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10/02/2016

USA : les leaders évangéliques rejettent Trump

trump

...à cause de sa haine de l'immigré :


 

 

Le Figaro, 10/02. Interview de Matthieu Sanders, pasteur baptiste franco-américain à Paris :

<< "Qui est prêt à voter pour Donald Trump ? Essentiellement les classes ouvrières et les milieux populaires blancs. Beaucoup se considèrent évangéliques, mais la plupart ne sont pas pratiquants. Ils votent surtout par sentiment d'abandon des élites", affirme-t-il. "Il est intéressant de voir qu'à l'exception de quelques pasteurs, les principaux leaders évangéliques ont pris position contre Donald Trump", note encore Matthieu Sanders. Un des chefs de file de la Convention des baptistes du Sud, principale Eglise évangélique américaine, Russell Moore, a ainsi appelé à faire barrage au candidat à cause de son discours sur l'immigration. Le magazine évangélique de référence Christianity Today a estimé quand à lui que les positions de Donald Trump "menaçaient l'Évangile". "Il y a un fossé entre les évangéliques éduqués, qui le rejettent, et ceux des classes populaires, qui sont plus enclins à le soutenir", décrypte Matthieu Sanders. >>

 

Sur le vote républicain :

<< La loyauté des évangéliques envers les républicains devient moins évidente. "On assiste à une perte de terrain de l'influence politique de la droite religieuse. Son dernier champion, Ted Cruz, ne correspond pas à la jeune génération évangélique, qui ne se reconnaît pas dans ses outrances. Celle-ci a conscience d'être une minorité dans la société, et n'idéalise plus la droite", affirme le pasteur. "L'illusion de la ‘majorité morale' chrétienne aux États-Unis n'est plus permise. Le mariage gay autorisé par la Cour suprême a été le révélateur pour les chrétiens qu'ils sont aujourd'hui en porte-à-faux avec la culture dominante", ajoute-t-il *. Les Etats-Unis sont touchés par une lente, mais progressive sécularisation: la génération Y représente près de 40 % des 'non-affiliés' américains. >>

 

 

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*  Contrairement à ce qu'imaginent encore les cathos bcbg français, aux USA les chrétiens croyants sont désormais "en porte-à-faux avec la culture dominante"  (explique le pasteur Sanders). Or la "culture dominante" est produite par le monde de l'économie libérale que la droite religieuse soutenait mordicus et soutient encore plus ou moins, aux USA comme en France  - mutatis mutandis  !

Cf. le diagnostic de l'intellectuel catholique américain Patrick Deneen :   << Ce que nous avons vu dans l'Indiana [nous a montré] sans masques ceux qui dirigent l'Amérique, et le genre d'Amérique qu'ils installent chaque jour un peu plus. Ce sera une Amérique où les puissants règnent sur les sans-pouvoirs, où les riches font la loi aux pauvres, où les forts sont libérés des vieilles contraintes de la culture et du rang, où l'indifférence libertarienne - envers les questions morales ou les inégalités économiques - s'inscrit dans la structure nationale... Aucune limite reflétée par des normes politiques, sociales ou religieuses ne sera plus permise. >>  

►  L'intégralité de l'analyse économico-culturelle de Deneen est présentée dans mon livre La révolution du pape François (Artège).

 

18:14 Publié dans Idées, USA | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : trump

Commentaires

LE "MODÈLE" U.S.

> Je me souviens avoir lu, il y a quelques années, un récit de NDE (Expérience de Mort Imminente, en bon français) d'un américain WASP...mais ouvertement athée - pas très américain ça, je vous l'accorde. Cet homme était mort cliniquement aux urgences d'un hôpital parisien, en juin 1985, faute de soins appropriés apportés dans un délai raisonnable. D'où le titre de son récit : "Voir Paris et mourir" (sic)
http://www.psychologies.com/Culture/Spiritualites/Pratiques-spirituelles/Livres/Voir-Paris-et-mourir
NDE authentique ? Je n'en sais rien. Mais en tout cas, l'expérience a suffisamment bouleversé le Pr Storm pour qu'il décide de devenir pasteur.
Bref.. tout cela pour dire que, entre beaucoup d'autres choses, les anges rencontrés lui ont parlé de l'avenir des Etats-Unis... que ce pays, "premier marchand de guerre et de la culture de la violence", portait en lui les germes de sa destruction.
Etonnant : au moins dans son subconscient, un Américain moyen des années 1980 portait l'idée que le "modèle" américain était mortifère... et mortel.
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Écrit par : Feld / | 10/02/2016

PATIENCE

> à Nicolas. Patience ! Une grande partie des protestants évangéliques américains sortent tout juste de l'amalgame Jésus-Dollar. N'exigez pas d'eux qu'ils aient présentes à l'esprit les distinctions subtiles d'un esprit du Vieux Continent. Surtout "les moins éduqués d'entre eux" comme dirait le pasteur Sanders.
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Écrit par : churubusco / | 11/02/2016

'LE FIGARO'

> autre signe des temps : c'est 'Le Figaro' qui publie cet article réservé sur Trump. Pendant que 'Valeurs actuelles' fait trumpette à grand fracas. Il n'y a pas que la réforme constitutionnelle qui divise la droite.
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Écrit par : ph. arnoux / | 11/02/2016

à Churubusco

> Oui, on peut toujours dédaigner "à la française" ces Américains évangéliques et leur langage sans nuances. Mais moi je trouve sympathique qu'ils commencent à se poser des questions qu'ils ne se posaient pas il y a cinq ou dix ans. Il ne faut pas refuser de voir que des choses changent.
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Écrit par : emmeline / | 11/02/2016

@ Nicolas

> Vous vous trompez par ignorance du langage des protestants évangélique :
1) Ici 'Evangile' ne désigne pas le texte biblique, mais le message de salut apporté par Jésus. La 'menace' est donc l'amalgame entre le discours haineux de Trump envers les immigrés et le message de Jésus.
2) Quand Mathieu Sanders parle des 'moins éduqués' il fait référence à une réalité sociologique, déclarant même, que ces moins éduqués n'ont souvent de chrétien que le nom. Vous parlez de pauvreté comme un synonyme d'humilité, pas lui.

@ churubusco
> Même remarque en réalité. Pas la peine de prendre le pasteur Sanders de haut, il est tout autant français que vous de ce que je sais (franco-américain), et habite en France depuis belle lurette.
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Écrit par : Morituri / | 11/02/2016

à Morituri

> Je ne ciblais pas les évangéliques américains mais les subtilités du Vieux Continent dont je ne suis pas originaire.
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Écrit par : churubusco | 11/02/2016

@ churubusco

> Désolé, mon propos était un peu rude.

@Nicolas

> Lisez l'article original de Christianity Today et pas le résumé en trois mots du journaliste du Figaro. Il y a eu un peu de perte en clarté entre les deux.
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Écrit par : Morituri / | 11/02/2016

LE VRAI VISAGE DU LIBÉRALISME

> Vous rappelez en note les propos de Patrick Deneen desquels je retiendrai ce passage:
" ... où les puissants règnent sur les sans-pouvoirs, où les riches font la loi aux pauvres, où les forts sont libérés des vieilles contraintes de la culture et du rang, où l'indifférence libertarienne - envers les questions morales ou les inégalités économiques ..."
Faut-il une preuve supplémentaire? Je le pense.
Aussi je me permets de vous apporter cet élément, dont l'expression feutrée tenue dans un écrin intemporel de culture classique sans qu'à ma connaissance la moindre contradiction n'ait été murmurée, énoncé du haut d'un titre de "Prix de la Banque nationale de Suède en mémoire d'Alfred Nobel", confirme, et affirme avec encore plus de force, la perversité et le dévoiement de cette pensée libérale et le mépris pour l'être humain auquel la dignité de personne paraît refusée.
Le 11 janvier 2016, dans l'honorable Institut de France, M. Jean Tirole donnait une conférence intitulée « La moralité et le marché » et, entre autre, disait :
« Nous avons tous des réticences à l’existence de certains marchés : dons d’organes, mères porteuses, paiement pour éviter la conscription, prostitution…Tous ces marchés sont problématiques. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que nous avons des principes moraux. Mais ces principes moraux eux-mêmes soulèvent des difficultés qu’il importe d’analyse. Ainsi, le professeur Gary Becker remarquait à propos du don d’organes que l’interdiction de vendre son rein limitait les donations, condamnant ainsi chaque année des milliers de personnes aux États-Unis à mourir faute de donneurs. Pour lui, les détracteurs du marché d’organes ne doivent donc pas se draper dans leur vertu, leur idéal de moralité, qui s’avère aussi coupable de la mort des malades en demande d’organes. On ne peut pas se targuer de moralité quand on est contre le commerce des organes, et la question s’avère plus complexe qu’il n’y paraît au premier regard.
Plutôt que d’adopter sans réfléchir une posture morale condamnant a priori le marché, il est préférable d’analyser nos tabous moraux ; cette analyse revêt un caractère décisif pour la conception d’une bonne politique publique, et se révèle bien plus utile et efficace qu’une attitude émotive fondée sur nos sentiments moraux comme l’indignation. Pourquoi sommes-nous gênés vis-à-vis du marché du don d’organes ou de la brevetabilité du vivant ? »
L’analyse est, dans son fond, beaucoup plus subtile et mérite une lecture attentive.
1) Si nous retrouvons le vieux moteur libéral qu’est l’égoïsme il serait fallacieux de le percevoir comme un défaut, au contraire il vertueux en améliorant les relations sociales : « Le marché renforcerait l’égoïsme des participants, les rendant moins capables d’altruisme. L’égoïsme semble au cœur de l’économie de marché. Mais, comme l’a montré Adam Smith, l’égoïsme est moteur du lien social : l’intérêt personnel motive à l’échange et à l’enrichissement des relations. En soi, la cupidité n’est donc ni bonne ni mauvaise : canalisée au service d’un comportement novateur, concurrentiel, dans le cadre d’un système de lois et de régulation bien conçu, elle peut servir de moteur de l’innovation et aboutir à un développement harmonieux, bénéficiant à chacun. »
2) L’économie libérale ne semble toutefois pas devoir se parer de toutes les qualités puisque, s’il est reconnu qu’elle est neutre d’un point de vue « moral », au sens suggéré plus haut, elle entraine des inégalités : « Une discussion du lien entre marché et moralité ne serait pas complète sans une discussion au sujet des inégalités. L’économie de marché n’a aucune raison de générer une structure des revenus a priori conformes à ce que voudrait la société. C’est pour cela qu’une fiscalité distributive et redistributive est nécessaire. Un pays peut adhérer pleinement à l’économie de marché et utiliser l’impôt pour atténuer les inégalités. Beaucoup de recherches en sciences économiques ont porté sur la mesure des inégalités. »
Donc, si je comprends bien, l’égoïsme n’est pas un défaut mais resserre les liens sociaux, le système libéral est en soi amoral et ne doit en aucun cas s’occuper de morale, cela n’est ni dans son objet ni dans sa nature, tout est marchandable et monnayable et s’opposer au commerce du vivant est, par contre, immoral, ce même système est reconnu par ceux-là même qui s’en réclame comme pourvoyeur d’inégalités qu’il appartient aux états de corriger par une fiscalité redistributive.
Cela ne revient-il pas à réintroduire une réglementation par le biais de l’impôt à l’intérieur même d’un système, qui par nature, refuse toute contrainte et, à avouer que ces contraintes fiscales doivent trouver leurs limites dans une forme mineure empêchant toute rebuffade ou révolte afin que l’économie puisse tranquillement tourner à plein rendement de dividendes pour les dirigeants et les actionnaires, les autres ne pouvant qu’accepter pour survivre un peu mieux à vendre une partie de leur corps ou « du fruits de leurs entrailles » pour ne pas, en plus, paraître immoraux.
Si cela n’est pas un aveu du vrai visage du libéralisme il s’y apparente.
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Écrit par : Albert E. / | 12/02/2016

LE MENSONGE

> Albert E, vous aurez remarqué comme moi le mensonge.
Le fait qu'un rein ne soit pas monnayable fait qu'il y en a peu de disponibles, et donc que des malades meurent.
Mais ils oublient de dire (mensonge par omission) que si le rein était monnayable, soit la greffe ne serait pas accessible pour les moins fortunés, qui mourraient, soit le système de santé le rendrait quand même disponible pour les plus pauvres, mais en sacrifiant d'autres malades (les fonds disponibles étant limités).
Sans compter l'ouverture d'un marché mafieux, à terme chacun ayant intérêt à sortir avec un garde du corps pour ne pas se faire enlever et prélever un rein.
Autre mensonge : dire que c'est l'avidité qui est à la base des échanges commerciaux. L'avidité est venue corrompre ces échanges.
À la base, c'est : je suis capable de réaliser un objet (ou de trouver une denrée) qu'un autre n'a pas été capable de faire comme moi (ou aussi bien que moi). Cet autre désire cet objet. Cela me valorise à ses yeux. Lui a un autre bien que je n'ai pas et il est disposé à me le céder en échange. Je me sens encore plus valorisé : non seulement il apprécie ce que je fais mais il est disposé à me céder quelque chose que je trouve précieux. Mon partenaire d'échange vit la même démarche intérieure. L'échange est réalisé et voilà deux personnes à la fois très satisfaites d'elles-mêmes et de l'autre.
Sauf si l'avidité s'en mêle et que l'échange n'est plus libre. L'un se trouve contraint de céder ce qu'il n'a pas envie de donner, ce qui entraîne rancœur et désir de revanche.
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Écrit par : Bernadette / | 13/02/2016

D'ACCORD

> "Sauf si l' avidité s'en mêle et que l'échange n'est plus libre. L'un se trouve contraint de céder ce qu'il n'a pas envie de donner, ce qui entraîne rancœur et désir de revanche."
Entièrement d'accord !
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Écrit par : Albert E. / | 13/02/2016

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