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27/03/2009

Démasqués ! un spécialiste de l’Antiquité chrétienne règle leur compte à Prieur et Mordillat

L9782283610572[1].jpgBravo à l’historien Jean-Marie Salamito,

spécialiste du christianisme antique

– et à Maurice Sartre

qui parle très bien

de ces  Chevaliers de l’Apocalypse (DDB)

dans Le Monde des livres :

http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/03/26/les-chevaliers-de-l-apocalypse-reponse-a-mm-prieur-et-mordillat-de-jean-marie-salamito_1172748_0.html

 


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12:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : christianisme

Commentaires

ENFIN

> Ouf ! Enfin. Ca devenait lassant, ces émissions lancinantes, manipulatrices, instrumentalisant de malheureux universitaires tout contents de passer à la télé, même au prix d'une mise en scène peu glorieuse pour eux.

Écrit par : Danièle | 27/03/2009

L'IMPOSTURE

> Comme vous dites : enfin !
Je n'ai jamais compris pourquoi l'Eglise et l'Université n'avaient pas réagi plus fermement aux travaux mensongers et malhonnêtes de ces deux individus. Depuis le début, tout indique l'imposture : les faits, la méthode, la personnalité des auteurs...
Je ne peux m'empêcher de relier ceci au fait que le monde français de l'édition, comme celui de l'audiovisuel est très largement gangrené par des "sociétés de pensée" hystériquement anti-catholiques, selon des procédés pour lesquels la HALDE devrait être saisie !

Écrit par : julius | 27/03/2009

PLAISIR

> Enfin un peu de jugeote !
Cela fait plaisir de voire que Le Monde est encore capable de bons articles. On l'avait presque oublié depuis quelques temps.
C'est vrai que ce n'est qu'une goutte d'eau, mais c'est un bon début.

Écrit par : Pema | 27/03/2009

UN FINKIELKRAUT A NE PAS RATER

> Le côté positif de ce livre, également, c'est qu'il fait sortir le loup du bois : Mordillat et Prieur son désormais contraints de s'expliquer.
Les vidéos de leur débat avec Salamito, sur le site du Monde de la Bible, sont particulièrement instructives concernant leur univers mental, et ils n'en sortent pas grandis.
Samedi 27, Finkielkraut reçoit Mordillat et Salamito; là aussi, le débat risque d'être désastreux pour le réalisateur. Le livre en soi est suffisant, mais je ne raterai pour rien au monde cette émission, ne serait-ce que pour voir comment Mordillat va chercher à se tirer d'affaire.

Écrit par : Blaise | 27/03/2009

UN OEU SUR MA FAIM

> Je viens d'entendre l'émission de Finkielkraut.
Je reste un peu sur ma faim.
Le Bidochon des comptoirs a été égal à lui-même.
Son contradicteur, que je ne connaissais pas, a gagné un lecteur.
AF, comme d'habitude reste d'abord logorrhéique ...
Julius

[ De PP à J. - Je n'ai pu l'entendre, étant dans le TGV à cette heure-là, mais plusieurs compte-rendus m'en ont été faits et vont dans votre sens. Avec ce supplément négatif : AF croit que Benoît XVI a excommunié la mère de la petite fille de Recife. Voiilà encore une preuve de l'urgence d'une véritable communication de la part des catholiques. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Julius | 28/03/2009

BETISE

> Prieur et Mordillat se révèlent dans un pamphlet odieux, non pas contre l'Eglise, mais contre la personne même du Christ en se moquant (dessins à l'appui) : "De la Crucifixion considérée comme un accident du travail". Jetez-y un oeil (sur Internet) si vous avez l'occasion pour vous rendre compte de la bêtise et de la haine.

Écrit par : Michel.B | 28/03/2009

DVD LARGEMENT DIFFUSES

> Malheureusement, après leur diffusion sur Arte, les DVD de leurs émissions ont été largement diffusés, sans aucun discernement...

Écrit par : Michel de Guibert | 29/03/2009

> ... largement diffusés par des organes de diffusion chrétiens ! Appelons un chat un chat !

Écrit par : Michel de Guibert | 30/03/2009

MARCHANDISE

> J'ai eu le temps de regarder l'émission et sur le fond, moi aussi, je reste sur ma faim.
Sur la forme, j'ai pu me rendre compte qu'il s'agit d'un sujet brûlant où les passions s'expriment pleinement.
Je ne connais aucun des participants et je n'ai pas vu la série "L'Apocalypse..." mais je note que ces gens ne s'aiment pas.
Concernant M.Salamito, Je n'ai rien à dire en particulier mais M.Mordillat m'est apparu, dans la forme, assez proche du "bouffeur de curé". Il a sommé M.Salamito d'afficher son christianisme (cf sa question sur la réalité historique de la résurrection), cherchant à discréditer ses propos et l'accuse, en toute fin d'émission d'être un curé en civil.
M.Finkielkraut, quant à lui, nous rappelle que l'Europe n'est plus chrétienne, et c'est vrai qu'il se fait l'écho de toutes les approximations concernant les derniers propos du Pape. M.Mordillat s'engouffre dans la brèche et M.Salamito est bien timide dans les corrections qu'il apporte.
Je suis inquiet quant à l'honnêteté intellectuelle de notre élite.
J'ai été très choqué par le rapprochement établi entre les martyres chrétiens et musulmans (en ajoutant les martyres juifs, il s'agirait pour M.Mordillat de trois expressions différentes du même DESIR).
Dans la foulée, j'ai regardé le débat organisé par Arte, Le monde la Bible,... où se retrouvaient les mêmes intervenants.
Là, j'ai compris que Mrs Mordillat et Prieur ont bien une intention que M.Salamito fait apparaître et dont il reproche qu'elle ne soit pas clairement affichée dès le départ : Il n'y a aucun lien entre l'Eglise catholique et la personne du Christ, il ne s'agit pas d'une trahison volontaire mais tout de même d'une tromperie (sur l'origine de la marchandise).

Écrit par : sombre héros | 30/03/2009

Voir aussi :
Gérard Mordillat, Jérôme Prieur
Jésus après Jésus. L'origine du christianisme
P. Jean Comby
Esprit et Vie n°108 - juin 2004 - 2e quinzaine, p. 27-28.

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=891

Écrit par : Sur le P. Comby / | 30/03/2009

A PP/ cher Patrice, vous pouvez télécharger le podcast de l'émission sur le site de France-culture. c'est ce que j'ai fait et ça marche du tonnerre. finalement, la technologie à parfois du bon.

Écrit par : vf | 30/03/2009

MORDILLAT : DISCREDIT

> Salamito m'a semblé correct concernant les propos du pape, sans timidité particulière. Seulement, le sujet est arrivé en fin d'émission (ce qui limitait son temps de parole); et, s'il ne cachait pas sa foi, il s'exprimait en tant qu'historien. Or, il lui fallait éviter un mélange des genres. Néanmoins, il me semble avoir dit l'essentiel.
C'est vrai qu'au sortir de l'émission on pourrait rester insatisfait. Quelqu'un qui l'écouterait en étant déjà acquis à la thèse de Mordillat et Prieur aurait peu de chances de changer d'avis du jour au lendemain. Mais bon, c'est la faiblesse inhérente de la radio par rapport au texte. Malgré tout, le débat en valait la peine : les envolées de Mordillat sur le martyre chrétien, ou sa théorie caricaturale selon laquelle l'Eglise aurait été depuis toujours du côté des opresseurs, achevait de le discréditer. Cette fois-ci, plus de maquillage télévisuel pour faire passer ses idées.

Écrit par : Blaise | 30/03/2009

LE FILM

> Voir aussi sur le site d'Arte le débat filmé en partenariat avec le Monde de la Bible entre le tandem Mordillat/Prieur et Jean-Marie Salamito

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/L-Apocalypse/2285794.html

Écrit par : Sur le site d'Arte | 30/03/2009

LE P. ROLLAND

> Prieur, Mordillat et l’origine du christianisme - Réponses d’un exégète

Entretien avec le Père Philippe Rolland

Le Père Philippe Rolland a enseigné l’exégèse notamment à Paris, Brazzaville, Jérusalem et Issy-les-Moulineaux. Spécialiste reconnu des relations généalogiques entre les Evangiles, il s’est signalé par plusieurs ouvrages proposant une datation des livres du Nouveau Testament, en particulier L’origine et la date des Evangiles (éditions Saint Paul 1994). Son dernier ouvrage paru, La mode “pseudo” en exégèse (Editions de Paris, 2002) revient sur la question de l’authenticité des différents écrits néo-testamentaires… Nous l’avons interrogé sur un livre récent.

- Mon Père, en tant qu’exégète, que pensez-vous de l’ouvrage de Jérôme Prieur et de Gérard Mordillat intitulé Jésus après Jésus ?

Aussi bien dans ce livre que dans la série télévisée qui l’accompagne sur Arte et qui porte sur les origines du christianisme, le point de départ de ces deux auteurs est la célèbre formule d’Alfred Loisy : « Jésus annonçait le Royaume et c’est l’Eglise qui est venue ». Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, en 2002, ces deux journalistes ont republié le fameux ouvrage de Loisy intitulé L’Evangile et l’Eglise où cette formule a été énoncée pour la première fois. L’abbé Alfred Loisy, qui lisait beaucoup les exégètes allemands, était intellectuellement convaincu que Jésus n’avait pas cherché à fonder une Eglise et que ses premiers disciples n’en avaient pas eu non plus l’idée. Selon lui, l’évolution de la communauté chrétienne vers une institution durable, capable d’affronter l’usure du temps, était due à des génies religieux de la deuxième ou de la troisième génération chrétienne. D’où d’ailleurs ce que j’ai appelé « la mode pseudo », cette idée que certains textes reconnus pourtant comme canoniques ne datent pas de la première génération chrétienne et sont donc fictivement attribués à Paul ou à Pierre... Mais indépendamment même de ce problème de l’authenticité des livres du Nouveau Testament, dont j’ai longuement traité dans différents ouvrages, ce qui m’a frappé à la lecture de Jésus après Jésus, c’est que, pour soutenir aujourd’hui la thèse de Loisy, telle que je viens de vous la résumer, les deux journalistes doivent se livrer à une véritable déconstruction des textes eux-mêmes.

Ce n’est pas seulement l’authenticité de leur attribution qui est mise en cause, c’est leur substance.

- Cette accusation est lourde. Pouvez-vous donner quelques exemples de cette déconstruction du texte biblique dans Jésus après Jésus ?

Je voudrais emprunter les quelques exemples que je vais vous proposer à la lecture qui est faite dans ce livre de ce texte fondamental sur les origines chrétienne qui s’appelle les Actes des Apôtres. Prieur et Mordillat ont intitulé le chapitre où ils évoquent ce texte : « Le roman des origines ». Tout un programme ! La méthode de nos deux auteurs n’est manifestement pas à la hauteur. Pour vous le montrer, je vais devoir entrer dans le détail...

* Une drôle de méthode… Retour sur quelques exemples de “raisonnement”

Voici un premier exemple : pour nos deux auteurs, il n’est pas vrai que Paul se soit d’abord appelé Saül. La preuve qu’ils fournissent ? Dans ses Epîtres, l’Apôtre ne s’est jamais appelé lui-même que Paul. Quant à ce que dit saint Luc, sur ce point, dans les Actes des Apôtres, cela pourrait fort bien être une invention.

La réponse que l’on peut apporter à ce genre d’élucubrations est très simple. Le témoignage du livre des Actes est confirmé par l’Epître aux Philippiens (III, 5) où l’Apôtre dit qu’il a été circoncis le huitième jour après sa naissance. S’il a été circoncis conformément à la Loi, il a nécessairement reçu un prénom juif. N’en déplaise à Prieur et à Mordillat, Paul n’est que son nom romain.

Deuxième exemple : dans les Actes, il est dit que Pierre est arrêté à Jérusalem sous le roi Agrippa. Voici le texte, tiré du douzième chapitre des Actes des apôtres : « Pierre était endormi entre deux soldats. Deux chaînes le liaient et devant la porte des sentinelles gardaient la prison. Soudain l’ange du Seigneur survint et le cachot fut inondé de lumière. L’ange frappa Pierre au côté et le fit lever : “Debout ! Vite !” dit-il. Et les chaînes lui tombèrent des mains. L’ange lui dit alors : “Mets ta ceinture et chausse tes sandales”. Ce qu’il fit. Il lui dit encore : “Jette ton manteau sur tes épaules et suis-moi.” Et Pierre sortit et il le suivait ; il ne se rendait pas compte que c’était vrai ce qui se faisait par l’ange, mais il se figurait avoir une vision. Ils franchirent ainsi un premier poste de garde, puis un second et parvinrent à la porte de fer qui donne sur la ville. D’elle-même, elle s’ouvrit devant eux. Ils sortirent, allèrent jusqu’au bout d’une rue, puis brusquement l’ange le quitta. Alors Pierre revenant à lui, dit: “Maintenant je sais vraiment que le Seigneur a envoyé son ange et m’a arraché aux mains d’Hérode et à tout ce qu’attendait le peuple juif”. Et s’étant reconnu, il se rendit à la maison de Marie, mère de Jean, surnommé Marc, où une assemblée assez nombreuse s’était réunie et priait ». Voici le “commentaire” de nos deux apprentis exégètes : «tout le vocabulaire de ce passage évoque la fin du personnage, son décès. Pierre s’est “endormi” (c’est-à-dire qu’il est mort), il est “dans les chaînes” (c’est-à-dire qu’il est au schéol), un ange le réveille (c’est-à-dire le ressuscite) et miraculeusement le délivre (...) Pierre se montre aux siens, qui le prennent pour un ange, puis il s’en va “dans un autre endroit”. Pierre passe, il est passé... Pour tout lecteur de bonne foi, ce récit ne peut être que celui de la mort de Pierre, prolongé d’un récit de résurrection, d’autant que le personnage disparaît alors complètement des Actes, à l’exception d’un discours qu’il prononce au chapitre XV » (op. cit. p. 142). On admirera cet aplomb avec lequel Prieur et Mordillat affirment le contraire du texte qu’ils ont à commenter : « Pour tout lecteur de bonne foi... » De bonne foi ? vraiment ? Mais où donc est-il question de la mort de Pierre dans ce passage ? Quant au dernier point de l’argumentation, il est étonnant : ce texte ne nous raconte pas la délivrance mais la mort de Pierre « puisqu’on ne l’a vu qu’une fois après »... Une telle contradiction, une telle mauvaise foi, cela ne s’invente pas ! Notons quand même que l’Epître aux Galates confirme le chapitre XV des Actes des Apôtres. On y voit Pierre, au concile de Jérusalem, cinq ou six ans après les événements rapportés (nous sommes en 49, après la mort d’Agrippa). Seulement voilà, la présence de Pierre au concile de Jérusalem ne fait pas les affaires de Prieur et Mordillat, qui voudraient pouvoir constater sa mort précoce. Pour conclure ensuite qu’il n’est jamais venu à Rome... Pour cela, ils sont prêts à tout, même à une “lecture fiction”...

Voici un troisième exemple, tournant à nouveau autour du rôle de Pierre. On lit qu’Ananias et Saphire sont morts devant le chef des Apôtres qui leur demandait des comptes, parce qu’ils avaient menti à la communauté sur leurs propriétés... Nos deux fins limiers proposent une autre interprétation. Pour eux, il est très vraisemblable que c’est Pierre qui les a tués et que c’est pour cela qu’il a été mis en prison... Voici leur « raisonnement ». A les entendre, il importe d’abord de considérer que l’arrestation des Apôtres « fait partie d’une séquence narrative dont le schéma est le suivant : 1/ Don de Barnabé 2/ Mort d’Ananie et de Saphire 3/ Miracle de Pierre 4/ Arrestation des apôtres... Se pourrait-il qu’il y ait un intrus dans cet enchaînement ? Un élément parasite qui brouillerait notre compréhension ? Précisément, que vient faire la poignée de miracles, de guérisons, d’exorcismes, jetés en vrac par l’auteur, comme pour atténuer la mort d’Ananie et de Saphire ? Ne lirait-on pas tout autrement leur histoire si l’on passait directement de la mort des deux époux à l’arrestation des apôtres par le Sanhédrin ? Comme s’il y avait, enfoui sous le texte un secret : entre le décès d’Ananie et de Saphire et l’incarcération de Pierre, il y aurait véritablement une relation de cause à effet. Pierre serait sinon son exécutant, du moins l’inspirateur du crime... » (op. cit. p. 123). Il n’y a pas besoin de plus amples commentaires. Nous tenons à nouveau là l’exemple d’une réécriture du texte sacré. Et manifestement les deux compères procèdent non pas scientifiquement mais par la méthode d’association d’idées, qui les mène jusqu’à accuser Pierre d’un crime. Et puis, au dernier moment, ils font mine de se raviser : « Mais n’allons pas trop loin » concluent-ils. Quelle est la crédibilité de tels procédés ? Si l’on veut parler avec eux du Nouveau Testament, il faut bien se rendre compte qu’on ne parle pas du même texte qu’eux...

* Quand les apôtres deviennent des meurtriers

Vous voulez un quatrième exemple ? D’après nos auteurs, ce sont les Douze qui auraient accusé les hellénistes (chrétiens venus du judaïsme de langue grecque NDLR) devant le Sanhédrin (cf. p. 143). Ils seraient même les instigateurs de la mort d’Etienne par lapidation... Pourquoi affirment-ils cela, alors qu’il est clair qu’Etienne est mort parce qu’il prêchait sur la destruction du Temple... C’est à croire décidément qu’ils n’ont pas le même texte que nous sous les yeux...

- Mais pourquoi de telles distorsions par rapport à la lettre du texte. Quelle thèse fondamentale cherchent-ils à accréditer ?

Leur thèse fondamentale dans ce Jésus après Jésus, c’est que Jésus était juif, entièrement juif et que tout horizon différent relève de “l’après-Jésus”.

Pour prouver cette assertion, ils n’ont qu’un seul argument, la formule célèbre de Matthieu X, 6 : « Allez plutôt vers les brebis perdues de la Maison d’Israël ». Notons tout de même qu’en employant l’adjectif “perdues”, Jésus souligne dans l’Evangile qu’Israël est infidèle à sa Mission, et qu’il faut lui adresser un dernier appel à la conversion. Quant aux païens, Jésus montre qu’ils doivent avoir part au salut. Voyez l’épisode de la Cananéenne, significatif parce qu’il met en scène une non-juive : alors que Jésus paraît très dur avec elle, lui disant « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la Maison d’Israël », l’épisode se termine sur cette exclamation du Maître : « O femme, grande est ta foi ! Qu’il t’advienne selon ton désir ! » (cf. Matth. XV, 21 ssq). On peut citer d’autres passages en ce sens qui montrent bien que Jésus dépasse l’horizon d’Israël et qu’il voit son Royaume aux dimensions du monde. La guérison du serviteur du centurion païen en Matthieu 8 et Luc 7 montre bien que Jésus accueille les païens. Jésus dit à son sujet : « Jamais je n’ai trouvé une pareille foi en Israël ». Eh bien ! Ces textes qui ne correspondent pas à la théorie de Jésus après Jésus, Mordillat et Prieur s’en débarrassent en les taxant d’inventions postérieures. C’est tellement facile ! Mais ce mépris des données est tellement peu scientifique !

* « L’autorité de Pierre était reconnue dès les premiers jours qui ont suivi la Résurrection »

- Selon vous, à quel moment peut-on repérer dans le Nouveau Testament l’existence d’une Eglise chrétienne ?

Dès le moment de la conversion de Paul, c’est-à-dire au plus tard en l’an 37. En effet, dans l’Epître aux Galates, Paul dit qu’il est allé, la troisième année après sa conversion « faire la connaissance de Céphas » (Ga I, 18). Cela prouve que Paul avait appris à Damas que l’apôtre Simon était le Rocher (Cephas) désigné par Jésus pour diriger la communauté. Paul n’était pas du tout un franc-tireur. Il sait que d’autres ont été « apôtres avant lui » (Ga I, 17). Il dit que s’il n’avait pas été approuvé par les « colonnes » de l’Eglise, il aurait « couru pour rien » (Ga II, 2). Dans le même texte, Paul reconnaît que la mission de Pierre est antérieure à la sienne : « Voyant que l’évangélisation des incirconcis m’était confiée comme à Pierre celle des circoncis, car celui qui avait agi en Pierre pour faire de lui un apôtre des circoncis avait pareillement agi en moi en faveur des païens… » (Ga II, 8). L’Epître aux Galates date de l’hiver 56-57, mais les événements qui y sont racontés sont bien antérieurs, et ils montrent que l’autorité de Pierre était reconnue dès les premiers jours qui ont suivi la résurrection.

- Prieur et Mordillat reprennent la question éculée des frères de Jésus. Marie serait, selon eux, la mère d’une famille nombreuse. Que peut-on leur répondre ?

Depuis longtemps, saint Jérôme a montré que dans les langues sémitiques le mot “cousin” n’existe pas, mais que tous les proches sont appelés des frères ou des sœurs. Quatre frères de Jésus nous sont connus par Marc VI, 3 et Matth. XIII, 55, ce sont Jacques, Joseph (ou Joset) Simon et Jude. Or au pied de la Croix, on retrouve une « Marie mère de Jacques et de Joset », qui n’est donc pas Marie mère de Jésus (cf. Mc XV, 40). Cette Marie est appelée « femme de Clopas » en Jean XIX, 25. Au IIème siècle, l’historien Hégésippe (dont certains textes ont été recueillis par Eusèbe de Césarée qui les a transmis jusqu’à nous) dit explicitement à propos de « Simon fils de Clopas » qui a succédé à son frère Jacques à la tête de l’Eglise de Jérusalem, qu’il est un cousin (anepsios) de Jésus...

* Les deux tripatouilleurs de traductions n’ont pas accès aux langues originelles des Evangiles

- Il y a une dernière question importante dans ce livre : est-il vrai que les Epîtres de saint Paul soient à l’origine de l’antisémitisme ?

Prieur et Mordillat ne s’intéressent pas à l’ensemble des textes que Paul a consacrés au destin providentiel du peuple juif. Ils ont focalisé leur attention sur un texte de la Première Epître aux Thessaloniciens. Le voici : « Vous vous êtes mis, frères, à imiter les Eglises de Dieu qui sont en Judée : vous avez souffert de la part de vos compatriotes les mêmes traitements qu’ils ont soufferts de la part des juifs : ces gens-là ont mis à mort Jésus le Seigneur et les prophètes, ils nous ont persécutés, ils ne plaisent pas à Dieu, ils sont ennemis de tous les hommes quand ils nous empêchent de prêcher aux païens pour leur salut, mettant ainsi le comble à leur péché » (IThess. II, 14-16). Selon Prieur et Mordillat, la traduction de la Bible de Jérusalem que je viens de citer est mauvaise : «L’introduction de la conjonction quand exprime une relation de concordance ou de simultanéité temporelle, elle vise à atténuer la portée de la formule assassine (ennemi de tous les hommes NDLR). On voudrait croire et faire croire que les juifs sont ennemis de tous les hommes uniquement et précisément au moment où ils empêchent les prédicateurs chrétiens de s’adresser aux païens. Sous entendu : qu’ils cessent de le faire et l’accusation sera aussitôt levée. Ce choix de traduction (dans la Bible de Jérusalem NDLR) est évidemment un choix théologique autant qu’idéologique... ». Ici, curieusement, plutôt que de recourir à l’original grec pour trancher la question de la fidélité ou de l’infidélité de la Bible de Jérusalem, Prieur et Mordillat se contentent de citer plusieurs traductions, montrant ainsi qu’ils n’ont pas eux-mêmes accès immédiatement au texte grec. En fait, s’ils avaient pu consulter le texte original, ils auraient vu qu’il y a une rupture de construction : après une accumulation de “kai” (la conjonction “et”), le dernier génitif kôluontôn (empêchant) se trouve en apposition à la formule “ennemis de tous les hommes”. La Bible de Jérusalem a donc raison de traduire: « les juifs sont ennemis de tous les hommes, quand ils empêchent » la prédication aux païens. Et contrairement à ce que disent Prieur et Mordillat, la Bible d’Osty traduit de la même façon. « Ils sont ennemis de tous les hommes, nous empêchant de prêcher aux païens pour leur salut. » Si l’on remet ce texte dans le contexte de la vie de Paul telle qu’elle nous est connue par les Actes des Apôtres, on remarque que Paul, à Thessalonique comme à Bérée, a été poursuivi par les juifs de la Synagogue, qui tentent de l’empêcher de prêcher aux païens (cf. Ac XVII). C’est à cause de cela qu’il devra quitter précipitamment la Macédoine pour chercher refuge à Athènes.

- Si je les ai bien lus, Prieur et Mordillat disent que ce passage aurait été interpolé...

Ils disent effectivement que l’expression « ennemis du genre humain », appliquée aux Juifs, se trouve dans Tacite, l’historien romain, 50 ans plus tard et que le texte serait donc postérieur à celui de Tacite. Mais il n’y a aucune trace d’une interpolation dans la Tradition manuscrite. Nous ne possédons pas le plus petit argument textuel en ce sens. En fait, au lieu d’éliminer un passage gênant, Prieur et Mordillat auraient dû tenter de le comprendre, comme nous le faisons en ce moment. Paul nous dit très exactement ce qui est le drame du judaïsme à cette époque. Les juifs ne veulent pas que les païens soient sauvés, et en cela, ils sont foncièrement infidèles à la Bible qui annonce que les païens sont aimés de Dieu. On se trouve à un moment de l’histoire où le judaïsme s’est rétréci pour des raisons nationalistes et ne reste pas fidèle à l’universalisme des textes sacrés. On peut évoquer, à propos de cet universalisme présent dans le judaïsme de l’Ancien Testament, le livre de Jonas, le prophète qui va prêcher à Ninive. On peut souligner que dans le Temple, il y avait un espace réservé aux païens, preuve que Dieu recevait la prière des païens. Le drame de Paul (dont on retrouve les racines dans l’Evangile) c’est justement cette infidélité du peuple juif à l’universalisme du Salut. Il y a un texte du Livre d’Isaïe qui a beaucoup compté pour saint Paul et qui définit la mission du Serviteur de Dieu, c’est-à-dire du Christ : « J’ai fait de toi la lumière des nations, pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre » (Is 49,6). Ce sont ces dernières paroles que Paul prononce à Antioche de Pisidie, lorsque presque toute la ville s’est jointe aux juifs dans la Synagogue, pour entendre la Bonne nouvelle (Ac. XIII, 47). Selon lui, elles résument sa vocation d’apôtre des nations. Et si Paul dans le texte de l’Epître aux Thessaloniciens déclare que les juifs sont ennemis de tous les hommes, c’est justement parce que les juifs refusent l’universalité du salut, annoncée par le prophète Isaïe. N’est-ce pas ce qui est inscrit dans la Loi ? N’est-ce pas ce qu’on peut lire dans le Livre du Lévitique ? « Tu aimeras l’étranger comme toi-même » (Lév. XIX, 34). Pourquoi aimer l’étranger ? Mais parce que Dieu aime tous les hommes et que son dessein de salut est universel.

- Vous êtes en train de nous rappeler la doctrine du verus Israël, le véritable Israël de Dieu. Et justement Prieur et Mordillat disent que ce thème remonte à saint Justin, au milieu du IIème siècle...

Mais saint Justin n’a rien inventé ! L’idée du verus Israël est déjà présente dans les Epîtres de Paul et dans la Première de Pierre. Voyez I Co X, 18 où saint Paul nous dit : « considérez l’Israël selon la chair ». Et en Gal IV, 16, Paul s’écrie : « Paix à l’Israël de Dieu ». il est très clair que pour lui, il y a deux Israël, l’un charnel et l’autre spirituel.

* Saint Paul et le véritable Israël de Dieu

Paul l’explique d’ailleurs sous une autre forme dans la même Epître aux Galates : « Abraham eut deux fils, l’un de la servante et l’autre de la femme libre ; mais celui de la servante est né selon la chair, celui de la femme libre en vertu de la promesse. Il y a là une allégorie : ces deux femmes représentent deux alliances ; la première se rattache au Sinaï et enfante pour la servitude : c’est Agar et elle correspond à la Jérusalem actuelle, qui de fait est esclave avec ses enfants. Mais la Jérusalem d’en haut est libre et elle est notre mère... » (Gal. IV, 21sq). Dans ce texte célèbre, on trouve la même opposition entre la Jérusalem actuelle et la Jérusalem spirituelle, « notre mère », la mère de tous ceux – « juifs ou grecs » – qui reçoivent la foi en Jésus-Christ. On retrouve aussi ce thème dans la IIème aux Corinthiens : « Dieu nous a fait ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit… Jusqu’à ce jour, quand on lit Moïse, un voile est posé sur leur cœur. C’est quand on se convertit au Seigneur que ce voile est enlevé. Car le Seigneur, c’est l’Esprit, et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (II Co III, 6-15-17).

Le thème du verus Israël n’est donc pas une évolution historique du IIème siècle ; c’est déjà la pensée de Paul. C’est également la pensée de Pierre, qui transfère aux chrétiens les privilèges du peuple juif : « Mais vous, dit Pierre, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour proclamer la louange de Celui qui vous a appelé des ténèbres à son admirable lumière » (IP. II, 9). On reconnaît dans ces expressions qualifiant le peuple chrétien les termes employés par Moïse dans le Livre de l’Exode (Ex. XIX, 5-6). Et saint Pierre conclut : « Jadis vous n’étiez pas un peuple, mais maintenant vous êtes le Peuple de Dieu » (1 P II, 10).

- Y a-t-il d’autres textes du Nouveau Testament qui parlent de la nouvelle Alliance ?

L’Epître aux Hébreux - occultée par Prieur et Mordillat est nécessairement antérieure à la ruine de Jérusalem, comme l’atteste Hébr. X, 1-3 : « N’ayant en effet que l’ombre des biens à venir, non la substance même des réalités, la Loi est absolument impuissante, avec ses sacrifices que l’on offre perpétuellement d’année en année à rendre parfaits ceux qui s’approchent de Dieu. Autrement n’aurait-on pas cessé de les offrir ? » Son enseignement est très clair. S’appuyant sur l’annonce (en Jérémie XXXI 31) d’une alliance nouvelle, l’auteur de l’Epître explique : « En disant alliance nouvelle (Dieu) rend vieille la première. Or ce qui est vieilli est vétuste et près de disparaître » (Hébr. VIII, 13).

* Une même Loi et deux Alliances

- Pourriez-vous conclure en quelques mots sur ces deux alliances ?

Dieu donne la même Loi morale dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament, mais dans l’Ancienne alliance, la loi est écrite sur des tables de pierre (II Cor. III, 3). Elle n’est pas capable de donner la vie (Gal III, 21). La Nouvelle Alliance propose la même Loi, mais elle est désormais écrite dans les cœurs et elle nous est donnée par la foi au Christ.

- Un dernier mot sur l’ensemble du livre de Mordillat et Prieur ?

* « Il y a dans le monde exégétique un certain nombre de gens qui cultivent à plaisir l’esprit de démolition »

Ces deux journalistes n’ont rien inventé. Ils se sont contentés de glaner çà et là dans différents ouvrages d’exégèse, en ne retenant que ce qui allait dans le sens de leurs opinions préétablies. Mais cela montre qu’il y a dans le monde exégétique un certain nombre de gens qui cultivent à plaisir l’esprit de démolition. Ne nous laissons pas impressionner par le titre de savants qui leur est trop facilement attribué.

http://certitudes.free.fr/nrc15/nrc15002.htm

Écrit par : La réponse du P. Rolland | 30/03/2009

A RADIO NOTRE-DAME

> Pierre Moracchini a reçu lui aussi Jean-Marie Salamito dans son émission "Matière à penser" du 28 mars, sur Radio Notre-Dame. Cette fois Mordillat et son compère ne sont pas invités.
http://www.radionotredame.net/precedemment/matiereapenser/2009-03-23

Écrit par : Blaise | 30/03/2009

PAR EUX MEMES

> Démasqués aussi par eux-mêmes ! Haine et vulgarité...
Le Mot de l'éditeur : "De la crucifixion considérée comme un accident du travail"
La mort de Jésus peut-elle être considérée comme un accident du travail ?
Gérard Mordillat a collaboré à l'ouvrage collectif Jésus : de quoi est-on sûr ? Jérôme Prieur a préfacé l'édition française de Jésus lave plus blanc.
C'est dire que le tandem Mordillat et Prieur - les Rivoire et Carret de l'exégèse - était le plus qualifié pour nous livrer enfin, après d'innombrables travaux sur le Nouveau testament, la quintessence de plusieurs années de recherche.
N'en déplaise à la Sorbonne : jamais leur ligne directrice n'a été plus scientifique Jamais la crucifixion n'a été éclairée d'une lumière aussi surprenante.

LES AUTEURS

Ils travaillent ensemble depuis plus de 10 ans sur les origines du christianisme. Ils ont réalisé plusieurs films avec Arte dont L'Apocalypse (2008). Ils ont publié en novembre 2008 Jésus sans Jésus (Seuil).

Gérard Mordillat est romancier et cinéaste. Il a publié plus de 20 livres dont Notre Part des Ténèbres (Calmann Levy, 2008).

Jérôme Prieur est cinéaste et auteur de plusieurs livres dont Roman noir, Essai sur la littérature gothique (Seuil, 2006).

Extrait du livre :
L'un : Mesdames, Mesdemoiselles, Mes­sieurs, le Professeur Prieur du Cercle Voltaire de l'École Biblique hors-les-murs et moi-même, souhaitons exposer devant vous l'état de nos recherches sur un cas qui nous a été soumis par les plus hautes autorités morales et politiques (je n'en dirai pas plus, vous voyez de qui il s'agit...) : la crucifixion peut-elle être...

L'autre (l'interrompant) : Excusez-moi de vous interrompre, mais on m'apporte à l'instant une dépêche sensationnelle de notre correspondant à Londres. Il n'a pas l'habitude de nous déranger pour rien. Je la découvre en même temps que je la traduis :

Dernière minute : JÉSUS A VRAIMENT EXISTÉ !

Le célèbre archéologue Yedi Frends (Corpus christi university) vient de découvrir à Levallois-Perret des documents du premier siècle offrant des preuves irréfutables de l'existence de Jésus. Nous avons demandé au Dr Ray Banne et à l'Abbé Bigard de les traduire pour nous.
Gazette de Nazareth, 26 avril 30 ou 33... (l'indication de l'année sur le papyrus est lacunaire)

L'un (examinant la citation du document d'époque) : J'en pleurerai, je n'en crois pas mes yeux.

(L'autre lit la suite.)

... On a découvert, il y a deux jours, sur le Golgotha à Jérusalem, le corps crucifié d'un individu d'une trentaine d'années prénommé Jésus, résidant chez sa mère au 52 rue des Petites-Cavernes à Nazareth (Galilée 98004). La famille prétend que la victime était montée dans la capitale pour se construire une croix. Il se serait crucifié en voulant tester sa solidité. Selon des sources familiales autorisées il avait un peu perdu la tête en raison de son surmenage. La famille a réclamé une compensation aux Assicurazioni Generali de Roma e Imperio (agri).

Mais ce n'est pas tout... Il y a un deuxième document ! Je continue :

Gazette de Nazareth, 29 avril... Rebondissement dans l'affaire Jésus. Aucune autopsie n'a pu être réalisée en raison de la disparition du corps. Le Dr Calamito prétend que Jésus aurait été crucifié à la demande de Pontius Pilatus pour avoir renversé des tables et créé des troubles dans le boulevard du Temple. Pontius Pilatus a dit qu'il ne se souvenait pas de cette histoire et que de toute façon il s'en lavait les mains. Shimon-Pierre, un ami intime de Jésus qui se trouvait à Jérusalem ce jour-là, a déclaré à trois reprises que Jésus et lui n'étaient pas venus ensemble à Jérusalem et qu'il ne connaissait ni la raison de sa visite ni les circonstances de sa mort.

http://livre.fnac.com/a2465899/Gerard-Mordillat-De-la-crucifixion-consideree-comme-un-accident-du-travail?PID=1&Mn=-1&SID=04af578c-681c-e30a-c3d7-f1cd7cfa5caa&Origin=FnacAff&Ra=-1&To=0&Nu=-1&UID=0A0F84537-648B-3CF6-C170-E7E57CA09277&Fr=-1&Origin=fnac_google

Écrit par : à propos de Prieur et Mordillat / | 30/03/2009

VEHEMENCE ?

> Mais pourquoi a-t-on si souvent le sentiment qu'il n'existe aucun catholique à-même de combattre et de réfuter, avec au besoin une sainte véhémence, une entreprise dont il est démontré que son intention est malveillante et ses arguments spécieux ? Sommes-nous condamnés, par crainte de manquer à la miséricorde, à ne jamais manifester notre refus de la malhonnêteté et de l'insulte ? Il doit être possible de s'opposer à M. Terras ou MM. Mordillat et Prieur avec le feu et l'esprit des prophètes, ou bien suis-je naïf et hors de propos ? On doit quand même pouvoir s'indigner et les mettre devant leur déloyauté sans passer pour des intolérants, ou non ? Je reviens à la sainte véhémence, qui me semble faite de l'humilité d'assumer son indignation, du besoin impérieux de la vérité dans l'exigence de l'intégrité et de la droiture, et qui prend malgré tout, sur ce qui est essentiel, le risque de la contradiction résolue. Laquelle n'empêche pas mais peut même aider à conduire nos accusateurs à exprimer la racine profonde et véritable de leur hostilité. Je ne souhaite donner là aucune leçon mais exprimer une souffrance et retrouver peut-être, en moi le premier, nos talents et nos dons parfois enfouis. Pardon si j'oublie de rendre hommage à nos frères qui ont déjà montré du courage dans ces situations où ceux qui attaquent la Foi ou l'Eglise de Rome, ont la plupart du temps des capacités éprouvées de débatteurs et de rhéteurs et sont maitres dans l'art de l'intimidation. Facultés auxquelles nous pouvons nous opposer d'abord par notre conviction que c'est nous, par grâce, qui portons le salut du monde, dans le combat spirituel, ni plus et ni moins PAUVREMENT ET SUREMENT que les apôtres Jean, Pierre, Paul, ou Benoît...dans l'Esprit qui ne nous laissera pas sans éprouver, le jour venu, la joie du serviteur inutile...et précieux.

PS. Tout le temps que j'ai rédigé ce message, j'ai aimé sentir et voir en haut et à gauche du site, l'image de Benoît saluant ses enfants. Il me fait du bien...

Jean-Marie Achéritéguy


[De PP à JMA - Epître de Jacques, 1, 19, 20 : "Que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère : car la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu". Entrer en fureur contre des malveillances insultantes, c'est la réaction de l'homme. Accomplit-elle "la justice de Dieu" ? Non : la justice de Dieu s'accomplit en n'opposant pas invectives à invectives, mais en faisant ce que dit la première épître de Pierre : "Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l'espérance qui est en vous" (encore faut-il que nous leur ayons donné l'impression d'avoir une espérance). Pierre précise : "Faites-le avec douceur et respect". Nous sommes dans une société devenue étrangère à la foi chrétienne, contrairement à ce que veulent croire les conservateurs ; il faut tout expliquer à des gens pleins de préventions parce qu'on les a éduqués ainsi. Ils n'y peuvent rien. Leur perspective leur paraît être la vision normale ; c'est la nôtre qui leur semble pathologique. S'indigner contre ça serait absurde, et même anti-évangélique, puisque la mission du chrétien n'est pas de s'indigner mai d'évangéliser ! Donc de trouver les mots et les actes qui puissent toucher les gens d'aujourd'hui. Celui qui refuserait d'agir ainsi, refuserait d'évangéliser - donc refuserait de suivre le Christ. ..]

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Écrit par : Jean-Marie Achéritéguy | 31/03/2009

"JESUS CONTRE JESUS"

> Bonjour, Je suis athée et j'ai particulièrement apprécié "JESUS CONTRE JESUS" qui ne ménage ni Jésus ni le christianisme et par voie de conséquence, l'Eglise catholique qui en prend comme on dit "plein les dents".
Je n'ai eu encore l'occasion de lire les "Chevalier de l'Apocalyse";
Cependant j'aie trouver un livre aux éditions Edilivre: "Lettre ouverte à JESUS contre JESUS" de l'auteur Victor OJEDA-MARI, qui répond point par point à "JESUS CoNTRE JESUS" et de manière très pertinente au point que je me pose des questions, car chaque fois l'auteur va aux sources mêmes pour appuyer son argumentation. Connaissez-vous ce livre ?
Karen

[ De PP à K. :
Prieur et Mordillat ne sont ni des exégètes, ni des historiens, ni des archéologues. Ils ne sont ni hébraïsants, ni hellénisants. Ils n'ont donc aucun titre à conduire des recherches dans un domaine pareil !
En revanche, ce sont deux polémistes militants. Ils affichent eux-mêmes leur ambition : démolir le christianisme. Ce n'est pas mince.
Le problème est que tous les a priori sont nuisibles à la recherche, y compris l'a priori athée ! Commencer par nier l'objet de la recherche n'est pas une bonne méthode de chercheur. Or c'est celle de Prieur et Mordillat. Leur a priori est incompatible avec les faits historiques. S'ils avaient raison, le christianisme serait une construction artificielle, donc il aurait dû disparaître de la face de la Terre depuis des siècles, alors que ce n'est pas du tout le cas : deux milliards de nos contemporains sont des chrétiens. A moins de les considérer comme des sous-hommes (ce qui nous ramènerait à des heures sombres de notre histoire), il faut en conclure que la foi chrétienne correspond à quelque chose dans l'âme humaine, et que son fondement n'est peut-être pas absolument illégitime.
Quant aux origines et fondements du christianisme, l'exégèse moderne (que Prieur et Mordillat n'ont pas l'air de connaître) a dépassé depuis longtemps le faux problème des "contradictions" entre les évangiles : en bonne logique d'historien, l'existence même de ces "contradictions" et leur maintien par l'Eglise dans le canon officiel des Ecritures, plaident pour l'authenticité du témoignage et non pour sa facticité. En outre, ces "contradictions" ne touchent pas à l'essentiel.
Quant aux livres sur le sujet, il y en a des quantités. Pour compenser la version Prieur-Mordillat, je vous suggère de lire deux témoignages juifs très intéressants : "Un rabbin parle avec Jésus", de Jacob Neusner (Cerf ) et "Un homme nommé Salut", de Jacqueline Genot-Bismuth (F.X. de Guibert). Et les exégètes chrétiens n'ont pas forcément tort parce qu'ils sont chrétiens et voient la chose de l'intérieur ! Vous pourriez lire "Hypothèses sur Jésus", de V. Messori (Mame), "Histoire de Jésus ?" d'Etienne Nodet (Cerf), et sur un plan quasi-encyclopédique, le livre magistral "La mort du Messie" de Raymond Brown (Bayard), qui passe tout en revue - et qui est détesté des intégristes. Et bien entendu le livre de Benoit XVI, "Jésus de Nazareth" (Flammarion) : pour voir comment on peut avoir foi au Christ sans être pour autant un ahuri. ]

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Écrit par : Karen | 17/04/2009

NOMBREUX

> ""S'ils avaient raison, le christianisme serait une construction artificielle, donc il aurait dû disparaître de la face de la Terre depuis des siècles, alors que ce n'est pas du tout le cas : deux milliards de nos contemporains sont des chrétiens.""
Cet argument du nombre me semble dangereux en tout, mais surtout en religion. Je pense que les musulmans sont dans l'erreur sur beaucoup de points, et leur nombre ne me semble pas un argument qui les sauve.

Écrit par : Curieux | 20/05/2009

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