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25/08/2015

Pour la revue 'L'Écologiste', l'encyclique 'Laudato Si' ouvre sur un « immense progrès »

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Éditorial de Thierry Jaccaud,

dans la revue de référence de l'écologie en France :


 

Notre blog a souvent parlé de L'Écologiste, revue de référence (scientifique et culturelle) dans le domaine de l'écologie authentique et radicale. Son rédacteur en chef Thierry Jaccaud avait fait impression en novembre 2014 lors de son intervention au colloque de la maison des évêques, à Paris, sur le thème Sauver la création. Le numéro d'été de la revue consacre son éditorial de page 3 à Laudato Si... Thierry Jaccaud rappelle qu'une encyclique est « l'enseignement le plus solennel d'un pape », que c'est « la première encyclique consacrée à l'écologie », et que Laudato Si est un événement pour cinq raisons au moins :

L'encyclique « reconnaît la crise climatique comme l'un des principaux défis pour l'humanité (§ 23 à 25), elle appelle à l'action internationale ( 163 et suivants) pour remplacer "sans retard" les énergies fossiles par les énergies renouvelables » ( § 165) [1] », et elle affirme que « les questions environnementales et sociales sont liées »... Banales pour les écologistes authentiques, ces données ne l'étaient pas encore pour les catholiques français ; désormais l'argument d'autorité – encore efficace dans les milieux cathos classiques – fait comprendre aux christifideles laici que la réalité est la même pour tout le monde.

L'encyclique critique le mythe de la croissance. Thierry Jaccaud cite le paragraphe 193 qui parle de « marquer une pause », de mettre « certaines limites raisonnables », voire de « retourner en arrière avant qu'il ne soit trop tard », et qui tranche : « l'heure est venue d'accepter une certaine décroissance [2] dans quelques parties du monde » ; autrement dit les pays riches.

L'encyclique analyse « la racine humaine de la crise écologique » et voit sa cause première « dans "le paradigme technocratique" qui "suppose le mensonge de la disponibilité infinie des biens de la planète, qui conduit à la presser jusqu'aux limites et même au-delà des limites : faux présupposé qu'il existe une quantité illimitée de ressources et d'énergie" (§ 106) ». L'encyclique va jusqu'à indiquer que « les objets produits par la technique ne sont pas neutres », mais induisent un « type de vie sociale »[3] ;

L'encyclique  demande de « ralentir la marche » et « récupérer les valeurs et grandes finalités qui ont été détruites par une frénésie mégalomane » : diagnostic d'une panne de civilisation provoquée par l'économicisme ultralibéral (cf. le discours du pape à Santa Cruz en Bolivie), économicisme que soutenaient jusqu'ici les bien-pensants occidentaux ;

L'encyclique exprime « une véritable sensibilité à la nature ». Elle dit que nous n'avons pas le droit de faire disparaître des espèces (créées par Dieu), et que les « écosystèmes » ont une valeur intrinsèque (pas seulement une valeur d'usage pour l'économie). Il faut respecter, en tant que création divine, « l'ensemble harmonieux d'organismes dans un espace déterminé, fonctionnant comme un système », proclame le pape ! [4] 

 

Conclusion de Thierry Jaccaud : « Si les catholiques commençaient à appliquer ce que leur demande le pape, un immense progrès serait accompli. Un vrai progrès. »

 

http://www.ecologiste.org/

 

_______________ 

[1] L'Écologiste a la discrétion de ne pas souligner que ce constat papal disqualifie dix ans de campagne de l'extrême droite (rayon cathos) contre le « réchauffisme ».

 [2] Démenti au prêt-à-penser selon lequel le mot « décroissance » contredirait le livre de la Genèse ! (Ceux qui disent ça ne comprennent d'ailleurs ni la Genèse, ni l'idée de décroissance).

 [3] Ce constat revêtu de l'autorité pontificale devrait ouvrir les yeux de notables catholiques français dont l'angoisse, jusqu'ici, était « d'avoir l'air de rejeter la technique ». Le pape leur indique qu'il y a d'autres motifs d'angoisse dans le monde actuel.

 [4] Pour avoir soutenu cette idée – évidente à tout bon lecteur de la Genèse –, les chrétiens écologistes français et leurs évêques furent l'objet en 2014 de la campagne d'un lobbyiste FNSEA qui les taxait d'hérésie. L'encyclique carbonise cette campagne. Roma locuta est ! causa finita.

 

 

Commentaires

UBER

> Rien à voir. Dernier chapitre dans l'uberisation de l'économie. Ça devait finir par arriver; ça y est, c'est arrivé, ou j'en ai rêvé, l'Allemagne l'a fait: http://www.lepoint.fr/societe/ohlala-quand-le-modele-d-uber-s-applique-a-la-prostitution-25-08-2015-1959208_23.php
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Écrit par : ND / | 26/08/2015

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