04/04/2007
Benoît XVI : un livre sur Jésus, qui parle de justice sociale
Stupeur dans les médias, et jubilation des catholiques sociaux :
Jésus de Nazareth, livre de Benoît XVI, sortira en librairie en Italie, Allemagne et Pologne le 16 avril, jour du 80ème anniversaire du pape, annonce le Vatican aujourd’hui. Le Corriere della Sera publie des extraits du chapitre 7 du livre, qui illustre le message de Jésus par des exemples contemporains. Ainsi la parabole du bon Samaritain, où Jésus explique l'universalité de la notion de "prochain", permet au pape de parler de "la société globalisée" et "des populations de l'Afrique, volées et pillées", matériellement et spirituellement, par le "style de vie" des sociétés occidentales.
Le pape Ratzinger va jusqu’à citer Karl Marx – qui , dit-il, a "décrit avec vigueur l'aliénation de l'homme","même s'il n'a pas perçu la véritable profondeur de l'aliénation parce qu'il ne raisonnait qu'en termes matériels". Stupeur de la presse, qui avait cru comprendre que le jésuite Jon Sobrino (note du 16 mars sur ce blog, catégorie Planète chrétienne) avait été sanctionné par l’Eglise pour s’être penché sur les méfaits de l’aliénation économique ! Salutaire occasion, pour les confrères, de découvrir que l’Eglise reproche bien autre chose à Sobrino…
Salutaire occasion aussi de constater :
- que Benoît XVI n’a peur de rien,
- qu’il a lu Marx (ce que n’ont pas fait les journalistes),
- que la dénonciation du système économique global fait partie, dans son esprit, de la mise en œuvre de l’Evangile,
- et que la résistance à l’ultralibéralisme économique marche avec la résistance à l’ultralibéralisme des nouvelles moeurs.
Merci, Saint Père. Que tous les catholiques français vous écoutent ! Qu’ils apprennent à monnayer vos grandes orientations en milliers d’ « initiatives de base » !
17:25 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Benoît XVI, religion, catholicisme, christianisme, social, ultralibéralisme
Commentaires
L'AGIR HUMAIN
> Benoît XVI est vraiment guidé par l'Esprit Saint.De tels exemples d'applications concrêtes de la Foi catholique ne pourront qu'étonner et interloquer nos contemporains. Notre Foi spirituelle s'enracine bien dans "l'agir humain" et permet ainsi de transformer la société.
Écrit par : froissart | 04/04/2007
> N'oublions que l'action la plus puissante que nous ayons à disposition est la prière, voire même la prière liturgique. (cf. Dom Guéranger).
Écrit par : Boris | 05/04/2007
C'est le miracle du temps pascal...
> Le bonheur du catholique et de discerner ces petits miracles quotidiens. Benoît XVI nous en donne souvent l'occasion.
A moins d'avoir mal lu, je n'ai pas vu précisé la date de sortie du livre en France. A la traîne, comme pour le film "le grand silence" (qui soit dit en passant n'est pas si terrible pour celui qui a lu "Amour et silence").
Bonnes fêtes de Pâques à tous.
NB : Le compendium de la doctrine sociale témoigne aussi de la modernité de la pensée catholique, de son actualité.
Écrit par : Qwyzyx | 05/04/2007
"Résistance aux nouvelles moeurs"
> Le Saint Père avait demandé aux Africains de résister à ces moeurs aliénantes, il avait raison parcequ' ici les chaines de télé commencent à diffuser toutes sortes d' émissions qui poussent à la consommation sauvage, et malheureusement les populations n' y sont pas du tout préparées. Vivement que ce livre arrive ici.
Écrit par : jed (Abidjan) | 05/04/2007
LE LIVRE DU PAPE
> Benoit XVI est incroyable et déconcertant pour qui se donne la peine de lire réellement ce qu'il dit. Je trouve pour ma part qu'il est réellement captivant, à sa manière. John Allen ( vaticaniste américain que vous connaissez sans doute) qui fut pourtant un biographe acerbe en son temps de Joseph Ratzinger, depuis qu'il prend le temps de le lire vraiment, de le suivre et de le rencontrer a changé d'avis à son sujet et demeure dorénavant persuadé qu'une telle profondeur est au dessus de nos petits clivages partisans et réellement capable d'unifier le monde catholique. Ceci est d'autant plus intéressant que John Allen lui mème fait partie de ces vaticanistes respectés par tous les "milieux" catholiques et écrit dans un journal considéré comme "progressiste". Il déclarait même : " ceux qui s'intéressent réellement au Pape sont terriblement impressionnés, qu'ils soient de droite, de gauche ou du centre" !
Sur ce livre, je note aussi une distinction appuyée, étonnante d'une certaine manière, volontairement ouverte au dialogue qui cherche à se situer à un niveau plus modeste que le Magistère du Pape que les gens ont tendance à situer comme étant la seule chose émanant d'une papauté qui serait figée sur un piédestal, au niveau finalement de l'humble et simple ouvrier dans la vigne du Seigneur.
"(...) il n'est évidemment pas necessaire de dire expressément que ce livre n'est absolument pas un acte du magistère mais uniquement l'expression de ma recherche personnelle du visage du Seigneur. Ainsi chacun sera libre de me contredire. Je demande seulement aux lectrices et aux lecteurs un peu de cette bienveillance sans laquelle aucune compréhension n'est possible".
Demandée si gentiment, vous aurez bien sûr la mienne !
Je note aussi que d'un point de vue oecuménique, ce livre pourra sûrement etre interessant. Il sera d'ailleurs présenté par le cardinal Schönborn mais aussi par un théologien protestant.
Merci encore pour votre blog.
Écrit par : Mathilde | 13/04/2007
DUQUESNE
> Si vous avez le temps, vous qui connaissez le monde journalistique, pouvez vous m’expliquer comment (Jacques Duquesne) un ex -grand reporter de La Croix, ex directeur général du groupe des publications de La Vie catholique ; peut t il dire cela sur France info à propos du livre de Benoit XVI ?
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-info/dossiers/laune/?rid=335000181
Bernard
[De PP à Bernard - Vous me donnez l'occasion de dire une pénible vérité : Jacques Duquesne est un vieil imposteur dont le fonds de commerce consiste, depuis vingt ans, à abuser le public. En fait sa culture en matière d'historiographie chrétienne date d'il y a trente ou quarante ans. Et son seul fil conducteur est d'approuver toutes les bourdes médiatiques dans les domaines de l'histoire, de l'archéologie et de l'exégèse. Ce qui n'est pas peu dire ! Son niveau informatif est si déficient que j'avais publié dans Le Figaro magazine, lors de la parution de "Jésus", un article d'historien qui l'avait exécuté. ]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Bernard | 16/04/2007
DUQUESNE IGNORE VATICAN II
Je crois surtout que Jacques Duquesne n'a rien compris.
D'une part on ne lui demande pas d'etre d'accord avec tout ce que contient ce livre ni de dire que c'est magnifique. Benoit XVI ayant moins d'ambition que lui, livre sa réflexion et invitant ses lecteurs à s'y confronter.
D'autre part Benoit XVI dit lui mème qu'il dépasse l'éxégèse purement historico-critique pour s'inspirer de l'éxégèse canonique : une lecture donc plus "spirituelle" et croyante sans aucun doute, mais qui n'en est pas pour autant forcément, totalement, antinomique.
Il le dit clairement : il n'écrit pas contre tout ce qu'a apporté la première mais il cherche à aller plus loin.
Jacques Duquesne ne trouve rien de mieux à dire que "c'est ce qui s'écrivait il y a 50 ans". C'est tout simplement faux : l'exégèse dite canonique étant bien plus récente que cela et développée aprés le concile Vatican II.
Écrit par : Mathilde | 16/04/2007
DUQUESNE
> Enfin, nous savons bien pourquoi Duquesne parle de " plus de 50 ans " !
Mais se rend-il compte de ce qu'il dit ?
La Foi et le Christ aurait-il pu changer en 50 ans ?
Je ne suis pas perturbé par le fait qu'un théologien donne des éléments de nos jours qui sont les mêmes qu'il y a 50 ans (ou même plus) concernant Jésus Christ !
Il n'y a qu'un seul Jésus Christ : il est donc normal de redire les mêmes choses régulièrement, même si c'est sous une forme différente.
Boris
[De PP à B. - Ce n'est pas la foi chrétienne qui "date" (elle est toujours neuve : c'est même la seule chose neuve en ce monde). Ce qui "date", c'est Duquesne. Conrairement à Benoit XVI, cet octogénaire-là est resté bloqué au niveau des années 1970-1980. Ses idées sur l'Eglise, sur le dogme, sur l'Ecriture, sont celles des "progressistes" d'il y a quarante ou cinquante ans. Il ignore une grande partie de ce qui est venu après : et plus précisément, il ignore l'essentiel, le grand renversement de point de vue qui a marqué les recherches de la fin du siècle. Il ne sait rien des travaux exégétiques récents. Mais ça n'empêche pas les médias de le traiter comme le porte-parole de la modernité ! Aux yeux de ses confrères, un journaliste de quatre-vingts ans est plus "moderne" que des théologiens ou des agrégés d'histoire de trente ans. Or la nouvelle génération des théologiens et des historiens ne va pas du tout dans le sens de Duquesne...]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Boris | 17/04/2007
Les commentaires sont fermés.