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08/04/2009

Après le G 20 – (3) Les chrétiens dans l’action pour la justice - Et l’évangélisation ? "Il faut que l’Eglise assume dans la miséricorde toutes les situations tordues…"

…explique (cité au cours de la note ci-dessous) le prieur général de la Communauté Saint-Jean :


   

Dans ce blog, la note 2 du 7 avril soulignait le devoir d’engagement social du chrétien, à partir d’un texte-clé de Josef Ratzinger. Cette dimension « sociale » ne se substitue pas à l’évangélisation (je le disais hier soir au débat protestants-catholiques de Neuilly). Social et évangélisation sont inséparables : « j’avais faim et vous m’avez donné à manger… »

L’évangélisation n’est pas du « militantisme » avec insignes, bande-roles et cris scandés. Confondre les deux est un contre-témoignage. Le militant « défend » et « attaque » : défendre et attaquer est un réflexe partisan, sans  rien  à  voir avec  «allez et  évangélisez tous les peuples ». Evangéliser est autre chose que « militer ». « Aujourd’hui on ne peut annoncer Jésus-Christ si on n’annonce pas un Jésus-Christ miséricordieux. C’est l’incontournable de la nouvelle évangélisation. L’humanité d’aujourd’hui est si blessée qu’elle ne peut supporter un autre langage que celui de la miséricorde de l’Evangile », explique le P. Jean-Pierre Marie, prieur général de la Communauté Saint-Jean  [1].  Même lorsqu’on nous blesse injuste-ment, explique-t-il, nous pouvons avoir deux attitudes :

- « Nous défendre, réclamer justice, nous protéger ». (Il y a une manière de « défendre » l’Eglise, soi-disant, qui cache un repli sur soi et le réflexe de nous défendre nous-mêmes : d’où les faux pas qui menacent de recommencer à tout instant).

-  « Ou bien entrer dans le mouvement même de l’amour divin : aimer malgré et même à cause de  la blessure. Et nous servir alors de la blessure pour aller plus loin, pour aimer davantage, plus gratuitement, et redonner notre confiance. »

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Une Eglise politique ?  Non : une Eglise souffrante

L’Eglise  est  attaquée  à  droite et à gauche. Ce n’est pas étonnant. Les catholiques sont regardés comme des asociaux : ils ne doivent pas en être surpris  - sauf s’ils confondaient catholicisme et honorabilité, ce qui montrerait leur incompréhension de la situation en 2009… L’erreur serait de réagir à cette situation en allant crier « nous voulons être respectés » sous l’œil goguenard des médias : sincèrement sûrs que le catholicisme est absurde, une bonne part des journalistes jugeraient absurde cette ire de cathos. 

Et elle serait effectivement absurde. Le devoir du chrétien n’est pas de se défouler mais d’évangéliser : c’est-à-dire de faire voir le cœur de la foi, qui n’est pas une opinion (ni un titre de propriété, ni un brevet d’honorabilité), mais une confiance en Dieu. D'où la consigne du Christ aux apôtres : « De tous faites des disciples ». Comment cela se pourra-t-il ? Par la miséricorde : « Elle est le grand lieu prophétique de l’Eglise, le grand refuge de l’humanité pécheresse, appelée à l’unité en Dieu. Et cette miséricorde est contagieuse. Elle réclame notre coopération pour devenir la grande lumière prophétique de l’Eglise… Depuis la Croix, depuis Marie, toute l’Eglise paraît n’avoir qu’une seule mission : offrir la blessure du Cœur [du Christ] et témoigner ainsi de l’absolu de la miséricorde… » [3]

Le vice de raisonnement est de confondre action chrétienne et politique. De cette erreur sont nées au XXe siècle des naïvetés dégénérant en scandales. Les chrétiens ont le devoir de s’engager et d’être solidaires des justes luttes dans la société ; mais pas de se fourvoyer et de compromettre le message de l’Evangile. (A la réunion œcuménique d’hier fut aussi évoquée l’urgence d’abolir la notion d’ « Occident chrétien », obscène en 2009 et vouée à couvrir le pire si elle persistait).  « Nous n’avançons pas vers une Eglise politiquement triomphante, mais une Eglise qui révèle dans la souffrance toute sa dignité de mère et toute sa fécondité cachée, une Eglise qui communie avec l’opprobre des pécheurs et partage leur sort comme Jésus. D’être couronnée d’étoiles ne dispense pas la Vierge d’enfanter dans la douleur et d’être le témoin et l’avocate de toute la souffrance humaine. N’est-ce pas ce que le Saint-Père rappelait à Lourdes lors de son homélie sur le sourire de Marie ? A son tour, il faut que l’Eglise assume dans la miséricorde toutes les situations tordues [des pécheurs], pour que ceux-ci redécouvrent le chemin de la lumière et retrouvent leur dignité. Les hommes ont besoin d’espérance ! […]  Il faut que l’Eglise reflète le visage de la miséricorde du Christ crucifié et qu’elle se prépare au retour du Maître en devenant toujours davantage le refuge assuré des pécheurs. »  [4]

Le chemin de l’évangélisation n’est pas celui de colères identitaires, mais « de l’amour, du partage, de l’accueil et du pardon ». La leçon s’adresse autant aux cathos français tourneboulés depuis deux mois, qu’aux chrétiens résolus à s’engager sur le vrai terrain social de l’avenir : le combat pour la justice et la paix, ici et dans le monde.

 



[1]  Revue Kephas, janvier-mars 2009.

[3]  P. Jean-Pierre Marie, ibid.

[4]  Ibid.

Commentaires

LE PREMIER SAINT

> A cet égard, il est bon de contempler la figure du bon larron qui, touché par le regard miséricordieux du Christ en croix, se convertit d'un seul mouvement du coeur : "Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton Royaume" (Luc 23, 42) et qui reçoit la plus belle des réponses : "En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis" (Luc 23, 43)
Le "bon larron", le premier saint de l'Eglise, canonisé par le Christ lui-même à l'heure de la croix !

Écrit par : Michel de Guibert | 08/04/2009

ASSEZ

> Oui, assez de ces vociférations. Où a-t-on vu que les apôtres s'exprimaient ainsi ? En Espagne, la radio catholique Cope vient (sur pression du Vatican) de dégommer le braillard Jimenez Losantos de son émission La Mañana faite d'insultes, de partisanerie et de délires complotistes. Certes la politique de Zapatero est mauvaise, mais un barge comme Losantos n'avait pas à parler au nom des catholiques. Il faut la séparation de l'Eglise et de l'extrême droite, dans mon pays d'origine comme ailleurs.

Écrit par : Nati | 08/04/2009

LAISSONS-NOUS TRANSFORMER

> La Bible demande au croyant de ne pas insister sur ses droits, cela signifie qu'il est possible de les faire valoir quand même. Saint Paul lui-même a fait valoir son droit comme tout citoyen Romain de faire appel à César lors de son arrestation.
Mais comme souvent dans la vie chrétienne, la vraie question porte plus sur les motifs qui nous poussent à agir que sur les faits eux-mêmes. Les motifs réels sont généralement cachés (parfois même à nos propres yeux) car inavouables: respect, reconnaissance, écoute, première place...
Le schéma de Dieu est différent. Nous sommes invités à agir pour la gloire de Dieu avec son Esprit comme guide et Jésus-Christ comme exemple. Jésus a toujours parfaitement prodigué la grâce et la vérité, dans un équilibre parfait.
En Jésus-Christ, la grâce n'est donc pas de la faiblesse mais de la miséricorde et la vérité n'est pas un combat pour obtenir une vaine propre justice mais une lumière.
Et l'évangélisation dans tout cela? C'est aussi une affaire de coeur. L'évangélisation est naturelle quand le coeur est pur devant Dieu. Si nous aimons notre prochain, nous aurons une relation avec lui. Laissons nous transformer par le Dieu d'amour pour pouvoir partager, accueillir, pardonner.

Écrit par : Francis E. | 08/04/2009

JEAN VANIER

> A lire le texte de Jean Vanier sur ce sujet :
http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=0804092_eglise
Gilles

Écrit par : Gilles Texier | 08/04/2009

NOUVELLE ATTAQUE

> Hors sujet, mais d'actualité... Encore un nouveau front qui s'ouvre:
http://www.rue89.com/2009/04/08/quand-benoit-xvi-ecrivait-dans-une-revue-facho
Aiguisez vos crayons, il va y avoir encore des choses à démêler...
Claude

[ De PP à C. - Cette attaque-là ne vaut pas qu'on s'en alarme ! Elle est fabriquée de toutes pièces par le Spiegel, et ce montage est trop grossier pour être convaincant. ]

Cetet réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Claude | 08/04/2009

@ PP

> Montage grossier sans doute, mais efficace pour tenter de discréditer de Benoît XVI une nouvelle fois...

Écrit par : Michel de Guibert | 08/04/2009

Jean Vanier : L’Eglise que j’aime

Alors que l’Église traverse une crise aux multiples symptômes, « La Croix » donne la parole chaque jour à une personnalité qui témoigne de ses raisons d’espérer

Lettres aux catholiques troublés 8/Jean Vanier, fondateur de l’Arche

J’aime Benoît XVI car il est le successeur de Pierre, le vicaire de Jésus qui lui a donné la mission d’être le berger des bergers. J’aime son humilité, son courage, son acuité intellectuelle. Je l’aime aussi parce qu’il est attaqué en ce moment, avec parfois de la hargne ; j’aime être alors à ses côtés.

J’aime sa recherche d’unité avec les évêques intégristes, en levant l’excommunication sans les intégrer dans l’Église tout de suite. J’aime aussi son désir d’unité avec les Églises orthodoxes, anglicanes et protestantes. Avec ces évêques intégristes, il a utilisé un geste exceptionnel – peut-être faudrait-il trouver d’autres gestes innovateurs pour l’unité avec les autres Églises, en particulier orthodoxes.

J’aime aussi son audace, sa force et son courage dans ses discours en Afrique. Ils m’ont profondément touché et révélé une véritable vision pour ce continent. Pour ce qui est du préservatif, le successeur de Pierre ne peut que défendre la famille. La stabilité d’une société provient en particulier de deux éléments : la qualité de la vie familiale, la qualité avec laquelle une société lutte contre la corruption et s’engage envers les personnes les plus pauvres.

Une Église qui sans cesse s’engage aux côtés des pauvres
Une société ne peut devenir humaine que si l’écart entre les riches et les pauvres s’amenuise. C’est vrai au sein d’un pays comme entre les pays, dans la grande famille humaine. Il n’y a pas de paix sans justice, pas de paix sans recherche d’une harmonie entre les nations. Il ne peut y avoir de paix que si les nantis acceptent de perdre des privilèges et le monopole du savoir et des richesses humaines. Ces nantis sont appelés à rechercher le vrai bien des êtres humains dans des relations humaines avec une vraie fraternité, basée sur l’égalité des droits et dans le désir d’une vraie liberté : celle de ne pas être gouverné par la peur de perdre.

J’aime l’Église de Jésus, j’aime l’Église de saint Jean disant que si quelqu’un voit un frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, il n’a pas Dieu en lui (1 Jn 3, 17). J’aime l’Église de saint Jacques, qui a été blessé et en colère à cause de l’écart entre riches et pauvres dans l’assemblée des chrétiens (Jc 2). J’aime l’Église du diacre saint Laurent, qui a montré aux autorités romaines les mendiants, les SDF, les malades comme étant la richesse de l’Église et qui pour cela a été mis à mort. J’aime l’Église de saint Vincent de Paul, qui parle de ses maîtres « les pauvres ». J’ai beaucoup apprécié les encycliques des papes Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI qui rappellent et répètent la nécessité non seulement de s’engager auprès des plus pauvres, mais de vivre avec eux.

Il est vrai que les tensions en Occident viennent en partie de l’écart entre les principes et la réalité des personnes. Tensions augmentées par la façon dont les médias montrent une Église fermée, coupée de la réalité, s’abreuvant à des dogmes et à des principes plus ou moins inacceptables pour l’esprit moderne.

Ils cachent souvent la réalité d’une Église qui sans cesse voudrait annoncer une bonne nouvelle aux pauvres et s’engage à leurs côtés. Je connais tant de prêtres qui s’engagent auprès des pauvres et font l’œuvre de Jésus. Je sais le soutien discret et aimant des papes, des évêques et des prêtres vis-à-vis de l’Arche, de Foi et Lumière et de tant d’autres communautés et mouvements engagés auprès des plus démunis.

Un tiraillement au coeur de notre vie à l'Arche
L’écart entre les principes et la réalité des personnes a été dénoncé par le cardinal Tomas Spidlik comme une des plus grandes questions déchirant l’Occident. À Assise, en janvier 2005, ce théologien jésuite disait : « Certains sont pour les principes, d’autres pour les personnes. Nous nous sentons obligés de choisir et nous rejetons l’autre partie : les uns refusent tout repère commun et ecclésial, les autres ne laissent aucune place à l’expérience personnelle qui n’a qu’à tenir dans les normes. De là viennent de grandes tensions en nous, des conflits entre nous, des excommunications mutuelles. L’unité n’y gagne pas. »

Ce tiraillement est au cœur de notre vie à l’Arche. Nous vivons avec des hommes et des femmes qui sont parfois très éloignés de l’Église, et toujours en marge de la société venant de familles souvent très pauvres culturellement. Beaucoup sont perturbés sur le plan de l’agressivité et de la sexualité. Notre rôle est de les accueillir et de les accompagner avec compétence et compassion, dans leurs cris, leurs confusions et leurs souffrances. Il s’agit d’essayer d’aider chacun à faire un petit pas pour devenir un peu plus humain, plus paisible et plus heureux. Pour certains, c’est un long chemin. L’autre jour, on m’a parlé d’une jeune fille dans un hôpital psychiatrique ; chaque fois qu’elle fuguait, elle revenait enceinte. Que faire ? comment faire ? Évidemment, elle avait un grand besoin d’aide sur le plan médical, psychologique, humain et spirituel.

Le cardinal Spidlik dit aussi qu’une des façons de réduire cette tension entre principes et personnes est la formation de bons accompagnateurs (qu’il appelle père ou mère spirituels) comprenant les questions des personnes, leur désarroi, et les aidant à faire un pas vers la lumière des principes. Il note qu’il y a très peu de tels accompagnateurs disposés à faire cette œuvre de compétence, d’intelligence et d’unité.

Ne faut-il pas aussi qu’il y ait de plus en plus de communautés et de mouvements qui cherchent à vivre non seulement les principes moraux, mais les principes annoncés dans l’Évangile, les Béatitudes ? Les personnes pauvres nous montrent un chemin de vérité et d’unité, surtout quand on vit avec elles. Certes, en ce moment, il y a des turbulences dans l’Église. Chaque crise est un appel et une occasion pour mieux se situer dans son chemin de communion avec Jésus et avec les plus pauvres et démunis, et avec le pape et les évêques.

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2370222&rubId=4078

Écrit par : De Jean Vanier / | 08/04/2009

Enzo Bianchi : «La Parole de Dieu poursuit sa course»

Alors que l’Église traverse une crise aux multiples symptômes (levée des excommunications et scandale Williamson, affaire de Recife, propos du pape sur le préservatif…), «La Croix» donne la parole chaque jour à une personnalité qui témoigne de ses raisons d’espérer

Lettres aux catholiques troublés 9/Fr. Enzo Bianchi,prieur de la communauté de Bose (Italie)

Pour les catholiques de nombreux pays occidentaux, cette année, le chemin de Carême, vers Pâques, a été marqué par un malaise et une souffrance liés à des événements, à des déclarations qui ont suscité de fortes réactions et des émotions intenses, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église. De simples catholiques et chrétiens ont souffert, des évêques ont souffert, et le pape a souffert, lui aussi.

Traversons-nous des jours mauvais ? Mais même les temps de l’exil à Babylone sont devenus des jours de purification et de nouvelle création, jusqu’à déboucher sur un « nouvel exode » accompagné de chants de joie. Même à travers des chemins étroits, des déserts et des exils, Dieu nous fait toujours comprendre davantage : ne craignons pas ! Il est écrit : « Sentinelle, où en est la nuit ? Le matin vient, mais il est encore nuit. Interrogez, convertissez-vous, venez ! » (Isaïe 21, 11-12)

Dans cette optique, une constatation me semble émerger des récentes vicissitudes ecclésiales : ces jours ne sont pas tristes pour l’Église, mais ce sont des jours d’espérance. L’Église, en effet, a un seul critère pour juger si les temps qu’elle vit sont des « temps de grâce » : celui de l’abondance ou de la rareté de la parole de Dieu. Ainsi – nous le lisons dans les Écritures –, les jours où « le jeune Samuel servait le Seigneur en présence d’Éli » étaient mauvais, car « la parole du Seigneur était rare en ces jours-là » (1 Samuel 3, 1).

Il est permis d'espérer un nouvel élan de vie spirituelle
Aujourd’hui, en revanche, nous vivons une saison où la parole de Dieu résonne avec force et abondamment dans l’Église, et à travers elle dans le monde. Avant tout parce que le concile Vatican II a voulu remettre cette parole au centre de la vie ecclésiale : la constitution dogmatique Dei Verbum contient des indications pressantes concernant la vénération des divines Écritures, leur traduction dans les différentes langues, afin que l’étude de la Bible soit l’âme de la théologie et l’aliment du ministère de la Parole, pour que tous les fidèles s’approchent des textes sacrés par l’étude, la prière et la liturgie (DV n. 21-25)… Ainsi, concluent les Pères conciliaires, « il est permis d’espérer un nouvel élan de vie spirituelle d’une vénération accrue de la Parole de Dieu qui “demeure pour l’éternité” » (DV n. 26). Grâce à une persévérance laborieuse, nombre de ces souhaits sont progressivement devenus réalité au cours des dernières décennies : authentiques pierres milliaires d’un chemin désormais irréversible qui a donné des fruits copieux et continue de les donner.

Pour cette raison, ne soyons pas surpris des difficultés et des contradictions que connaît la mise en œuvre de l’esprit et de la lettre du Concile. Déjà lorsque l’enthousiasme pour le renouveau en cours était vif, j’avais rappelé à plusieurs reprises que « plus un Concile interprétera fidèlement l’Évangile, plus il connaîtra d’oppositions, voire des tentatives d’anéantissement ». Il ne pouvait en aller autrement, car à chaque fois, dans l’histoire, qu’apparaît avec plus de clarté le signe de la croix du Christ, les forces adverses, qui veulent diviser l’Église, se déchaînent. Il en est allé ainsi pour Jésus ; il en va ainsi, et il en ira ainsi, pour l’Église chaque fois que celle-ci se montre plus fidèle à son Seigneur.

Or, la parole du Seigneur aujourd’hui est abondante : cela, comme en bien d’autres époques de l’Église, également et peut-être surtout parce que des chrétiens de toute langue et de tout peuple sont devenus, par leur témoignage fidèle, des « lettres vivantes » adressées par Dieu aux hommes et aux femmes de notre temps. C’est leur réflexion, leur prière, leur agir quotidiens qui se font récit de l’amour de Dieu dans l’histoire. C’est grâce à leur amour réciproque que le monde peut les reconnaître comme disciples de Jésus de Nazareth, venu annoncer la bonne nouvelle de la victoire de la vie sur la mort. C’est de leur style « doux et humble de cœur », à l’exemple de leur Maître et Seigneur, que jaillit, avec une clarté cristalline, le message évangélique de l’amour plus fort que la haine.

La clameur des cas particuliers
Oui, même lorsque la mauvaise communication risque d’offusquer la bonne nouvelle, quand la clameur des cas particuliers qui s’abattent comme d’énormes arbres couvre le bruissement de la forêt des gestes quotidiens qui ne cesse de croître, il est important de réaffirmer avec force que « la parole de Dieu poursuit sa course » et se fraie un chemin dans le cœur des humains. « L’Église, affirmait Paul VI, ne peut se sentir étrangère au monde, quelle que soit l’attitude du monde envers elle. » Les chrétiens sont donc appelés à ne pas nourrir d’hostilité, même à l’encontre de ceux qui en manifestent à leur égard. Et le ministère de l’évêque de Rome consiste à offrir unité à leur témoignage : sa priorité est donc, selon les mots mêmes de Benoît XVI dans sa récente lettre aux évêques, « de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu », sans craindre d’aller même à contre-courant.

De ce difficile moment actuel peut naître pour l’Église, et plus encore pour le monde, la grande grâce de la « réconciliation », cette profonde harmonie qui se trouve annoncée dans les écrits de saint Paul et de l’Église des premiers siècles. Le « ministère de la réconciliation », dont l’Apôtre des païens se sent investi, ne se limite pas en effet au pardon des péchés des croyants individuels, mais s’étend à la dimension universelle. Il embrasse l’humanité dans son ensemble, se charge du chemin de l’homme dans l’histoire, des réalités concrètes, quotidiennes à travers lesquelles l’humanité est appelée, dès maintenant, à devenir une « création nouvelle ». Voilà alors le meilleur vœu de Pâques que, comme chrétiens, nous pouvons témoigner et annoncer au monde : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ! »

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2370361&rubId=4078

Écrit par : D'Enzo Bianchi / | 08/04/2009

L'HUMANITE BLESSEE ?

> "L’humanité d’aujourd’hui est si blessée qu’elle ne peut supporter un autre langage que celui de la miséricorde de l’Evangile." Avec tout le respect que je dois au père Jean-Pierre-Marie, cette phrase-là m'en rappelle une autre, plus ancienne : "Car il viendra un temps, où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ; mais ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, se détourneront vers les fables..." (2 Timothée 4, 1-5)
Ce qui n'enlève rien à la première partie de sa proposition : "Aujourd’hui on ne peut annoncer Jésus-Christ si on n’annonce pas un Jésus-Christ miséricordieux. C’est l’incontournable de la nouvelle évangélisation."
L'humanité est-elle plus "blessée" aujourd'hui qu'elle ne l'était à quantité d'autres époques où si elle passait d'autres épreuves, celles-ci n'avaient sans doute rien à envier aux nôtres ? Elle est surtout plus invertébrée... ou plus dépecée, c'est selon. La miséricorde, c'est quoi sans la "peau" ou la "colonne vertébrale" ? C'est une nécessité pour l'extérieur, d'accord. Mais de l'intérieur, quel témoignage en donnons-nous RÉELLEMENT, nous autres "bons cathos" qui nous gargarisons de miséricorde du matin jusqu'au soir ?
La "peau" ou la "colonne vertébrale", c'est tout simplement L'AUTRE versant de la miséricorde : la justice. Non celle du "militant", mais celle de qui tend à AJUSTER ce qu'il fait à ce qu'il dit.
Justice et miséricorde sont les deux faces d'une même pièce. L'Eglise est "souffrante" parce qu'elle vit de l'inconfort d'être sur la tranche... et de la tentation toujours récurrente de poser la pièce sur une face ou sur l'autre. Mais la poser, c'est ne plus VOIR l'autre face... ou ne la voir que par de pâles caricatures en cultivant comme la nostalgie. Ainsi de bons apôtres de la "miséricorde" du dimanche qui offrent en semaine le spectacle affligeant de recours à la "justice" humaine ENTRE EUX au moindre pet de mouche. Parce qu'on les a "blessés", peut-être ? Et alors ? En quoi cela leur donne-t-il le droit d'être blessants ? Navré pour le père Jean-Pierre-Marie, mais "l’humanité d’aujourd’hui est si révulsée qu’elle ne peut plus même "supporter ce langage de la miséricorde de l’Evangile" quand elle ne le voit que trop émis par des gens qui le piétinent dans leurs propres rangs.
Quand les loups hurlent -comme ils ont hurlé ces dernières semaines-, c'est AUSSI parce qu'ils n'aiment pas beaucoup avoir en face d'eux des loups déguisés en brebis... à moins que ce ne soit l'inverse ?
Michel de Tiarelov

[ De PP à MT - Il y a les manipulateurs et les manipulés, les désinformateurs et les désinformés. Il y a les managers du formatage psychologique, et il y a les formatés, atteints dans leur bon sens par ce formatage. Or ledit formatage défigure aujourd'hui le sens même de l'existence, parce que le matérialisme mercantile s'empare de tout, principalement de nos comportements, afin d'en faire marchandise. Beaucoup de nos contemporains sont ainsi habités par le faux jugement, le réflexe erroné, qui s'imposent à eux comme "de l'intérieur", invinciblement.
C'est pour cela qu'il faut aborder nos contemporains avec miséricorde.
Le catholique croyant (donc celui qui se soucie d'évangéliser) doit oublier un instant ce qu'il est, et se mettre à la place d'autrui. Sinon il ne touchera le coeur de personne. Donc il n'évangélisera pas. Ce qui est pourtant son devoir !
Ce devoir est trop facilement oublié par des croyants d'aujourd'hui, qui, en revanche, se prennent volontiers pour des gardiens de la Doctrine : gardiennage dont l'Eglise ne leur a jamais confié la mission. Frères et amis, un peu moins de doctrine et un peu plus de miséricorde. C'est notre devoir d'état. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Michel de Tiarelov | 13/04/2009

@ Michel de Tiarelov

> "Mes enfants, nous devons aimer : non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. En agissant ainsi, nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous aurons le coeur en paix ; notre coeur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre coeur, et il connaît toutes choses."
(1 Jean 3, 18-20)

Écrit par : Michel de Guibert | 13/04/2009

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