22/12/2008
"Mondialisation et religions" : en finir avec les idées neuneu des années 1990
Une page dans Le Monde du 21 décembre 2008, qui aurait pu paraître telle quelle le 21 décembre 1998 :
Dans Le Monde du 21 décembre, l’islamologue Olivier Roy, directeur de recherche au CNRS et « spécialiste du fait religieux », donne une page d’entretien sur le thème : Les religions à l’épreuve de la mondialisation. Thème râpé... Cet entretien aurait pu paraître il y a dix ans. Il est obsolète aujourd’hui. Sa thèse, archiconnue et répétée partout depuis les années 1990, est celle-ci : « Internet et les télévisions satellitaires ont peu à peu distendu les liens traditionnels entre les religions et leurs territoires d’origine. Le catholicisme et l’orthodoxie en souffrent. Le protestantisme et le salafisme en profitent. » A ce degré de généralisation, la discussion est difficile ; mais, vue de plus près, la thèse perd de sa pertinence. Pour deux raisons :
1- L’analyse d’Olivier Roy manque de cohérence. Il affirme que les évangéliques progressent partout alors que l’Eglise catholique « prend la crise de plein fouet ». Puis il dit, par exemple, que Benoît XVI tente de « contrer » la crise en parlant « de plus en plus de culture et de moins en moins d’avortement ». Mais les évangéliques (qui progressent) parlent d’avortement, et même beaucoup ! En parler ferait-il avancer les protestants, mais reculer les catholiques[1]? On aimerait que Roy donne la clé de cette énigme. On aimerait surtout qu’au lieu de généraliser, il entre dans le concret et tienne compte des nuances. L’Eglise catholique recule massivement en France, mais non ailleurs ; et « plus les jeunes catholiques vont aux JMJ, moins ils s’inscrivent dans les séminaires » (Olivier Roy), mais cela tient à la mentalité matérialiste mercantile des Français – et à trente ans de frilosité de leur Eglise (1970-2000) – plus qu’à l’influence de la mondialisation.
2- Le culte de la Mondialisation (tout expliquer par la technologie et l’économie « globales ») ne fonctionnera plus en 2009 comme il le faisait en 1999. Le couple infernal technologie-finance accouche d’une crise économique terrifiante[2] ; le pic pétrolier obligera bientôt à changer de civilisation ; il va falloir renoncer à réciter la leçon sur le happy glocal (« global-local ») et autres fadaises. Le système explicatif cesse donc aussi de rendre compte du « fait religieux », pour autant qu'il y ait jamais réussi. Il faudra admettre que ce « fait » n’est pas un sous-produit de l’époque : au fond de la conscience de chaque individu croyant, se joue un mystère toujours recommencé. Olivier Roy est donc excusable, car personne n’est spécialiste du mystère.
[1] Voulant étayer l’idée que le religieux « se déconnecte du culturel », Roy affirme : « cela l’amène à dire par exemple que l’avortement ou le mariage homosexuel ‘‘c’est mal parce que c’est contre la loi de Dieu’’. » Pour que cet argument tienne, il faudrait : a) que l’avortement ou le mariage homosexuel soient des données culturelles ; b) donc que la « culture » se réduise aux faits de société ; c) que l’Eglise catholique dise effectivement « c’est mal parce que c’est contre la loi de Dieu ». C'est justement ce qu’elle ne dit pas : lorsqu’elle parle à la société, son terrain est l’anthropologie sociale, non la théologie morale. Olivier Roy ne semble pas le savoir. Ce « spécialiste du fait religieux » ne voit pas la différence entre Josef Ratzinger et Rick Warren.
16:20 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : christianisme
Commentaires
OLIVIER ROY
> Olivier Roy est un spécialiste de l'Afghanistan et des cultures du "pays de l'insolence". Il est donc doublement excusable parce que seul Le Monde a dû trouver en lui un "spécialiste du fait religieux" qu'il n'a jamais prétendu être (du moins à ma connaissance).
Sur les deux points que vous citez, il me semble que c'est l'ensemble de la thèse qui prend l'eau.. D'autant que les "spécialistes des relations internationales" (ou RI avec des majuscules) ne cessent de répéter depuis les années 1990 que la mondialisation produirait -de par sa face noire- une résistance identitaire qui profiterait aux religions et à leurs "intégrismes".
Mais bon, là aussi, il faut noter deux erreurs: celle qui consiste à lier le "fait religieux" et l'identitaire, et celle qui amalgame les "intégrismes", les Eglises et les religions. Quel Blougi-Boulga!
Écrit par : ST | 22/12/2008
GLOBAL ETC
> Entendons nous sur ce que nous disons quand nous parlons de globalisation, mondialisation...
La multiplication exponentielle des flux d'idées, de personnes, de biens, de capitaux qui mets chacun de nous à porté de son voisin le plus éloigné en réduisant le temps et les distances ? Internet sur lequel vous lisez ce post en montre l'évidence. la propagation en réseau de la crise économique (envers de l'avidité consumériste qui a produit des pulls à 3 euros) en est une autre évidence.
L'idéologie "positiviste" qui consiste à assimiler ces échanges économiques mondialisés portés par les technologies,(restons réalistes... entre l'Alena, l'Europe et l'Asie...) est une naiveté : la réalité c'est que le global c'est souvent le local... sans les murs. Et de cela l'humanité est en train de guérir.
Le religieux enfin. Pour ne parler que des monothéismes, le Judaïsme, le christianisme, l'Islam... sont les religions qui ont fourni la matrice idéologique de cette globalisation.
Ce que souligne Roy dans ses livres... et que l'article simplifie c'est que les religions ont muté dans le globalisation. Déterritorialisées, détachées de leur patries et cultures originaires celles-ci sont en train de muter dans une sorte de supermarché des idées religieuses. Il me semble que le mérite de Roy a été de souligner que les religions sont en mutation dans la globalisation. Effectivement c'est la réalité. C'est même la base du processus djihadiste. Allez faire un tour sur topchrétien.com et vous verrez que les évangéliques (un demi milliard de personnes dans le monde) savent parfaitement utiliser cette mécanique. le problème c'est que les journalistes le découvrent avec dix ans de retard...
Je ne crois donc pas que la thèse de la globalisation des religions soit finie... elle ne fait que commencer.
La question est donc à mon avis de nous demander comme chrétiens, ce que veut dire être chrétien dans ce monde globalisé. Aprés tout c'est ce qui a fait le succés de Paul et du Christianisme.
DL
[ De PP à DL - L'erreur n'est pas de discerner le lien entre religions et globalisation. L'erreur est de voir dans le religieux (y compris évangélique) un sous-produit de la globalisation économique ! Le modèle capitaliste ultralibéral peut s'effondrer, le religieux ne disparaîtra pas pour autant. Tout est dans cette nuance. Elle est décisive pour l'avenir... Ne nous laissons pas impressionner par le discours des intello-business d'il y a dix ans. ]
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Écrit par : Didier Long | 22/12/2008
AMSTERDAM
> Dans cette apparition désormais reconnue par l'Eglise, "Notre Dame de tous les peuples" à Amsterdam, ( rappel : de 1945 à 1959, lors d'une cinquantaine d'apparitions mariales, mais profondement rendu authentique par la reconnaissance de la seule apparition mariale d'extrême orient, devant une statue de "Notre Dame de Tous les Peuples", j'ai nommé "Notre Dame d'Akhita", reconnue donc en 1981 pour des faits datant de 1974, ), .....Notre Dame de Tous les Peuples, (disais-je) parle en quelques phrases seulement de la France;
elle dit entre autre ceci : "france ta foi sera morte...elle l'est déjà" !
cette phrase terrible, prononcée en 1947 est vraiment prophétique, et on le constate avec cet article du monde, c'est ce que l'on vit en France qui est appliqué lors d'une pseudo-étude du fait religieux dans le monde !
dit autrement :l'étude sur le fait religieux mondial est biaisé par le regard de son auteur, français, d'après ce qu'il vit comme fait religieux en France.
Sinon ce spécialiste aurait évoqué l'explosion de la foi catholique en Afrique et en Asie !
l'éveil est surprenant en nombre et dans sa qualité!
l'Italie aussi, est revigorée dans sa foi catholique depuis quelques décennies et cela est vraiment perceptible !
enfin, pour nous autres Français, peut-être n'avons nous pas touché le fond, si l'on en croit les paroles de Notre Mère à Amsterdam.
Écrit par : jean christian | 23/12/2008
PLUS SUBTIL
> Le livre d'Olivier Roy est nettement plus subtil et nuancé que l'entretien du Monde (ou que la présentation bougonne qui en est faite par P.d.Pl ?...). La thèse d'une "déculturation" du religieux qui y est présentée est à mon avis très intéressante, argumentée, discutée, étayée d'une multitude d'exemples, affinée de page en page, etc.
En ce qui concerne le catholicisme, qui est la religion qui résiste le plus à cette déculturation (d'après Roy qui évoque volontiers Benoît XVI sur ce sujet), il faut bien constater qu'un certain nombre de cathos new style se la jouent aussi néo-culture religieuse qui se suffit à elle-même et qui ne s'enracine pas dans un contexte historique plus global. Il ne suffit pas de sortir les ostensoirs du XIX° pour pratiquer une religion "cultivée"... En clair : la déculturation dont parle Roy, ce n'est pas toujours (même si ça l'est parfois) le rejet des traditions culturelles et l'acceptation béate du mercantilisme techno actuel sous une forme plus ou moins exaltée style pentecôtiste brésilien. C'est tout simplement l'idée que la religion se suffit à elle-même. C'est donc AUSSI le repli identitaire, même quand il se réclame de ses belles traditions grégoriennes pour mieux rejeter tout le reste. Alors, forcément, Roy peut énerver plein de gens.
Je remarque enfin que les journalistes qui l'interrogent ne comprennent souvent pas très bien ce qu'il dit. Il est vrai que ce gars-là cause de religion...
JA
[ De PP à JA :
- Certes certes. Mais ma note ne parle pas du livre de Roy. Elle critique la page du Monde. Ce n'est pas la même chose, comme vous le soulignez vous-même... (Même si vous semblez taxer toute critique de "bougonnerie", ce qui est un peu inquiétant).
Par ailleurs ce blog n'est pas porté sur les ostensoirs du XIXe. C'est juste le contraire : depuis l'origine, nous ne cessons d'appeler les catholiques à laisser tomber le passéisme et l'identitaire !
(Croyez-vous que critiquer l'ultralibéralisme relève du "repli identitaire" ? J'espère que non... ]
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Écrit par : J.A. | 23/12/2008
PEU OPERATOIRE
> La page du Monde me laisse une impression mitigée. Certes, le propos d'Olivier Roy souffre de nombreuses imprécisions: ses vues sur le catholicisme et le protestantisme, notamment, relèvent davantage du cliché journalistique que de l'analyse sérieuse et informée. Surtout, sa "thèse" centrale est confuse. Il commence par affirmer que certaines formes religieuses nouvelles (les "fondamentalismes", pour faire court) sont des produits et des expressions de la mondialisation. Puis il soutient, de façon contradictoire, que les fondamentalismes reposent sur un rejet de la "culture" mondialisée. Tout ça n'est pas très clair, et Roy ne cesse, au fond, de corriger son propre propos pour arriver à l'opposé de son point de départ.
En revanche, Roy me semble avoir raison lorsqu'il analyse les formes religieuses nouvelles comme des "religions sans culture". Ses propres préjugés lui interdisent seulement de constater que c'est exactement la préoccupation constante de Benoît XVI, qui refuse de séparer religion, culture et rationalité.
Il a raison aussi, me semble-t-il, de refuser la thèse du "choc des cultures". Il le fait juste pour de mauvaises raisons — ou plutôt pour des raisons qu'il ne parvient pas à formuler clairement. Il devrait dire, je pense, que la thèse ne tient pas parce que le "choc" est interne aux diverses cultures: on le retrouve en Occident, entre partisans de la sécularisation à outrance et esprits religieux, comme en terre d'Islam, entre partisans d'un compromis entre Islam et valeurs démocratiques et partisans d'un Islam radical, etc.
J'en conclus que sa catégorie de "mondialisation" est confuse et peu opératoire. Et que les "spécialistes du fait religieux" feraient bien de s'informer un peu rigoureusement sur les religions tout court…
Écrit par : Philarete | 23/12/2008
Bonjour.
> Ce que dit Jean Christian est tout à fait exact. Ce pays qui fut naguère la France a « perdu » la Foi en la France et en Dieu. Il a perdu ces deux fois, doucement, longuement, simultanément.
Il est comme un arbre qui se serait coupé de ses racines et de ses branches. Il n’est plus qu’un tronc mort, bientôt près à être jeté au Feu.
Tout le monde sait ou devrait savoir que ce Feu est l’Islam. La République accueille maintenant cette religion et ses fidèles avec le bonheur et le respect que l’on constate. Elle le fait « sereinement, librement et sans aucune pression ». Lorsque je mentionne la République, je veux parler du « règne » de ces deux partis, qu’on appelle la droite et la gauche, qui tiennent ce pays depuis 40 ans.
Maintenant, sur les territoires de la République, coexistent avec le peuple français, divers autres peuples essentiellement d’Afrique, et dans une moindre quantité d’Asie et d’Europe de l’Est. Pour la République de ce pays, la France c’est des peuples très divers, dont le peuple français n’est qu’un peuple parmi les autres.
Jusqu’ici, c’était le peuple français qui faisait la France, maintenant ce sont tous les peuples présents sur l’ancien territoire français qui font la République. Cette République s’affirmant comme plus réelle que le peuple français, depuis le référendum du 29 mai 2005. Une République qui s’incarne dans un arbre idéologique dont les racines de « la terre » sont la droite, représentante de la pire dictature économique qui ait jamais existé : le capitalisme. Et dont les racines « du ciel » sont la gauche, représentante de la pire dictature idéologique qui ait jamais existé : le socialisme.
La République ne croit en rien, sinon dans le capitalisme que l’actuel président veut « refonder ». Et de l’autre coté de la République, la gauche qui ne cesse de fonder et de refonder le socialisme, garante de l’orthodoxie du Dogme laïque, espérant que son pontificat sera éternel.
Les peuples arabes présents sur « les territoires » de la République sont les seuls, ou presque, à croire à l’avènement de la religion de Mahomet à toute la terre.
En quoi ou en qui croit le peuple français dont la parole et le vote ont été déclaré nuls et non avenus le 29 mai 2005 ? Poser la question, ce n’est pas y répondre. Poser la question, c’est poser la question.
La République de ce pays ressemble à cet homme politique qui affirmait que l’holocauste du peuple juif était un « détail » de l’Histoire. Elle aussi, pense – mais pense-t-elle ? – que le peuple français est un détail de l’Histoire, en général, et de l’Histoire de France, en particulier. Histoire de France close par l’avènement de la République universelle des Citoyens du monde. Voilà La Prophétie de la République.
C’est pour cette raison que ce « nouveau régime » est bien plus près de sa fin que de son début. En effet, vouloir noyer le peuple français dans une marée d’autres peuples est une tentative qui échouera, parce qu’elle a toujours échoué depuis l’Aurore de notre Histoire.
Voici ce que le fondateur de la cinquième République confiait à Claude Guy, le 18 avril 1946:
« Oui, ils ne peuvent percevoir le caractère absolument unique et exceptionnel de ce qui a été l’odyssée de 1940 à la Libération, dont il n’est aucun précédent dans l’Histoire. Précédent d’une voix anonyme, qui devint peu à peu la France, par une simple décision de ma volonté. Pauvres bougres ! J’ai recréé la France à partir de rien, à partir de cet homme seul dans une ville étrangère… Je ne suis pas un général vainqueur. On ne décore pas la France. »
En écoutant de Gaulle
Tant qu’il restera un Membre du peuple français, la France n’est pas morte. Elle dort : « …telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, … vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. » Et dit-elle : « Mon Prince est déjà venu et il reviendra. » Bon Jour.
Arold.
Écrit par : Arold | 23/12/2008
à AROLD,
bonjour bravo pour votre exposé détaillé, inspiré puisqu'à mon avis, le discernement dont vous faites preuve, en pointant du doigt les deux doctrines qui ont tenu le XXème siècle, vous avez justement nommé le socialisme (idéologie de gauche) et le capitalisme (idéologie de droite), vous nous donnez à comprendre par un discernement rare (on dirait une vue sortie d'en haut comme un zoom, comme une lecture rapide mais circonstanciée de l'histoire), l'endroit vers lequel la France s'en va...
la question c'est vers quoi, pour elle, donc pour nous, seul l'avenir evidemment nous le dira, mais la prophétie de Notre Dame de Tous les Peuples est en cours...
...d'ailleurs ne dit-Elle pas à plusieurs reprises : "Ce Temps est Notre Temps" !!!
restons dans l'espérance, prions, ne nous taisons plus, et surtout enseignons-nous pour agir correctement selon la vraie doctrine du magistère, et à la vitesse proposé par notre épiscopat, celui que le Christ par le choix de Pierre (à Rome), nous donne d'écouter et de suivre!
très bon Noël à tous et à vous cher Patrick Plunkett!
Écrit par : jean christian | 25/12/2008
> Aussi dans le Monde... (et dans l'Huma)
http://www.koztoujours.fr/?p=2535#comments
Écrit par : Christine | 27/12/2008
TROIS IDEES NEUNEU
> Exemple d'idée "neuneu" des années 1990 : "il faut supprimer toutes les frontières partout, car là où on décloisonne il y a la croissance aussitôt". Avec cette stupidité (made in USA), trois c...ies d'un coup :
- croire que les "frontières" sont des barrières arbitraires léguées par un passé mauvais, alors que dans beaucoup de cas elles sont l'épiderme d'un organisme vivant : la nation
- croire que supprimer les filtres est toujours et partout un bien pour l'économie (ça c'est une idée risible)
- croire que "la Croissance" (ô Grande Déesse !) est le but absolu, et que les sociétés humaines n'en sont que les instruments (à modifier sans cesse dans l'intérêt de la Croissance).
Toutes ces c...ies des nineties s'écroulent sous les coups de la crise, qu'elles ont provoquée elles-mêmes.
Etr ceux qui professaient ces c...ies, à votre avis, de quoi ils ont l'air maintenant ?
(*) attention, je ne suis pas "nationaliste": mais entre être "nationaliste" et reconnaître simplement l'existence des nations il y a une marge).
Écrit par : Gepetto | 27/12/2008
FANTASMES PIPO
> oui, Gepetto, vos trois idées neuneu sont made in USA. Le drame est qu'elles ont formaté l'enseignement donné à des générations de jeunes Français, qu'on a amputés de toute la dimension humaine de la vie : nature, culture, histoire. Ce qui a donné de "petits mufles réalistes", comme disait Bernanos. De gauche, ils disent : "économique + fantasme des nouvelles moeurs". De droite, ils disent : "économique + fantasme des valeurs" (?). Mais c'est la même idolâtrie de l'économique, avec en prime un fantasme pipo comme opium du peuple.
Écrit par : Szbrodj | 27/12/2008
A Arold:
> Désolé je ne partage pas votre espoir. La France n'a pas de destin particulier. Elle n'est pas le nouveau peuple élu ayant un destin messianique qu'espèrent certains cathos de droite ou certaines communautés nouvelles à coup de prophéties ou de citations. Comme tant d'autres peuples avant elle (peuples du néolithique ayant bâti les menhirs, Celtes, Gallo-Romains, etc.), la civilisation française est morte et ne revivra pas. Pour citer de Gaulle: "la France est un épouvantail que j'agite pour faire croire qu'il est encore vivant". D'ailleurs, je trouve bizarre de parler d'un pays comme d'une personne. Nous sommes entrés dans un monde nouveau et dans un période historique de bouleversement, de disparition mais aussi de naissance. Qu'en sortira-t-il? Je n'en sais rien. Mais ce que je sais, c'est que le temps des cathédrales est fini, celui de la civilisation française (ou européenne si vous préférez) aussi.
Écrit par : vf | 27/12/2008
Voir aussi le texte publié par l'Antenne Sociale de Lyon et par la Vie :
NOEL DANS LA CRISE : UN RENDEZ-VOUS POUR L’ESPERANCE
Au moment où le monde entier se trouve engagé dans une crise économique qui frappera en priorité les plus démunis et dont personne ne peut mesurer la durée et la gravité, Noël demeure une espérance.
La naissance du Christ parmi les plus pauvres, dans une étable, autant dire presque dans la rue, mais aussi de nombreux textes bibliques et écrits sociaux des Églises chrétiennes, nous renvoient à des références éthiques essentielles pour affronter la crise.
La pensée sociale chrétienne qui s'appuie sur ces références n'est pas une alternative à un quelconque système économique mais un socle de réflexion qui a vocation à inspirer tout mode d'organisation durable de la société.
Ce socle repose sur deux priorités:
celle de l'homme sur l'économie, l'économie est au service de l'homme et non l'inverse, et celle des pauvres sur les privilégiés, l'équité condamne une trop grande inégalité entre les revenus.
Ces deux priorités définissent les six piliers fondateurs de la pensée sociale chrétienne: la destination universelle des biens (la propriété privée est légitime si son détenteur en communique aussi les bienfaits à ceux qui en ont besoin) l'option préférentielle pour les pauvres, le combat pour la justice et la dignité, le devoir de solidarité, le bien commun et le principe de subsidiarité (faire confiance à ceux qui se trouvent au plus prés du terrain pour résoudre ensemble leurs difficultés).
Et, en leur temps, les Pères de l'Église n'y allaient pas par quatre chemins. Avec Saint Ambroise par exemple, qui affirmait: « Quand tu fais l'aumône à un pauvre, tu ne fais que lui rendre ce à quoi il a droit, car voici que ce qui était destiné à l'usage de tous, tu te l'es arrogé pour toi tout seul ».
Aussi surprenant que cela puisse paraître, Jaurès, ou Gorbatchev plus près de nous, prétendaient trouver, le premier dans les textes du pape Léon XIII sur la question ouvrière, le second dans ceux de Jean Paul II, des références qui pouvaient fonder une société plus juste.
Dans leur session consacrée à « l'argent » en 2003, les Semaines Sociales de France, lieu de réflexion des chrétiens sur les problèmes de société depuis plus d'un siècle, critiquaient le système des stock-options en ce qu'il risque de négliger la vision à long terme de l'économie.
Ce faisant, les chrétiens ne condamnent pas l'économie de marché sous toutes ses formes. Ils rappellent - et sur ce point, ils sont d’accord avec l’économiste Adam Smith - que: ce type d'économie ne peut fonctionner que dans des sociétés basées sur les valeurs morales que sont le respect des autres et une certaine sobriété dans l'usage des biens matériels. Il ne s'agit donc pas de récuser ni le profit, ni les investisseurs qui prennent des risques dans l'entreprise , mais d'appeler à une indispensable régulation de leur fonctionnement par les autorités publiques et par l'action de corps intermédiaires tels que les organisations non gouvernementales et les syndicats, notamment.
Les chrétiens ont des valeurs à faire progresser avec d’autres qui ne partagent pas nécessairement leur foi. Et les plus privilégiés d'entre-eux sont appelés à se comporter en citoyens vigilants par leurs choix politiques, à refuser « le toujours plus », à s'engager notamment au niveau local, à accepter un niveau d’impôts volontariste pour une solidarité active, à respecter un mode de consommation plus équitable et soutenu par une « sobriété heureuse». Dans leurs lieux de vie, ils auront toujours le souci d'y faire entendre la voix des plus exclus.
La célébration de Noël nous invite à réactualiser le sens que nous donnons à l’économie et à choisir la voie de la solidarité.
Cela devient plus qu’urgent. Impératif.
http://antennesocialelyon.free.fr/index.php?op=edito
http://www.lavie.fr/l-hebdo/une/article/0883-a-votre-tour-signez-ce-texte/retour/11/hash/8a9a49c54b.html
Écrit par : Michel de Guibert | 27/12/2008
@ vf
> Je ne sais ce qui vous permet de décréter que la France -ou la civilisation française- est morte ?
Rien n'est inéluctable ; ce sont les hommes qui font l'histoire !
Écrit par : Michel de Guibert | 27/12/2008
A MdG:
> je ne décrète pas, je constate. Je vous assure que ce n'est pas par orgueil ou science infuse. La "France" ne crée plus, ne fait que copier plus ou moins bien ce qui vient de l'extérieur dans tous les domaines: artistique, politique, philosophique, etc. (par exemple, dans mon domaine l'école. Il n'est question depuis des années que des modèles finlandais, US version ghetto de Chicago ou néerlandais); sa démographie est en chute libre et à atteint un point de non retour; etc. Pour moi, ce sont les signes d'un décès ou si vous préférez d'une agonie en phase terminale. Bien sur que les hommes font l'Histoire. Justement, pour faire l'Histoire il faut des hommes et en France, je n'en vois plus guère (et il ne s'agit pas de vedettes politiques mais j'observe autour de moi, je rencontre nombre de parents et je constate). Les jeunes que j'ai en classe, ainsi que nombre de leurs parents, ne sont pas de culture française mais vivent dans un espèce de gloubi boulga mondialisé. Qu'ils soient d'origine immigrée ou non! Maintenant, que va-t-il se bâtir à la place? Avec quels héritages? Je ne sais pas mais la France des cathédrales, des vals de Loire ou de Montmartre est morte. Ce qui était notre bain, notre ciment culturel il y a 30 ans n'existe plus. Les nouvelles générations vivent dans autre chose tandis que les futures génération, démographie oblige, ne seront pas françaises. Et ça, c'est un fait, pas un décret. Alors, peut-être suis-je trop pessimiste? Mais j'arrive à espérer pour l'Eglise, pas pour le reste.
Écrit par : vf | 28/12/2008
A vf:
> C'est curieux, je n'arrive pas à imaginer un futur où la France n'existerait plus. En tant que fonctionnaire d'Etat, je n'ose même pas y penser...
France qui,quoiqu'on en dise, a un destin particulier parmi les nations. France éducatrice des peuples... JP II n'avait-il pas affirmé au début des années 80, en substance : si Marx avait été français, aujourd'hui, tout le monde serait marxiste ?
Écrit par : Feld | 28/12/2008
A Feld:
> JP II posait la question au peuple français il y a presque trente ans. On voit aujourd'hui comment il lui a été répondu. La France de 2008 éduque-t-elle les peuples? Est-elle fidèle au promesse de son baptême? Pour faire bref, où sont les hommes et femmes des JMJ de Paris? Du rassemblement de Reims ou du Parc des Princes? Pour un certain nombre qui furent de mes relations, ils allèrent faire HEC. Les autres, je ne les vois plus à l'Eglise. Comme prof d'histoire, je peux vous dire que nombre de fonctionnaires d'Etat romains au Ve s passèrent, sans état d'âmes, au service des Wisigoths, Ostrogoths, etc. Rien n'est éternel sur terre, hormis l'Eglise. Je précise une chose: ce n'est pas que cela me réjouisse. C'est même le contraire, mais je constate les faits et ils sont têtus. Alors, un redressement est peut-être possible, mais auparavant il faudra évangéliser les populations non-chrétiennes présentes sur le territoire (et là, gros problème avec l'Islam) et ré-évangéliser les populations européennes. De ce mariage naîtra quelque chose de beau j'espère mais ce ne sera jamais plus la France.
P.S: d'accord, j'ai une vision pessimiste des choses. mais elle vient de ce que je côtoie tous les jours dans mon boulot et de ce que j'observe. Si quelqu'un a des raisons d'être optimiste, qu'il me le dise.
Écrit par : vf | 28/12/2008
A vf :
> Je ne suis ni aveugle ni naïf : je vois la même chose que vous.
Où j'habite : les populations musulmanes prendre de plus en plus d'assurance (d'arrogance devrais-je dire). Je ne suis pas spécialement heureux de voir des femmes en burqa déambuler dans mon hypermarché (avec les gants noirs, même en plein été)...surtout lorsque je vois que certaines d'entre elles sont d'origine européenne !
Où je travaille : nos dirigeants qui ont déjà pris acte de la disparition du pays qui leur a été confié. Le démantèlement de l'appareil d'Etat, sous prétexte d'économies budgétaires. Dans certaines entreprises (avec lesquelles mes fonctions m'amènent à être en contact) des réunions où les slides sont intégralement en anglais, alors que les participants sont tous français.
A vue humaine, notre patrie est foutue. La célèbre prophétie de Marthe Robin me semble parfois relever du délire. Je ne vois que deux issues : l'anarchie (Monrovia Sur Seine...) ou la République islamique, à sensibilité salafiste.
Je suis fonctionnaire. Je me demande comment font ceux qui, aujourd'hui, envisagent d'intégrer St Cyr, l'Ecole de l'Air ou Navale, pour embrasser des carrières où la notion de sacrifice pour la patrie est primordiale...
Écrit par : Feld | 28/12/2008
A feld:
> sans aller jusqu'à St Cyr, vous croyez qu'enseigner l'Histoire de France ou de l'Europe en banlieue dans des classes où il y a autant de nationalité que d'élèves ne relève pas du sacrifice? Justement, c'est là que j'ai appris que l'Histoire est aussi un héritage qui se vit et que nombre de nos concitoyens n'ont plus d'héritage (ok. Je n'y risque pas ma peau quoique certains jours...). Oui, la patrie que l'on a connue est cuite. Les prophéties rassurent les matérialistes qui croient en la forme des choses qu'ils veulent immuables. Vous parlez de Marthe Robin et de sa prophétie qui circule beaucoup dans certains milieux. Mais qu'a-t-elle dit vraiment? quand ? A qui ? Quant aux jeunes, j'ai appris par un ami militaire que 70% des promus de Saint Cyr ne font que 3 ans dans l'armée avant de démissionner écoeurés. Les jeunes ne font plus carrière pour le pays. Ils sont usés avant. Et quand il y en a qui le font, on les envoie mourir en Afghanistan pour les beaux yeux d'un ambitieux.Si la France doit survivre, c'est que les Français ont envie de survivre, ce qui veut dire qu'ils aient envie de se battre pour cela. C'est pas le chemin qu'ils ont pris.
Écrit par : vf | 28/12/2008
@ vf
> Certes, mais mieux vaut allumer une lampe que maudire l'obscurité (proverbe chinois)
Écrit par : Michel de Guibert | 29/12/2008
A MdG:
> Rassurez-vous, je garde la lampe allumée sinon je ne ferais plus ce métier. Etre lucide ne veut pas dire être dépressif.
Écrit par : vf | 29/12/2008
> Le pire n'est pas toujours sûr, et il doit y avoir moyen d'accorder la lucidité et l'espérance, qui est selon le mot de Bernanos "le désespoir surmonté".
Écrit par : Michel de Guibert | 29/12/2008
A vf :
> Tout d'abord, mes meilleurs voeux pour 2009, pour vous et votre famille.
Ne vous méprenez pas. Je ne voulais pas dire que, pour moi, l'action d'un enseignant ne relevait pas d'un sacrifice. Loin de moi cette pensée (mon épouse est prof).
Je savais qu'il y avait actuellement pas mal de démissions de jeunes officiers - on en voit passer au JO- mais je ne pensais pas que c'était dans de telles proportions. C'est proprement terrifiant ! Déjà qu'au niveau militaires du rang ce n'est pas brillant (le recrutement est difficile, les personnes retenues ne sont pas toujours d'un bon niveau)...
J'avais lu, sous la plume de Max Gallo, que la France ne s'était jamais vraiment remise du désastre de 40. Je veux bien le croire...
Dans une de ses notes, PdP nous avait invités à préparer une "arche de Noë". Idée ni sotte, ni grenue... Mais comment faire, concrétement ?
Écrit par : Feld | 01/01/2009
A Feld:
> on achète des planches et des clous? Lol. Je blague mais se raccrocher au Christ et ne pas voir uniquement de perspectives matérielles dans nos vies seraient déjà de bonnes choses. Facile à dire, à faire c'est autre chose. A mon sens, l'espérance n'est pas dans une nation ou un environnement culturel quelconque mais dans l'âme et l'esprit. Ce qui compte est l'amour du christ et la certitude d'être sauvé. Le reste est un habit, un environnement certes agréable ou aimé mais mortel, destiné à disparaître. J'ai mis longtemps à l'admettre, à m'y faire mais c'est une réalité. Les civilisations sont mortelles parait-il? Je le pense car elles sont le fruit de l'Homme. Seule l'Eglise, épouse du Christ et le peuple Juif, élu du père sont éternels.
P. S: Mes réflexions ne sont pas très gaies en ce moment, je vous en demande pardon, mais un décès très proche le jour de Noël ne me pousse guère à l'optimisme.
vf
[ De PP à VF - Nos condoléances et nos prières. ]
Écrit par : vf | 02/01/2009
> Merci à vous cher Patrice.
Écrit par : vf | 03/01/2009
à VF
> Oui, à la réflexion, vous avez raison, seule l'Eglise a reçu du Christ les paroles de la vie éternelle : "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde"
(Matthieu 28, 20)
Je me joins à PP pour vous assurer de mes prières, ce blog étant un peu comme une grande famille où des choses vraies se partagent.
Écrit par : Michel de Guibert | 03/01/2009
A MdG:
> merci de vos prières.
Écrit par : vf | 03/01/2009
A vf
> Toutes mes condoléances.
J'ai moi-même perdu un proche - mon père- cet été. La vie devient...plus dense. Oui, plus dense.
Écrit par : Feld | 04/01/2009
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