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19/12/2008

Sauver le dimanche : les députés tiennent bon

20080605_161722_archedenoe[1].jpgMalgré la pression de l’Elysée :

 

< L’arche de Noé.


 

 

 

Si Nicolas Sarkozy comptait imposer la suppression du repos du dimanche, c’est raté : une insurrection des députés, gauche et droite confondues, est en voie de l’en empêcher. Le président exigeait que la réforme soit votée avant Noël ; les députés socialistes et verts ne l’entendaient pas de cette oreille, mais beaucoup de députés UMP non plus. La fronde a atteint une telle virulence le 17 décembre  que Copé et Fillon ont senti venir la catastrophe : un vote sur les motions de procédure qui aurait mis la majorité en minorité, entraînant ainsi l’abandon de la réforme. Le 18 au matin Fillon a donc annoncé à la radio qu’il suspendait le débat : pour, a-t-il dit, « calmer les esprits ».  Il n’en avait pas prévenu le chef de l’Etat. Sarkozy l'a accueilli à l’Elysée par une volée de reproches, et en exigeant que le débat reprenne. Mais beaucoup de députés étaient repartis dans leurs circonscriptions… Vers midi, le président de la République a dû baisser les bras. Et le député socialiste Christian Eckert de commenter : « Les divisons de la droite sont à l’origine de ce qui vient de se passer. Le vote de la motion d’irrecevabilité était probable. On savait qu’à droite, des votes rejoindraient la gauche, et des abstentions étaient annoncées. »

 

Parler ici de « divisions de la droite » est passer à côté du sujet. Oui, la droite s’est divisée ; et alors ? L’important n’est pas que la droite manœuvre comme à la parade, mais de savoir où elle va. Ce projet de travail du dimanche ne rapporterait rien à l’économie française (les études de terrain le montrent nettement). Il est pourtant réclamé par la grande distribution et ses amis.  On craignait que la droite parlementaire ne soit entièrement au nombre des amis en question ; la preuve est faite que ce n’est pas le cas. Alleluia.

 i

Maintenant il faut appeler les choses par leur nom. Une crise économique sans précédent est en train de s’abattre sur nous. Elle a été provoquée par le comportement monstrueux des élites financières transatlantiques, monstruosité dont on est en train de découvrir des aspects encore plus monstrueux puisqu’il s’agit de gangstérisme financier pur et simple, rendu possible par l’ultralibéralisme. Ce système avait abandonné l’économie réelle au pouvoir de la finance virtuelle ; la finance virtuelle se volatilise ; l’économie réelle se volatilise avec elle. Voilà où nous en sommes : une Bérésina du capitalisme (Bérésina annoncée depuis 1998 par un petit nombre de gens lucides, que l’on traitait de cinglés et de bolcheviques à l’époque). Devant cette Bérésina, mieux vaudrait avoir des idées neuves et réalistes. Donc laisser tomber les vieilleries idéologiques. Dont fait partie, justement, l’idée fixe de forcer les gens à travailler le dimanche ; idée qui surexcitait les libéraux des années 1990, c’est-à-dire avant le déluge... Maintenant le déluge est sur nous. Au lieu de faire comme si le temps était au beau fixe, l’heure est venue de construire une arche de Noé. Sur le plan économique et politique, cela signifie : oublier les slogans des mirliflores libéraux d’autrefois, et se donner les moyens de rester à flot en attendant l’arc-en-ciel. Merci aux députés français d’avoir refusé de voter une mesure démodée, improductive et nuisible à la société, notamment à la vie de famille. Mais surtout, qu’ils tiennent bon. C’est le moment – quoiqu’à la veille de Noël – de reprendre en chœur le refrain de 1805 qui se chantait sur l’air de O Fillii et filiae :

 

C’en est fini du décadi*

Et de toute sa kyrielle en i

Le dimanche l’on fêtera

Alleluia !

 

 

 

 

[*]  La semaine républicaine de dix jours, c'était un moyen de travailler vraiment plus. Encore une bonne idée d'antan, à soumettre au citoyen Nicolas.

 

 

15:58 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (9)

Commentaires

DECADI

> comment ça? le "décadi" était une idée républicaine pour une semaine de 10 jours????
j'apprends un de cès trucs, là!....pardon pour le texte familier, mais on dirait une idée sortie tout droit d'un roman...!
et de quand date cette idée?.....elle était alors soutenu par qui et dans quel but?
merci pour votre éclairage :

Écrit par : jean christian | 19/12/2008

POULE

> Hors sujet à propos du "O filii et filiae"...
La coutume était autrefois qu'à Pâques les enfants aillent de porte en porte quémander quelques confiseries et chantent en guise de remerciements le "O Filii et filiae".
Un ami breton me racontait que les enfants, quand on leur refusait le moindre oeuf de Pâques, chantaient sur la même mélodie mais en changeant les paroles :
"Madame a mis ses oeufs à couver
C'était pour pas nous en donner
Un jour viendra où sa poule crèvera
Alleluia !"

Écrit par : Michel de Guibert | 19/12/2008

LUCIDES

> Bonjour,
merci pour cet article. Pour revenir sur la crise financière, et même si le bonhomme n'est pas devenu moine des cités, j'ai bien aimé la prestation de Geraint Anderson - alias "City Boy" - dans le reportage de "Pièces à Conviction" (mercredi soir dernier, sur France 3). Comme quoi, la machine craquant de partout, tous les gens lucides s'aperçoivent des fissures et des risques d'éboulement.

Écrit par : Antonin | 19/12/2008

RESISTANCE

> Est-ce la proximité de la Nativité qui vous met en verve ainsi ? Merci pour ce post réjouissant dans son ton, même si le sujet traité est grave. Cette résistance d'une partie de l'UMP doit faire l'objet d'une analyse véritable, pour en connaître les raisons. Le résultat, pour le moment, est positif. Mais la question suivante est celle du pourquoi une telle attitude. Comptons sur le franc-tireur Plunkett pour nous proposer une enquête auprès des troupes hétéroclites UMP !

Écrit par : Edouard | 19/12/2008

VENT NOUVEAU

> Les députés un peu catholiques sortent de leur coma ou du double langage (du type: j'ai des convictions, mais je fais le contraire par respect pour la laïcité...). C'est le signe que la découverte de l'imposture que fut "l'affaire Chantal Sébire" ou les déboires des idéologues de la manipulation des embryons commencent à produire leurs fruits; la vérité libère les coeurs, les paroles et les actes. Un vent nouveau ? Le murmure bienfaisant d'une brise légère ?

Écrit par : B.H. | 19/12/2008

CALENDRIER REVOLUTIONNAIRE

> Bonjour,
de façon à éclairer Jean-Christian, le calendrier révolutionnaire - dit de Fabre d'Eglantine en oubliant tous les autres auteurs - reprenait quelques idées de l'époque en rupture avec le calendrier grégorien, et faisant la part belle aux sciences de l'homme.
Le decadi, "semaine" de 10 jours, était un symbole du système de base 10, jugé bien plus scientifique que les multiples mesures anciennes. Ensuite, les références étaient liées au travail de l'homme, notamment de la nature. Aux jours de décadi figuraient donc des outils agricoles.
Quant au nom utilisé, il s'agissait aussi d'un effort de laïcisation du temps. Au lieu de donner rendez-vous à la foire de la Saint-Martin... [j'imagine que les gens continuaient à faire ainsi], le nouveau calendrier imposait de dire quelque chose dans le genre "à la dernière décade de Brumaire". Remarquez que nous disons bien "11e jour de novembre" aujourd'hui. C'est un usage, la pratique exposant nos habitudes et nos principes. Et le dimanche, qui n'est plus compris comme un "dies domini", voit aujourd'hui s'exercer sur lui des pressions idéologiques que vous qualifiez d'improductives et de nuisibles à la société.
D'une certaine façon, je trouve que cette bataille autour du dimanche a finalement du bon: elle oblige les partisans du repos dominical à définir une définition concrète pour rassembler les partis politiques autour de ce jour particulier.

Écrit par : Antonin | 20/12/2008

> Joli trait d'humour de Jean-Marc Ayrault :
« Ce n’est pas parce que le Président s’ennuie le dimanche qu’il faut supprimer le repos dominical. »

Écrit par : Michel de Guibert | 27/12/2008

Le dimanche c'est sacré
Pourquoi La Vie s’engage.

> Faut-il permettre à « ceux qui le souhaitent » de travailler le dimanche pour « créer des emplois » ? Le gouvernement le pense, et soutient mordicus la proposition de loi déposée il y a quelques semaines par un député. Mais cette libéralisation suscite la contestation des Eglises, des syndicats, de l'opposition et d’une partie importante des élus de la majorité. L’efficacité économique de la mesure est vivement remise en cause par de nombreux experts. Le principe du doublement de salaire mis en avant par le gouvernement n’est en réalité pas garanti. Et surtout, c’est la vision de la société qui est en cause. Depuis plusieurs millénaires, la civilisation judéo-chrétienne a inventé, défendu, maintenu vaille que vaille l’idée d’un « shabbat », autrement dit un repos sacré. Ce repos a été inscrit dans la loi républicaine en 1906, dans une période pourtant fort anticléricale. Plusieurs évêques et cardinaux ont pris position contre le travail du dimanche, un sujet sur lequel le pape Jean Paul II s’était lui-même déjà prononcé. Ils l’ont fait au nom de l’homme et non au nom des intérêts de la religion ou de la défense de la messe dominicale. C’est pourquoi La Vie soutient et publie l’appel au président de la république lancé par le Père Patrice Gourrier lundi 1er décembre sur RMC. C’est pourquoi, encore, nous avons décidé de publier une carte postale que vous pouvez envoyer à votre député(e) ou imprimer à partir de notre site. Vive le dimanche, temps de rencontre, de gratuité et de liberté !

Jean-Pierre Denis, Directeur de la rédaction

http://www.lavie.fr/rubriques-jaunes/travail-du-dimanche.html

Écrit par : Michel de Guibert | 27/12/2008

LE DIMANCHE, C'EST SACRE!

> Jour de Dieu, jour de l'Homme
Père Patrice Gourrier
Lethielleux/La Vie/DDB
http://www.laboutiquelavie.fr/le-dimanche-cest-sacre-p-440.html
Face à une proposition de loi qui ouvre la porte à la banalisation du travail le dimanche, il est important que, dépassant les clivages politiques ou religieux, l'on puisse prendre position de façon ferme.
C'est ce que fait ici Patrice Gourrier, frontalement engagé dans la préservation de ce jour vraiment " pas comme les autres ". A ceux et celles qu'un tel engagement étonnerait, on pourrait citer Jean-Paul II qui écrivait : " Je ne fais pas de politique. Je ne parle que de l'Evangile. Mais si parler de la justice, de la dignité humaine, des droits de l'homme, c'est faire de la politique, alors. ".

Écrit par : Michel de Guibert | 15/01/2009

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