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07/04/2008

Sur Mai 68 : vos réactions

1353190510.gif...à la note précédente :

Commentaires

LE CONTRAIRE

> Pas une vraie révolution, Mai 68 ? Et que faites-vous de la subversion écologiste déchaînée par le Larzac et compagnie ?

Indietro

[ De PP à I. - Précisément : l'esprit de Mai tel que je le décris dans la note précédente est le contraire de l'écologie authentique. Je dis pourquoi dans 'Valeurs actuelles' de cette semaine. Quant au Larzac : juste combat des paysans du Causse, mais voie de garage des gauchos parisiens descendus en masse et persuadés que le danger était l'Etat et l'Armée. Quarante ans après, les paysans disent : "Finalement l'Etat et l'armée se sont peu et mal défendus. Ils étaient sur la pente descendante. Le vrai danger, nous ne l'avions pas vu venir : c'était le règne des multinationales, Monsanto etc., autrement plus riches, plus puissants et plus menteurs..." Cf. le livre que je publie sur ces sujets en mai : "L'écologie de la Bible à nos jours, pour en finir avec les idées reçues", éd. de l'Oeuvre. ]

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Écrit par : Indietro | 07/04/2008

@ PP

> A lire la liste des auteurs et pour en connaître certains, je vois que vous divergez d'avec eux sur des sujets névralgiques : l'économique, l'écologie, etc. Alors où est la pertinence de votre ouvrage collectif ?

PA


[ De PP à PA - Justement là. Pouvoir exprimer sur un même sujet des points de vue légèrement ou fortement divergents, c'est le propre de la civilisation ! Et c'est déjà une façon de sortir de l'esprit de 68, qui consistait à lancer des anathèmes et des dérisions homicides sans discuter sur le fond. Cet esprit donna (naguère) des résultats assez brillants, si l'on se souvient de Charlie Hebdo première manière... Je ne parle pas du pauvre machin conformiste qu'est le néoCharlie de M. Val, wagon de queue de la séquelle de 68 avec les Guignols rabâcheurs de Canal... ]

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Écrit par : Patrick Aimar | 07/04/2008

LIBERER

> Ne pensez-vous pas que l'esprit de 68 a joué un rôle bénéfique dans le dégel de l'Est ?

Girolamo

[ De PP à G. - Un rôle, oui. Mais bénéfique ? Le système communiste s'effondrait de toute façon ; il n'est pas tombé grâce à l'idéologie individualiste-narcissique de 68, mais parce qu'il était contraire à la nature humaine. L'idéologie de 68 aussi était contraire à la nature humaine. Comme le matérialisme mercantile qui a fait suite et dans lequel nous baignons encore... Je ne suis donc pas d'accord pour manifester envers 68 une gratitude imméritée ! ]

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Écrit par : Girolamo | 07/04/2008

LE SYSTÈME

> Je serais assez de cet avis. Ne nous laissons pas fourguer, derrière un rideau de bons sentiments nostalgiques des heureux temps de la jeunesse estudiantine, une relégitimation du système de m... dans lequel nous vivons et qui est en train de nous mener, à fond les manettes, vers une crise économique qui va ruiner des centaines de milliers de gens - mais pas les prédateurs fous !

Écrit par : Girolamo | 07/04/2008

CE N'EST QU'UN DEBUT ... !

> Je crains que vous n'ayez besoin de plus d'une simple colonne pour récolter les réactions "à la note précédente" !
Mais vous décidez, c'est vous le patron. ☺

Personnellement, j'aurai bien sûr un milliard de choses à dire sur cette icône ou ce veau d'or (tout cela, c'est selon), à commencer par l'âge que j'avais à l'époque, comme chacun se précipite pour le faire…mais je ne le ferai pas.
Je dis tout net, en haut de ce fil de discussion : isoler Mai 68 d'autres convulsions françaises antérieures est vide de sens. Ne pas l'adosser à 1789 pour en tirer une analyse sérieuse des comportements français se résumera à un verbiage d'anciens combattants préretraités qui ratiocineront autour d'une date anniversaire tout en retenant leurs dentiers mais pas leur aigreur.
Ne pas profiter de cet anniversaire pour se demander pourquoi tant de révoltes et de révolutions dans notre si beau pays nous ferait passer à côté de l'essentiel.
Contrairement à ce que vous dites M. De Plunkett, Mai 68 n'a pas "pollué le débat dans ce pays" pour la bonne raison qu'une qualité de débat reste encore à y inventer au moment où des défis majeurs nous attendent comme celui, notamment, de l'intégration d'une minorité cultu(r)ellement différente.
Je vous laisse imaginer Mai 2009 dans les 'quartiers' !

Alors et quitte à gâcher la fête, je dirai qu'il y a une urgence : Profitons de ce rendez-vous calendaire pour nous regarder en face en tant que français et nous demander sur quelles bases nous pouvons construire de vrais rapports sociaux de qualité pour que ne se reproduisent 1789, 1830, 1848, 1907, 1936, 1968 et j'en oublie sûrement, à commencer par ces petites crises de lycéens qui servent de passage initiatique vers le statut de citoyen à la française.

Sinon, s'il faut parler de Mai 68 pour parler de Mai 68, j'en parlerai volontiers car j'ai encore dans les oreilles le bruit des "esclops" de mes amies, dans mes narines l'odeur de leur pachouli qui rendait fou, et sur ma peau les frissons de l'adolescent aux vents frais de soirées d'été.
"Au loin ? la meute.
A mes côtés ? un panier de senteurs.
Herbes douces / aromates.
Entre nous un philtre par la Lune cuivré."

Écrit par : Sombre héros | 07/04/2008

DERNIER CADEAU ?

> C'est vrai que les soixantuitards sont à l'origine de sérieuses nuisances, et ça fait 40 ans (35 ans pour moi, depuis que je suis né) qu'on se farcit leurs théories, quoique, nous on a encore eu de la chance de croire en ce que nous disait Jean-Paul II pour contrebalancer les idéologies ambiantes...
Bref, après ce que je viens de lire, je me dis qu'on pourrait tout de même faire un dernier cadeau à cette sacrée génération : légaliser l'euthanasie rien que pour leur faire plaisir, leur faire ensuite expérimenter la chose, et lorsqu'on se sera enfin débarrassé de tout ce beau monde, on reprend sérieusement les affaires en main.

Écrit par : Dve | 07/04/2008

68 ET L'EGLISE EN FRANCE

> Hélas Clavel n'était pas le seul à voir le Saint Esprit sur les baricades... 68 a largememnt bénéficié du soutien des clercs (ACO, épiscopat), et en bénéficie encore...

leo


[ De PP à Leo :
Un exemple caricatural de ce que vous dites : tel vieil évêque, il y a dix ans, écrivait :
"La société a besoin d'utopie". Il aurait pu dire : "d'idéal collectif", mais il disait : "d'utopie". C'était un symptôme. Car "utopie" et "idéal" ne sont pas synonymes. Ils sont même contradictoires. "Utopie" veut dire : "Nulle part". "Idéal" veut dire : "ce qui transcende la vie" (individuelle et sociale). Transcender la vie correspond à la nature humaine ; fantasmer une situation ne pouvant exister nulle part, est contraire à la nature humaine. Mais le vieil évêque, excellent homme au demeurant, n'avait pas cherché si loin : il disait "utopie" parce que ça lui paraissait "moderne" ! "Moderne" à la façon des années 1970, alors qu'on était aux environs de l'an 2000...
Je me souviens avoir vu les dominicains du Centre Saint-Yves (faculté de droit de Paris) passer en bloc au mouvement de Mai, sans chercher à faire le tri. Or ces hommes étaient tout sauf incultes ! Ce n'était donc pas une question de formation intellectuelle. C'était plus profond. La volonté était atteinte. Ils n'avaient pas confiance dans la pensée chrétienne, et ils allaient chercher leurs lignes de forces dans la pensée 68... qui véhiculait une éradication du spirituel.
Cette éradication du spirituel était inaperçue de Clavel et d'une grande partie des catho français, qui se sont mis à confondre allègrement liberté évangélique et narcissisme soixante-huitard. On n'en est pas encore tout à fait sortis aujourd'hui, si j'en juge par de petites phrases captées ici et là. Mais on est en chemin. A condition de ne pas se laisser récupérer par les néolibéraux en embuscade ! Raison pour laquelle j'ai écrit l'introduction du livre des Presses de la Renaissance, afin de montrer qu'il y a plusieurs regards possibles, et qu'un regard catholique doit tenir compte de la pensée sociale de Rome. ]

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Écrit par : leo | 08/04/2008

L'IMPOSSIBLE

> Un autre exemple : le fameux slogan de 68 "Soyons réalistes, demandons l'impossible". Il y a deux façons de l'intepréter:
- La façon 68 : "Demandons ce qui est contraire à la nature humaine" (ou plutôt : imposons-le aux lois, et on a vu ce que ça allait donner ensuite).
- Et la façon chrétienne : "Demandons la vie éternelle, impossible à l'homme par ses seules forces, mais possible par la grâce de Dieu". Mais cela suppose que l'on croie en Dieu et en sa grâce ! Foi parfaitement étrangère à 68, puis, hélas, à de nombreux chrétiens.
Etranges chrétiens qu'on voyait (qu'on voit encore ?) dans des paroisses, mais qui disent :
"Le paradis, tout ça, je n'en ai pas besoin" (verbatim). En fait ils sont agnostiques. Mais ce sont eux qui répondent aux sondages dont vous parliez l'autre jour. Ainsi s'explique l'existence d'un "catholicisme légal" (celui dont parlent les médias) et d'un "catholicisme réel", dont ils ne parlent que rarement.
Il faut liquider cette dichotomie artificielle et rendre sa pleine visibilité au catholicisme réel, seul catholicisme d'ailleurs au fond. "Liquider 68", du point de vue catho, c'est cela, et c'est urgent. Car comment évangéliser si les gens ont l'image d'un faux catholicisme plein de vieilleries des années 70, plein de rancoeurs envers Rome et d'aigreurs envers les évêques locaux ? (Suivez mon regard).

Écrit par : Alice | 08/04/2008

FROSSARD

> Il n'y a pas eu que Clavel. Il y a eu aussi le livre de Frossard, plus modéré et plus fin dans sa dénonciation du matériaisme: "La baleine et le ricin."
Je suis frappé de voir que beaucoup de comentaires sur mai 68 ne considèrent que la France, comme s'il s'était agi d'un pur problème franco-français, alors que l'alerte avait été donnée sur des campus américains, et aussi en Allemagne et en Italie, où la contestation a eu des prolongements tardifs et sanglants.

françois

[ De PP à F. - Exact. Lisez d'ailleurs les mémoires de Bizot ("Actuel"), parues en 1974 au Sagittaire : il explique comment 68 est né de la contre-culture des campus américains.
Et le consumérisme aussi est venu des Etats-Unis... Encore une gémellité entre les deux phénomènes.
Sur la dimension internationale, voir le documentaire de Rotman qui passe ce soir sur FR2.]

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Écrit par : françois | 08/04/2008

CLAVEL

> Soyons juste envers Clavel, il n'était pas tendre envers les clercs (en particulier les dominicains) qui voulaient diluer l'Eglise dans une nouvelle société moderne: "vous n'êtes pas allé au monde, vous vous êtes rendu au monde !", leur a-t-il dit.
Regardez aussi sa position sur HV...

Ludovic


( De PP à L. - Bien sûr. J'aimais beaucoup Clavel. N'empêche que sur l'événement même de 68, il a eu une sorte d'hallucination... Cela ne l'empêche pas d'avoir écrit d'excellentes choses ensuite, mais il n'y a aucune raison aujourd'hui de regarder 68 avec des lunettes roses sous prétexte que le grand Maurice l'avait fait en son temps. ]

Cette réponse s'adresse au commentairepas

Écrit par : Ludovic | 08/04/2008

40 ANS PLUS TARD

> Je trouve votre analyse de Mai 68 magistrale, impressionnante de lucidité. C'est le fameux gauchisme incontestable de ma jeunesse que vous démontez et qui se révèle aujourd'hui, quarante ans plus tard, dans son essence.
Mon métier me conduit à voir les ravages de cette mentalité triomphante tous les jours dans la société d' une petite sous-préfecture un peu à l'écart dans une région défavorisée. Car le critère final ce sont les fruits. Les bobos parisiens peuvent encore faire mine de ne rien voir, cela va les rattraper, car ici on est en avance, en fait; comme vous le soulignez justement ce sont les faibles qui trinquent d'abord. Les populations les moins instruites les moins insérées dans des milieux sociaux structurés sont en avance sur le plan expérimental.
La déstucturation des personnes, l'éclatement des familles et leurs recompositions éphémères, les violences familiales, la précarisation des situations, des emplois, des familles, l'esprit d'assistanat, l'abêtissement des esprits, la généralisation des conflits et des blessures inter-personnelles, la démotivation, la vulgarisation des attitudes, l' impulsivité, l'invasion de la pornographie, l'augmentation des abus sexuels sur les enfants et des autres délits ou crimes, la montée des problèmes psychiatriques, l'installation d' une société dépressive...voilà les fruits concrets sur le terrain, et ça va vite. Et ça touchera bientôt les bobos et leurs enfants qui persistent à ne rien voir venir en continuant de profiter des vestiges d' une civilisation qu' ils abiment ou détruisent.
Tout le monde semble regarder ailleurs, les médias maintiennent nerveusement une forte impression d' unanisme sans débat et esprit de discernement autour des valeurs démocratiques, de la République, de la citoyenneté, des Droits de l' Homme, des joies de la libération sexuelle et autres libérations incontestées (et en premier lieu, ici,le journal local qui distille son vieux gauchisme éthéré et la Mairie (communiste) qui persiste à ne voir que des problèmes d' injustice économique entretenus par la méchanceté des "autres" qui refusent de limiter leurs profits et de consentir aux réformes miracles du genre plus de moyens, etc.), mais des voix commencent à faire dissidence au niveau national.
"Ceux que Jupiter veut perdre, il les rend fous" disaient les Romains. Tout ça, au fond, au-delà des idées mises en avant, n' est que folie de l'homme coupé de Dieu ou révolté contre Dieu.
"Je cherche un point de dissidence absolue..." dit Richard Millet dans son dernier livre ("l' Opprobe"). C'est l'Evangile et l'enseignement de l' Eglise. Merci de nous le rappeler.

Écrit par : vicenzo | 08/04/2008

SOLDER LE COMPTE

> Vicenzo observe correctement les méfaits du "gauchisme incontestable de sa jeunesse" (sic) mais en quelque part, ... nous les jeunes, même si on n'est pas capable de comparer entre "avant" et "maintenant" puisqu'on était pas né durant les "évennements", on sent qu'il y a une nette exception à la règle voulant que la vieillesse apporte la sagesse.(Lorsque je dis "on", je parle de discussions que j'ai entre amis à peu-prêt du même âge que moi (ou plus jeunes).)

Pour dire franchement, la sagesse, je la trouve chez des personnes de plus de 75 ans, et chez des personnes de moins de 50 ans. Entre les deux, il y a éventuellement eu un assagissement, une retenue, voire des tentatives d'explications et de méa-culpa, mais au fond, on sent dans la discussion que le virus n'est pas totalement vaincu, il reste toujours des poches de résistance. Tout ça reste très loin d'une sagesse digne de ce nom.

C'est un truc de génération je pense, puisque je perçois exactement la même chose chez la majorité des prêtres qui ont le même âge, et que j'appelle d'ailleurs affectueusement : "les traumatisés du concile". Les jeunes prêtres ont les idées claires, et les vieux prêtres de la génération Jean-Paul II ou Benoît XVI (ceux qui ont vécu la guerre), avaient une foi déjà assez mûre à l'époque du concile et de 68 pour savoir où est la vérité, et il n'ont pas trop été perturbé dans leur foi.

Mais il reste vraiment toute la génération qui est encore aux affaires aujourd'hui, qui nous impose depuis des lustres leurs idées depuis leurs fonctions (politiciens, philosophes, journalistes, rédacteurs en chefs & consorts), et là, c'est vrai qu'on commence à en avoir marre (à un tel point qu'on leur donnerait volontiers l'euthanasie s'ils y tiennent vraiment). M'enfin, on fera preuve de patience, tout en sachant qu'ensuite, il nous faudra reconstruire une société digne de ce nom que la génération précédente a détruite si consciencieusement.

Ce sera difficile, même impossible humainement, mais avec la grâce de l'Esprit Saint, et avec un concile Vatican III s'il le faut, la Vérité finira bien par triompher.

Pour conclure, il serait juste et sain que la génération perdue fasse un geste de repentance, demande pardon auprès de jeunes qui souffrent directement des lois qu'ils ont promues (ou laissé passer par lâcheté), et que le mouvement qui pourrait apporter une conclusion heureuse au désastre soixantuitard provient justement de cette génération-là. Ce serait une manière de solder votre compte à bon compte.

Écrit par : Dve | 08/04/2008

.... CONTINUONS....

> Je suis bien seul (mais j'ai l'habitude) à demander une introspection ou pour le moins une réflexion sur notre belle propension nationale à multiplier les révoltes, révolutions et autres grèves boudeuses comme moyen de régler la faiblesse de notre dialogue social.
Mais je vais continuer à demander, on sait jamais.

En 2008, ne peut-on pas tirer un trait sur ces guerres civiles qui ne disent pas leur nom et qui laissent toujours des traces indélébiles ?
N'êtes-vous pas impressionné par l'effet de traîne de Mai 68 sur les esprits, 40 ans plus tard ? Je suis certain qu'il s'agit là d'un symptôme typiquement national qui devrait alimenter une réflexion.
Personne pour dire qu'il serait dans l'ordre naturel des choses humaines de ne plus avoir à débattre de Mai 68, qu'il doit être possible d'assumer ce moment de notre histoire en impulsant une démarche critique !
Je rejoins parfaitement François lorsqu'il rappelle que le mouvement connu en France sous le nom de Mai 68 s'est développé ailleurs, ce qui me conduit à penser que l'évolution de notre société dans la direction qu'elle a prise a obéi à des forces indépendantes de Clavel, des gauchos ou des dominicains.
A débattre.

Vouloir liquider Mai 68 ?
Le ver est déjà dans le fruit si on pose le problème en ces termes car il provoquera des lendemains de frustrations qui seront des veilles de désirs de réparations qui appelleront des représailles, ad vitam...
Mon sentiment est que cela dure depuis 1789, mère des révolutions, nécessaire mais loupée.
Et même avant 1789.
A débattre.

Et ce qui me fatigue dans ce moyen d'expression français c'est qu'il autorise des prises de pouvoir qui ne disent pas leur nom, il crée des ressentiments qui grossissent à l'ombre de mises à l'index, des cassures, des clivages qui empêchent que ne se développent des discours sereins sur des thèmes essentiels.
Chacun se lance des anathèmes dès qu'une ligne blanche arbitrairement posée est franchie !
C'est fatiguant,
vraiment,
j'ai un coup de mou, surtout lorsque je lis le post de Dve qui stigmatise la génération de 68.
Moi, perso, j'avais 10 ans en 68, je le dis, mais je ne considère pas ce spasme comme géniteur des malheurs que supportent mes enfants.
Ce serait bien trop facile.
Demander, même sur le ton de l'humour, d'euthanasier la génération des 68ards ne fait pas avancer le débat.
Ce n'est qu'un début, continuons...

Écrit par : sombre héros | 08/04/2008

TRANCHE D'ÂGE

> Aïe... Je suis dans la tranche d'âge vilipendée par Dve... J'ai vécu mai 68, subi plutôt car je ne m'en suis jamais senti solidaire et je l'ai combattu autant que je le pouvais à l'époque, c'est-à-dire sans grande efficacité sans doute mais sans compromissions.
Dve accepterait-il d'envisager qu'il n'était pas forcément facile de vivre cette époque troublée pour un jeune de 20 ans : la fin de l'Algérie française, les répressions soviétiques dans les pays de l'Est, l'emprise marxiste sur l'Université, la crise de l'Eglise, etc.
La jeunesse de l'époque avait besoin d'idéal certes, et pas d'utopie, comme le faisait remarquer justement Patrice de Plunkett.
L'esprit de Mai 68 n'a conduit à rien de bon car il n'était porteur ni de sens, ni d'espérance, et c'est de cela que l'homme a besoin, en 1968 comme aujourd'hui.

Écrit par : Michel de Guibert | 08/04/2008

JEAN FERRAT

> oh camarade, la vie était peut-être "difficile" pour un jeune homme ex-Algérie française à qui "l'emprise marxiste sur les universités" donnait des angoisses, mais je peux te dire que pour moi, fils d'un prolo et d'une prolote, elle était peut-être et même sûrement moins facile. Les angoisses que nous avions, nous, c'était celles de la vie quotidienne. Nous n'étions pas affolés par l'indépendance du peuple algérien ni par la présence d'enseignants progressistes dans les facultés. Quand 68 est arrivé, nous ne l'avons pas vécu avec les "pauvres petits cons" de gauchistes bourgeois (comme chantait Jean Ferrat) mais avec les travailleurs en grève, et en espérant que ça allait déboucher sur des avancées sociales. N'oublie pas cet aspect-là de 68 ! C'est un bon souvenir.

Pour mémoire, les paroles de "Pauvres petits cons" (si jem'en souviens bien la chanson visait entre autres le sinistre Jean-Edern Hallier) :

On parle de vous sans cesse
De vos opinions
Vos voitures vos maîtresses
Vos clubs en renom
Vous avez pour vous la presse
La télévision
Vous vous dites la jeunesse
Pauvres petits c...
Vous vous dites la jeunesse
Pauvres petits cons

Fils de bourgeois ordinaires
Fils de Dieu sait qui
Vous mettez les pieds sur terre
Tout vous est acquis
Surtout le droit de vous taire
Pour parler au nom
De la jeunesse ouvrière
Pauvres petits c...
De la jeunesse ouvrière
Pauvres petits cons

Vos guitares vos idoles
Et vos James Bond
Je m'en contre-foutrai comme
De colin-tampon
Si celui-ci que l'on berne
N'prenait pour de bon
Vos vessies pour des lanternes
Pauvres petis c...
Vos vessies pour des lanternes
Pauvres petits cons

Quand le temps de vos colères
Quand vos contorsions
Ne seront plus qu'éphémères
Et vieilles illusions
Fils de bourgeois ordinaires
Pour qui nous savons
Vous voterez comme vos pères
Pauvres petits c...
Vous voterez comme vos pères
Pauvres petits cons

Je n'partirai pas en guerre
Contre vos moulins
Si à la prochaine guerre
Le fait est certain
Qui se f'ra casser la gueule
Pour vos opinions
C'est encore nous ma parole
Pauvres petits c...
C'est encore nous ma parole
Pauvres petits cons

Si votre papa fait mine
De couper les fonds
Si vos petites combines
Ne tournent plus rond
Si votre moi vous chagrine
Plus que de raison
Il y a des places en usine
Pauvres petits c...
Il y a des places en usine
Pauvres petits cons...

Écrit par : redbelt | 09/04/2008

ENTERRONS L'OCCIDENT

> Pas mal l'idée de Dve. Plus sérieusement, c'est vrai que sous les idéaux révolutionnaires de mai 68, on retrouve les bases du matérialisme-mercantile. C'est sans doute du au fait que les soixante-huitards sont issus d'une génération de matérialistes, celle des "trente glorieuses". Ce sont bien eux, qui avant de jeter des pavés, cassaient les sièges de l'Olympia en écoutant les Beatles. C'est la première génération qui bénéficia d'autant d'autonomie et de bien être matériel depuis les fils de sénateurs romains. Finalement, on tape sur ces jeunes bourgeois qui se sont amusés a se prendre pour Lénine, Trotsky ou Mao mais les coupables, à mon sens, sont leur parents. Ceux qui on "reconstruit" l'Europe d'après-guerre sur des bases matérialistes-mercantiles. On retrouve d'ailleurs ce problème quand on réfléchi à la crise post-conciliaire. Si tout allait bien avant, pourquoi, en quelques années, il y eut autant de désertion des églises, de prêtres ou de religieux défroquant? Comment cette génération pré-conciliaire, si bien formée ne put résister? A mon sens, ce n'est pas tant le concile que l'état spirituel de la génération d'après-guerre qui était pourri. Le concile, comme mai 68, ont été des révélateurs d'une crise profonde et antérieure. Crise qui n'est toujours pas résolue et qui ne le sera, a mon avis, que quand cet "occident" que l'on connaît sera mort. Et c'est là que je rejoins Dve. (lol)

Écrit par : vf | 09/04/2008

UNE NUANCE

> Texte magnifique et juste. Sur la question du changement, néanmoins, j'apporterai une nuance. L'esprit de 68 n'est pas le changement perpétuel, l'instabilité, c'est davantage l'élimination de toute valeur humaine et transcendante au profit de l'égoïsme le plus pur. Le règne de l'économie et de l'argent est symptomatique de cette domination de l'appétit sur tout autre aspect de l'homme. L'esprit de 68, c'est l'installation du néant, une explosion de plus dans l'incendie qui ravage l'Occident depuis plus de deux siècles. Quelque chose ne change jamais dans l'esprit de 68, c'est la présence sourde du nihilisme.
Mai 68 est un gâchit immense. La jeunesse de 68, qu'a-t-elle en commun avec celle du 11 novembre 1940 ? Qu'ont-ils fait d'autre que de se proclamer nouvelle bourgeoisie ?
Enfant des années 80, je vomis le non-héritage de 68. La seule liberté d'après Mai 68 est celle de s'anéantir dans l'absurde.
Qui saura raconter ce que c'est que de voir le jour dans ce désert, ce que c'est d'abandonner le meilleur de soi pour quelques miettes de sécurité, ce que c'est que de voir son avenir comme un abîme. Qui saura raconter ce que c'est que de se vendre en permanence et pour tout, comme une vulgaire prostituée. Grandir en se voyant comme un bout de viande à upgrader.
L'esprit de Mai 68, c'est un caprice de vieux. Où est le risque ? Où est l'audace ? On déploie plus de courage en se déclarant catholique aujourd'hui, qu'en étant maoïste en 68. Ils ont tout détruit. 1984, c'est eux.

Écrit par : Quentin | 09/04/2008

...LE DEBUT !

(A PdP : Vous avez pris le slogan avec lequel je pensais finir ma série de textes 'Ce n'est qu'un début, continuons le débat !' dans votre note sur 'Les députés flottent'.
Vous me donnez l'occasion d'en inventer un autre pour dire que décidément tout tourne en rond : 'ce n'est qu'un début, continuons le début' ! :-)

Je trouve vos commentaires très durs et injustes, ça sent le règlement de comptes que je déplore plus haut, il s'agit bien de continuer le début, et de ne pas chercher à avancer.
Mai 68 ne fut pas un caprice de vieux, Mai 68 ne fut pas un caprice de jeunes. Mai 68 fut l'expression d'une jeunesse armée de nouveaux pouvoirs inconnus jusqu'alors bien que ses désirs fussent comme toujours les désirs éternels de la jeunesse (Déjà St Augustin...). En faire des clones des "fils des sénateurs romains" c'est refuser de voir ce qui en fit la différence.
Des coupables, il y en eut, c'est sûr, mais appliquons-leur, pour beaucoup d'entre eux, la parole du Christ : "Pardonnez-leur mon Père, car ils ne savent ce qu'ils font". C'est vrai que nous avons les dents agacés par ce vent de folie qui a traversé le monde dans les années 60 mais tirons-en les conséquences dans un nouveau rapport au monde plutôt que de ressasser.
On peut encore changer de cap !
Et je vous assure que j'ai peu de sympathie pour ces "gauchistes", selon la formule consacrée, qui ont pris le pouvoir intellectuel à cette époque et que je rencontre dans l'Education Nationale, toujours prêts à tirer à vue sur ceux qui franchissent la ligne (voir plus haut).
Mais bien qu'ils aient préféré se tromper avec Sartre, je pense à ce qu'ils ont apporté, plus exactement, à ce qui a éclos avec eux, après guerre, et j'ai beau tourner dans tous les sens, j'ai du mal à penser qu'avant eux, c'était mieux.

Des défis, des pouvoirs nouveaux, nous allons en avoir d'autres et des plus puissants qu'à l'époque. Voyons comment nous arriverons à les gérer, ma génération de quinqua, et celle qui vient après moi.

Écrit par : sombre héros | 12/04/2008

CONTINUER LE DEBUT...

@ Sombre héros

Cela me fait penser aux Pères de l'Eglise, et plus particulièrement à St Grégoire de Nysse, qui définit la vie chrétienne comme "aller de commencement en commencement" !

Écrit par : Michel de Guibert | 14/04/2008

CIORAN

@ Michel de Guibert

"Aller de commencement en commencement".
Merci de me rappeler ce principe beaucoup plus positif que le constat déployé par Cioran : "Le sentiment que je n'ai pas tout dit se heurte à chaque instant au sentiment qu'il n'y a rien à dire !"
Quand j'ai des coups de mou, je dois lutter pour qu'il n'ait pas force de Loi.

Écrit par : sombre héros | 14/04/2008

DIX FOIS PLUS

> Il y aurait aujourd'hui dix fois plus de raisons objectives pour un soulèvement générationnel de type mai 68 en France qu'à l'époque...
http://bboeton.wordpress.com/2008/04/26/mai-68-chacun-son-couplet/
Cordialement
L'Abrincate


[ De PP à L'A. - D'accord avec vous sur ce point. Par ailleurs, je connais bien Avranches et le Mont. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : L'Abrincate | 30/04/2008

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