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20/03/2008

Mort légale : malaise dans la presse écrite

La presse écrite serait-elle plus réfléchie que la machine audiovisuelle ? Extrait des revues de presse :


<< Euthanasie: la presse française divisée sur l'opportunité d'une nouvelle loi

 

21 mars 11:09 - PARIS (AFP) - Légaliser l'euthanasie, aménager la loi Leonetti sur l'accompagnement en fin de vie, ne toucher à rien... la presse française est divisée, vendredi, sur l'opportunité de légiférer ou non sur l'euthanasie, après l'émotion suscitée par la mort de Chantal Sébire.

 

"La solution est-elle de légiférer pour les quelques cas rares où les personnes ne supportent plus leur vie?" s'interroge Dany Stive dans L'Humanité.

Didier Pobel, dans Le Dauphiné Libéré, pense que le moment est mal choisi pour répondre à une telle question: "Comment poser à froid des éléments législatifs déterminants à partir d'une aussi brûlante émotion?", demande-t-il.

Jacques Camus est sur la même longueur d'ondes, dans La République du Centre, estimant que "vouloir trancher un débat sur l'euthanasie au lendemain du décès de Chantal Sébire, c'est comme vouloir relancer la controverse sur le rétablissement de la peine de mort au lendemain de l'assassinat d'un enfant. L'émotion n'est pas compatible avec la réflexion".

Cela n'empêche pas un grand nombre d'éditorialistes de prendre position.

Francis Brochet, dans Le Progrès, pense que "laisser croire qu'une nouvelle loi pourrait tout régler, prévoir tous les cas, anticiper l'attitude de chacun d'entre nous face à la mort" serait une "hypocrisie".

Philippe Waucampt, dans les colonnes du Républicain Lorrain écrit lui aussi que "le caractère transgressif de l'euthanasie doit être maintenu (...). Est-ce moralement satisfaisant? Non. Mais le contraire le serait encore moins."

Dans L'Union, Hervé Chabaud considère qu'"aller trop loin" reviendrait à "donner la possibilité à la société d'éliminer avec sa bénédiction tous ceux qui nous dérangent", ce qu'il regarde comme "une nouvelle barbarie".

 

En face, certains sont favorables à "la solution dite +transgressive+, qui serait envisageable +à titre exceptionnel+", comme Hervé Cannet dans La Nouvelle république du Centre-Ouest.

C'est la solution que retient également Bernard Revel, dans L'Indépendant du Midi. "Transgresser" la loi "après avis d'une haute autorité", permettrait selon lui à la société de prendre "ses responsabilités au lieu de laisser les proches devant un terrible choix."

Pour Eric Dussart, dans La Voix du Nord, ce n'est pas suffisant. Regardant du côté de la Belgique, "où l'euthanasie fermement encadrée est légalisée depuis cinq ans", il évoque les 495 cas autorisés l'an dernier. "Quatre cent quatre-vingt-quinze exceptions? Elles méritaient bien une loi. Une vraie."

Prenant lui aussi exemple sur les pays ayant légalisé l'euthanasie, Olivier Picard, dans Les Dernières nouvelles d'Alsace, demande: "Les Français seraient-ils moins responsables que nombre de leurs voisins, belges ou suisses par exemple, pour opérer un choix libre qui engage leur propre existence?"  >>

 

 

Commentaires

SCIENCE SANS CONSCIENCE

> Il faut souhaiter qu'on retrouve un peu de la sérénité nécessaire pour aborder cette question du rapport de l'Homme à SA souffrance, SA propre déchéance, réelle ou ressentie.
J'aimerais prendre la suite du commentaire "NIHILISTE" de Vicenzo dans l'article sur Chantal Sébire parce que je me reconnais dans le ton utilisé.
Comme lui, je pense que nos contemporains sont assommés par un pouvoir médiatique et, comme lui, je les trouve plus critiques, plus ouverts qu'en d'autres temps et comme il le dit "ils cédent vite quand ils rencontrent un langage de vérité qui met les faits et la synthèse en contact ( si possible avec le sourire) (...) Bien des faux semblants n'ont plus de crédibilité dès qu' ils sont nommés."
Trop d'émotion tue l'émotion, et ces écrans défigurés qui ont envahi en gros plans nos salons ces derniers jours ont peut-être eu un effet contre-productif.
Trop, c'est trop, pensent inconsciemment certains de nos contemporains qui n'osent pas, en partie par compassion, parler d'indécence. Ils se sentent forcés jusque dans leurs consciences par ces images qui vendent trop facilement un remède radical en même temps qu'elles nous tétanisent. Ils ne sont pas dupes au point de ne pas se rendre compte que les gros media ne véhiculent qu'un cadre d'approche du problème :
Les défenseurs de l'euthanasie sont les Bons: ils sont proches du peuple, proches des problèmes quotidiens, sont "comme vous et moi", ne portent pas de cravates, sont sensibles, émotifs, prônent les droits de l'individu.
Les contre sont les Méchants : Ils sont professionnels tendance technocrates, globalisent, sont cravatés, sont des pontes, mandarins, ils réfléchissent trop et pensent trop aux Droits de l'Homme.
Bien qu'encore gavés par ce cadre récurrent et souvent utilisé pour débattre des problèmes de société, j'ai le sentiment que nos contemporains sont prêts à faire la place à d'autres cadres de réflexion qui peuvent servir de référence si on les met en place "si possible avec le sourire".
Un cadre qui place l'Etre Humain toujours au centre, un être considéré dans toute cette profondeur qui reste encore à explorer, un être qui n'est pas seulement interpellé dans sa dimension réductrice d'avatar, un être qui doit apprendre à se positionner dans un monde aux techniques insoupçonnées, un monde où ils sentent bien que "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".
Or, les tenants de l'euthanasie prônent l'utilisation d'une Science débarrassée de conscience.

Je tiens ici à remercier Blaise pour avoir transmis le lien vers l'entretien du Pr Israël qui m'a permis d'alimenter ma réflexion. Je reconduis le lien ci-dessous.
http://www.canalacademie.com/Regard-sur-l-euthanasie.html

Écrit par : Sombre héros | 22/03/2008

PIERRE PANIS

> Peut-être faudrait-il diffuser le témoignage de Pierre Panis qui a vécu 18 annnées en phase terminale de SLA ; je lui ai consacré une page sur mon blog, son témoignage et sa lettre au Premier Ministre (2003) sont de première importance !
http://commonitorium.over-blog.com/pages/Pierre_Panis-387770.html
Saintes Pâques latines !
Leo

Écrit par : Leo | 23/03/2008

A LIRE

> reproduit sur http://www.servante-parole.net/

Réaction au blog de la journaliste judiciaire du Monde
Sur Chantal Sébire -

Je trouve particulièrement pertinent le rapprochement que vous faites entre l’événement de la demande d’euthanasie de Mme Sébire et l'événement que fut le procès de Bobigny en 1972 ayant annoncé le vote de la loi IVG. Et c'est justement pour cela que je ne partage pas votre conclusion.

On commence par une diversion : un cas dramatique, une souffrance extrême, un appel à l'opinion pour une cause présentée comme humanitaire. Mais sait-on exactement comment Mme Sébire a été accompagnée et soignée pour en arriver à demander qu'on la mette à mort et peut-être finalement se suicider?

Cela se poursuit par une transgression : en 1975, l'IVG est conçue comme une « exception en cas de détresse" au principe fixé par l'article 16 du code civil (ce n'est pas rien tout de même) selon lequel la loi garantit le respect de l'être humain, dès le commencement de sa vie - donc de la conception jusqu'au terme naturel de la vie ; aujourd'hui, il s'agit d'inscrire dans nos lois une « exception d'euthanasie », c'est-à-dire de une exception de mise à mort dépénalisée en fin de vie comme l’avortement est une mise à mort en début de vie.

Cela débouche sur ce qu'il faut appeler une perversion : l’IVG 30 ans après a débouché sur le déni d'humanité de l'embryon qui constitue aujourd’hui le principal verrou à un débat bioéthique sérieux et éclairé. Au point que d'aucuns s'étonnent que de récents arrêts de la Cour de cassation puissent simplement lire l'article 79-1 du code civil comme il est écrit : un être humain conçu mais mort avant sa naissance est un "enfant". Si l'on vous suivait, il faudrait que nos textes érigent en loi une confusion gravissime sur la mission du praticien (qui est chargé de soigner et non pas de tuer), et le fassent complice d'un déni d'humanité en fin de vie. On imagine facilement l’étape suivante : après avoir institué des seuils de non-humanité en-deçà desquels un embryon n’est pas jugé digne d’humanité et peut être supprimé ou utilisé pour la recherche, on pourra prévoir des seuils de « perte d’humanité ou de dignité » autorisant l’injection létale, tout cela sous bénédiction médicale. « Fascinant », comme vous dites…

Une loi (loi Léonetti) a été votée il y a 3 ans, au terme d'un débat démocratique d'une exceptionnelle qualité. Le législateur s'est prononcé et, avec sagesse, a exclu la dépénalisation de l'euthanasie. Il faut espérer que cette position ne sera pas remise en cause.

Vous considérez que nous venons de vivre un moment « fascinant », celui où une société s'apprête à briser un tabou. Je vous laisse la responsabilité de l’expression, surtout lorsqu’une vie humaine, celle de Mme Sébire, est ainsi instrumentalisée à des fins politiques, sans vergogne. Pour ma part, je ne ressens qu’une immense tristesse à la mort de Mme Sébire. Si cette mort est le fait d’un suicide, plus ou moins assisté, c’est un échec pour ceux qui l’entouraient, pour ceux qui la soignaient, pour nous tous, puisque Mme Sébire désespérait des jours qui lui restaient à vivre. Que n’a-t-on créé autour d’elle une chaîne d’espérance et d’amitié pour la soutenir dans sa terrible épreuve ? Ce que je vois surtout, c'est une tentative d'"euthanasier la démocratie", à laquelle trop de médias prêtent la main. Ce sont les fondements moraux et pré-politiques de notre Etat de droit que l'on tente de saper ; une nouvelle étape dans la culture mortifère que l’on souhaite franchir. Comme s’il n’y avait pas déjà assez de mort autour de nous et assez de vies commençantes qui disparaissent dans ce pays sans jamais donner lieu à un commentaire dans vos colonnes.

Non, décidément, il n’y pas de quoi être « fasciné » …J’éprouve, je dois dire, un immense dégoût. Oui, n’oublions pas comment on a instrumentalisé Chantal Sébire, après avoir instrumentalisé Vincent Humbert.


Philippe Pouzoulet

Fraternité Edmond Michelet

Écrit par : Michel de Guibert | 28/03/2008

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