06/09/2010
"Malaise des catholiques" ? - Un baptême en Normandie
J'y assistais dimanche, par hasard,
et je tiens à en parler ici aujourd'hui :
C'était à l'église d'un bourg bas-normand, dans un diocèse dont l'évêque est l'objet de la malveillance des pharisiens. Ceux-ci sont mal informés. Le baptême que j'ai vu était révélateur : un exemple de ce qui peut se faire en France aujourd'hui, dans une paroisse ordinaire.
L'église était pleine. Une petite foule familiale, plutôt paysanne, chantant vigoureusement le répertoire des paroisses classiques. Une liturgie de baptême nette et forte : le célébrant soulignant qu'il ne s'agissait pas d'un rite de groupe social mais d'une action surnaturelle, d'une grâce divine ; les parents et les parrain-marraine s'engageant à soutenir la croissance spirituelle de leur fillette et filleule. Cette promesse lue au micro exprimait clairement l'idée de renoncement au mal. Renoncement qui a fait l'objet de l'homélie (non moins musclée) du célébrant, sur l'évangile du jour, l'un des plus difficiles : préférer le Christ à tout, y compris aux liens les plus naturels...
Cette cérémonie et son tonus répondent aux rumeurs qui circulent sur les catholiques français. Interrogé à LCI la semaine dernière à propos de l'affrontement de l'Eglise et de l'Elysée sur les Roms, je disais à Michel Field que la vie du catholicisme fait alterner routine et réveil. Ce baptême en pays d'Ouche exprime un réveil. Vigueur de la participation, solidité du propos, présence reconnue du surnaturel... Que demander de plus ? Quelques invités n'avaient visiblement pas l'habitude de venir à l'église : ils ont eu là une occasion de se rafraîchir les idées.
Je me rappelle, dans mon enfance préconciliaire, quelques baptêmes dans un village du Vexin. J'en garde le souvenir d'un rite sans explications, reçu machinalement. Rien de comparable avec ce que j'ai vu dimanche. À l'âge du petit garçon qui a lu la prière universelle, si j'avais entendu des paroles de foi aussi motivantes, elles auraient mis en moi de quoi ne pas bazarder le christianisme dix ans plus tard – et ne pas ramer pendant vingt ans avant de le retrouver.
Il y a dans le catholicisme français d'aujourd'hui (le catholicisme mainstream, pas les partis latéraux) un élan évangélisateur. Trop de catholiques n'en ont pas assez conscience ; ce qui les laisse à la merci des médias. S'ils en avaient conscience, quelques-uns d'entre eux ne tiendraient pas les propos qu'on lisait ces derniers jours dans les enquêtes de Libération ou de Marianne sur ce marronnier, le Malaise des Catholiques Français. Hier les médias voulaient que ce soit un malaise « de gauche », contre le vilain pape réac ; aujourd'hui ils discernent un malaise « de droite », chez des cathos qui jugent Benoît XVI moins compétent que Sarkozy. Des cathos comme ça existent-ils ? Oui, apparemment, puisque les journaux donnent leurs noms et leurs photos. Mais préférer Sarkozy au pape (et aux évêques) en matière de questions sociales, témoigne d'un déficit de foi : car les choix catholiques, sur ce terrain comme sur tous les autres, sont indissociables de la foi surnaturelle. Le curé normand le suggérait dimanche : préférer Jésus-Christ à tout, ça a forcément à voir avec tout. Si les mots ont un sens.
15:53 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : christianisme, catholicisme, benoît xvi, normandie, pays d'ouche, baptême, concile vatican ii, sarkozy, roms
Commentaires
PEDIGREE
> Heureux de vous savoir de retour.
Il serait intéressant de connaître le pédigrée des "catholiques" ainsi régulièrement interrogés, perpétuels contempteurs de l'Eglise. S'agit-il des mêmes qui ne connaissent de l'Eglise que ce que Libération ou Golias en disent ? S'agit-il de ceux qui se disent catholiques mais ne croit pas au Christ ressuscité, à l'Eucharistie, à la communion des Saints... de ceux qui opèrent des coupes sombres dans les lectures parce que "le-texte-du-jour-est-trop-difficile-à-entendre"...
Je ne vous apprends certainement pas que la critique (de préférence destructrice) est un sport national bien de chez nous et que visiblement les "catholiques" en sont friands.
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Écrit par : Pierre-Aelred / | 06/09/2010
VRAI
> Malheureusement, c'est vrai : il y a des catholiques pour accuser d' "angélisme" leur évêque - et le Pape. Malgré tout, semble-t-il, les "catholiques non pratiquants" ont beaucoup contribué a biaiser les statistiques. Et qu'est-ce qu'un "catholique non pratiquant", sinon une contradiction vivante? Un époux qui refuserait de rencontrer sa femme, ne serait-ce qu'une seule fois dans l'année, ne serait-ce pas curieux? de même le baptisé.
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Écrit par : Blaise / | 06/09/2010
TOUS A LA REPUBLIQUE
> La croissance de la pauvreté et de l’exclusion, et leur instrumentalisation musclée par les sarkozystes en campagne, ne peut que faire grandir le malaise des catholiques français. Heureusement, avec votre blog, certains médias nous invitent à un sursaut de conscience. Ce lundi matin, un économiste, Alain Chauvet, livrait une excellente prestation sur Radio Notre-Dame. Il enseigne à Centrale et à l’Essec et il prône… la fermeture de la Bourse. Il a aussi pointé les défauts de notre régime de retraite et de la réforme qui va avec. Rafraîchissant en ces temps de morgue extrême de nos libéraux d’HEC et d’ailleurs.
Autre rendez-vous ce mardi pour les catholiques de gauche ou de droite qui ne se retrouvent pas dans la politique du président de la République : la manif. Face à celui qui divise pour régner, rien ne vaut un grand rassemblement. A Paris, il commence à 14 heures, place de la République.
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Écrit par : Denis / | 06/09/2010
PAS ASSEZ
> Je trouve d'une part, que votre constat très juste et d'autre part, que vous avez bien raison de le dire car on ne l'entend pas assez. Et cette façon de voir est tellement éloignée de la vision de certains commentateurs.
Nous sommes dans un pays qui a probablement le meilleur réseau ferré au monde et nous avons une fâcheuse tendance à ne parler que des trains qui n'arrivent pas à l'heure : on n'y peut rien car c'est culturel.
La vérité est du côté de ceux qui agissent, de ceux qui parlent en bien ou font du bien sans faire de bruit.
Et tout à fait d'accord avec votre constat d'une liturgie qui se fait comprendre : tout chrétien qui a lu les actes du concile sait que cette évolution est le fait du concile qui a voulu une "participation active et consciente des fidèles" : si on veut que les fidèles participent, il faut qu'ils comprennent et, donc qu'on leur explique...Et on sait que cette évolution était absolument nécessaire, fait admis par l'écrasante majorité des évêques à l'époque.
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Écrit par : olivier le Pivain / | 06/09/2010
> changez juste le titre; il n'y a pas de malaise. ALLELUIA !
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Écrit par : thomasset / | 06/09/2010
LOIN DU DECLINISME
> En effet, merci à PP de poser un regard frais sur le catholicisme français d'aujourd'hui, la plupart du temps 'péchu' et apaisé à la fois. C'est un regard encourageant et loin du déclinisme ambiant qu'on retrouve dans l'Église comme dans l'ensemble de la société. Mais ça c'est bien normal.
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Écrit par : Hendrik Van de Velde / | 06/09/2010
TEMOIGNAGE
> Merci. Oui, merci pour ce billet. Pour avoir eu la chance, la grâce, de m'occuper de préparation au baptême pour les tout petits avec mon épouse dans ma paroisse bas-normande, je peux témoigner, et ainsi aller dans votre sens, que de nombreux baptêmes sont de véritables actes de foi. Que beaucoup de prêtres et de parents témoignent de leur foi profonde lors de ces cérémonies. C'est sans doute un peu moins ostentatoire que dans certaines grandes villes, mais on sent que le Christ est vraiment là, au milieu d'eux.
Quant à préférer Nicolas Sarkozy à Benoît XVI, je n'arrive même pas à imaginer que la question puisse se poser.
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Écrit par : Matthieu Toussaint / | 06/09/2010
Bonjour, et ravi de votre retour :)
> Pour prolonger ce que dit Matthieu Toussaint, les baptême sont souvent des occasions très privilégiées de faire ré-entendre à des parents éloignés de l'Eglise la parole de Dieu, de l'expliquer un peu et de semer de nouvelles graines. Les prêtres en sont bien conscient et l'enjeu est fort.
Pour la liturgie, sa ferveur comme son orthodoxie est une aspiration de nombreux prêtres, loin des pharisiens communautaristes et revendicateurs. Le prêtre de ma paroisse s'est justement lancé dans une petite catéchèse liturgique en continu pendant ses homélies, et ça devrait faire un bien fou à notre communauté : http://pneumatis.over-blog.com/article-tranche-de-vie-un-dimanche-a-la-maison-56618664.html
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Écrit par : Joël Sprung / | 07/09/2010
MINC CREE UN MALAISE
> Si malaise de catholiques il y a, c'est en face de cingleries comme la sortie de Minc à France Inter contre Benoît XVI, parce que ce pape défend les Roms ! Alors voilà Minc qui lui jette à la face sa nationalité (allemand, donc je suppose nazi), et qui l'accuse d'avoir "réinstallé" un "évêque révisionniste". ce qui montre que Minc ne sait rien, puisque l'évêque en question est évêque d'une secte, non de l'Eglise, et n'a pas du tout été réinstallé.
En plus de tout çaz, la position de Minc est démente : en gros, c'est "laissez-moi m'en prendre aux tsiganes sinon je vous accuse d'être un nostalgique d'Hitler" !!!
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Écrit par : antiMinc / | 07/09/2010
CE MATIN
> Merci cher Patrice de commencer l’année par cette note positive. Puisque vous avez choisi de partager avec nous une expérience personnelle, je prends quelques minutes pour y faire écho.
Ce matin, petite église romane d’un petit bourg du nord des Yvelines (à deux pas du Vexin…), messe de la Nativité de la Vierge Marie. Une bonne cinquantaine de personnes, plutôt variées : un large contingent de ces femmes fidèles que le bon Guy Gilbert appelle avec humour et tendresse « vieilles taupes » et que j’appelle « saintes femmes de Jérusalem » ; un couple de mes amis qui n’a pas la vie facile à cause du chômage de longue durée (dur dur quand on a passé 50 ans) ; une mère de famille avec 5 enfants magnifiques de 2 à 8 ans environ qui s’embrassent tendrement au moment du « Pax Christi » ; plusieurs autres mères de famille ; un diacre permanent que je connais bien et rempli de la charité de Dieu ; un jeune de 18 ans tout au plus qui transpire si bien de cette belle vertu de piété ; une femme très humble qui vend chaque jour et de bon matin Le Parisien et L’Equipe à la gare etc. Prédication courte : le prêtre insiste sur la fidélité de Dieu qui s’exprime à travers les générations successives de la généalogie de Jésus, fidélité si bien manifestée dans les grâces exceptionnelles reçue par la très sainte Mère de Dieu. Le péché est déjà vaincu, par anticipation des mérites de la Croix du Christ. Espérance ! Nos misères personnelles n’ont plus guère d’importance, ni celles qui traversent la vie de l’Eglise. La liturgie est simple et humble, un chouïa de solennité n’aurait toutefois pas fait de mal en ce jour de fête, mais ce sentiment passe vite : pourquoi s’encombrer et résister à la grâce ? La messe est dite, Monsieur le Curé reste dans l’Eglise pour confesser, il y a des candidats ; il y a toujours des candidats à la miséricorde dès qu’on veut bien la proposer ; je dis bien toujours. Voici donc un humble et bref instant de la vie de l’Eglise, qui est la Charité de Dieu, cette belle vie de l’Eglise qu’on expérimente plus sûrement ici que dans n’importe quel gros volume, cette vie de l’Eglise qui est tellement plus grande que nos considérations variées, même justes et légitimes. Comment témoigner de cette belle vie de l’Eglise ? Comment témoigner qu’au cœur de nos réalités naturelles se niche chaque jour discrètement mais de manière décisive, par la prière et le sacrifice de toute l’Eglise, cette vérité surnaturelle qu’est la victoire du Christ sur la mort et le péché – en un mot le Salut ? « Seigneur ne regarde pas mon péché mais la foi de ton Eglise » ; car « si tu retiens les fautes, qui donc subsistera ? » « Veni Creator spiritus… remplis le cœur de tes fidèles, allume en eux le feu de ta Charité, et tu renouvelleras la face de la terre. »
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 08/09/2010
RENONCIATION
> Merci pour ce témoignage. Juste une précision cependant : la liturgie du baptême catholique ne prévoit pas d'intervention des parents et parrain/marraine que vous nous décrivez ici mais ceux-ci répondent à des questions précises du prêtre dans le dialogue initial d'une part et dans la Renonciation à Satan et Profession de foi d'autre part.
Bien à vous.
Thomas
[ De PP à T. - La "déclaration" en question se présentait comme une réponse à la question du célébrant. Ne doutez pas qu'il s'agissait d'une liturgie catholique ! ]
cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Thomas / | 08/09/2010
TOUTEFOIS
> Effectivement, il existe des catholiques qui ont réellement conscience de ce qu'est le baptême............
Toutefois et j'en suis témoin, combien de couples vont à l'église faire "passer un coup de goupillon" pour faire plaisir à la grand-mère et se mettre sous la protection du Dieu des chrétiens....
Les parents, le parrain et la marraine s'engagent à éduquer de manière chrétienne leur charmant enfant mais ils en sont incapables. Ils ne peuvent pas donner ce qu'ils n'ont pas reçu ou voulu recevoir.....
Que Dieu les pardonne et que nous ayons la grâce de leur annoncer le kerygme........
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Écrit par : elgringos / | 09/09/2010
Patrice,
> Merci pour ce témoignage. Il est bon de montrer ce qui fonctionne. Et effectivement, l'Eglise de France présente des signes de vie que les grands médias n'ont pas encore compris !
NB: Un peu hors sujet mais je ne peux laisser passer cela: "le pays qui a le meilleur réseau ferré au monde" n'est sûrement pas la France. Allez faire un petit tour en Suisse, ou quasiment toutes les communes sont desservis par un train par heure, où l'entretien du réseau est parfait, ou les trains transportent encore des marchandises...
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Écrit par : ludovic / | 09/09/2010
> "Ne doutez pas qu'il s'agissait d'une liturgie catholique !" : loin de moi cette idée, rassurez vous !
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Écrit par : Thomas / | 09/09/2010
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