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20/12/2008

Noël et la mission des chrétiens

…ne rester ni muets, ni invisibles :

 


 

Lettre aux Romains, 26-27 :

 

« Par ordre du Dieu éternel

et grâce aux écrits des prophètes

ce mystère est porté à la connaissance de toutes les nations

pour les amener à l’obéissance de la foi.

Gloire à Dieu, le seul sage, par Jésus Christ

Et pour les siècles des siècles. »

 

Aucune relecture hypercritique ne peut biaiser une injonction comme celle-ci. Le message de Paul est clair : « l’obéissance de la foi » (= la confiance en Dieu) est à propager sur toute la terre, parce que Dieu éternel le veut depuis toujours : « En toi seront bénies toutes les familles de la terre », a-t-il dit à Abraham (Genèse 12). Et chez Isaïe (56,7) : « Ma maison sera appelée Maison de prière par tous les peuples ». Le mot « Maison » est explicité au second livre de Samuel, quand le prophète Nathan dit à David : « Le Seigneur te fait savoir qu’il te fera lui-même une maison… Je te donnerai un successeur dans ta descendance… Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils. » Qui sera ce fils ? Luc (1,30) : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils,  et  tu  lui donneras  le  nom  de  Jésus. Il sera appelé Fils du Très Haut. »

 

Pour tout chrétien prenant sa foi au sérieux, ces jalons bibliques indiquent la route : les promesses de Dieu se sont réalisées en Jésus Christ et il faut le faire savoir à toute la terre.  C’est le mouvement de l’évangélisation, à reprendre de génération en génération.

 

Que devient alors la tolérance ? Question de définition.

- Selon les tenants des valeurs ethniques, la tolérance consiste à respecter les « identités » et les « origines » : toutes les visions du monde sont relatives, l’âme n’est que « l’ethnie vue de l’intérieur » ; parler du Christ à des non-chrétiens est un scandaleux métissage.

- Selon le laïcisme radical, les religions sont les ennemies de la tolérance : donc la tolérance ne s’applique pas aux religions. Elles doivent se taire.

- Selon une conception commerciale, la tolérance consiste à offrir au consommateur toute la gamme des valeurs et des idées : elles se valent toutes, et le marché arbitre.

- Selon le chrétien croyant, la tolérance consiste à respecter autrui jusque dans son erreur, si elle le tient de façon invincible : question de liberté de conscience.

 

La tension entre le devoir d’évangéliser et celui de respecter la liberté de conscience (« rester dans le vestibule de l’âme », disait Newman) est l’esprit de l’apostolat chrétien ; catholique, en tout cas [1]. Il s’agit de rendre témoignage « par le témoignage de la vie », mais aussi par la parole active : « le véritable apôtre cherche les occasions d’annoncer le Christ par la parole », dit l’Eglise catholique. À temps, mais aussi à contre-temps : en renversant les piliers du temple matérialiste mercantile.

 

Ces choses avaient été escamotées en 1970-1980 chez les catholiques d’Europe occidentale. Elles refont surface dans les esprits, comme l’a montré la Lettre ouverte aux consciences catholiques publiée par un groupe de prêtres français en riposte à l’article anti-évangélisation de Christian Delorme dans Le Monde, en juin 2008 :

    

« Jamais l’annonce de l’Évangile n’a eu lieu sans déstabiliser les sociétés.  Le Christ lui-même en a fait l’expérience et les apôtres à sa suite. Comment un homme qui connaît le Nouveau Testament peut-il oser dire que l’évangile, certes, demande d’annoncer le Christ mais pas au prix du déchirement d’un peuple, pas au prix de l’engendrement de situations de violence ? Il est clair que, s’il avait voulu éviter le déchirement de son peuple et le déchaînement de la violence, le Christ, qui pourtant souhaitait rassembler Israël, n’aurait pas évangélisé. Les apôtres ont marché sur ses traces. » 

 

 

Ceci ne veut pas dire que la violence est souhaitable, ni que les chrétiens doivent l'exercer : mais la violence vient du mal du monde, et c'est dans ce monde que sont envoyés les chrétiens.

 

  

 


[1]  Certains fondamentalistes US procèdent autrement.

  

 

Commentaires

// Pas de rapport avec l'article //


> Je n'aime guère faire cela, demander des sous, même si la cause est juste.
Mais voyez ce que j'ai reçu ce matin :
http://evry.catholique.fr/une-Eglise-au-bord-du-gouffre
Voilà, je suis embarrassé, mais je transmets ; à vous de voir si vous désirez transmettre à votre tour.

Écrit par : PMalo | 20/12/2008

DENIER DE L'EGLISE

Suite à l'appel transmis par PMalo
J'avais déjà eu connaissance des difficultés du diocèse d'Evry (mon diocèse) en matière de finance, et ce n'est peut-être pas le seul ?
Cela me semble de notre devoir de partager ce souci et de diffuser largement, tout au moins à ceux d'entre nous qui sont sur le diocèse d'Evry, le message de notre évêque.
Il ne s'agit pas d'une oeuvre parmi d'autres, mais en quelque sorte d'un impôt volontaire pour faire vivre notre Eglise ; à ce titre, le denier de l'Eglise (anciennement denier du culte) concerne donc tous ceux qui ont conscience d'appartenir à l'Eglise ou qui bénéficient de ses services.
A diffuser autour de soi, bien sûr de préférence aux personnes qui peuvent se sentir concernées et que l'Eglise n'atteint pas encore, ou qui n'ont pas pris conscience de ces difficultés, ou qui ont tout simplement oublié.

Écrit par : Michel de Guibert | 20/12/2008

"SECOUER LES DIOCÈSES"

> « Jamais l’annonce de l’Évangile n’a eu lieu sans déstabiliser les sociétés. Le Christ lui-même en a fait l’expérience et les apôtres à sa suite. »
Entre les commentaires de PMalo et de M. de Guibert et votre article sur la mission des chrétiens, ce que j'écris va peut-être faire grincer des dents... mais j'apprécie ce blog car il offre un espace de débat, et j'attends avec impatience les remarques consécutives à mon commentaire.
En effet, si je donne effectivement de l'argent à l'Eglise, je ne le verse pas dans la case "denier de l'Eglise". Lorsqu'il est question de sous, certains donnent et d'autres pas, certains peuvent donner et d'autres pas, certains rappellent qu'il faut donner et d'autres ne disent rien. M. de Plunkett, vous écrivez: "Ces choses avaient été escamotées en 1970-1980 chez les catholiques d’Europe occidentale." Cette crise des années 70-80 a provoqué chez moi, je l'avoue, un déficit de confiance dans l'institution Eglise de France. Même si je continue de me rendre dans ma paroisse les dimanches et fêtes, et à y recevoir les sacrements, je suis plus sceptique sur le reste.
Evidemment, mon approche sera jugée de façon brutale, car je n'obéis pas aveuglément à un diocèse ou à une paroisse qui saurait mieux que moi quelles sont ses besoins. Mais je ne pense pas être le seul catholique dans ce cas... il suffit de constater les difficultés qu'ont les diocèses à collecter leurs fonds.
L'annonce de l'Evangile déstabilise donc les sociétés; le Christ et les apôtres, et tous les saints avant nous ont, d'une certaine façon, déstabilisé la société de leur temps. Et aujourd'hui, simple paroissien, j'ouvre mon porte-monnaie quand on voit que tel curé est un saint, que telle catéchiste est une sainte et que leurs actions sont bonnes. C'est une vision terre-à-terre qui est un peu comme celle de saint Thomas. De sorte que, lorsqu'un pauvre prêtre à la retraite rayonne de sainteté, ou lorsqu'on sent qu'un jeune vicaire croit en ce qu'il dit et fait, il est facile d'ouvrir le porte-monnaie pour lui, pour son casuel ou comme simple don. Lorsqu'un autre ne semble pas à ce qu'il fait, lorsqu'il est blasé et qu'il fuit les rendez-vous à l'église pour préférer les repas dans certaines maisons chauffées, le porte-monnaie a plus de mal à s'ouvrir.
Il me semble d'ailleurs que le saint curé d'Ars ne se faisait pas beaucoup de souci lorsqu'il avait besoin d'argent, car la Providence suffisait. Et les gens lui donnaient car ils se disaient: c'est un saint!
Lorsque je rentre dans une église et que l'on voit des syndicalistes (ACAT, CCFD) prendre le micro en début de messe pour parler du meurtre d'Anna Politovskaïa, des tortures pratiquées dans le monde ou le froid et la faim qui font souffrir les plus pauvres... en demandant de l'argent sans jamais appeler à prier pour ceux qui souffrent, qui n'ont rien ou qui ont trop, etc sincèrement, je n'ai pas envie de donner. Lorsque les formations proposées aux plus jeunes sont défaillantes, de mauvaise qualité, je n'ai pas envie de les favoriser par quelques dons. Et en même temps, j'ai conscience que mon propos est grave puisque je m'érige en juge afin de définir à qui je vais donner de l'argent. En tant que catholique, je me dois en effet d'aider ma famille. Voilà un sacré déchirement.
Ce n'est pas une excuse, mais l'histoire montre des institutions monastiques qui sont mortes le jour où elles ont eu trop d'argent. La pauvreté aide parfois à aller à l'essentiel. Il me semble donc que les diocèses recevront massivement des dons le jour où ils montreront qu'ils sont composés de saints. C'est très subjectif, mais l'Evangile doit aussi secouer les diocèses de temps en temps, comme les simples paroissiens. Merci de l'accueil que vous ferez à mon propos sans langue de bois ou de buis.

Écrit par : Antonin | 20/12/2008

NE PAS S'ERIGER EN JUGES

> Antonin, je vous comprends et j'avoue que j'ai raisonné comme vous dans le temps, mais, comme vous le dites, j'ai pris conscience que mon attitude était grave puisque je m'érigeais en juge afin de définir à qui j'allais donner de l'argent.
Je crois sincèrement qu'il est détestable de priver l'Eglise des ressources qui sont nécessaires à la vie même de l'Eglise au motif qu'un tel vous déplaît ou que tel autre n'agirait pas comme il devrait...
Je souffre comme vous de certains manquements, mais je trouve indigne ce chantage au porte-monnaie et je considère que le denier de l'Eglise est une obligation morale pour tout chrétien, selon ses moyens bien sûr, à plus forte raison pour celui qui "consomme" (Messe dominicale, sacrements).

Écrit par : Michel de Guibert | 21/12/2008

ANTINOMIE ?

> J'ai visionné la demande de Mgr Dubost: il présente bien le problème du manque de fonds de son diocèse, et je cotise d'ailleurs pour le mien. Mais comme Antonin je ressens moi-aussi un malaise: où est la sainteté des laïcs salariés? Je me rends compte que je suis très dur en écrivant cela, et je m'en excuse mais je ressens comme une antinomie d'être payé pour annoncer l'Evangile... Le Christ n'ignore rien des difficultés financières de son Eglise mais il l'éprouve finalement pour la rendre plus sainte! L'argent ira là où il sera utile et non pour entretenir ce qui est sclérosé, pardonnez-moi ma franchise.

Écrit par : Philippe C | 21/12/2008

ENCOURAGER

> Les laïcs salariés ne sont pas des saints... Mais quand on consacre ses journées à annoncer l'Evangile, qu'on ressent un appel à se donner de cette manière, en collaborant avec les prêtres, et que l'on se forme en conséquence pour ne pas raconter n'importe quoi, je ne trouve pas anormal de recevoir de quoi manger en échange.
Quant à l'entretien de ce qui est sclérosé, il ne faut pas désespérer. Une nouvelle génération se lève. Il faut justement l'encourager.
De toute façon, dans le don, par définition on se dépossède, et on ne sait pas exactement où va l'argent (même en connaissant le sérieux de l'organisme qui reçoit). Exiger de connaître à quoi il sera utilisé, et refuser si la "cible" n'est pas assez bonne selon ses propres critères, c'est un peu facile, il me semble.
Le P. Pascal Ide, dans un article, disait qu'il ne fallait pas hésiter à donner des pièces aux mendiants dans la rue, sous prétexte qu'ils risquaient de les dépenser en alcool. Il répondait que l'usage de l'argent ne nous regardait pas. Ce qui nous regarde, c'est l'acte de générosité, de frère à frère.
Donner, c'est un devoir, et un acte d'humilité, avant tout le reste.

Écrit par : Pimousse | 21/12/2008

PAS NOUS

> Choisir à quel prêtre on donne de l'argent en fonction de la sainteté qu'on lui attribue, avant d'être une attitude de juge, c'est aussi tout simplement une attitude de consommateur : on donne à un prestataire de service (en l'occurence l'Eglise) en fonction des contreparties qu'on attend.
Le Christ a le droit d'éprouver son Eglise et ses prêtres, pas nous.

Écrit par : Gilles T | 22/12/2008

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