22/05/2007
En lisant le livre de Benoît XVI (6)
Le mauvais réflexe des "hommes pieux" :
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Pages 235-236, le livre Jésus de Nazareth explique – d’une façon dérangeante – la parabole de l’enfant prodigue (Lc XV, 11-32), que Benoît XVI préfère nommer « la parabole des deux frères ». Il lui donne toutes ses dimensions. Le pape souligne ainsi que le discours du frère aîné (irrité par la générosité du père envers le cadet) exprime le mauvais réflexe des « hommes pieux, ceux qui sont ‘‘en règle’’ avec Dieu, selon l’expression de Grelot*. Grelot met en évidence la petite phrase : ‘‘Jamais je n’ai transgressé un seul de tes commandements’’. Pour les pieux, Dieu est avant tout la Loi ; ils se conçoivent dans une relation juridique à Dieu […] Mais Dieu est plus grand : il leur faut se convertir et passer du Dieu-loi au Dieu plus grand, le Dieu d’amour. […] Leur obéissance procédera d’une source plus profonde et elle gagnera donc en grandeur, en ouverture et en pureté, et surtout, elle gagnera en humilité… »
Aujourd’hui le légalisme a disparu en grande partie de la mentalité des gens "pieux". (Pas toujours au profit d’une foi plus profonde… L’autre semaine, au Salon du livre de Montaigu, une personne se déclarant « pratiquante » disait : « J’ai laissé tomber tous les dogmes et je ne me fie qu’à mes sentiments personnels ». Ce n’est pas un progrès).
Mais le réflexe légaliste subsiste dans certains milieux, qui ne sont pas les moins militants. Ce réflexe est une double erreur : en soi, et par rapport à la nouvelle évangélisation... L’évangélisation se définit par son objectif : toucher l’autre, l’aider à entrer en contact avec le Christ ; ce qui ne touche pas ne sert à rien - ou nuit. Or aujourd’hui, en Europe, l’idée que Dieu soit une « loi » répugne à la masse de nos contemporains**: presque personne ne veut croire en une « loi », divine ou humaine. Donc c’est parler dans le vide, que de présenter le christianisme sous la forme de prescriptions. Et les chrétiens n’ont pas le droit de parler dans le vide : leur mission est de rendre la foi chrétienne désirable aux yeux de gens qui l’ignorent.
Il faut en trouver le moyen. Les évangiles l’indiquent en toutes lettres : les chrétiens évangélisent par leur façon d’être et de vivre ; sinon ils n’évangélisent pas du tout.
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(*) Pierre Grelot, Les paroles de Jésus-Christ, Desclée 1986.
(**) sauf les islamistes.
10:20 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Benoit XVI, "Jésus de Nazareth", christianisme, catholicisme, foi
Commentaires
PHARISIANISME
> Quand la lettre l'emporte sur l'esprit, Outreau, par exemple. Eric de Montgolfier parle du "pharisianisme judiciaire" dans son livre "Le devoir de déplaire". Le livre du Père Dominique Wiel aussi, et bien d'autres encore...
Écrit par : Qwyzyx | 23/05/2007
ESPRIT SAINT
> Devoir de plaire, devoir de déplaire... Comment l'Evangile peut-il plaire aujourd'hui? Il n'y a pas besoin de parler de Loi pour rebuter, prononcez simplement le mot de mariage, voyez ces anciens parler presque en cachette de leurs noces d'or parce qu'ils ont tant de divorces dans leurs familles.
Nos moyens sont dérisoires devant le déversement hédoniste et athée de nos médias. Pris dans le carcan de ceux-ci, de la culture ambiante et de l'enseignement, comment les jeunes peuvent-ils entendre cette autre voix? Loi ou chansonnette? Nous sommes bien loin du légalisme... Comment peut-il y en avoir d'ailleurs lorsque ce qui reste de religieux a été relégué au niveau du sentiment et du subjectif. Viens Esprit-Saint!
Écrit par : Dominique | 28/05/2007
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