19/02/2015
Salon de l'agriculture : Beulin, le Gattaz des champs
Face à lui, la Confédération paysanne : "Plus que jamais, nous avons le sentiment que la gestion du ministère de l'Agriculture a été déléguée à la FNSEA et l'agro-industrie..." Infos ci-dessous :
Sous tous les gouvernements, chaque Salon de l'agriculture est l'occasion de nouvelles concessions à l'industrie agro-chimique : on se souvient de la sarkozerie de 2010 ("l'écologie ça commence à bien faire"). Le Salon 2015, qui ouvre le 21 février, ne manquera pas à cette règle. Les services de M. Le Foll viennent en effet d'annoncer des mesures « facilitant l'agrandissement des élevages de volailles », après avoir permis en 2014 celui des porcheries (déjà surdimensionnées par rapport au territoire et au marché). C'est encore un cadeau à M. Beulin, le Gattaz des champs... Constat* de Laurent Pinatel au nom de la Confédération paysanne :
<< Ces mesures vont dans le sens du discours du président de la FNSEA, Xavier Beulin, qui réclame toujours moins de contraintes environnementales. Cela favorisera la production de volailles bas de gamme gavées au soja américain OGM […] L'année de la grande conférence de Paris sur le climat, on conforte le modèle productiviste actuel, peu vertueux. C'est surréaliste, court-termiste, pas du tout adapté aux enjeux d'avenir, et irresponsable. Considérer l'environnement comme une contrainte n'a aucun sens : si on ne respecte pas la nature, c'est notre métier qui, à terme, est menacé. Nous devons changer de modèle et favoriser une agriculture de qualité, relocalisée, à haute valeur ajoutée. >>
<< La concentration des élevages détruit des emplois. Il y a moins de 400 000 paysans aujourd'hui, cela ne cesse de baisser. On industrialise l'agriculture au détriment des paysans. Nous annoncerons vendredi une carte de cette industrialisation : nous avons identifié 30 fermes-usines emblématiques en France. Très souvent, le groupe Sofiprotéol, présidé par Xavier Beulin, est impliqué... >>
<< Plus que jamais, nous avons le sentiment que la gestion du ministère de l'Agriculture a été déléguée à la FNSEA et l'agro-industrie... >>
C'est l'occasion de rappeler** la pensée du pape sur ce sujet. Le 31 janvier 2015, devant une fédération d'agriculteurs italienne, François appelle à « repenser de fond en comble l'économie agricole » et dénonce une fois de plus la dictature du marché sur l'agriculture. En France, commentant cette nouvelle prise de position papale à l'encontre du business agro-industriel, le mouvement CMR (Chrétiens dans le monde rural) déclare se faire « le relais du pape François dans les campagnes françaises en dénonçant le "Dieu argent", tout en enseignant les bienfaits d’une agriculture qui préserve la création. L’association organise aussi divers projets auprès de la population rurale pour favoriser la fraternité et l’entraide. »
► Xavier Bonvoisin (CMR) à Radio Vatican : ici .
► Sur Xavier Beulin, lire par exemple ceci .
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* Libération, 19/02.
** Combien serons-nous à le faire parmi les blogs catholiques français ?
10:05 Publié dans Ecologie, Economie- financegestion, Pape François | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : agriculture
Commentaires
XAVIER BONVOISIN
> Ses propos sur Radio Vatican :
Pas facile d'expliquer une agriculture alternative, même à des cathos :
"des membres de CMR se sentent remis en cause dans leurs habitudes. Certains traînent les pieds : habitués à produire toujours plus, difficile de se mettre à produire mieux."
Mais "il y a aussi la responsabilité des consommateurs (la course aux prix bas)."
" CMR se fait le relais du pape François
dans les campagnes françaises :
- en dénonçant le dieu Argent,
- en enseignant les bienfaits d'une agriculture qui préserve la Création,
- en organisant aussi des projets auprès de la population pour favoriser la fraternité et l'entraide."
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Écrit par : fulbert / | 19/02/2015
"UN EXPLOITANT EN VOIE DE CONVERSION"
> La culture française a besoin de cultivateurs, et non d'exploitants (teurs) agricoles. Malheureusement, le syndicat majoritaire ne se remet pas en cause, ne changeant même pas son patronyme.
Notre rôle est reconnu dans l'Eglise. Nous sommes heureux et honorés que le pape pense à nous.
Merci de nous accompagner de vos prières, car le tournant vers l'agro-écologie est exigeant et délicat.
Un exploitant en voie de conversion.
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Écrit par : Tassel / | 19/02/2015
BRAVO
> Bravo Tassel ! L'agro-écologie fait de grands progrès, à condition d'être bien entouré et de trouver la juste dimension pour son activité . L'AMAP dont je fais partie depuis 5 ans en donne un bon exemple , circuits courts et "consommacteurs" solidaires de leurs producteurs , le bio devient bon marché et tout le monde est content je vous assure . Il faut multiplier les petites productions familiales et boycotter la grosse artillerie lourde et mortifère de la FNSEA . La foire agricole aujourd'hui c'est comme une vache sans ses cornes ... C'est d'ailleurs un salon (de coiffure où l'on vend des perruques!)
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Écrit par : escargolibri / | 21/02/2015
PENSÉE UNIQUE
> Au fond, rien d'étonnant; rien que de la mise en oeuvre de la pensée dominante, bientôt unique si j'en crois cet article:
http://www.alternatives-economiques.fr/un-pluralisme-economique-interdit_fr_art_1345_71268.html
200 fermes meurent chaque semaine dit-on, la plupart viables et valorisables (je n'ai pas utilisé à dessein "exploitables").
http://www.liberation.fr/societe/2011/12/23/securiser-les-terres-et-developper-les-cultures-bio_783684
Un gouvernement responsable appuierait sans réserves les initiatives de retour à à la terre, pratiquées dans une éthique "à la Pierre Rabhi", disons, pour illustrer par analogie et surtout très vite un point qui mériterait d'amples développements.
Après, agriculteur, ce n'est pas -ou plus- donné à tous; au début du XIXème, à l'orée de l'industrialisation, la France était rurale à 95%.
Cela semble loin et irréversible.
Toutefois, sans que ce soit "donné à tous", l'on pourrait procurer du sens aux parcours professionnels -et aux vies- en facilitant l'accès à la terre et en formant convenablement les candidats.
Il faudrait aussi un changement des mentalités: en finira-t-on un jour avec les épithètes type bouseux, cou-rouge, péquenot, jamais-sorti-de-chez-lui, etc... ?
Une anecdote à ce propos: début des années 80, mon frère, 12 ans alors, rentre de l'école en larmes. L'enseignant avait demandé aux enfants de sa classe quelle profession ils souhaitaient exercer plus tard, et il avait répondu: "agriculteur".
Ledit enseignant lui rétorque: "ce n'est pas un métier, ça", dans un rire persifleur et propre à entraîner les moqueries de la classe. Puis au moment d'entrer au lycée, le prof principal convoque nos parents, comme mon frère entendait s'engager dans la voie d'un bac pro agricole: "nous vous le déconseillons, avec ses moyens et ses résultats, il doit absolument suivre une filière d'enseignement général".
Je vous rassure, il est devenu agriculteur malgré l'Education Nationale...
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Écrit par : Aventin / | 21/02/2015
@ Tassel,
> Dans la famille de mon épouse, il y a beaucoup d'agriculteurs (éleveurs). A ma connaissance, pas (encore) de convertis à l'agroécologie.
Ce qui m'apparaît : c'est que le milieu agricole est un milieu assez - pour ne pas dire plus- fermé, où la valeur "travail" est prépondérante. De toute façon, peu de gens seraient capables de faire ce que font les agriculteurs, en termes d'horaires et de pénibilité du travail. Pour un céréalier beauçon, les choses sont peut-être un peu plus "cool", mais je ne pense pas que cette situation soit généralisable.
Tout cela pour dire que la conversion à l'agroécologie ne peut-être "prêchée "par quelqu'un qui ne soit pas issu du monde agricole (qui serait facilement considéré comme un "chariot").
Conclusion : vous êtes un héros !
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Écrit par : Feld / | 21/02/2015
> Et ce logo de la FNSEA : il a un je ne sais quoi de...pompidolien !
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Écrit par : Feld / | 21/02/2015
@Feld,
> Je ne suis pas un héros, mais plutôt un paresseux. Ce que la nature peut faire à ma place, je la laisse faire. Ce n'est pas si facile que ça.
Le milieu agricole est fermé, il vit dans la peur, et ne sait pas communiquer. Les responsables professionnels se coupent de leur terre, ne sont plus dans leurs fermes. Je suis toujours surpris que nos représentants parlent pour leur structure, en oubliant rapidement leur métier (leur vocation)
Comment faire ?
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Écrit par : Tassel / | 21/02/2015
@ Aventin,
> mes parents ont insisté pour que fasse ma filière générale. Je les en remercie tous les jours. Je trouve dommage que les agriculteurs aient à suivre leur formation dans des écoles à part.
Cette période, qui devrait les ouvrir vers les autres, les cantonne à leur cercle local. Edgar Pisani a regretté d'avoir créé la filière agricole à cause de ça.
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Écrit par : Tassel / | 21/02/2015
EXPULSÉ
> L'agriculture paysanne, familiale, c'est un enracinement, il n'en faut donc pas.
Conséquence:
http://www.bienpublic.com/actualite/2015/02/21/salon-de-l-agriculture-un-agriculteur-expulse-par-le-service-d-ordre-du-president
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Écrit par : Pierre Huet / | 21/02/2015
PRIVATISATION
> Nouvelle défaite du bon sens devant l'agrobizz:
http://information.tv5monde.com/info/europe-le-vivant-est-desormais-brevetable-29257
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Écrit par : Pierre Huet / | 24/04/2015
@ Tassel
> je (re) découvre votre commentaire "Les responsables professionnels se coupent de leur terre". hélas c'est le dysfonctionnement général des structures qui se veulent représentatives, qu'il s'agissent des partis ou des syndicats. Mécanisme aggravant en France: lesdites structures sont financées beaucoup plus par l'Etat ou ... des caisses noires diverses que par les adhérents.
Qui paye commande.
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Écrit par : Pierre Huet / | 25/04/2015
BEULIN
> Des éleveurs commenceraient-ils à comprendre ? https://www.dailymotion.com/video/x2wdrev_saint-brieuc-xavier-beulin-chahute-par-les-eleveurs_news?start=4
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/07/2015
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