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29/05/2009

Face à la crise : la solidarité sociale ! Le pape Benoît XVI balaie les idées fausses des vingt dernières années

Il souligne que le social est  "un véritable acte du culte".     Et il appelle les pays riches "à retrouver le sens de la mesure et de la sobriété dans l'économie et le mode de vie" :


 

 

Le 28 mai, Benoît XVI recevait les évêques d'Italie. Voici le point-clé de son discours :

 

<< Il ne fait pas de doute que c'est de l'esprit chrétien que puise une vitalité toujours nouvelle ce sens de la solidarité qui est profondément enraciné dans le cœur des Italiens et qui trouve l'occasion de s'exprimer avec une intensité particulière dans certaines circonstances dramatiques de la vie du pays, dont, dernièrement, le tremblement de terre dévastateur qui a frappé certaines régions des Abruzzes. Comme votre président l'a déjà dit, j'ai pu, lors de ma visite dans cette terre tragiquement blessée, me rendre compte personnellement des deuils, de la douleur, et des désastres produits par le terrible séisme, mais aussi, cela été réellement impressionnant pour moi, de la force d'âme de ces populations et en même temps du mouvement de solidarité qui s'est mis en route promptement vraiment de toutes les régions d'Italie. Nos communautés ont répondu avec une grande générosité à la demande d'aide qui montait de la région, en soutenant les initiatives promues par la conférence épiscopale à travers les Caritas. Je désire renouveler aux évêques des Abruzzes et, à travers eux, aux communautés locales, l'assurance de ma constante prière et de ma proximité affectueuse permanente.

Depuis des mois, nous constatons les effets d'une crise financière et économique qui a frappé durement la scène mondiale et a atteint tous les pays de façon variée. En dépit des mesures prises à différents niveaux, les effets sociaux de la crise ne manquent pas de se faire encore ressentir , et même durement, de façon particulière dans les couches les plus faibles de la société et sur les familles. C'est pourquoi je désire exprimer combien j'apprécie et encourage l'initiative du fonds de solidarité appelé « Prêt de l'espérance » qui aura dimanche prochain justement un moment de participation unanime lors de la collecte nationale, qui constitue la base de ce fonds même. Ce nouvel appel à la générosité qui s'ajoute à tant d'autres initiatives entreprises par différents diocèses, évoque le geste de la collecte promue par l'apôtre Paul en faveur de l'Eglise de Jérusalem, et elle est un témoignage éloquent du partage mutuel des fardeaux. En ce moment de difficulté, qui frappe de façon particulière ceux qui ont perdu leur travail, cela devient un véritable acte du culte qui naît de la charité suscitée dans le cœur des croyants par l'Esprit du Ressuscité. C'est une annonce éloquente de la conversion intérieure engendrée par l'Evangile et une manifestation touchante de la communion ecclésiale. >>



Benoît XVI insiste sur la solidarité nationale, il élargit sa réflexion à la crise économique mondiale, et il donne une dimension sans précédent au « partage mutuel des fardeaux » : cela devient « un véritable acte du culte », une annonce de la « conversion intérieure », souligne-t-il.

Ces paroles  balaient la vieille calembredaine progressiste selon laquelle il fallait oublier le cultuel pour faire du social.

Elles balaient aussi la propagande néolibérale qui s'ingéniait à discréditer la notion de solidarité. Ironiser sur la Sécurité sociale et « les retraites à la française », chanter la louange des fonds de pension, c'était la rengaine des nineties. On voit ce qu'il en est aujourd'hui, en plein délire de la planète spéculative, après que des banques et des institutions publiques aient perdu des sommes folles à la roulette des marchés... Si des millions de Français ne sombrent pas dans la misère sous les coups de la crise, ce n'est pas grâce aux soi-disant vertus du libéralisme : c'est grâce à la solidarité nationale.

On voit combien le néolibéralisme contredit le catholicisme, et quelle mystification a représenté la longue campagne (1990-2001) tendant à nier cette contradiction. Le social n'est pas étranger à la pensée catholique : il lui est consubstantiel. C'est « une manifestation de la communion ecclésiale », dit aujourd'hui Benoît XVI.

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D'autant que :

 

<<...ROME, Vendredi 29 mai 2009 (ZENIT.org) - Benoît XVI a dénoncé le « désespoir » que provoque la crise économique chez certaines personnes, mettant en garde contre le risque de « catastrophe humaine ». Il a invité les « pays développés » à « retrouver le sens de la mesure et de la sobriété dans l'économie et dans le mode de vie ».
Ce 29 mai au Vatican, le pape a adressé un discours commun aux ambassadeurs de la Mongolie, de l'Inde, de la République du Bénin, de Nouvelle Zélande, de la République Sud-africaine, du Burkina Faso, de la Namibie et de la Norvège, venus présenter leurs lettres de créance.
En évoquant « la crise sociale et économique que connaît le monde », le pape a déploré « les injustices souvent criantes entre les nations, ou en leur sein, ainsi que tous les processus qui contribuent à susciter des divisions entre les peuples ou à les marginaliser ». Ils « sont de dangereuses atteintes à la paix et créent de sérieux risques de conflits », a-t-il mis en garde.
Pour Benoît XVI, les « disparités sont devenues encore plus criantes à cause de la crise financière et économique actuelle qui se répand à travers différents canaux dans les pays à faible revenu ». « Cette crise peut se transformer en catastrophe humaine pour les habitants de nombreux pays fragiles », a-t-il dit.
Si « ceux qui vivaient déjà dans une extrême pauvreté, en sont les premiers touchés car ils sont les plus vulnérables », cette crise « fait également basculer dans la pauvreté des personnes qui vivaient jusque-là de manière décente, sans être toutefois aisées ». « La pauvreté augmente et elle a des conséquences graves et parfois irréversibles », a poursuivi le pape. « Ainsi, la récession engendrée par la crise économique peut devenir une menace pour l'existence même d'innombrables individus » et notamment les enfants qui sont « les premières victimes innocentes » à protéger.
Mais pour le Saint-Père, cette crise économique a un autre effet : « le désespoir qu'elle provoque » conduit parfois à des «
actes individuels ou collectifs de violence qui peuvent mener à des conflits internes qui risquent de déstabiliser encore davantage des sociétés affaiblies ».
Pour affronter cette situation et permettre aux pays dans le besoin « de soutenir leur économie » et de consolider leurs «mesures sociales», le pape a invité à suivre l'exemple de certains pays qui
« ont décidé de ne pas diminuer leur aide aux pays les plus menacés, se proposant au contraire de l'augmenter ».
« Ce partage demande aux pays développés de retrouver le sens de la mesure et de la sobriété dans l'économie et dans le mode de vie »,
a-t-il insisté. >>

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Commentaires

DROIT AU COEUR

> Je trouve qu'on ne peut qu'admirer l'art qu'a Benoit XVI des mots vrais et denses, des expressions géniales qui recouvrent si bien la réalité. Il a vraiment le charisme de la vérité. Cela me frappe particulièrement quand il dit que "le partage des fardeaux est un acte du culte". Si on applique cela à une paroisse, à une eucharistie, on ne peut qu'en déduire que l'acte de culte s'étend non seulement à la participation physique à l'eucharistie, mais va jusqu'au partage des fardeaux. On a en quelque sorte participé pleinement au culte quand on a, dans toute la mesure de nos moyens, partagé le fardeau des autres. Les conséquences ne sont pas neutres et partager le fardeau des autres ne peut être qu'un geste symbolique.
On a toujours ce style qui était si marquant, allant droit au coeur, que Benoit XVI a exprimé lors des funérailles de Jean-Paul II.

Écrit par : olivier le Pivain | 29/05/2009

LE SYSTEME FRANCAIS

> On commence à lire dans la presse anglosaxonne ( cf Courrier International ) des articles économiques qui constatent les aspects positifs du système français. Ils remarquent surtout que la récession est beaucoup moins forte en France qu'au Royaume Uni ou qu'en Espagne. La cause en serait que la couverture sociale française permet un relatif maintien de la consommation des ménages .

Écrit par : Horus | 29/05/2009

L'ECONOMIE DE COMMUNION (FOCOLARI)

> Cette opération de l'épiscopat avec les banques italiennes, "Prêt de l'espérance", fait chaud au coeur par le parti pris concret qu'elle représente en faveur des pauvres. Espérons qu'elle fera boule de neige. Et l'on se prend à rêver. Imaginez que des Eglises appellent les entreprises de leur ressort local ou national à entrer dans le cercle vertueux de l'économie de communion proposé par le mouvement des Focolari. J'ai une confiance (toute intuitive, car je suis nul sur ces questions économiques) dans cette initiative. Les entreprises participant à ce projet - elles seraient environ 750 aujourd'hui dans le monde - font don d'une partie de leurs bénéfices (après impôt). Le principe est le suivant (sauf erreur de ma part) : un tiers de ces bénéfices est réinvesti dans l'entreprise, un tiers sert à la formation des personnes à la culture du don, enfin un tiers est donné aux pauvres adhérant au projet. Cette économie de communion n'est valable, évidemment, que si elle est appliquée en respectant les salariés (donc avec leur accord) mais aussi les clients et les fournisseurs de l’entreprise, et si elle respecte également l'environnement. L'économie de communion semble progresser régulièrement depuis qu'elle a été "inventée" par Chiara Lubich. Signe sans doute d'une charité bien ordonnée.

Écrit par : Denis | 29/05/2009

DE LA PEINE

> Tous les sites catholiques, je dis bien TOUS, devraient relayer ces paroles du pape. On les attend là. Je ne veux pas croire que certains les boycotteront parce qu'ils n'aiment pas Benoit XVI et ne veulent pas admettre qu'il pense comme eux sur ces points ; et que certains autres les boycotteront parce que là le pape ne parle pas de leurs thèmes moralisateurs favoris ! Pensez donc, appeler les pays riches à la sobriété dans leur économie et leur façon de vivre, voilà qui ferait de la peine au bon monsieur Allègre qui n'aime pas les curés mais que nous aimons tant quand même !

Écrit par : Amicie T. | 29/05/2009

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