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22/05/2015

Climat : ceux qui se mettent la tête dans le sable

Seule au monde à nier le réchauffement du climat et son facteur anthropique  ?

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À l'écart de  la communauté scientifique internationale, les "pilotes" de l'Académie  parrainent un climato-sceptique incompétent et... réfuté par les climatologues !  Navrant pour la science française :


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Le changement climatique est avéré ; son facteur anthropique est : a) celui qui est décisif, b) celui  que nous pouvons modifier.  Ces conclusions de la communauté scientifique compétente ne sont plus niées, en 2015, que par les officines du lobby pétrolier américain* et par... une poignée de Français. Parmi ceux-ci : évidemment l'extrême droite, mais aussi (et c'est incongru) un clan dirigeant au sein de l'Académie des sciences. 

Stéphane Foucart** révèle cette affaire. En vue de la COP21 qui se tiendra en décembre à Paris, l'Académie est tenue de publier un avis sur la transition énergétique ; cet avis ne peut émaner que des académiciens compétents, mais le « comité restreint » pilotant l'avis se cramponne à la posture climato-sceptique ! En vertu de « considérations dont on ignore la nature » et qui heurtent « la science et l'éthique » (constate un climatologue britannique venu en observateur), les climato-sceptiques exigent que l'avis de l'Académie, confié à des spécialistes,  comporte également en annexe le contre-avis d'un non-spécialiste : le géomagnéticien Vincent Courtillot, pour lequel « le changement climatique n'existe pas ou n'est pas dû aux émissions humaines de gaz à effet de serre » (s'étonne le physicien Sébastien Balibar).

M. Courtillot avait déjà fait ce numéro devant l'Académie il y a cinq ans, le 20 septembre 2010, en niant le changement climatique et le facteur anthropique à l'aide d'arguments pourtant archi-réfutés : par exemple, «l'activité solaire». Sa prestation avait été si défectueuse que l'Académie avait dû donner raison aux climatologues, dans leur avis rendu le 28 octobre 2010. Notre blog en avait donné ces extraits : « Plusieurs indicateurs indépendants montrent une augmentation du réchauffement climatique de 1975 à 2003. Cette augmentation est principalement due à l'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère » et « à un moindre degré des autres gaz à effet de serre ». Elle représente « une menace pour le climat, et, de surcroît, pour les océans, en raison du processus d'acidification qu'elle provoque... »

L'avis académique reconnaissait que « l'activité humaine » était la cause de l'augmentation du CO2. Il rejetait la responsabilité du soleil : « L'activité solaire, qui a légèrement décru en moyenne depuis 1975, ne peut être dominante dans le réchauffement observé sur cette période... »

Commentaire en 2010 de Jean Jouzel (Collège de France, vice-président du GIEC) : le rapport de l'Académie est « un désaveu des thèses de Claude Allègre, de Vincent Courtillot et d'autres » et confirme « les grandes conclusions du GIEC »... Commentaire d'Hervé Le Treut, climatologue : « L'Académie, en endossant de manière forte les éléments principaux du diagnostic posé par la communauté scientifique, restaure la confiance entre celle-ci et le grand public. » 

M. Courtillot était ainsi désavoué. Qu'allait-il faire  ? Persister ! Faire paraître ses « conclusions » dans une revue éditée en Chine, Atmospheric and Climate sciences, qui ne respecte pas la procédure des véritables revues scientifiques : l'expertise des textes par les pairs...

Et aujourd'hui ce sont ces « conclusions » que le comité restreint prétend cautionner en les imposant (avec leur auteur) au groupe de travail des scientifiques : comme si l'on voulait effacer le constat de 2010 !

Dès la réunion préparatoire du 16 décembre 2014, où avaient été invités quatre climatologues pour faire le point des connaissances, le comité restreint leur a opposé M. Courtillot (sans les en avoir prévenus). La polémique de celui-ci a bénéficié d'un temps de parole égal à celui des communications des quatre spécialistes : chose « non prévue au programme et tout à fait critiquable », constate l'ex-président de l'Académie des sciences, Edouard Brézin.**

D'où l'indignation des climatologues, seuls compétents dans ce domaine extrêmement complexe. D'autant que la communication de M. Courtillot reprenait des arguments éculés, comme celui de l'activité solaire...

Membre du groupe de travail, le climatologue Edouard Bard (Collège de France) apostrophe M. Courtillot avec sévérité** pour ses entorses à la déontologie : « Tu as remontré cinq planches de tes travaux de 2008, 2009, 2010, qui ont été réfutés dans plusieurs articles expertisés par les pairs. » Selon le Pr Bard, l'intervention de M. Courtillot le 16 décembre reprenait des éléments publiés dans la pseudo-revue chinoise, ainsi que des graphiques publiés par un blog militant « climatosceptique ».

Ajouter  du  Courtillot au document académique 2015, « reviendrait à publier un avis pour dire que la terre est ronde et un autre pour dire qu'elle est plate », proteste M. Brézin : « il serait préférable de s'abstenir de rendre un avis plutôt que d'y annexer une telle opinion. »

On connaît les intrigues idéologiques qui biaisent parfois le travail des académies. Droite contre gauche... Une droite et une gauche intellectuellement décevantes, aussi curieux que cela puisse paraître sous la Coupole ! Cette fatalité parisienne n'épargne pas l'Académie des sciences : mais on jugera navrant qu'elle prenne le risque de se nuire sur la scène internationale pour satisfaire les préjugés d'une camarilla. « Nous sommes dans une situation où des idées pourtant réfutées par toute la communauté des climatologues sont éternellement ressorties sans tenir le moindre compte des critiques publiées. Nous ne sommes plus là dans les mécanismes normaux de diffusion ni même d'élaboration rationnelle de la science », constate** le physicien Balibar.

 

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* Notamment Koch Industries, qui a financé la plupart des « études » de désinformation climato-négationniste. (Comme l'industrie du tabac finançait naguère des « études » niant que la cigarette soit cancérigène). Koch Industries est aussi le financier du Tea Party.

** Le Monde, 22/05. 

 

 

Climato-négationnisme au Canada : deux mensonges "scientifiques".

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Commentaires

MÊME ELLES

> Et, pendant ce temps, même les compagnies pétrolières commencent à être gênées aux entournures (du moins en apparence) : http://www.lefigaro.fr/societes/2015/05/22/20005-20150522ARTFIG00013-shell-reconnait-que-le-rechauffement-climatique-ne-pourra-pas-se-limiter-a-2-degres.php
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Écrit par : sven laval / | 22/05/2015

MADE IN

> Mais pourquoi s'ingénie-t-on à ne copier l'anglosphère que dans ses aspects les plus crétins ? Jusqu'ici je croyais naïvement que ce genre de complotisme anti-scientifique ne se trouvait que là-bas et débordait sur le Royaume-Uni par simple capillarité culturelle accélérée par une langue commune...
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Écrit par : Dr. Zurui / | 22/05/2015

à Valme

> Je constate que vous êtes plus compétent que les scientifiques. Sincères félicitations.
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Écrit par : PP à Valme / | 22/05/2015

AUJOURD'HUI

> Ces discussions sur le sexe des anges ne changent rien à la catastrophe écologique que nous prépare le mondialisme libéral et son productivisme.
Le problème aujourd'hui est peut-être, malheureusement : peut-on encore sauver la terre ?
http://www.les-crises.fr/clive-hamilton-requiem-pour-lespece-humaine/
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Écrit par : Guadet / | 23/05/2015

> Sinon comment voulez-vous qu'on ne fasse rien ?
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Écrit par : Jean-Philippe B / | 23/05/2015

NUCLÉAIRE

> Et pendant ce temps là les écologistes continuent à vouloir arrêter les centrales nucléaires ... pour les remplacer par des centrales à énergie carbonées (charbon, gaz).

franz


[ PP à F. - Non, Franz. Pas "les écologistes" ! Les vrais écologistes mettent en cause le gaspillage d'énergies dans le monde consumériste et prônent un changement de mode de vie : voyez 'L'Ecologiste', 'La Décroissance' etc.
Ceux qui veulent des centrales à charbon ne sont d'ailleurs pas des écolos du tout...
Pour tout compliquer : James Lovelock, le nonagénaire biologiste père de "l'hypothèse Gaïa" (et que les écolophobes considèrent comme le plus détestable des détestables écologistes), est... pro-nucléaire. ]

réponse au commentaire

Écrit par : franz / | 23/05/2015

LES SCIENTIFIQUES

> Des scientifiques ont aussi défendu contre Pasteur la génération spontanée, puisque n'est-ce-pas, c'est ce qu'on avait toujours dit (raideur psychologique non réservée aux scientifiques: plus il y a d'orgueil, plus c'est douloureux de reconnaître qu'on s'est trompé).
Dans un registre beaucoup plus inquiétant, d'autant plus intéressant, tous ces scientifiques qui ont théorisé et professé le racisme, chiffres et "expérimentations" à l'appui.
Il est temps de cesser de regarder les scientifiques comme le clergé de la modernité, sa parole oracle. Ils sont hommes comme nous, les tentations proportionnelles à leur pouvoir, et parfois le bon sens en moins, quand la démesure les prend.
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Écrit par : Anne Josnin / | 24/05/2015

GɐOGRAPHE

> Jean-Robert Pitte a dû jouer un rôle dans cette triste affaire, je suppose. Déjà en 2010, en sa qualité de président de la Société de géographie, il avait décerné le grand prix à Claude Allègre.

Blaise


[ PP à B. - En effet : cet excellent homme (qui n'est pas climatologue mais géographe et spécialiste de la gastronomie) est d'un sectarisme incongru à propos du climat. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise / | 24/05/2015

@ Anne :

> il n'est pas juste de se moquer ainsi des scientifiques "raides" car ils sont sur le même bateau que nous ; ils recherchent aussi la vérité. Un bon nombre de positions scientifiques désormais dépassées étaient véritablement scientifiques, c'est-à-dire qu'elle raisonnaient validement sur les observations disponibles. (Deux choses contradictoires peuvent donc être ou avoir été scientifiques).
Le problème est toujours le même : des observations nouvelles exigeraient une nouvelle théorie, mais cette nouvelle théorie n'existe pas. Il y a les querelles de chapelles (car il faut discerner si idées nouvelles sont géniales ou charlatanes : pas si facile).
Quant au problème lui-même : de même que l'on n'est pas opposé à l'euthanasie parce qu'il existe des antidouleurs (et tant mieux qu'ils existent, bien sûr), mais parce que l'euthanasie est mauvaise en elle-même ; de même, nous ne devons pas entrer dans une morale conséquentialiste (puisque les conséquences du modèle économique sont épouvantables (ce qu'elles sont), nous allons devoir renoncer à celui-ci, de mauvaise grâce.
Le réchauffement est un signe, un symbole : comme tel, nous n'en avons plus besoin dès que nous avons compris la chose elle-même, ce qui est le coeur du problème. Cette chose est que nous devons nous guérir de l'idée d'un monde infiniment disponible à notre folie afin de retrouver le sens des limites (ces limites qui nous précipitent dans les bras les uns des autres en nous invitant au partage et nous invitent à trouver l'infini non plus dans le matériel mais dans les biens spirituels).
La metanoia acquise (des signes nous ont parlé et nous avons choisi de changer nous-mêmes), le signe devient inutile.
Nous devons parler des signes car seuls les signes nous parlent, mais ceux-ci sont toujours contestables, objectivement et subjectivement (quelqu'un peut toujours dire que 14% de surface bétonnée en France lui est indifférent).
Au fond, la question est : pourquoi refusons de voir les choses ? Ne manquons-nous pas d'espérance ?
Certains écologistes de transition ont à mon sens bien répondu à la question : se rendant compte qu'à force d'être des prophètes, ils risquaient la tristesse, ils insistent à raison 1) sur une guérison de notre imaginaire vis-à-vis du progrès qui prendrait exemple sur la guérison des addictions, 2) sur le gain humain enthousiasmant d'une vie plus vivrière, plus simple.
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Écrit par : Jean / | 24/05/2015

à Jean

> Faire le procès des scientifiques en tant que tels serait un non-sens. Avec cette attitude on recondamnerait Galilée malgré le mal que cette condamnation a fait à l'Eglise. Dieu a fait que la Création soit accessible à notre raison : refuser de faire agir notre raison c'est refuser une partie de ce que Dieu nous confie.
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Écrit par : a. ancelin / | 24/05/2015

DES

> Ecologistes et nucléaire : oui vous avez raison, j'aurai du écrire non pas "les" mais "des".
Je pensais notamment à l'Allemagne.
Ceci étant les centrales doivent revoir leurs enceintes pour faire face à de possibles accidents climatiques (tels que inondations).
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Écrit par : franz / | 24/05/2015

@ a. ancelin

> Je suis moi même scientifique et je ne suis pas sûr de voir en quoi mon attitude conduirait à la condamnation de Galilée. Je me sens proche de l'épistémologie de Pascal, qui ne me paraît pas vraiment allergique à la science.
Faire des procès n'est guère intéressant, nous nous accordons sur ce point ; néanmoins discuter de ce que -par exemple- l'économie se plante d'autant plus qu'elle se prétend scientifique, cela se défendrait assez facilement. Et on aurait aussi des arguments scientifiques pour cela (entre autres).
Est-ce l'idée que quelque chose puisse être scientifique et faux qui vous turlupine ? Comme remarquerait Chesterton, si nul n'avait jamais observé de rhinocéros, les scientifiques riraient de l'hypothèse même d'un animal aussi improbable. En quoi ils se tromperaient en ayant raison, et vous et moi dirions en effet la même chose, jusqu'à ce que nous tombions nez à corne avec un specimen.
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Écrit par : Jean / | 24/05/2015

@ Jean:

> je ne me moque pas des scientifiques,j'invite à changer notre regard sur eux, pour y voir des frères, et non des maîtres, des pères, des guides ou je ne sais quels supérieurs.
"se rendant compte qu'à force d'être prophètes, ils risquaient la tristesse". Ce n'est pas je crois être prophète que d'annoncer la fin du monde, chiffres catastrophiques à l'appui, c'est tomber dans le piège ouvert par la science techniciste, cartésienne.
Oui d'après les chiffres, la vie n'en a plus pour longtemps sur terre. Mais c'est oublier qu'elle n'avait statistiquement quasiment aucune chance d'apparaître, puis de perdurer, encore moins de se diversifier, se complexifier, jusqu'à l'homme, jusqu'à notre génération, jusqu'à moi. C'est ignorer que toute vie est miracle du point de vue de la physique et ses lois, quelle est en par exemple défi lancé à l'entropie.
Je ne cherche pas ici à relativiser la gravité sans précédent de l'état de notre planète.
Etre prophète c'est annoncer que l'on ne s'en sortira pas d'abord par des solutions techniques, mais en nous reconnectant à la source de toute vie, qu'on l'appelle conscience, âme, élan vital, Esprit Saint, en réveillant en nous ce qui nous unit à l'ensemble des vivants, ce qui les pousse depuis la nuit des temps à défier et triompher de tous les obstacles de la matière, c'est accepter de pousser avec la Création tout entière ce gémissement de l'Esprit qui appelle "Viens Seigneur Jésus!"
Jamais le premier des vivants, cette sorte de virus modélisé sous le nom de LUCA, n'aurait trouvé l'énergie de croître, se reproduire, ses descendants de se diversifier jusqu'à aujourd'hui, s'il n'avait d'abord été appelé par cet Esprit qui plane sur les eaux, depuis la soupe primordiale jusqu'au sein maternel, jusqu'à l'eau du baptême.
Ce que je dis là n'est pas seulement poésie gratuite ou vérité révélée, c'est tout autant vérité rationnelle, si bien montrée pour nous par Aristote ou Bergson, comme cela est aussi connu par les autres cultures chez qui l'intuition et les sens n'ont pas été atrophiés comme dans la nôtre.
La vie ne résulte pas d'abord d'un agencement génial, aux réglages d'horlogerie suisse, de la matière, mais d'un désir, d'une espérance, au départ obscur, mais prodigieusement obstiné, éveillé au coeur de ce qui est inerte, par l'appel de Celui seul qui est, à ce qui n'est pas encore. La matière est désir de la forme.
Il nous faut donc réveiller ce désir premier en nous: voulons-nous vraiment la vie? Si nous nous replongeons dans cette soif, cette faim de vie, de la vie en plénitude, chacun selon sa mesure, -point n'est besoin d'adhérer aux mêmes dogmes, d'être de même culture pour cela, les plantes et animaux qui nous montrent le chemin sont désirs fou de vie en plénitude-, alors les solutions techniques viendront d'elles-mêmes, nous ferons de nouveau des songes, et ce qui semble aujourd'hui d'une complexité désespérante (comment régler le problème du nucléaire, nettoyer les océans,...),trouvera solution simple.
Jusqu'où nous sommes esclaves de notre condition d'hommes dénaturés, nous n'en prendrons conscience qu'une fois tombées ces chaînes qui nous rivent à une impuissance désespérée autant qu'à nos addictions, toute notre énergie détournée au profit de la machine démoniaque qu'est notre société "évoluée".
La science comme la raison ne seront pas rejetées mais, plongées dans les eaux vives du baptême, humbles et joyeuses servantes de la vie, aux côtés des autres sources de connaissance et de sagesse.
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Écrit par : Anne Josnin / | 24/05/2015

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