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29/05/2009

L'atroce affaire irlandaise des sévices sur enfants

Les évêques d'Irlande mettent l'ordre des Christian Brothers en demeure de payer ce qu'il doit aux victimes :


 

« Nous présentons nos excuses à tous ceux qui, durant leur enfance, ont été si cruellement victimes de violences lorsqu'ils étaient à l'école ou dans des maisons d'accueil catholiques. Cet abus est d'autant plus grave qu'il a été perpétré par qui est appelé à éduquer au nom de Jésus Christ », dit le communiqué du Conseil permanent des évêques irlandais, après la publication du rapport gouverne-mental sur les sévices à des milliers d'enfants perpétrés dans des institutions religieuses.  L'atroce dossier sera au cœur des débats de l'assemblée de la conférence épiscopale en juin. « Une simple déclaration ne saurait suffire à répondre à un rapport d'une telle portée, soulignent les évêques. Pour affronter de manière appropriée un tel échec et protéger les enfants d'aujourd'hui, toute l'Eglise a besoin d'analyser comment et pourquoi un tel environnement à pu se développer, au point de devenir endémique ».

« Nous travaillerons en liens étroits avec les instituts et congrégations pour affronter les besoins des victimes et leur processus de guérison », ajoute la déclaration. Les évêques affirment également leur volonté de « promouvoir un climat sûr, efficace et responsable pour les enfants en collaboration avec le Bureau national pour la protection des enfants et avec toutes les agences préposées ».

En 2002, un accord avait été conclu avec le gouvernement irlandais sur les indemnisations à verser aux victimes d'abus dans des institutions catholiques, et dont le montant  avait été fixé à 128 millions d'euros. En réalité, le montant global des contributions s'élève à plus d'un milliard d'euros, presque entièrement versé par l'Etat à environ 12.500 des 14.500 victimes. La somme versée aux victimes oscille entre 65.000 et 300.000 euros selon la gravité des cas.  Dans une déclaration au journal irlandais Irish Times, l'archevêque de Dublin, Mgr Diarmuid Martin, s'est dit « choqué » de voir que, sept ans après l'accord, sous prétexte de problèmes juridiques, les 18 ordres religieux n'aient pas encore honorer leur propre dû.  « Vous ne pouvez pas laisser les choses en l'état, a-t-il déclaré. Il existe tant de façons d'apporter son soutien financier aux rescapés et à leurs familles, et ainsi racheter votre image d'éducateurs des pauvres ».  Après ce coup de semonce, l'ordre irlandais des Frères chrétiens a accepté de revoir la question des indemnisations.

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Commentaire - La douloureuse et courageuse attitude des évêques irlandais rend stupéfiante l'intervention du cardinal espagnol Cañizares citée par La Croix du 29 mai :

«  Commentant ce scandale [les abus sur enfants dans les collèges irlandais], Mgr Cañizares, nommé en décembre par le Vatican préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, a déclaré jeudi: "Ce qui a pu se passer dans un certain nombre de collèges n'est pas comparable avec les millions de vies détruites par l'avortement". »

L'avortement est une atrocité. Mais les sévices sur enfants (par des gens du clergé) sont une monstruosité, dont on sait les ravages quand on connaît un peu les Irlandais.... Prétendre estomper ceci en invoquant cela est un procédé honteux. Et si ce n'est pas un procédé, alors c'est d'une bêtise qui défie l'évaluation. De quoi se mêle le cardinal espagnol ? Depuis quand les abus sexuels relèvent-ils de sa congrégation ? Ne voit-il pas quel mauvais service il rend à la défense de la vie, en pratiquant un amalgame aussi intolérable ? Un concours de pataquès (dantesques) s'ouvre-t-il entre le cardinal Cañizares et le cardinal Re, qui se rendit coupable d'une intrusion du même genre dans l'affaire de Recife ?

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19:45 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : christianisme

Commentaires

CELA N'AIDE PAS

> Cette "échelle de Richter" avec laquelle certains cardinaux romains s'obstinent à mesurer et à comparer l'avortement de masse, tel qu'il se pratique dans le monde et spécialement en Europe, et les agressions sexuelles commises par des membres du clergé contre des enfants ou des jeunes, n'aide pas à former ou à éclairer la conscience morale de nos contemporains.
BH


[ De PP à BH - Le drame est que la résistance à l'avortement de masse (cause légitime s'il en est !) est gravement gênée par cette série de bourdes, pataquès et grossièretés mentales. ]

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Écrit par : B.H. | 29/05/2009

FAIRE ATTENTION A CE QU'ON DIT

> Cette parole d'un cardinal est pour le moins maladroite face aux victimes. Mais ce qui m'ennuie davantage encore, c'est que pour certains catholiques, si on n'approuve pas explicitement ce cardinal, on est dans l'erreur, on n'a rien compris, on n'aime pas la vérité.
Si on veut servir une cause efficacement, il faut vraiment faire attention à ce qu'on dit... Surtout dans des contextes aussi délicats. Un catholique convaincu peut décoder la phrase en fonction de l'ensemble, mais le reste des croyants et des gens de bonne volonté, je ne sais pas.
Alors, quand, quel que soit le sujet de conversation, la faim dans le monde, les viols, l'inceste, les scandales financiers, la pédophilie, ou je ne sais quoi, on ramène le scandale de l'avortement sur le tapis (même si celui-ci reste un scandale), personnellement, je laisse tomber...

Écrit par : Laura | 29/05/2009

WASP

> Entièrement d'accord avec vous, Laura. Mais, ces chrétiens, sont-ils catholiques ou sont-ils WASP pro-Bush?

Écrit par : vf | 30/05/2009

IL FAUT PARLER, MAIS PAS POUR DIRE N'IMPORTE QUOI

> C'est peut-être justement en en parlant régulièrement, en le comparant à d'autres atrocités, que nous arriverons à réveiller les consciences...
Il vous paraît possible de convaincre des gens qui considèrent l'avortement comme normal qu'il s'agit d'un meurtre des plus barbares qui puisse exister en n'en parlant que tous les 36 du mois ?...
Marie

[ De PP à M. - Croyez-vous que parler mal, bêtement, en choquant les consciences, soit un acte d'apostolat ? Il y a mille façons de soulever le problème de l'avortement ; une seule façon est totalement contre-productive : celle qui consiste à invoquer l'avortement par "comparaison", pour minimiser l'abus sexuel d'enfants par des religieux !!! Car cela aboutit à persuader les gens que la lutte contre l'avortement est une mauvaise chose, perverse...
Si c'était pour aboutir à ce résultat psychologique, alors mieux aurait valu ne pas "parler" en la circonstance. Le but de la parole est d'aider les consciences à comprendre, non de les révolter !]

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Écrit par : Marie | 01/06/2009

La compétition victimaire et le lancer réciproque de cadavres comme argument de débats est l'une des caractéristiques les plus déplorables de notre époque.
Un mal est un mal et actuellement on oublie trop facilement l'avortement sous prétexte qu'il existe d'autres causes de souffrance et de mort d'origine humaine.
Rapeller que le grand massacre existe est tout à fait normal et ne peut être considéré comme une faute de communication.
Philippe Edmond


[ De PP à E. - Un mal est un mal, vous le soulignez. Ce qui s'est passé en Irlande de la part de clercs enseignants est un mal. L'avortement est un autre mal. De quel droit les mettre en compétition ? Dans quel but ? Le raisonnement de Cañizares est indéfendable, aussi bien d'un point de vue moral que d'un point de vue logique. Et cela nuit - d'une façon effrayante - au plaidoyer contre l'avortement ! Je m'étonne que cette évidence ne soit pas présente à l'esprit d'un cardinal. Et je constate les ravages qu'un tel processus mental cause dans l'opinion publique. En une époque où il était déjà difficile de faire comprendre en quoi l'avortement est un mal, les intempérances verbales de certains catholiques aggravent encore les choses, en suscitant le dégoût en plus de l'incompréhension...
La bêtise n'est pas une vertu. Donner une impression d'inhumanité n'est pas la meilleure façon de servir le Christ. ]

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Écrit par : Philippe Edmond | 02/06/2009

L'IVG ET SES CAUSES

> L'IVG semble être LE critère qui définit un bon catholique (ah non, il y en a trois: l'IVG, l'homosexualité, l'euthanasie). Hors de ces sujets, pour certains, point de salut.
Or je suis toujours étonné de la promptitude de certains à employer des termes qui ne donnent comme seule envie que d'aller manifester avec les féministes les plus enragées sans s'interroger une seule seconde sur leur responsabilité dans le nombre d'IVG annuels en France, et sur leurs causes.
En 1998, un rapport du professeur Nisand avait montré que les principales causes de demandes d'IVG sont
- des grossesses trop rapprochées
- un état de santé déficient
- un logement trop exigu pour accueillir un enfant de plus
- une instabilité du couple
- une instabilité financière
Nous connaissons tous la folie que représente les prix du marchés immobiliers, et, sur l'instabilité financière, une certaine L.P., grande prêtresse d'un syndicat de patrons de son état, avait déclaré "la vie est précaire, l'amour est précaire, pourquoi le travail ne le serait-il pas?".
Sur les grossesses trop rapprochées et un état de santé trop déficient, cela me pose problème en tant que catholique: est-ce que je peux imposer, moi, du haut de mes convictions, une grossesse, à une femme qui ne se sent pas la force de vivre neuf mois de grossesse (la "solution de rechange" de l'adoption à la naissance est donc hors de propos, et, pour les cas où elle serait pertinente, un nombre non négligeables de femmes ayant eu une IVG déclare qu'elles auraient gardé l'enfant si elles avaient mené leur grossesse à terme, ce qui fait réfléchir).
Pour l'état de santé déficient, il serait d'ailleurs intéressant de savoir quelles sont les situations socio-économiques des femmes qui ont recours à une IVG pour ce motif.
Pour les facteurs sur lesquels on peut agir, tous, pour diminuer le nombre d'IVG, il me semble qu'il y a une formidable contradiction entre réclamer moins d'État, le moins possible, et demander à des femmes ou des couples (parce que l'IVG, c'est aussi une affaire de couple) de garder et d'assumer un enfant qu'ils ne peuvent ni garder ni assumer sans une (grosse) aide financière, alors que la "charité publique" ne peut pas prendre en charge toutes les femmes qui ont recours à l'IVG pour cela. La solution serait, pour moi, plus d'État, mais un État qui a un souci de tous, y compris des plus pauvres, des plus démunis, qui suive en cela les recommandations de la Doctrine Sociale de l'Église.
En réponse à une objection qui ne va pas manquer de venir, je suis consciente qu'entre ce que déclarent réellement les femmes (les couples) comme cause de demande d'IVG et la cause réelle, il y a parfois un gouffre. Mais je maintiens qu'il est incohérent d'être partisan du libéralisme économique comme modèle de société, c'est-à-dire un modèle qui ne respecte pas la dignité de l'homme et en fait un sujet corvéable à merci pour les intérêts du marché, et de fustiger le nombre annuel d'IVG, en France ou en Europe, alors que ce nombre est en grande partie le résultat de ce libéralisme et de la vision de l'homme qu'il véhicule.

Écrit par : Mahaut | 02/06/2009

L'AVION

> Marie, vous vous voyez dire face aux caméras : "l'avion dont on a perdu la trace et qui transportait tant de gens, c'est triste, c'est vrai... Mais ce n'est rien à côté du drame de l'avortement..."
Cela me choque autant que si on remplace "l'avion" par "les abus sexuels commis par des prêtres".
Ou comment vacciner les gens contre toute forme de lutte explicite contre l'IVG.

Écrit par : Laura | 02/06/2009

LES CAUSES

> D'accord avec Laura et Mahaut. Il faudrait une solide mauvaise foi pour crier contre l'avortement tout en ne criant pas contre les causes économiques qui poussent des femmes à avorter. Que ce soient des causes "lourdes" (exploitation sociale, peur de l'avenir) ou des causes insidieuses (pression psycho-publicitaire intense, culte du "bien-être", etc). L'avortement (cas limite) est une conséquence. Il faut s'en prendre aux causes.

Écrit par : Chignol | 02/06/2009

VRAIMENT PAS OPPORTUNE

> Ce qui est ennuyeux, c'est le fait de comparer là où il n'est pas besoin de comparer. L'effet est que cela minimise par effet de miroir déformant (dans l'esprit des gens), les monstruosités qu'ont pu commettre ces clercs (qui ont également fait énormément de mal à l'Eglise comme Corps du Christ).
C'est un principe de théologie morale de ne comparer que ce qui est comparable est lorsque cela est nécessaire : par exemple pour choisir entre deux solutions celle la moins mauvaise. Mais là, ce sont des faits décorrélés, que ce soit dans leurs natures, dans leur contexte, dans leurs auteurs. Cela correspond à une attitude assez enfantine voire puérile de défense : "Oui mais lui il a faire pire que moi". Si dans l'absolu c'est vrai, la comparaison n'est vraiment pas opportune.

Écrit par : Jean-Baptiste Balleyguier | 02/06/2009

LE PRENDRE SUR CE TON

Cher Monsieur,
Lorsque vous affirmez : "L'avortement est une atrocité. Mais les sévices sur enfants (par des gens du clergé) sont une monstruosité", vous avez entièrement raison. Il est clair qu'on ne peut pas "prétendre estomper ceci en invoquant cela". Tels que vous les rapportez, les propos du cardinal Cañisares paraissent effectivement maladroits, de nature à engendrer des conséquences contreproductives.
Cela dit, je crois que vous êtes un journaliste catholique. Pourquoi alors vous déchaîner avec une telle violence verbale contre le cardinal, alliant procès d'intention ("procédé honteux") et injures ("bêtise qui défie l'évaluation"), leçons condescendantes ("De quoi se mêle le cardinal espagnol ?", "Depuis quand...") et jugements ("...le cardinal Cañizares et le cardinal Re, qui se rendit coupable d'une intrusion du même genre...") ?
Vous jugez-vous vraiment en droit de "le prendre sur ce ton" avec des cardinaux de notre Église ? Ne savez-vous pas que ce qui est exagéré est insignifiant ? Je crois qu'à votre tour, vous ne mesurez pas ce que la violence de votre charge peut avoir de contreproductif. Les mêmes réserves sur les propos du cardinal pouvaient être exprimées avec mesure et respect. Elles n'en auraient été que plus convaincantes et bénéfiques. Chacun de nous peut toujours améliorer sa communication, pour le bien de tous. J'ai du mal à comprendre pourquoi vous transformez en conflit quasi haineux ce qui aurait pu être une contribution enrichissante. Les catholiques ne souffrent-ils pas déjà assez de déchirures et d'attaques venant de tous côtés ?
Croyez bien que si j'exprime ces remarques, c'est parce que j'apprécie la pertinence de certaines de vos contributions par ailleurs. Il est dommage de les gâcher par de tels excès à l'encontre de nos pasteurs.
Iktus310

[ De PP à I. :
Cher Monsieur Iktus310, pourquoi parler de "conflit haineux" là où il n'y a que de l'indignation ?
Ne sachant qui vous êtes (ce qui ne facilite pas la discussion), je ne peux vous situer,
mais je peux vous répondre en gros ceci :
- j'écris sous mon nom (ce que ne font pas d'autres blogueurs), et je prends mes responsabilités, y compris celle de dire que je suis indigné lorsque les circonstances m'y amènent. Permettez-moi de vous rappeler sur quel ton Bernanos (auquel je n'aurais pas la prétention de me comparer littérairement) apostrophait les prélats franquistes, par exemple, ou tel dignitaire ecclésiastique français... Son indignation visait le contre-témoignage que certains membres de l'Eglise hiérarchique peuvent (hélas) rendre dans certains cas.
- Qu'il s'agisse de compromettre l'image d l'Eglise du Christ avec les intérêts d'un clan politique (au temps de Bernanos), ou qu'il s'agisse (en 2009) de scandaliser les bonnes gens en leur donnant à croire que Rome essaie de minimiser la monstruosité irlandaise...
- ...exprimer de l'indignation est le droit du laïc catholique, qui est tout autant membre de l'Eglise qu'un cardinal. Etre tous ensemble le Corps du Christ ne nous dicte que l'unité dans la foi ; cela ne nous force pas à afficher un consensus qui prolongerait les erreurs. D'autant qu'il y a divers charismes et diverses fonctions, et qu'un prélat n'est pas forcément doué pour communiquer avec les foules d'aujourd'hui. Chacun son métier. (Les pataquès des deux derniers mois montrent, hélas, combien c'est vrai).
- Pour saisir à quel point la déclaration Cañizares est un contre-témoignage, il suffit de voir l'usage qu'en fait la cathophobie ordinaire ! Exemple : la phrase du cardinal a été montée en épingle par "Libération", qui l'a reproduite en gros caractères en haut d'une page et de la façon la plus spectaculaire possible, sans même un commentaire, tant il semble évident pour les esprits d'aujourd'hui que le "dogmatisme" conduit les catholiques à minimiser les crimes moraux de membres du clergé...
- Peut-être ne lisez-vous pas Libération, ni les dépêches d'agence (qui sont consultées chaque jour par des centaines de milliers d'internautes). Mais, excusez-moi de vous le dire, cela ne suffit pas pour nier que le battage fait dans le public par Libération, ou par les agences, ou par l'audiovisuel, ait de l'importance... Cette négation reviendrait à dire : "peu importe ce que pensent les gens". Or l'homme est le chemin de l'Eglise, sans quoi aucune évangélisation n'existe. Pour évangéliser, mieux vaut être en situation de communiquer avec nos contemporains; et non de s'attirer leur mépris ou leur dégoût par nos déclarations moralement indéfendables !
- Nier l'importance des choses est un réflexe du catholique français depuis longtemps : nier, par exemple, l'effet désastreux d'un scandale de prêtre pédophile (cf l'affaire de Normandie
il y a dix ou quinze ans)... Cette fuite devant les réalités s'accompagne encore souvent d'un réflexe clérical ; le cléricalisme n'est pas le respect dû au clergé, mais une façon erronée (nullement théologique) de justifier, ou de nier, jusqu'aux fautes graves de clercs : comme s'ils étaient les généraux et nous la piétaille. Cette attitude de laïcs a toujours été une erreur ecclésiologique ; en 2009 c'est un anachronisme total dont le seul effet est d'aggraver, toujours plus, le fossé d'incompréhension séparant l'opinion publique du microcosme "catho".
- C'est contre cet anachronisme que je m'évertue à plaider depuis que ce blog existe. Si je l'ai fait en des termes qui manquent à la charité, j'en demande pardon. ]

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Écrit par : iktus310 | 02/06/2009

CEUX QUI TUENT L'ÂME

> Le Christ nous a souvent parlé du scandale fait aux petits et de ceux qui tuent l'âme. Je ne crois pas que notre Seigneur ait jamais parlé pour ne rien dire !
Quand on connait les répercussions terribles pour la majorité des enfants souillés par les actes de pédophilie dont ils ont été les victimes, il est intolérable de voir ces actes minimisés en les comparant à d'autres actes de mort (parce qu'il s'agit aussi d'actes mortifères). J'ose espérer que telle n'était pas la volonté de ce prélat. Mais crénom de nom, quand on parle de telles choses, on essaye d'évaluer la portée de ce que l'on dit dans un monde où la prudence de nos paroles (et je parle bien de la vertu de prudence) devrait être de mise. Il est évident que les propos rapportés seraient traduits en : "l'avortement, c'est grave et l'acte pédophile pas grave". Il ne faut pas être sorti de polytechnique pour le deviner !

Écrit par : gdecock | 02/06/2009

JEAN PAUL II

> Mahaut, étudier pourquoi les femmes avortent ne permet pas d'avoir une vue globale du problème et donc de ses solutions !
La vraie question est pourquoi les femmes se retrouvent-elles enceintes sans le vouloir ?
Dans les films, dès qu'un gars et une fille se plaisent un peu, ils "concluent" naturellement le même soir ! Les jeunes (et moins jeunes) transposent cela dans la réalité, et il est logique qu'il en découle énormément de grossesses non désirées... et donc d'avortements.
Il reste urgemment un vrai travail d'éducation à faire. Et là, l'enseignement de JP2 en amour humain est très précieux, parce qu'il n'est pas réservé qu'aux catho !!! Incroyable, non ?
Ainsi, quand on montre aux jeunes la richesse de leur masculinité ou de leur féminité, cela les aide à faire de meilleurs choix et à devenir plus responsables.
Les filles sont capables d'apprendre les méthodes naturelles de régulation des naissances (si si), et les garçons sont capables de respecter le cycle de la fille (eh oui), même s'ils ne sont pas croyants, et même en milieux défavorisé ! Et, incroyable mais vrai, même non croyants, ils sont capables de réaliser que la sexualité ne prend son sens que dans l'engagement durable qu'est le mariage.
Pour cela, il existe par exemple le CLER, qui fait des interventions ponctuelles en établissements scolaires, ou bien les parcours TeenSTAR, qui font un bon suivi, par petits groupes et sur une année scolaire, et même en établissements laïques. Et pour les encore plus jeunes (pré-ados), il y a par exemple le CYCLOSHOW du CLER.
(évidemment si les parents transmettent naturellement ces valeurs à leurs enfants c'est le "top", mais beaucoup de parents sont démunis sur ces sujets, et toutes ces pédagogies sont un vrai beau coup de pouce)
Pour terminer : évidemment, l'enseignement de JP2 n'est pas réservé qu'aux ados, mais on sait bien qu'une fois en cohabitation les oreilles se ferment à ce discours... il est donc urgent d'agir avant.

Écrit par : isabelle | 02/06/2009

@ mahaut

> Quelques éléments de réponse.
"L'IVG semble être LE critère qui définit un bon catholique (ah non, il y en a trois: l'IVG, l'homosexualité, l'euthanasie). Hors de ces sujets, pour certains, point de salut."
Je ne suis pas vraiment d'accord. Il me semble plus juste de constater que certains engagements catholiques sont relativement populaires et d'autres pas du tout. Benoît XVI lui-même le constatait qui disait (je cite de mémoire) "c'est comme s'il y avait dans notre société deux morales: celle "sociale" (aspiration à plus d'égalité etc ...) et celle "personnelle" (sexualité, avortement ...), la première étant généralement acceptée et la seconde tout aussi généralement rejetée".
Je ne dis pas qu'un engagement est plus important qu'un autre. Force est néanmoins de constater qu'il en est un qui, pour être affirmé, demande beaucoup plus de courage, simplement parce qu'il implique une prise de risque personnelle nettement plus grande. Vous ne serez jamais taxé de fasciste pour avoir milité chez ATD Quart-Monde. Ca viendra tout de suite si vous vous hasardez à affirmer que vous êtes en faveur d'une interdiction de l'avortement.
Et qu'on ne vienne pas me dire que le fait que certaines positions sont plus ou moins facilement acceptées est une preuve de leur pertinence. Nous, catholiques, avons un peu vite tendance à oublier que nous suivons un Dieu mort crucifié (après, au passage, que la foule lui eut préféré Barabbas). Et qu'à sa suite, la quasi totalité de ses premiers disciples ont fini assassinés. J'imagine que ce ne fut pas faute d'avoir présenté leur message avec humanité, amour et douceur. Et avec un peu de recul, je ne vois pas au nom de quoi je décréterais que les Romains étaient forcément de beaucoup plus mauvais bougres que nos contemporains (juste moins dégrossis sans doute: aujourd'hui on ne sera plus lynché que socialement et médiatiquement).
Alors ces militants "pro-life", même si je regrette aussi leurs débordements et crispations, j'ai tendance à une certaine indulgence à leur égard. Parce que je mesure deux choses: 1- ils en prennent souvent plein la gueule et pourtant ils tiennent bon (typiquement la situation qui, hélas, peut conduire à la radicalisation) 2- ceux qui les critiquent depuis le camp "catholique", avec des arguments tels que les vôtres (entendus mille fois) me semblent surtout soucieux de justifier leur propre manque de courage sur ces questions. Excusez ma franchise sur ce dernier point, mais je n'ai pas l'impression qu'on s'embarrasse ici de périphrases dans les critiques et c'est très bien comme ça. Comme disait Kant "la plus haute marque de respect que je puisse vous donner, c'est de vous exprimer mon désaccord".

> "cela me pose problème en tant que catholique: est-ce que je peux imposer, moi, du haut de mes convictions, une grossesse, à une femme qui ne se sent pas la force de vivre neuf mois de grossesse..."
Peut-être le pouvez-vous de la même manière que vous interdiriez à une mère épuisée de supprimer son enfant déjà né. Simplement parce qu'une autre vie est en jeu et que la loi est là pour protéger le plus faible. Je suis d'accord avec vous pour constater que cette règle amène parfois à des conséquences très dures et qu'en aucune manière elle n'autorise la société (et les hommes en particulier) à se laver les mains de ces drames ou à manquer de compassion dans son jugement. Mais il me semble que sur cette question comme sur tant d'autres (la prévention du Sida en particulier), la rigueur de l'Eglise recouvre un souci humaniste plus large: baisser les armes en acceptant l'inacceptable pour résoudre des cas particuliers finit toujours par entraîner pour l'ensemble de la société des conséquences pires encore.
La seule pauvre compréhension que je m'en fais est que - même si un certain confort nous le fait parfois oublier - nous sommes en guerre contre une réalité qui n'est que trop visible face à nous: le Mal est un monstre impitoyable de cruauté. Parfois, je crois qu'il est demandé à certains d'entre nous de ne pas plier, fut-ce au prix de sacrifices terribles. On ne peut alors s'en remettre qu'à la miséricorde divine en se souvenant que l'innocence parfaite a subi cela avant nous et pour nous. Pour nous sauver de cette absurdité (et nous pardonner à vrai dire, même si nous plions).

> Enfin, de grâce, n'utilisez plus la formule "en tant que catholique". Elle est, si on y réfléchit un peu, d'une insupportable présomption. Ni vous ni moi n'avons la moindre légitimité à définir ce qu'est la foi catholique. Ce n'est pas à nous que cette mission a été confiée. Si nous voulons exprimer un avis différent de celui de l'Eglise, nous n'avons à le faire qu'à titre personnel.

"Mais je maintiens qu'il est incohérent d'être partisan du libéralisme économique comme modèle de société, c'est-à-dire un modèle qui ne respecte pas la dignité de l'homme et en fait un sujet corvéable à merci pour les intérêts du marché, et de fustiger le nombre annuel d'IVG, en France ou en Europe, alors que ce nombre est en grande partie le résultat de ce libéralisme et de la vision de l'homme qu'il véhicule..."
Tout-à-fait d'accord. En même temps, je suis un peu gêné parfois par une tendance sur ce blog a toujours tout expliquer par l'économie (d'autant plus quand on fourre tout dans le même sac en ne définissant nulle part ce qu'on entend par "libéralisme"). Qu'il y ait une "structure de péché" matérialiste et consumériste dans notre société, c'est assez clair. Trouver dans la seule économie la source de tous nos maux, c'est du marxisme, ce n'est pas du catholicisme.
Au fond, ce que nous montre la Genèse, c'est que même le fait d'être dans le monde "parfait" (le Paradis), n'a pas empêché Adam et Eve de pécher.

Luc


[ De PP à L. :
Je vous mets en garde. J'ai déjà entendu mille fois ce faux-fuyant : désigner l'économique comme cause, serait du "marxisme". Alors Benoît XVI est marxiste lorsqu'il demande que l'on change le modèle économique global ?
Renoncez à esquiver la question... Que l'on soit ou non professionnel de la finance, la réalité est identique et constatable : l'économique est devenu la seule force en action dans notre société, et c'est lui qui engendre la mentalité de masse ; on ne peut pas déplorer cette mentalité sans considérer sa cause. C'est exactement ce que la doctrine sociale catholique actuelle nomme "structure de péché". Il serait trop facile de se réfugier dans le moralisme ou le spiritualisme pour échapper aux problèmes d'aujourd'hui !
Quant à "libéralisme", pardon de vous le dire, mais cette notion a été cent fois définie ici. J'en suis navré pour les catho-libéraux (en reste-t-il ?), mais la définition du libéralisme est la même depuis Adam Smith, Malthus & Cie : c'est l'idéologie réductionniste qui transfère le moteur de toute vie en société au "libre jeu" de (pseudo) "lois naturelles de l'économie", avec les conséquences humaines et environnementales que cela suppose. Ce réductionnisme est incompatible avec la vision sociale catholique, comme Jean-Paul II l'a exposé dans Centesimus Annus.]

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Écrit par : Luc, | 03/06/2009

LA MÊME CHOSE

> Etant overbookée en ce moment, je ne vois votre billet qu'aujourd'hui. Mais j'ai déjà et ailleurs réagi contre ces propos du cardinal Canisarès : instinctivement j'ai pensé exactement la même chose que vous, et lire votre billet finit de me rassurer complètement : non, nous ne sommes pas les seuls à penser que les propos du cardinal Canisarès sont contreproductifs, toutes les personnes de bon sens sont de cet avis. De même que les propos de l'évêque de Recife qui en remet encore une couche sur l'excommunication qu'il ne regrette pas du tout, et dont il semble même se réjouir, sont entièrement contreproductifs. Ces propos de ces deux personnalités sont contraires à la pédagogie dont on doit user en théologie morale à tous les niveaux de compréhension ou d'explication.

Écrit par : Martine | 04/06/2009

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