Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/06/2008

Faire du journalisme en chrétien : au fond, qu’est-ce que c’est ?

Ouverture et lucidité… autant que possible :


Lectures de ce dimanche : « Le Seigneur m’a rempli de force pour que je puisse jusqu’au bout annoncer l’Evangile », écrit Paul à son disciple Timothée (Tm 4,17). Il dit que cette force (tenir « jusqu’au bout de la course », Tm 4, 7) ne dépend pas de chacun de nous, mais du Christ, qui la donne si on lui fait confiance. Et la « course » n’est pas une compétition : c’est un destin personnel à accomplir ; non une fatalité voulue, à la façon des stoïciens, mais une ouverture toujours plus grande, chacun dans sa vocation personnelle. Par son Incarnation en Jésus Christ, Dieu vient nous montrer comment s’y prendre pour être pleinement homme : c’est-à-dire être responsable, assumer, tout offrir au Père. Dieu confie à chaque homme la responsabilité du monde, comme il confie au prêtre celle de l’eucharistie*.

L’humilité n’empêche pas la lucidité. Paul se donne en exemple à toutes les générations chrétiennes qui viendront. Donc à nous tous. Je veux dire : les chrétiens croyants. Nous avons ce week-end à méditer aussi Matthieu 16, 18, où Jésus dit à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». Il ne dit pas : « tu bâtiras », mais « je bâtirai », ce qui éclaire la phrase de Paul. Jésus confie l’Eglise à Pierre, parce que Pierre vient d’exprimer (16, 16) une foi véritable, décantée de toute attente politique ou fantasmagorique. « Le seul authentique pilier de l’Eglise est la foi en Jésus Christ », soulignent les théologiens-exégètes depuis deux mille ans.

Ce passage de Matthieu et le passage de Paul s’imposent à tous : à vous comme à moi, si vous êtes croyant. Je fais ici du journalisme parce que c’est mon métier (chacun le sien) ; j'essaie de le faire sous l’angle chrétien parce que c’est ma foi. Je ne suis pas le seul dans ce cas. Il y en a beaucoup d’autres. On assiste en ce moment à une convergence chrétienne entre journalistes venus de bords différents, qui se retrouvent de plus en plus sur l’essentiel : c’est un signe des temps.

Faire du journalisme en chrétien, c’est décanter l’essentiel de l’accessoire, séparer la foi et les opinions : accepter nous-même de changer, en écoutant sérieusement ce que dit l’Eglise**.  Et accepter la difficulté de ces opérations de l’esprit. « On ne se débarrasse pas de l’idéologie comme on se lave les mains », disait Rémi Brague ce matin à l’émission d’Alain Finkielkraut. L’idéologie ne se chasse que par la foi et la raison. Donc par le débat aussi, concrètement, sur le terrain… 

Un catholique ne peut pas non plus être irrationnel et fuir le débat d’idées. Benoît XVI est très clair sur ce point. Nous n’avons pas le droit de nous réfugier dans une niche en sucre, loin des vilains débats qui « divisent», et de nous regarder le nombril en croyant que c’est plus gentil (donc plus « chrétien ») ! Cette mièvrerie ne serait pas évangélique. Fuyons-la… et débattons.

_________

(*)  Magnifiques développements à ce sujet, dans Etincelles II de François Cassingena-Trévedy (Ad Solem). http://www.laprocure.com/livres/francois-cassingena-trevedy/etincelles-2003-2005_9782940402090.aspx

(**) Laisser l’Eglise nous libérer de pseudo-certitudes sournoises, venues (par exemple) d’une allégeance de parti, glissée en contrebande sous un discours « catholique ».

 

09:44 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : christianisme

Commentaires

UNE TENTATION

> Très vrai qu'il y a eu une tentation d'irrationalisme chez les cathos dans les années 1980-1990. C'était sous l'influence du pentecôtisme, et par réaction (justifiée) à l'encontre de la déspiritualisation et sécularisation imposée dans les années 1970 par un certain "progressisme", qui avait failli saborder le catholicisme en Europe occidentale. Mais un excès dans l'autre sens n'est pas un remède. D'ailleurs la quasi-totalité des mouvements du "renouveau charismatique" ont décanté cet irrationalisme et ont trouvé en Eglise de quoi s'équilibrer. Ce sont des choses du passé, aujourd'hui, même s'il y a encore quelques bonnes âmes restées coincées dans l'état d'esprit de ces lointaines années.

Écrit par : Radibim | 28/06/2008

ET L'INSTRUCTION

> Merci de votre travail et de votre démarche spirituelle et intellectuelle... Vous dites que vous n'êtes pas seul à faire du journalisme chrétien. C'est une source de joie. Dommage que le monde enseignant ne connaisse pas cette évolution. Il est encore difficile, voire périlleux de se dire catholique dans l' enseignement, surtout dans le public mais aussi, malheureusement, dans certains établissement privés que je connais. Et je ne vois pas encore de changements dans ce domaine. Faire du journalisme en chrétien est nécessaire mais il faut aussi une instruction faite sous l'angle chrétien, comme vous dites, pour rebâtir un monde chrétien. Il faut, bien sur, éduquer les adultes en chrétiens pour qu'ils éduquent les enfants à leur tour mais je laisse cela à nos pasteurs de l'Eglise. Bref, il faut une synergie de tous les catholiques, guidés par l'Eglise, pour reconstruire chacun dans son domaine. Il serait temps que les catholiques européens s'y mettent au lieu de perdre leur temps dans des compromissions politiques diverses mais toutes inutiles.

Écrit par : vf | 28/06/2008

BEMOL

> dieu il vaut mieux y croire que de le connaître.

[ De PP à X. - Développez. ]

Écrit par : abbé mol | 28/06/2008

NOUVEAUTE

> Je ne suis pas journaliste et je crois qu'il n'y a au fond pas de différence entre ce qu'un chrétien journaliste et un chrétien non journaliste ont à faire : infuser chaque jour la nouveauté radicale du Christ dans l'instant présent. C'est totalement autre chose que du passéisme ou du progressisme !

Écrit par : Churubusco | 28/06/2008

LES LIGNES BOUGENT

> Et du fond de la niche en sucre, nombreux sont ceux qui aboient au lieu de rejoindre la caravane qui avance. Je suis frappé par le nombre de lecteurs dont l'essentiel des commentaires apportés à une "bonne nouvelle" consiste à prédire que les chrétiens d'autres "bords " qu'eux n'y verront que du feu. Pourtant les lignes bougent, les "bords" se rencontrent et se trouvent des affinités. L'Esprit est à l'oeuvre. Il n'a que faire de nos préférences et de nos chapelles-niches-en-sucre...

Écrit par : Rackam | 28/06/2008

À RACKAM

> Tout à fait d'accord. C'est un travers à corriger. Le pharisaïsme nous guette tous, à tout moment. Le travers que vous dénoncez (des catholiques "d'ouverture" se faisant bonne conscience aux dépens de catholiques "conservateurs") existe.
Question, tout de même. Ce travers n'est-il pas moins pernicieux que le travers inverse (ne critiquer que les non catholiques et faire de la religion un parti, un bunker contre le reste du monde : confondre "voyez comme ils s'aiment" avec "voyez quel beau groupe uniforme qui ne se pose aucune question") ?
Il y a des domaines où le débat est nécessaire. (Et c'est là, me direz-vous à juste titre, qu'on trouve l'autre risque de dérapage : et vous avez raison de recommander le discernement et la charité, voire le silence dans certains cas. Mais allez donc faire taire des Français !).

Écrit par : Hadoque | 29/06/2008

À HADOQUE ET RACKAM

> J'assistais récemment à une rencontre pour étudiants. Le modérateur, théologien solide, a dû mettre les pendules à l'heure en expliquant à ces jeunes que la bonne attitude n'est pas de faire bloc contre le monde extérieur, et que le catholique n'est pas forcément "de droite". Cela recoupe un peu ce que vous dites. Pour les jeunes en question, se contredire entre catholiques serait impensable. Et pourtant il le faut dans bien des cas, sur les questions de société, si on veut avancer ! Qu'en pensez-vous tous les deux ?

Écrit par : marixu | 29/06/2008

A HADOQUE ET MARIXU

> Débattre, c'est accepter d'écouter, chercher des convergences, être préoccupé de faire avancer la question et ceux qui s'en sont emparés, nous y compris. Contrairement à tant de "débats" qui sont creusement de tranchées, affût de "petites phrases", anathèmes. Mieux vaut débattre que s'invectiver. Mieux vaut, peut-être, s'invectiver que s'ignorer, et mieux vaut, peut-être encore s'ignorer que se cataloguer mutuellement sans écoute. Le temps n'est pas révolu, dans certains diocèses où se dire catholique sans être "de gauche" n'était pas facile... Faire bloc avec ceux qui vous rejettent, par exemple quand ils savent que vous êtes abonné à tel hebdomadaire, est ardu. Mais, là encore, ça bouge, et nous avec!

Écrit par : Rackam | 29/06/2008

A HADOQUE, RACKAM ET MARIXU

> Ne pensez-vous pas qu'il serait temps d'abandonner les épithètes politiques et de se dire simplement catholiques ? Il faut suivre le Christ, donc l'Eglise. Certains sont plus sociaux, d'autres plus contemplatifs, comme dans l'Eglise où l'on trouve des franciscains, des jésuites ou des bénédictins. Les sensibilités sont diverses mais toutes unies par le Christ et guidées par son vicaire, le chef de l'Eglise catholique. Alors, bien sur, c'est pas facile et il y a parfois (souvent?) des accrochages et des visions différentes mais le temps des classifications idéologiques des chrétiens est fini depuis la chute du mur (si jamais ce temps à commencé un jour). Soit nous suivons ce que dit le Christ dans les évangiles et ce que dit l'Eglise pour expliciter les évangiles soit nous suivons tel ou tel "penseur". Dans le second cas, nous ne sommes plus catholiques. Ayons alors l'honnêteté de le reconnaître.

Écrit par : vf | 29/06/2008

Les commentaires sont fermés.