07/03/2009
Tous fils de la Promesse ?
À condition de ne pas la déformer pour s’en faire un prétexte :
Lettre aux Romains, , 31b-34
Frères,
Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?
Il n’a pas refusé son propre Fils,
Il l’a livré pour nous tous :
comment pourrait-Il avec lui ne pas nous donner tout ?
Qui accusera ceux que Dieu a choisis,
puisque c’est Dieu qui justifie ?
Qui pourra condamner, puisque Jésus-Christ est mort,
plus encore : il est ressuscité, il est à la droite de Dieu,
et il intercède pour nous ?
Venu vénérer les reliques de la Passion hier après-midi à Notre-Dame de Paris, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, nous disait : « Jérusalem aujourd’hui a besoin de paix et de justice, que la Terre Sainte n’a pu trouver depuis soixante ans. Qu’est-ce qui ne va pas pour que la paix et la justice paraissent ainsi hors de notre atteinte, chrétiens, juifs et musulmans ? »
En commentant ce passage de la lettre aux Romains et la première lecture de ce dimanche (le sacrifice d’Abraham : Genèse 22), l’exégète répond : « Parce qu’Abraham n’a pas quitté la confiance, il peut entendre à nouveau la promesse dont il n’a jamais douté [« Je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel… »]. Encore aujourd’hui cette promesse de Dieu n’est pas totalement accomplie : la descendance innombrable existe, mais qu’elle soit source de bénédictions pour l’humanité entière à commencer par elle-même, c’est encore à venir, quand on voit quelle est la rudesse des luttes entre les descendants eux-mêmes ! Méritent d’être appelés "fils d’Abraham" aujourd’hui ceux qui croient que la promesse se réalisera, quoi qu’il arrive, simplement parce que Dieu l’a promis et qu’il est fidèle. Méritent, à vrai dire, d’être appelés "fils d’Abraham" aujourd’hui ceux qui croient à cette promesse et oeuvrent de toutes leurs forces pour qu’elle advienne. »
Autrement dit : ne mériteraient pas d’être appelés fils d’Abraham ceux qui jouiraient dans ces luttes, et qui les confondraient avec leur « identité » de fils de la Promesse. Ceux-là existent, hélas, et dans les trois religions... Comme on doit balayer devant sa porte, réfléchissons, pendant ce Carême, à notre propre regard. Sommes-nous de ceux qui essaient loyalement d’avoir confiance en la Promesse ? ou de ceux qui la tordent pour s’en faire un prétexte - parce que ce qu’ils aiment, c’est la guerre et non la Promesse ?
11:45 Publié dans Religions | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : christianisme
Commentaires
ON NE NAIT PAS CHRETIEN
> Je crois effectivement qu'il y a de ça, dans l'attitude de ceux qui se drapent dans les "combats" et les "identités".
L'identité chrétienne n'a rien à voir avec les identités du sang et du sol. Elle les transcende. Si on prétend l'annexer au sang et au sol, on la fait disparaître. il y a une façon anti-chrétienne de se proclamer chrétien.
On ne naît pas chrétien : on le devient.
Écrit par : Paz | 07/03/2009
REFLEXION
> C'est effectivement un bon sujet de réflexion dans cette période où religion-confession-identité nouent parfois d'étranges relations...
Écrit par : Marc | 07/03/2009
PAS TROIS
> "Trois" religions, vraiment ? Judaïsme, christianisme et islam n'ont pas la même façon de se réclamer d'Abraham. A commencer par la notion de promesse et d'alliance qui n'existent que chez juifs et chrétiens. Et pour cause :
" Abraham dit à Dieu: "Oh! qu'Ismaël vive devant ta face!" Mais Dieu reprit: "Non, mais ta femme Sara te donnera un fils, tu l'appelleras Isaac, j'établirai mon alliance avec lui, comme une alliance perpétuelle, pour être son Dieu et celui de sa race après lui. " (Gn 17,18-19)
En ces temps de dialogue inter-religieux à tendance syncrétique, il est bon d'être très attentif à chaque mot.
Alsds
[ De PP à A. - En théorie, vous avez impeccablement raison. Mais en pratique, sur le terrain (qui se trouve être la Terre Sainte): que faites-vous ? Vous tenez les musulmans pour quantité négligeable ? ]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Alsds | 07/03/2009
PAS PEUR
> "N'ayez pas peur !" Il y a quelques années, c'était le slogan des JMJ. Aujourd'hui, je pense que cette phrase est plus que jamais d'actualité. Comme vous l'avez dit Patrice, réfléchissons à notre propre regard !
N'ayons pas peur d'être ce que nous sommes. Mais surtout, n'ayons pas peur d'accueillir l'autre comme ce qu'il est : un frère, un miroir, un humain à qui Dieu a promis la même chose qu'à nous-mêmes.
Bien sûr, la paix est un chemin particulièrement difficile. Il faut accepter de faire des concessions, tendre la main en un geste qui peut coûter bien plus qu'il ne rapporte à première vue (cf "l'affaire" Williamson). Mais si chacun tend la main à l'autre, combien la poignée de main sera belle !
Écrit par : Tigreek | 08/03/2009
> Merci, Toinon !
Écrit par : De PP à T. | 09/03/2009
Les commentaires sont fermés.