13/09/2006
Benoît XVI: l’œcuménisme véritable
Hier à Ratisbonne, une leçon d’œcuménisme donnée par le pape aux chrétiens d’Europe occidentale…
Benoît XVI a présidé hier soir les vêpres à la cathédrale de Ratisbonne, en présence des catholiques, des protestants et des orthodoxes. Il a appelé les chrétiens croyants à témoigner du style de vie unique inspiré par l’Evangile. « Dans un monde plein de confusion, nous devons donner à nouveau le témoignage des orientations qui font d'une vie une vraie vie », a déclaré le pape lors de son discours : « Ce devoir important, commun à tous les chrétiens, nous devons l'affronter avec une grande détermination. Il est de la responsabilité des chrétiens, à cette heure, de rendre visibles les orientations du vivre juste, qui se sont révélées à nous en Jésus-Christ. »
Ce sont des paroles à ruminer, pour les chrétiens d’Europe occidentale. On leur répète en effet (de tous les côtés) :
- qu’aucune religion n’est plus « vraie » qu’une autre,
- que les chrétiens n’ont à témoigner de rien du tout (mais à présenter des excuses pour avoir cru autrefois que leur religion était la bonne),
- que l’évangélisation des incroyants est une utopie néfaste (à remplacer par le « dialogue interreligieux » : des « chrétiens sans dogmes » tendant leur micro aux autres religions),
- et que l’œcuménisme consiste à mélanger toutes les religions du monde en un marché unique « dérégulé », en commençant par fusionner postcatholiques, postprotestants et postorthodoxes en un club de postchrétiens, voués à tendre le micro (aux musulmans, aux bouddhistes, etc : cf. alinéa précédent).
Or Benoît XVI a dit hier soir le contraire :
> la « vraie vie », le « vivre juste », est révélé aux hommes en Jésus-Christ seul ;
> donner ce témoignage est le « devoir » de tous les chrétiens, et ils doivent l’affronter avec « une grande détermination » ;
> ils sont responsables de cette évangélisation (relire Vatican II à ce sujet)…
> Quant à l’œcuménisme, la cérémonie d’hier montrait ce qu’il est réellement : non un magma de toutes les religions de la planète, mais une convergence des chrétiens (catholiques, protestants, orthodoxes) vers Celui qui leur est commun… et qu’ils doivent faire connaître à l’humanité.* Noter que des représentants de la communauté juive bavaroise assistaient eux aussi à la cérémonie : rappel de la «greffe » initiale, selon le mot de saint Paul.
---------------
(*) La commission internationale des théologiens catholiques et orthodoxes se réunit ce mois-ci à Belgrade, après six ans de suspension de ses travaux. Benoît XVI se réjouit aussi que le Conseil méthodiste mondial vienne d’adhérer à l’accord théologique catholique-luthériens de 1999. Cet accord, qui met fin à quatre siècles de rupture sur ce point de doctrine chrétienne, avait été largement piloté par Josef Ratzinger.
08:20 Publié dans Oecuménisme | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : religion, christianisme, Eglise catholique, oecuménisme, Benoît XVI
Commentaires
[de : Qwyzyx]
DU PAPE A ONFRAY
> C'est toujours le même problème, celui de la déformation de l'information, volontaire ou non, que vous dénoncez régulièrement. Celui de cette illusion colportée par faiblesse, ou facilité, et qui oppresse plus qu'elle ne libère.
Comme si la liberté de l'homme se mesurait à la satisfaction de ses instincts ou de ses pulsions. Cette vision est réductrice, elle rabaisse l'homme, le réduit à sa condition biologique (d'où - peut être - le succès des discours sur la race, le sang dans les sociétés où cette doctrine rencontre un certain succès).
C'est bien contre cela - c'est ansi que je le comprends - que se dresse le pape, parce que l'histoire nous a prouvé à quel aboutissement funeste peuvent conduire ces chimères prétentieuses - hallucinantes - qui sont plus celles de l'Homme livré à lui même plus que celles de l'affirmation d'une liberté véritable.
Ces chimères trouvent encore des théoriciens qui ne mesurent pas la proximité de leur pensée avec celles qui ont déjà meurtri l'humanité. Michel Onfray se place malheureusement dans ce cas. Cette proximité est avérée pour ce qui est du livre précité. Il est dommage qu'elle ne soit pas mieux commentée par une presse qui s'intéresse plus aux rrumeurs ou aux préjugés, comme ceux qu'elle rapporte à propos de l'Eglise.
L'expression de la pensée de Michel Onfray (docteur en philosophie) synthétise les travers de notre époque comme ne cesse de dénoncer le pape. Cela prouve la justesse des mises en garde et la réalité comme l'importance d'un danger pouvant naître du nihilisme diffus et/ou du matérialisme triomphal - il arrive que certains se revendiquent des deux - qui se propagent dans une Europe qui a pu en mesurer les conséquences funestes il n'y a pas si longtemps. Surtout quand un titre universitaire peut cautionner des idées dangeureuses (Stanley Milgram aurait aussi pu imaginer étudier la soumission à l'autorité par la seule autorité intellectuelle).
J'ai trouvé un post qui illustre parfaitement cette dérive qu'incarne en l'espèce Michel Onfray (il s'agit d'une critique sévère de son Traité d'athéologie - moins sur la thèse que sur le manque de sérieux - euphémisme - avec lequel l'auteur l'a traitée).
Ce post peut intéresser les personnes qui s'interrogent sur l'abus qu'on peut faire de la crédulité des gens en évoquant des théories sulfureuses qu'on construit sur la seule notoriété de son nom. Toute la communauté scientifique mondiale a dénoncé "la" référence (un peu comme pour le film "Amen" de Costa Gavras) dont se sert Michel Onfray pour écrire son livre.
http://stalker.hautetfort.com/archive/2005/10/20/l-anti-traite-d-atheologie-par-matthieu-baumier.html
Cordialement
Q.
Écrit par : Qwyzyx | 13/09/2006
QUE SE PASSE-T-IL ?
> La controverse autour des propos de Benoît XVI sur l’islam a contraint le pape à s’excuser urbi et orbi. C’est une victoire éclatante de l’Oumma comme elle n’en a plus eu beaucoup depuis des siècles… Et pourtant le pape faisait son métier de pape, soit l’exégèse de la religion révélée dont il est le simple dépositaire, en questionnant au détour d’un discours universitaire de manière critique les autres religions, dans le respect de celles-ci et pour les inciter au dialogue sur la violence contemporaine. Les Editions Saint-Augustin viennent de publier un cinquième tome reconstituant l’œuvre inachevée mais magistrale de feu le cardinal Charles Journet : «L’Eglise du Verbe incarné ». Dans cette œuvre, celui qui fut l’un des plus grands théologiens du XXe siècle et l’ami de Jacques Maritain, parle aussi des autres religions et ses chapitres sur l’islam sont théologiquement éclairants. «A aucun moment nous ne donnerons dans l’erreur du manichéisme historique», prend-il le soin de préciser. Ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas d’être très clair. Parlant de la mission de Mahomet, il explique par exemple: «Impossible de penser que, six siècles après l’Evangile, Dieu suscite, où que ce soit, des prophètes et des apôtres avec mission de revaloriser l’idée de guerre sainte et de légaliser la polygamie.» Aujourd’hui, même le pape n’aurait plus le droit d’écrire cela. Qu’est-il en train de se passer ?
Vincent
Écrit par : Vincent Pellegrini | 06/10/2006
Les commentaires sont fermés.