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07/06/2008

« Non pas les justes, mais les pécheurs »

La pire des tentations, pour des chrétiens, c’est de rester entre « purs » :


Dans l’évangile de ce dimanche (Matthieu 9, 9-13), les pharisiens s’indignent de ce que Jésus fréquente des pécheurs*. Jésus leur répond avec une fermeté tranchante : « Allez apprendre ce que veut dire cette parole : "C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices**". Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. »

Cette phrase condamne toutes les formes que prendra, au fil des siècles, la tentation du purisme parmi les communautés chrétiennes. Le chrétien est là pour témoigner du Christ auprès des non croyants. La pire erreur de sa part serait de s’enfermer en club, en clan, avec ses semblables... (D’autres chrétiens ? même pas, une certaine catégorie seulement : ceux qui lui ressemblent par les goûts et les affinités, c’est-à-dire par des traits séculiers qui ne viennent pas de l’évangile).

Et pas de témoignage sans la miséricorde : l’ouverture de l’esprit, du cœur et de la main.

Faute de quoi on accumule des charbons ardents sur sa tête, si l’on se proclame chrétiens en n’agissant pas comme des chrétiens – c’est-à-dire pour les autres.

_____

(*)  Ils s’indignent aujourd’hui de ce que le pape tende la main aux écologistes… Par un véritable dévergondage du raisonnement, nos pharisiens décrètent autrui « pécheur » (ce qui est illégitime) : et cela en vertu, non de la foi religieuse objective, mais de leurs propres préférences politico-économiques. Ce qui est illégitime au carré.

(**) Osée 6, 6.

Commentaires

PSAUME 50

> Et de même le psalmiste s'écrie :
"Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas,
tu n'acceptes pas d'holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu,
c'est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu,
un coeur brisé et broyé."
(Psaume 50, 18-19)

Écrit par : Michel de Guibert | 07/06/2008

LES OEUVRES

> l'épitre de Saint Jacques au chapitre 2 et au verset 24 nous dit : "c'est par les oeuvres que l'homme sera justifié et non par la foi seule". Il nous dit même juste avant, dans ce même chapitre 2 et dès le premier verset :
"à quoi cela sert-il, mes frères que quelqu'un dise "j'ai la foi", s'il n'a pas les oeuvres? la foi peut-il le sauver? si un frère ou une soeur sont nus, s'il manquent de leur nourriture quotidienne, et que l'un d'entre vous leur dise :"allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous", sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il? ainsi en est-il de la foi : si elle n'a pas les oeuvres, elle est tout à fait morte".
Ainsi donc, une foi qui agit en oeuvre d'amour est une vraie foi, qui produit de bonnes oeuvres et qui montre des fruits de l'Esprit.
Ceci dit il est très facile, dès que l'on est papa de 5 enfants comme moi, de ne s'occuper que de sa famille, tellement c'est prenant, et de vivre un peu reclus sur sa vie de famille et de foi commune en Christ.
Lorsque l'on est aussi pratiquant, on ne se retrouve qu'entre chrétiens à la messe, et donc on semble moins ouvert à la rencontre avec les pécheurs comme le Christ!
Or nous sommes tous pécheurs, et nous autres chrétiens sans doute bien plus que les autres devant Dieu; donc nous devons aussi nous rencontrer souvent pour échanger et stimuler par la PAROLE partagée nos sincères volontés de réparer nos offenses; demander pardon.
Mais il ya aussi les occasions au boulot, pouvoir discuter, déjeuner avec nos amis dont les vies nous semblent parfois orgueilleusement déconfites;
quand ils nous savent chrétiens et pratiquants, on obtient parfois de drôles de confession ou d'interrogation sur le bonheur de la vie, qui semble leur échapper; ils semblent alors jalousement mais affectueusement nous envier et se demandent alors "comment peut-on vivre dans le bonheur", et voudraient dans ces échanges verbaux, emmener avec eux, un peu de notre bonheur, de notre insouciance pensent-ils.
Mais il y a aussi nos occasions à la sortie de la messe, quand un homme où une femme se tient dehors, à faire la manche : nous pouvons les inviter à partager notre repas, les réchauffer humainement et physiquement, et ces rencontres nous ont tous (chaque membre de notre famille) apporté énormement, à nous donc, mais aussi à eux...

Écrit par : jean christian | 07/06/2008

À l'ESPRIT

> Il faut effectivement garder cette exigence présente à l'esprit. D'autant que par les temps qui courent, ce ne sont pas les "altérités", ni les "pécheurS" qui manquent ! Cordialement.

Écrit par : Hermas | 07/06/2008

PEGUY

> Dans la ligne des lectures de ce dimanche, je livre à la méditation de chacun cet extrait d'un texte magnifique de Charles Péguy (texte bien connu, je crois que c'est dans la "Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne") :

“Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée. C'est d'avoir une pensée toute faite. Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise âme et même de se faire une mauvaise âme. C'est d'avoir une âme toute faite. Il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme même perverse. C'est d'avoir une âme habituée.
On a vu les jeux incroyables de la grâce et les grâces incroyables de la grâce pénétrer une mauvaise âme et même une âme perverse et on a vu sauver ce qui paraissait perdu. Mais on n'a jamais vu mouiller ce qui était verni, on n'a pas vu traverser ce qui était imperméable, on n'a pas vu tremper ce qui était habitué.
Les “honnêtes gens” ne mouillent pas à la grâce.
C'est que précisément les plus honnêtes gens, ou simplement les honnêtes gens, ou enfin ceux qu'on nomme tels, n'ont point de défauts eux-mêmes dans l'armure. Ils ne sont pas blessés. Leur peau de morale, constamment intacte, leur fait un cuir et une cuirasse sans faute.
Ils ne présentent pas cette ouverture que fait une affreuse blessure, une inoubliable détresse, un regret invincible, un point de suture éternellement mal joint, une mortelle inquiétude, une invincible arrière-anxiété, une amertume secrète, un effondrement perpétuellement masqué, une cicatrice éternellement mal fermée. Ils ne présentent pas cette entrée à la grâce qu'est essentiellement le péché. Parce qu'ils ne sont pas blessés, ils ne sont pas vulnérables. Parce qu'ils ne manquent de rien, on ne leur apporte rien. Parce qu'ils ne manquent de rien, on ne leur apporte pas ce qui est tout.
La charité même de Dieu ne panse point celui qui n'a pas de plaies.
C'est parce qu'un homme était par terre que le Samaritain le ramassa. C'est parce que la face de Jésus était sale que Véronique l'essuya d'un mouchoir. Or celui qui n'est pas tombé ne sera jamais ramassé ; et celui qui n'est pas sale ne sera pas essuyé.”

Écrit par : Michel de Guibert | 09/06/2008

VERS L'AUTRE

> Oui; cependant il n'y a pas de charité sans vérité. Pour continuer à contempler Dieu il nous faut des bastions, il faut bien que nous différencions des "Autres". L'Eglise est ce temple, ce bastion; mais lorsqu'elle faiblit parmi un peuple, il n'y a pas le choix que de voir des oeuvres laïques prospérer et se différencier - ainsi de l'école catholique, par exemple. Maintenant que nous sommes minorité, et cela ira de pire-en-pire, il nous faut à la fois aller vers l'autre, celui qui ne connaît pas Dieu révélé - et protéger nos bastions. Voir Maronites Libanais, ou Coptes, pour de plus amples informations. Lorsque les temps de violence et de barbarie ont submergé l'Europe de l'ouest à la chute de l'empire, ce sont bien dans des bastions chrétien qu'ont survécu la culture et la civilisation, pour renâitre quelques siècles plus tard au Moyen-Age, produisant le miracle que l'on sait. Il est possible que les mêmes temps soient sur nous.

Écrit par : aquinus | 09/06/2008

QUESTION

> Je trouve très belles ces lignes de Péguy, mais je pose la question :
Est-ce alors une mauvaise chose de ne pas commettre de péchés graves, est-ce une mauvaise chose que de vivre avec une profonde paix intérieure, dans le calme et la joie ?
Dieu n'aimerait-il que les torturés, les grands pécheurs ?
Non, mais il est vrai qu'il existe une tentation, quand "tout va bien", c'est d'oublier de tout recevoir de la main de Dieu. C'est de s'habituer à la paix, qui devient alors tranquillité. C'est de s'habituer au calme et à la joie, qui deviennent alors superficiels. Et de ne plus garder son coeur à découvert pour être vulnérable, pour être capable d'être touché par la rencontre avec l'autre, avec l'Autre qui veut nous donner sa grâce.
"Soyez sobres, soyez vigilants : votre adversaire le démon, comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie."
Oui, soyons vigilants, restons attentifs aux appels de l'Amour, au lieu de nous enfermer dans notre tour d'ivoire.

Écrit par : Pema S | 09/06/2008

@ AQUINUS

Je suis plus que réservé sur cette notion de "bastions" chrétiens ; bien sûr nous devons défendre ce à quoi nous croyons et les moyens d'évangéliser peuvent faire partie de ce souci légitime.
Mais des bastions conçus comme des sortes de forteresses, cela me paraît relever d'une une stratégie très défensive de type repli identitaire qui ne va pas du tout dans le sens de l'évangélisation.
Et puis les "bastilles" finissent par être prises !

Écrit par : Michel de Guibert | 09/06/2008

@ PEMA S

Vous avez vous-même, et fort bien, répondu à vos objections de principe aux lignes de Péguy.
Il est clair que le péché n'est pas une fin en soi... mais que Charles Péguy s'en prend aux "âmes habituées" sur lesquelles "la grâce ne mouille pas".
Dans le même sens, Emmanuel Lévinas écrit : "Seul un moi vulnérable peut aimer son prochain".

Écrit par : Michel de Guibert | 09/06/2008

BIENHEUREUSE

> Quelle chance nous avons d'appartenir à une religion qui ose proclamer (dans la liturgie du Temps Pascal) "Bienheureuse faute, qui nous valut un tel Sauveur" !

Écrit par : Arnaud de Latrolliere | 10/06/2008

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