histoire, quelque chose qui a sa vie à part : l'attachement individuel à un groupe social, représenté par une somme d'idées-étendards, mais qui est avant tout un groupe, imposant à ses membres les lois décrites dans tous ces paradigmes de la psychologie sociale et conditionnant la relation "pensée politique/identité sociale" à tel point que les deux se retrouvent totalement interdépendants.
Ainsi, quelles que soient les idéologies de gauche ou de droite, crispées ou non dans leurs "ismes", le citoyen moyen ne fait pas de politologie fondamentale pour déterminer si il est de gauche ou de droite, mais apporte sa contribution permanente à redéfinir ce qu'est la gauche ou la droite, et prend sur lui une part de conformisme d'avec le modèle d'identité proposé par le groupe.
On peut alors se demander pourquoi il semble si difficile aux catholiques d'être juste catholiques, et de puiser là leur identité sociale. Mais pour rendre cela possible il faudrait que les différences de culture ethnique, de culture professionnelle, de culture "financière", ... ne soit plus des déterminants de l'identité sociale. Autrement dit il ne faudrait simplement plus les voir, ou alors que ces différences qui constituent mécaniquement des groupes d'appartenance dans la société se trouvent à rivaliser avec un nouveau groupe supra-ordonné, qui rassemble alors sous une même identité humaine (on se représente très bien le fantasme d'une guerre contre des E.T. qui rassemblerait alors le monde entier sous la même bannière).
Le problème, oserais-je dire le paradoxe, c'est que le catholicisme se veut universel et il impose donc à tous de ne reconnaitre son identité qu'en Christ, l'Homme universel et parfait. Nous avons à nous occuper de suivre un modèle absolu et non de nous positionner relativement à nos frères. Or la psychologie sociale nous fait observer que la construction de notre identité sociale se fait avant tout par "opposition", par "différenciation". Nous nous définissons par ce que nous ne sommes pas. Il y a donc un effort majeur à faire, une libération à vivre,
Pour définir son identité sociale, il ne reste alors au catholique, comme ultime solution, qu'à dire "Je ne suis pas... de ce monde". Mais si c'est là le principe fondateur de son identité sociale, alors il apparait trop souvent qu'il s'exclue lui-même de toute participation à la vie politique et à l'administration de la cité. Cela n'est certainement pas une nécessité logique, mais c'est en tout cas l'écueil dans lequel on semble tomber systématiquement dès qu'on veut pleinement vivre la dimension sociale de la foi catholique.
C'est un peu là, toutefois, qu'on retrouve souvent LE modèle synthétique de politique appliquée à l'échelle de l'individu : l'initiative individuelle (libéral) au service du prochain (social). Puissions-nous faire que l'esprit d'entreprise, l'initiative privée et les libertés qu'on leur réclame n'aient pour seule finalité que le bien commun. Alors nous ne serons plus ni de gauche ni de droite, mais les deux à la fois.
J'aime beaucoup le projet politique de Solidarité France d'Axel de Boer (je fais un peu de pub), que je trouve sainement orienté par la DSE et qui a cette réflexion quant à son positionnement dans le paysage politique français : quelles affiliations ? Actuellement, contrairement à C. Boutin, il ne peut se résoudre qu'à l'indépendance, les acteurs actuels de la politique n'étant que trop impliqués dans la culture de mort... sauf exception du côté des extrêmes droites, tentant d'une manière ou d'une autre de ressusciter un augustinisme politique pourtant condamné depuis assez longtemps par l'Eglise, et tentant entre autre chose un grand écart consistant à vouloir faire cohabiter la défense de la vie avec le retour de la peine de mort !!!
Ce sont bien ceux-là, notamment, qui se préfèrent d'extrême droite que catholique, quoiqu'ils en disent, et qui préfèrent considérer que quand nos évêques français appellent à la désobéissance civile pour protéger les sans-papiers c'est qu'ils doivent dérailler et qu'ils se mêlent de choses qui ne les regardent pas. Ou encore lorsque l'encyclique du pape gêne un peu, c'est probablement parce qu'il n'y connait pas grand chose aux problématiques de chaque nation ! Restons dans notre parti et attendons tranquillement le prochain pape, n'ose-t-on s'avouer à soi-même. D'ici là quelqu'un aura bien trouvé une solution intelligente d'interpréter ladite encyclique pour qu'on découvre finalement qu'elle va parfaitement dans le sens de mon idéologie politique.
Merci pour cet intéressant article.
Écrit par : Pneumatis, | 01/09/2009
à DRAZIG
> Navré de vous dire que votre théorie (la "droite" du Notre Père) tombe sous le coup du commentaire du Notre Père dans le Catéchisme de l'Eglise catholique, point 2779 :
"Avant de faire nôtre ce premier élan de la prière du Seigneur, il n'est pas inutile de purifier humblement notre coeur de certaines fausses images de ''ce monde-ci''... La purification du coeur concerne les images paternelles ou maternelles, issues de notre histoire personnelle et culturelle, et qui influencent notre reation à Dieu. Dieu notre Père transcende les catégories du monde créé. Transposer sur Lui, ou contre lui, nos idées en ce domaine, serait fabriquer des idoles, à adorer ou à abattre. Prier le Père, c'est entrer dans son mystère, tel qu'Il est et tel que le Fils nous l'a révélé."
Écrit par : Chtonk, | 06/09/2009
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