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06/11/2006

Nicaragua : Ortega élu ? Colère du "Figaro" contre… l’Eglise catholique

medium_Orte_bis.jpgLe Figaro  reproche à Ortega et au cardinal Obando d’avoir fait voter une loi anti-IVG :

Bureau de vote à Managua.


 

Voici sur quel ton  LeFigaro.fr  du 4 novembre présentait Daniel Ortega, qui allait peut-être redevenir président du Nicaragua (cette fois avec l’appui de l’Eglise catholique) :

 

<<  Il cite les Évangiles, le Christ, et prône la « réconciliation » entre les « frères » nicaraguayens... Pendant toute la campagne, Daniel Ortega a troqué son treillis de militant contre la soutane du prêcheur avec la complicité du cardinal Obando y Bravo. Ce dernier, qui fut l'adversaire le plus acharné du régime communiste athée instauré par les sandinistes dans les années 1980, a même célébré l'année dernière le mariage de Daniel Ortega et de sa compagne. Cette conversion illustre l'opportunisme de l'ancien président, mais aussi le poids de l'Église catholique au Nicaragua.  Profitant du contexte électoral, cette dernière vient d'obtenir l'union des députés [...] sur un texte abolissant l'avortement thérapeutique. Le Nicaragua, après avoir été à la pointe du combat féministe grâce aux sandinistes, fait ainsi partie des rares pays dans le monde où une femme peut mourir d'une grossesse sans qu'un médecin n'ait le droit d'intervenir pour la sauver. >>

 

Les termes de cet article du Figaro sont pesés : « complicité », « opportunisme », « poids de l’Eglise catholique », « combat féministe », l’IVG comme geste qui sauve…  Ce papier  pourrait sortir de Libération  ou du Monde.  Ce qui montre l’uniformisation de la presse parisienne. Phénomène qui explique d’ailleurs la fuite des lecteurs : depuis 2002 les quotidiens ont perdu 18 % et les newsmagazines 11% ! (*)

 

LES ULTRALIBERAUX CONTRE

L’EGLISE CATHOLIQUE

 

Poursuivons l’enquête.  En Occident, la classe politico-médiatique ultralibérale détestait Daniel Ortega (60 ans) quand il était marxiste ; elle le vomit DEPUIS QU’IL EST DEVENU CATHOLIQUE. Conversion "électorale" ! ricanent les bobos. En fait ce cheminement avait commencé dès 1990, quand Ortega s'était rapproché du cardinal Obando y Bravo pour mettre fin à la guerre civile entre milices sandinistes et milices "contras".

En octobre dernier, l’ambassadeur de France Jean-Pierre Lafosse et d’autres Européens, (intervenant dans la politique intérieure du Nicaragua), avaient fait pression sur ce pays pour empêcher le vote de la loi contre l’IVG.  « Mi-amusé mi-indigné », Lafosse raconte au Monde (3. 11. 06) que les Nicaraguayens ont mal pris la pression : « Cette affaire nous a valu d’être traités de diplomates criminels représentant des pays libertins ».

Mais la question de l’IVG n’est pas le vrai problème.  Ce n’est même qu’un prétexte. Si les ultralibéraux regardent d’un sale œil Ortega (même converti) et le cardinal Obando y Bravo, c’est parce qu’ils redoutent de voir le Nicaragua – que les Etats-Unis avaient frappé d’alignement depuis des années – sortir de l’orbite US et rallier le camp des pays « nationalistes de gauche », qui a le vent en poupe en Amérique latine.  Les ultralibéraux craignent également que l’Eglise catholique ne bénisse cette émancipation, au nom de la lutte économique pour l’équité (*) et contre les « structures de péché ». Ce serait la naissance d’une véritable théologie de la libération, inspirée cette fois de l’Evangile seul (et non du léninisme, comme ce fut le cas dans les années 1980). Et c’est une hantise pour Washington…

D’où  le  virage anticlérical de la presse « conservatrice »  (en réalité ultralibérale) au Nicaragua.  S’uniformisant avec la presse « progressiste » (bobo Nouvelles Mœurs), elle est passée à l’attaque contre l’Eglise depuis plus d’un an :

<< La Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN) dénonce, dans un communiqué, l'intolérance religieuse et l'agressivité de certains médias contre l'Église, notamment le quotidien conservateur La Prensa  et le progressiste  El Nuevo Diario – qui mènent une campagne qui ridiculise divers symboles et personnalités religieuses de ce pays.
« Ceci est extrêmement préoccupant dans un pays où la démocratie est l'idéal de la nation et la foi le bastion d'une culture imprégnée de valeurs humaines et chrétiennes », déclare la CEN. Les évêques estiment que les caricatures que publient les journaux nicaraguayens ont pour but de créer une opinion « intolérante et agressive » envers l'Église catholique. Mgr Montenegro, un prélat proche du cardinal Obando y Bravo, considère que certains manipulent et interprètent de façon mal intentionnée les gestes de réconciliation envers les sandinistes qui ont eu lieu au Nicaragua ces derniers mois
. >>  (Aide à l’Eglise en détresse, janvier 2005).

 

Réplique d’Ortega au journal « conservateur » et au journal « progressiste »  :

<< Qui a peur d’une réconciliation nationale au Nicaragua (et ailleurs) ? Qui a attisé les guerres civiles dans le monde depuis vingt-cinq ans ? Qui sème le chaos sur tous les continents en prétendant garantir la paix ?  Le parrain de  La Prensa et d’El Nuevo Diario, et il ne réside pas au Nicaragua ! >>

Comme pour confirmer, des officiels américains sont intervenus  -  avec une étonnante et maladroite insistance - dans la campagne électorale au Nicaragua, traitant Ortega de "tigre" et de "cruel voyou communiste". Le 6 novembre, face aux premiers résultats favorables à Ortega, l'ambassade américaine à Managua mettait carrément en doute la régularité du scrutin. "Navré: ce sont les Nicaraguayens qui votent et pas les Américains", a répondu le président de la commission électorale nationale. "Dites-nous plutôt comment ça se passe en Irak où vous faites les élections", ajoutait le parti d'Ortega à l'intention de l'ambassadeur US.

 

 

LES EVEQUES DU NICARAGUA CONTRE

LES « POLITIQUES NEO-LIBERALES »

 

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Le cardinal Obando et Daniel Ortega.

 

Déjà en  février 2004, le message de Carême des évêques du Nicaragua avait mis sévèrement en cause l’ultralibéralisme :  « La conversion c’est accueillir les plus petits avec amour.  Nous exprimons notre profonde amertume en constatant l’adoption de mesures économiques restrictives pour la population déjà très appauvrie, et également face à l’application de politiques néo-libérales qui concentrent le capital dans les mains de quelques personnes, qui constituent une élite opulente et exclusive, alors qu’il y a une multitude énorme d’hommes et de femmes, enfants, adultes, personnes âgées, qui souffrent du poids intolérable de la misère. Nous ne pouvons nier cette réalité. Il y a des situations  de misère qui doivent émouvoir la conscience personnelle et publique, afin que les ressources disponibles parviennent à tous ».

Voilà ce que La Prensa  et El Nuevo Diario reprochent en réalité à l’Eglise catholique. C’est une chose à savoir, si l’on veut comprendre pourquoi la presse occidentale  tourne le dos à Daniel Ortega avec irritation, et cherche contre lui des prétextes.  L’actualité ne va pas tarder à en apporter d’autres !

 

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(*)  Les seuls journaux parisiens à afficher de bons résultats sont « ceux qui ont une vraie personnalité, qui incarnent quelque chose, qui fuient les fadaises et la bouillie pour chats », disait Franz-Olivier Giesbert en octobre lors d’une conférence normande. Il mentionnait  La Croix, Le Parisien, Marianne, Le Canard enchaîné.  Il disait « croire également beaucoup dans l’avenir de la presse locale ».

(**)  cf synode romain d’octobre 2005.

 

Commentaires

LA DOULEUR DE L'AVORTEMENT

La lutte anticléricale qui argumente sur l'avortement des femmes ou polémique sur le sida est abjecte. Ces gens instrumentalisent la souffrance des femmes ou des malades pour de simples considérations idéologiques. Ce n'est qu'une forme de mépris pour la vie et pour la personne humaine.
Comme si l'avortement était une partie de plaisir, une promesse de bonheur pour les femmes...

Enquête : « La vérité sur l'avortement aujourd'hui » en France
« Une forme insidieuse de loi du silence qui empêche de dire sa souffrance »

ROME, Mardi 24 octobre 2006 (ZENIT.org) – Dans son livre « La vérité sur l'avortement aujourd'hui » (Ed. Téqui, juin 2006), Sabine Faivre évalue le retentissement psychologique de l’avortement sur les personnes impliquées et met en évidence « une forme insidieuse de loi du silence qui empêche de dire sa souffrance ». Une synthèse de la revue de presse de la Fondation Jérôme Lejeune (www.genethique.org).

Sabine Faivre a mené une étude auprès de toutes les personnes impliquées dans la pratique de l'avortement à l'hôpital afin d'en évaluer le retentissement psychologique.

Dans une première partie, l'auteur retranscrit fidèlement les entrevues faites avec les femmes concernées, les conseillers conjugaux, l'assistance sociale, l'équipe infirmière, le médecin chargé des IVG...

Ces témoignages montrent, parfois de façon saisissante, la réalité vécue par ces différents acteurs : le malaise des soignants, l'inadéquation entre la loi et les réalités vécues, les dysfonctionnements générant des situations injustes, les pressions répétées, les IVG "tardives", l'urgence à agir, l'absence de temps d'écoute et de parole, la « souffrance personnelle » vécue par chacun, à tous les niveaux, et une forme insidieuse de « loi du silence » qui empêche de dire sa souffrance.

Ce livre est, précise « Gènéthique », une observation qui ne se veut pas représentative. Cependant, il pointe du doigt les enjeux éthiques soulevés au sens large par la pratique de l'avortement en France et appelle à une prise de conscience collective.

Écrit par : Qwyzyx | 06/11/2006

LE FIGARO : IMAGE " BROUILLEE " ?

> Merci de cette analyse très instructive sur Ortega et sur la presse. Le Figaro est effectivement très particulier. M'étant intéressé à la façon ignoble dont a été traitée par toute une partie de la presse française la participation sous mandat de l'ONU de l'armée française à la défense des populations rwandaises en pleine guerre civile lors de l'opération Turquoise, j'avais été comme beaucoup scandalisé par la façon dont Saint-Exupéry a traité le sujet pour le compte du Figaro. Et c'est un journaliste dit "de gauche", Pierre Péan, qui a fait une remarquable enquête et rétabli la vérité sur cette affaire.
Le Point augmente son nombre de lecteurs de façon régulière et Franz-Olivier Gisbert et Revel (mort il y a peu), pour ne citer qu'eux, y ont largement contribué. Tout n'est pas parfait, c'est d'accord, mais on sent quand même que le Point est plus libre vis-à-vis de la pensée unique que d'autres et capable de courage.
Quant à la presse régionale, je trouve cela très juste. Je lis en vacances le "Télégramme" et je l'apprécie. Il y a d'excellentes signatures de niveau national, des nouvelles régionales (pas que les tournois de boule) ce qui est toujours aussi intéressant que d'avoir les nouvelles des théâtres parisiens quand on est en Bretagne Sud.
Réjouissant, par ailleurs de voir la conversion d'Ortega et l'effet bénéfique sur son pays, en particulier pour l'avortement.
P.S. : je n'ai pas d'actions au Point et au Télégramme.

Écrit par : o le Pivain | 06/11/2006

> L'image du Figaro est brouillée depuis pas mal de temps. Pourquoi ? Mystère. Ce n'est pas le seul journal à Paris qui se foute totalement de ce que peuvent bien être ses lecteurs. Les journalistes écrivent pour les publicitaires, qui ne se fréquentent qu'entre eux.

Écrit par : Ilona | 06/11/2006

Pour compléter la réplique de Daniel Ortega :

> lire :

" George W. Bush est une menace pour la paix dans le monde, selon un sondage dans plusieurs pays alliés des Etats-Unis

TORONTO (AP) -- Le président américain George W. Bush est considéré comme une menace pour la paix dans le monde par une majorité de Britanniques, Canadiens et Mexicains, selon un sondage réalisé dans leur trois pays ainsi qu'en Israël pour des journaux nationaux. "

http://permanent.nouvelobs.com/etranger/20061104.FAP2142.html?idfx=RSS_international

Écrit par : Qwyzyx | 06/11/2006

" PLUTOT L'OBS "

Sur le Point : je ne trouve pas que cet hebdo respecte particulièrement les enseignements de l'Eglise.
Plus libre par rapport à la pensée unique ? Je n'en suis pas certain...assez ultralibéral comme publication...
Pardoxalement, c'est dans le Nouvel Obs que j'ai trouvé le plus d'articles dans lesquels un catholique pourrait se retrouver (même si on est très loin de Famille chrétienne !).
A titre d'exemple, je crois que c'est dans le N.O. que l'on a trouvé, en son temps, la seule critique un peu positive de Veritatis splendor.
Cordialement,

F.

[De P.P. à F. - Je partage assez votre avis.]

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Écrit par : F. | 06/11/2006

Entièrement d'accord pour dire que le Point ne respecte pas l'enseignement de l'Eglise Catholique. Pour Famille Chrétienne, je ne peux qu'abonder dans votre sens.
Sur le Point, il est sûrement très libéral dans son analyse, mais libéral ne veut pas dire manquer de courage politique. Et à mon avis, le courage n'est pas si fréquent dans ces mondes-là. Or, Revel, tout athée qu'il ait été, a su, il me semble, faire preuve de courage politique : vis-à-vis du communisme, par exemple. Il basait son analyse sur les faits avec une certaine honnêteté, ce qui n'est pas si fréquent.
Frantz-Olivier Gilbert est capable, lui-aussi, de dire ce qu'il pense assez souvent avec force et indépendance d'esprit. Voilà ce que je voulais dire et, compte tenu des positions qu'ils ont occupé au Point, cela a rejailli immanquablement sur le journal.
Nouvel Obs, le Point : c'est effectivement paradoxal...

Écrit par : o le Pivain | 07/11/2006

"CULTURE DE MORT"

> "Le Nicaragua, après avoir été à la pointe du combat féministe grâce aux sandinistes, fait ainsi partie des rares pays dans le monde où une femme peut mourir d'une grossesse sans qu'un médecin n'ait le droit d'intervenir pour la sauver."
Oh la belle phrase de gauchiste !

À moi.
"Le Nicaragua, après avoir été à la pointe de la culture de la mort grâce aux sandinistes, fait ainsi partie des rares pays dans le monde où des dizaines de milliers d'enfants enfant ne mourront plus durant la grossesse, et ce malgré les geignements des journalistes, politiques et médecins de gauche."

ou encore :
" La France après avoir fille aînée de l'Eglise, fait ainsi partie des rares pays dans le monde où le fait qu'un enfant meure durant grossesse de la main d'un médecin avorteur est considéré comme une preuve de civilisation. "

Malleus


[De P.P. à M. - Hélas non, ces pays ne sont pas rares.]

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Écrit par : Malleus | 09/11/2006

Les commentaires sont fermés.