03/11/2007
La mort de "tante Washoe"
Occasion de remettre les idées à l’endroit :
m
m
m
Les médias :
<< Washoe, un chimpanzé femelle dont des chercheurs affirment qu'il a été le premier non-humain à acquérir un langage humain, a fait l'objet d'un vibrant hommage jeudi par ceux qui le considéraient comme une source d'inspiration. Washoe, mort mardi soir de maladie à l'âge de 42 ans, a appris le langage des signes américain dans le cadre d'un projet de recherhe au Nevada, selon l'Institut de communication des chimpanzés et des humains (CHCI), où le singe vivait depuis 1980. Les fondateurs de l'institut de recherche sur les chimpanzés, situé sur le campus de la Central Washington University, ont présenté Washoe comme un important membre de leur famille. Une cérémonie en son honneur aura lieu le 12 novembre. "Washoe était un émissaire, elle nous apportait un message de respect pour la nature. C'était pour beaucoup une amie chère; elle va nous manquer", ont déclaré les cofondateurs du CHCI, Roger et Deborah Fouts.
De nombreux chercheurs se sont montrés sceptiques quant à la capacité de Washoe à communiquer avec des humains mais tous sont d'accord pour dire qu'elle a suscité beaucoup d'enthousiasme et nourri de nombreux débats scientifiques, écrit le New York Times.
"Washoe, le premier chimpanzé à avoir appris un langage humain et à l'avoir transmis à son fils adoptif, est unique", affirme Friends of Washoe (Les amis de Washoe), une ONG, sur son site internet. >>
m
m
Commentaire : le cas de Washoe est notamment étudié dans le livre d’entretiens* réalisé par le philosophe Jean-Marie Meyer et moi. On y identifie les causes de la dérive qui mène à :
- dire que Washoe avait « acquis un langage humain » (c’est inexact ; en réalité il y a eu dressage utilitaire) ;
- dire que Washoe a « transmis ce langage » à son fils (encore plus inexact) ;
- dire que Washoe était un « membre de la famille » des humains ;
- dire que le « respect de la nature » oblige à confondre la bête et l’homme.
Les dépêches ont la prudence d’admettre que la communauté scientfique ne croit pas aux extrapolations des époux Fouts (et encore moins à celles de la chapelle des Amis de Washoe).
Mais l’idéologie animalitaire se répand dans le public... Ré-informer les gens devient donc indispensable, si l’on veut éviter demain des dérapages législatifs aux conséquences imprévisibles. Ce qui est en cause n'est pas la bienveillance nécessaire envers les bêtes : c'est l'idée que notre société se fait de l'homme.
___
(*) Nous sommes des animaux mais on n’est pas des bêtes, Presses de la Renaissance.
11:05 Publié dans Sciences | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Washoe, "singes qui parlent", animalitaire
Commentaires
EXEMPLE PARLANT
> A propos de cette idéologie animalitaire, voici un exemple assez parlant: à Liège (Belgique), un couple voudrait enterrer leur enfant mort-né dans le cimetière animalier où se trouvent déjà leur chat et leur...poule! A lire ici: http://blog.sudpresse.be/communes/2007/10/30/4393/#more-4393
Alors oui, il faut de l'information, beaucoup d'information pour contrer un minimum cette idéologie animalitaire. D'autant plus quand on sait qu'une exposition comme "Bêtes et hommes", actuellement à la Vilette, est conçue par d'éminents universitaires dont une bonne part sont antispécistes. Alors, quand la tête est pourrie...
Écrit par : Jean | 03/11/2007
SUR LA LUNE
> QUAND ALLONS NOUS RESPECTER EN VERITE NOS FRERES LES HOMMES? C'EST ABSOLUMENT CONSTERNANT! SI, ON PEUT BIEN ENVOYER LES SINGES SUR LA LUNE!AVEC LEURS ADMIRATEURS! ce sera la planète des singes!!!
Écrit par : anne plus | 04/11/2007
PANTHEISME
> Panthéisme quand tu nous tiens... Ainsi Tocqueville s’était-il demandé pourquoi les sociétés démocratiques basculaient peu à peu dans le panthéisme : il avait fini par répondre que l’égalitarisme, en pulvérisant les corps sociaux et leurs solidarités traditionnelles, avait réduit chacun à si peu qu’un atome abandonné dans le grand Tout, avec ses revendications pour tout espoir. Dostoïevski aussi pensait que Dieu mort, les humains se pelotonneraient l’un contre l’autre et, sitôt passé l’émerveillement de l’immense crépuscule ensanglanté sur la mer terrifiante de la vie, se fondraient comme des ombres dans la dive Nature. Certes, il y eut loin de la passivité bouddhique au nihilisme actif de Nietzsche : toute l’Histoire, que la géographie commande…
Et bien, coq à l'âne évolutionniste, on est même passé du sanglot cosmique de Spinoza à l'extase lobotomique de l'antispécisme – du caniche personnifié de Mémère au gorille sanctifié de nos Frankenstein salariés. De l'assomption de l'homme par le tragique, à la fosse bouffonne de Babel : telle est notre courbe sans surprise.
Tout cela me rappelle un conte édifiant de Kafka - je crois -, lequel raconte l'histoire d'un singe dressé - non pas utilitarisme, lui, mais par ludisme. C'est le plus brillant et le plus charmant des singes : mais il reste un singe, au milieu d’hommes qui à force de singeries le sont de moins en moins… Il a beau divertir les hommes, mieux même que ne ferait aucun d’eux, lui-même en devient chaque jour plus malheureux, s'apercevant à mesure de l'abîme qui le sépare d'eux, et souffrant de leur empathie, qui n’est que narcissisme. Et plus son cerveau devient intelligent, plus son cœur devient triste : plus il « s'anthropomorphise », moins au fond il « s'humanise » - notre humanité, comme le bonheur de chacun, ne nous venant que de la conscience mutuelle de notre spécificité. Et il comprend ce que nos écoles se sont toujours bien gardées d’enseigner : l’humanisme, c’est d’abord le théâtre de la cruauté.
L’espérance éthique ajournée s’accomplit dans le plus sentimental amoralisme – Le drame historique de la Culture se dénoue dans la comédie de la dénaturation. La régression écologiste, ou le point culminant de l’illusion progressiste.
Observer les progressistes antispéciste fait regretter le décadentisme esthétisant – et je ne songe plus à Kafka, l'anti-décadent type, mais à ses contemporains scientistes et buveurs d’absinthe, « socialistes et occultistes », eût dit le regretté Philippe Muray.
Cordialement à tous,
Écrit par : Guit'z | 05/11/2007
ANTI-CREATION, POURQUOI ?
> Les discours tenus à la veille de l'ouverture du Muséum d'Histoire Naturelle de Toulouse (après 10 ans de fermeture!) annoncent la couleur : sus au créationnisme et à toute référence à la moindre notion de création, Darwin : quasiment béatifié. Une nature divinisée dont l'homme n'est qu'un élément jugé nocif. Je rejoins "anne plus" : quand s'intéressera-t-on à l'homme ?
tout cela me donne la nausée.
Écrit par : escouloubre | 06/11/2007
(en réponse à votre dernier article)
> La seule trace écrite de ce que j'évoque figure dans le livret d'accueil du personnel :
"C'est entre les murs de l'ancien couvent toulousain [couvent des carmes déchaussés] que la science du XIX° siècle a rassemblé ses pièces à conviction en vue de la difficile remise en cause des "vérités" créationnistes ..."
Tout est dans la philosophie ambiante, discours convenus, allusions ironiques.
Parmi les "phrases clés de la politique d'établissement", la première : "Lieu d'information et de DEBAT INSTRUIT, le Muséum collecte et "décode" à l'usage de ses publics les données qui éclairent la relation Homme Nature Environnement"
... donne le ton : il ne s'agira pas de s'émerveiller, d'avoir une posture humble et modeste devant le mystère de la création, mais d'avaler des discours nettement orientés.
Préparez-vous au choc !
Écrit par : escouloubre | 06/11/2007
Les commentaires sont fermés.